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20 décembre 2004

Bilan 2004


Comme d’habitude à cette époque, un petit bilan de l’année s’impose. Et ma première impression concernant cette année 2004 est d’avoir vu éclore pas mal de nouveaux groupes ou chanteurs intéressants. Il en sort de partout et c’est bien ça qui me paraît le plus important aujourd’hui. A l’heure où les compiles et  les recyclages de best of monopolisent la plus grosse partie des rayonnages, on pourrait croire que le monde de la musique est devenu complètement asphyxié et commence à se mordre la queue. Etouffé par toutes ces majors devenues incapables de prendre le moindre risque par peur de la baffe que pourraient leur donner leurs actionnaires. Mais le recyclage tel qu’il est pratiqué aujourd’hui est une vision à court terme du monde (du marché) de la musique et n’a par définition qu’une durée de vie limitée. De plus en plus courte d’ailleurs. L’avenir à plus long terme semble ne pas être leur préoccupation première. Seule compte la rentabilité immédiate et le prochain bilan financier. Mais la musique et l’art en général ne sa gère pas comme un produit manufacturé classique. Si du sang neuf n’arrive pas d’urgence, c’est la mort qui guette. Et ça, quel que soit le support (vinyl, CD, DVD musical, MP3 ou autres).

E
n réaction à ça, de plus en plus d’artistes (nouveaux ou jetés de leur maison de disque parce que pas assez rentables) créent leur propre label, simplement pour pouvoir exister. Mais ce qui est peut être le plus intéressant dans tout ça, c’est que cette profusion de micro labels fini par engendrer une sorte de lame de fond. Chaque petit label étant finalement tenté (ou financièrement obligé) de jouer le rôle de défricheur et de découvreur de talents. Ils ne sont pas encore tous rattrapés par les majors, fort heureusement. Et c’est ce qui génère le dynamisme musical actuel.

L’autre voie qui me paraît aussi intéressante est celle des nouveaux médias. Prenons l’exemple de Jon Crosby de Vast (qui fait partie de mes albums de l’année 2004). Il a créé son propre label et il distribue sa musique de façon classique, mais les coûts de distribution étant encore trop élevés, il a procédé autrement en vendant aussi sa musique directement en ligne sur son propre site web. Le prix, très bas, est forcément hors concurrence. Ca lui permet aussi de mettre à disposition des raretés à moindre coût, qui ne seront d’ailleurs jamais commercialisées sur CD. Il n’est pas le seul à utiliser cette méthode qui s’étend petit à petit. Ca pourrait même finir par devenir une solution alternative viable pour vendre sa musique moins chère. Tout le monde y gagne.  Sauf les majors pour l’instant, ce qui les rend forcément un peu agressives et les fait s’agiter dans tous les sens, mais sans jamais remettre en question leurs méthodes ou leurs recettes.

Pour en revenir à 2004 et à mes choix, ils sont comme d’habitude purement arbitraires. Ils correspondent à mes goûts, qui par définition, sont personnels. Alors, à tous ceux qui m’écrivent pour me dire qu’ils ne sont pas d’accord avec telle ou telle opinion ou chronique, je répondrais que je ne fais que donner mon avis, ma vision et mon sentiment, à un moment donné. Il m’arrive parfois de réécouter ensuite un disque et de me demander pourquoi ou comment j’ai pu dire autant de bien d’un album que je trouve ensuite bien moyen. D’où l’intérêt de faire le point de temps en temps, avec un peu de recul, pour voir quel sont ceux qui ont résistés le mieux à l’usure du temps. Vous êtes de plus en plus nombreux à m’écrire. Je vous en remercie. J’essaye toujours de vous répondre, même si ça prend parfois du temps. Votre opinion m’intéresse beaucoup, qu’elle soit positive ou pas, à partir du moment où elle peut amener un échange. On est pas toujours d’accord, mais c’est justement parce qu’on aime tous la musique. J’ai créé ce site dans le but de communiquer ma passion à d’autres, d’échanger des idées et des coups de cœur. De ce côté là, le résultat a largement dépassé mes espérances. J’espère simplement que Why Not continuera à vous plaire et à vous donner des envies de découvertes.

