Archives - Artistes - Accueil - Liens


28 juin 2004


Pour commencer, The Lost Riots des anglais Hope Of The States, qui resssemble fort au premier album d'un groupe important et le deuxième album fédérateur du bordelais Avril.




Hope Of The States : The Lost Riots



Titres

The Black Amnesias
Enemies/Friends
Sleepers to Summer
Don't Go To Pieces
The Red The White The Black The Blue
Black Dollar Bills
George Washington
Me Ves Y Sufres
Sadness On My Back
Nehemiah
Goodhorsehymn
1776


Quelle claque ! Quel album ! Au moins dès le début de cette chronique, vous savez ce qu’il en est. Ca ne vous empêche pas forcément de lire la suite, mais ça pourrait presque suffire. The Lost Riots est un premier album impressionnant, au même titre que le premier essai de The Veils l’était il y a quelques mois. Les Hope Of The States ont une maturité étonnante et une inventivité qui l’est tout autant. Si j’osais, je dirais qu’ils ont une vision de la musique. C'est-à-dire une façon de voir, de sentir et d’exprimer les choses qui leur est complètement personnelle.
Bien sûr, j’ai lu ailleurs qu’on les compare déjà soit à Radiohead ou encore Godspeed, mais les critiques ont toujours tendance à prendre des raccourcis et à comparer trop hâtivement. Et à se planter. Il est toujours plus facile de placer quelqu’un dans une catégorie connue que d’essayer de comprendre ses particularités. C’est vrai, on pourra trouver des points communs avec le groupe de Tom Yorke, mais ils sont plus dans l’esprit que dans la forme. Hope Of The States a cette même passion pour l’exploration introspective, pour l’invention qui vient de l’âme, pour l’émotion pure à fleur de peau. En ça, oui, ils ressemblent à Radiohead, mais pour le reste, leur musique est tellement personnelle qu’il ne me viendrait pas à l’idée de les mettre dans le même panier. Mais si vous aimez Radiohead pour toutes les raisons citées plus haut, vous avez toutes les chances de succomber aux charmes à la fois vénéneux et tourmentées de Hope Of The States. On pourra aussi trouver des liens avec le Post Rock de Godspeed, dans ces atmosphères lancinantes, mais Hope Of The States produit une musique beaucoup plus concise et s'égare à mon avis beaucoup moins.
Tout commence par The Black Amnesias, un premier morceau instrumental qui donne déjà une bonne idée du niveau du disque. Un morceau complexe, à la fois introverti et explosif. Le genre de morceau à la fois caressant et convulsif dans lequel on adorera se perdre corps et âmes. Magnifique dès le départ. Le producteur de ce disque est celui de Sigur Ros, ce qui explique sûrement en partie les similitudes sonores entre ce premier morceau (notamment ces sortes de nappes de guitares éthérées) et les mélopées de nos islandais préférés. Enemies/Friends qui lui succède confirme qu’on a affaire à un groupe qui a vraiment quelque chose de spécial, qui est habité par sa musique. Les chansons de Hope Of The States sont toujours plus complexes qu’elles n’y paraissent au premier abord. Plus ouvragées, avec ces différentes couches de guitares qui s’entrecroisent, alternativement claires ou saturées. Si le groupe a un point faible, c’est son chanteur Sam Herlihy, à la voix parfois un peu approximative. Mais là je suis en train de chercher la petite bête pour trouver un reproche à faire à cet album. Parce que pour le reste, on est pas loin du sans faute. On trouve quand même quelques faiblesses par ci, par là (l’assez insipide Don’t Go To Pieces par exemple). Mais pour contrebalancer ces quelques morceaux encore un peu tendres, on a droit à des pièces musicales telles que The Red The White The Black The Blue ou Black Dollar Bills (on est ici loin de la classique chansonnette à couplet / refrain) d’une envergure étonnante. Ces chansons sont pleines de cassures, de fêlures, de ruptures de ton, d’envolées hallucinées suivies de brefs et brutaux retours sur terre. Sûrement pas des chansons à fredonner, non. Pas des popsongs, pas des tubes évidents. Ce qui fait que presque tout le monde risque de passer à côté de ce disque pas forcément très facile au premier contact, mais tellement beau et prenant si on prend la peine d’insister un peu.
Cette faculté à construire des labyrinthes sonores ne les empêche pourtant pas de flirter avec quelque chose qui pourrait être apparenté à une sorte de Pop-Folk plus facile d’accès, comme dans Georges Washington où un violon vient brouiller les pistes et fusionner les genres. A côté de ça, ils savent aussi composer une sorte de ballade au piano simple, belle et frissonnante comme Me Ves Y Sufres. Là, tout le superflu est gommé, ne reste que l’indispensable : l’émotion pure. Et pour finir, The Lost Riots se termine par un morceau caché, une nouvelle brillante architecture instrumentale dont ils ont le secret.
Hope Of The States est un nouveau groupe qui maîtrise déjà son sujet et donne l’impression d’en avoir encore beaucoup sous la semelle. On les sent capables d’écrire des chansons (quoi que le terme chanson soit trop réducteur dans leur cas) fortes avec la même facilité que vous avez à beurrer une tartine. On les sent capables de tout, y compris de nous livrer un jour un deuxième album du même calibre. Pour commencer, ne rater pas celui-ci qui se présente comme un des très beaux albums de l’année.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.hopeofthestates.com