Voilà donc les albums de 2004 qui m’auront laissés la meilleure impression. Pour certains je manque encore un peu de recul, je pense notamment à Mylo ou Pinback, mais ils sont présents dans cette sélection parce que je les écoute en boucle en ce moment. Toujours pas de classement, juste une liste par ordre alphabétique. A vous d’y piocher ce qui vous intéresse, sachant que pour moi, tous ces disques là méritent qu’on y jette une oreille. Si j'ai un disque préféré parmis tous ceux là ? L'album de l'année ? Aujourd'hui je vous répondrais sûrement Tékitoi de Rachid Taha, pour son côté totalement exploratoire et débordant d'idées.

Bonnes fêtes, bonne année 2005 et on se retrouve le 10 janvier.

A+

Thierry



Best Of 2004
Andrew Bird : Weather Systems

Venu du violon classique, Andrew Bird nous offre un disque magnifique. Le violon y est bien sûr omniprésent, utilisé sous toutes ses formes, ils donnent une palette de couleurs presque illimitée, au service de Popsongs rares. Comme dirait l’autre : attention talent !
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Gus Black : Uncivilized Love

Dans le genre un homme + une guitare (+ quelques cordes et des arrangements parfaits), cette année je n’ai pas trouvé mieux que Gus Black. Son disque, sans prétention, est superbe de bout en bout. Les mélodies vous soulèvent, la voix vous capture et vous ne pouvez plus vous en passer. A découvrir absolument.
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Daniel Darc : Crêve Coeur

Le miracle français de l’année. Qui aurait osé parier 1 € sur lui et sur son nouveau disque ? Et pourtant, il se produit sur Crève Cœur cette alchimie rare qui fait les grands albums. Ce disque est indispensable parce qu’il n’est absolument pas calculé. Il est juste le fruit du hasard et du talent mis en commun de quelques êtres humains.
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Dogs Die In Hot cars : Please Describe Yourself

Dans le bric à brac musical des 80’s, tout n’a pas encore été revisité. Les Dogs Die In Hot Cars nous font un mix explosif d’influences aussi diverses que XTC, Dexys Midnight Runners ou le Ska des Specials et Madness. Purement et simplement jouissif.
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Franz Ferdinand : Franz Ferdinand

Plus besoin de les présenter. Le carton de l’année c’est eux. Si jamais il en reste parmi vous qui ne les connaissent pas encore, il n’est pas trop tard pour goûter à ce Rock qui fait d’eux le groupe le plus joueur et enthousiaste du moment.
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Funeral For A Friend : Casually Dressed And Deep In Conversation

Un premier album impressionnant. Le parfait dosage entre Metal et mélodies, entre ambiances tendues et puissance maîtrisée. Il n’y a plus qu’à espérer que les gallois gardent ce niveau là sur leur prochain disque. Même si ça paraît difficile.
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Girls In Hawaii : From Here To There

Le premier album de ces belges prouvent une fois de plus que ce pays là est un éternel pourvoyeur de groupes intéressants. Girls In Hawaii explorent les mêmes espaces que Grandaddy, avec encore plus de curiosité et d’appétit.
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Hope Of The States : The Lost Riots

Je trouvais que leur seul défaut était leur chanteur à la voix trop approximative. Mais avec un peu plus de recul, c’est peut être finalement ça qui donne à leur musique cette fragilité étonnante et ces ambiances presque funambules. Avec eux, on a toujours l’impression d’assister à la construction d’un château de cartes qui finalement ne tomberait jamais.
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Interpol : Antics

Après un bon premier disque, ce groupe là était il capable de se démarquer de références aussi encombrantes que Joy Division. La réponse est oui. Dix fois oui. Cent fois oui. Non seulement Interpol a su prendre ses distances, mais Interpol a définitivement pris son envol. Antics est le faire part de naissance d’un grand groupe qui vient de tirer un trait définitif sur le passé.
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Miossec : 1964

40 ans et un de ses meilleurs albums. Miossec arrête un peu de foncer dans le tas. Il fait une pause, le temps de faire le point et un premier bilan. Au lieu de continuer à donner des coups de pieds dans la fourmilière, il nous entrouvre un peu son cœur. C’est toujours aussi sombre, mais c’est pourtant encore plus beau.
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Mylo : Destroy Rock & Roll