Avril : Members Only

Titres

Urban Serenade
Be Yourself
Room
Can’t Stand Your Ex’s Rock Band
Power
As The Music Stops
TV Dinner
Eve +++++
Roofless
Quand Tu Fais Ça




Avril est de retour. J’avais trouvé son premier album (chroniqué sur ce site) plutôt intéressant et réussi.Il était l’œuvre d’un orfèvre de la musique électronique, capable d’assembler les sons avec bonheur pour les rendre caressants et flatteurs. That Horse Must Be Starving n’était pas un album inoubliable mais un premier essai assez réussi.
Si vous avez aimé ce premier album, oubliez à peu près tout ce que vous croyiez savoir sur Avril avant de goûter à Members Only. C’est en effet le jour et la nuit. Avril a décidé de changer de direction. Brutalement. Vous pouvez oublier ces morceaux Ambiants, atmosphériques et planants, constitués de mille bruits et nuances sonores. Members Only est résolument une collection de chansons, au sens traditionnel du terme. Avril, qui n’est pas seulement un bricoleur de sons, mais aussi un vrai musicien a cette fois pris le pari de construire de véritables popsongs à la structure classique. Classique, mais carrément très Rock par moments. Mais pas de panique, l’électronique est toujours là, omniprésente et toujours inventive. A la première écoute, ce qui surprend le plus, c’est le côté musclé des chansons de cet album, basse et rythmique en avant. Pour ceux qui connaissent le précédent, ça fait une sacrée différence.
Une chose est sûre à l’écoute de ce deuxième opus, Avril sait aussi écrire des chansons. Et il sait aussi les chanter, plutôt bien d’ailleurs. L’autre nouveauté, c’est l’arrivée de quelques textes en français. Mais alors finalement, le nouvel album d’Avril ressemble à quoi ? Difficile à résumer tellement on y trouve de tout. Du Rock presque classique en passant par la ballade à tendance Folk autour du feu de camp (avec véritables craquements de feu de bois), l’Electro touche à tout ou encore l’Ambiant à laquelle il nous avait habitué. Avril nous offre un tour d’horizon de tous les styles qui lui plaisent, assaisonnés à sa sauce personnelle. Je pense que vous avez peu de chance d’avoir échappé à Be Yourself, fort bon single au style très pêchu, suffisamment personnel pour retenir l’attention et qui donne immédiatement envie d’en écouter un peu plus. Parfait puisqu’un single est sensé être fait pour ça. Mais ce morceau ressemble à l’arbre qui cache la forêt. En fait Be Yourself ne ressemble à aucun autre morceau du disque. Et finalement, aucun morceau ne ressemble au suivant. Avril a tenté une expérience du genre touche à tout, avec des moments très réussis comme l’Ambiant Urban Serenade, Be Yourself, le très Rock Can't Stand Your Ex's Rock Band et le très beau Eve +++++. Par contre on oubliera volontier le dernier morceau, Quand Tu fais ça, sorte de tentative de chanson à la française, genre hybride entre Vincent Delerm et Etienne Daho, agrémentée de chœurs assez pitoyables. A elle seule, cette chanson réussirait presque à gâcher un album par ailleurs plutôt bien fait à défaut d’être vraiment original. Compte tenu de la diversité des morceaux, chacun pourra y trouver chaussure à son pied, par contre on pourra toujours reprocher à Avril d’essayer de manger à tous les râteliers sans prendre de véritable risque. Au final, Members Only est ce type d’album qui pourra plaire un peu à tout le monde, mais qui risque fort de ne jamais enthousiasmer personne.


Pour plus d'informations, n'hésitez pas à aller explorer son très beau et très inventif site officiel. Il mérite largement un détour :
www.avril-members-only.com



© Copyright 2004 Why Not ?