Mylo, c’est un condensé de bonheur musical tout en simplicité et en complicité. Tout aussi parfait pour les dancefloors que pour le plaisir des oreilles. En laissant libre court à son imagination et à son inventivité, il nous offre l’album Electro le plus enthousiasmant de l’année. De loin.
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Overhead : No Time Between

Leur premier album m’avait complètement séduit. Leur deuxième, malgré (ou à cause) d’un changement musical assez radical, ne fait qu’enfoncer le clou. Leur Pop jazzy a virée au Rock romantique tendance noisy et c’est à nouveau une belle réussite. Ce groupe là est bourré de talent.
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Pinback : Summer In Abaddon

Une façon très personnelle de traiter la Pop. Les instruments se croisent, se superposent, s’égarent pour se retrouver ensuite. Chaque morceau est une subtile combinaison de phrases musicales. Simple et abordable à la première écoute, puis merveilleusement riche et complexe dès qu’on tend un peu l’oreille. A savourer lentement. Et longtemps.
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Ratatat : Ratatat

Prenez un adepte de la guitare. Prenez un bricoleur électronique. Mélangez bien et agitez vigoureusement le tout. Ca vous donnera Ratatat. Vu leur nom, ça pourrait presque être un plat, mais c’est juste une musique à mi chemin du Rock et de l’Electro. Un régal.
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La Rue Ketanou : Ouvert A Double Tour

En général, un live, c’est plutôt moyen. Sauf quand jouer sur scène est la raison d’être d’un groupe. La Rue Ketanou ne vie vraiment, ne donne tout, que devant un public qui le lui rend toujours au centuple. C’est beau, ça vous touche là. Comme une fête entre vrais amis, quand on ne sait plus si c’est celui qui invente ou celui qui reçoit qui est le plus heureux.
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Snow Patrol : Final Straw

Sans faire dans l’originalité débridée, ils se sont positionnés dans un style musical où la concurrence est finalement assez rare. Quelque part entre Placebo et Coldplay. La qualité des chansons et l’enthousiasme évident du groupe font le reste. Un autre bon bol d’air frais, un peu comme leurs compatriotes Franz Ferdinand.
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Soulwax : Any Minute Now

Pas évident de ranger ce groupe là dans une catégorie particulière. Leur Electro-Rock réussi à apprivoiser cette difficile alchimie entre guitares et machines. Quand on sait qu’en plus ce disque contient une pleine valise de tubes en puissance...
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Rachid Taha : Tékitoi

Au lieu de choisir son camp, Rachid Taha fait le grand écart et réussi à rapprocher tout le monde. Son disque est fait pour rassembler. Raï, Rock, World, Electro, tout s’y entremêle pour créer un nouveau monde musical destiné à toutes les oreilles, d’où qu’elles viennent. Aussi novateur que réussi.
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TV On The Radio : Desperate Youth, Blood Thirsty Babes

La palme de l’originalité revient forcément à TV On The Radio. Ce groupe n’a pourtant rien inventé. Comme beaucoup d’autres, il ne fait que ré assembler différemment des éléments déjà utilisés autrement par d’autres. Oui mais voilà, la façon dont eux utilisent tout ça est unique et ne ressemble à rien d’autre. Un peu comme si la Soul des années ’50 rencontrait l’Electro des années ’00. A moins que ça ne soit la Soul des années ’00 qui entre en collision avec l’Electro des années ’50. Ou les deux en même temps. Allez savoir…
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Vast : Nude

Enfermer Vast dans le cercle restreint des groupes à tendance sombre, mélancolique ou gothique serait beaucoup trop réducteur. Jon Crosby a beaucoup trop de talent (compositeur doué, arrangeur brillant) pour rester longtemps dans une cage quelconque. Son Rock à la fois étincelant et racé a tout pour plaire.
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The Veils : The Runaway Found

Un autre premier album étonnant, de la part d’un groupe dont la moyenne d’âge ne dépassait pas 20 ans au moment de son enregistrement. Eux, leur domaine, c’est une Pop classieuse, ambitieuse, agrémentée de petites merveilles qui vous toucheront le cœur en même temps qu’elles vous rendront heureux. Frissons.
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