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15 mars 2004


Une semaine qui ne nous rajeunit pas en compagnie d'un Miossec très en forme qui fête avec nous ses 40 ans et un album de plus pour les papys du Rock que sont devenus les Stranglers.




Miossec : 1964

Titres

Je M'en Vais
Rose
Brest
Essayons
Ta Chair Ma Chère
Rester En Vie
Le Stade De La Résistance
Désolé Pour La Poussière
En Quarantaine
Dégueulasse
Les Gueules Cassées
Pentecôte


Lui, j’aime. Je devrais même dire que j’adore. Depuis le début, depuis son premier titre, Regarde Un peu La France. J’ai immédiatement craqué pour ces textes enfin francs et directs, dans une musique française totalement aseptisée, sans relief et sans prise de risque. Lui écrivait et chantait comme il le sentait, sans réécriture, sans filtrage ni autocensure d’aucune sorte. Il ouvrait son cœur, il ouvrait son âme, et c’était beau. Et ça faisait un bien fou d’entendre ça. Ca remonte à 1995 et l’album Boire qui représentait une sorte de coup de pied dans la fourmilière bien ankylosée du Rock à la française. Dès le départ, j’ai juré de tout lui pardonner, les approximations, les erreurs de parcours, les fautes de goût. Tout. Tellement son attitude vraie et ses mots me paraissaient importants à cette époque là.
Finalement, je n’ai pas eu de mal à tenir parole. La carrière de Miossec jusqu’à aujourd’hui a toujours été sans tâche, sans défaut et sans fausse note. Rare. Il nous a offert en plus 4 albums importants, inusables, à réécouter avec le même plaisir des années après. 1964 est le cinquième, attendu depuis des années. 1964 est son année de naissance, ce qui fait de lui un nouveau quarantenaire. Et connaissant les failles et les fêlures du personnages, on imagine facilement que c’est une période charnière, pas forcément facile à passer. Depuis A Prendre, son précèdent album, on savait Miossec capable d’évoluer, d’arrêter de parler fort pour avoir un discours plus posé, d’adoucir ses mots pour les rendre encore plus touchants et en même temps percutants. Cet album a marqué une étape importante dans sa carrière. 1964 en est la suite presque logique. Miossec à mûri et voit les choses autrement. Elles ne lui paraissent pas plus belles, ça je crois que ça n’arrivera jamais, mais on sent maintenant une sorte de retenue, de recul par rapport à la vie. Ses mots ne sont plus aussi provoquants, ils sont plus posés et précis. Et ils en deviennent encore plus percutants. C’est peut être ça la quarantaine, savoir peser l’importance des choses pour en ressortir uniquement le plus important, le plus vital. Peut être parce qu’on sent, parce qu’on sait qu’on a de fortes chances d’avoir dépassé le milieu de sa vie et qu’il est temps de ne se préoccuper que de ce qui est vraiment important.
Et quoi de plus important que nos rapports avec les autres ? Quoi de plus vital que l’amitié ou l’amour ? A part le fait qu’il faut boire et manger pour survivre, il n’y a rien, évidemment. Vous allez me dire que c’est un thème évident, archi rabâché, mais quand on est à une période charnière de sa vie comme celle là, ce doit être important de se pencher sur les expériences passées pour essayer de se projeter dans un avenir meilleur. 1964, c’est à peu près ça, une sorte de bilan à mi parcours. Mais un bilan à la sauce Miossec, avec ses mots à lui et c’est forcément à la fois beau à entendre et dérangeant. D’autant plus que pour ce disque, il s’est plutôt bien entouré, avec Jean Louis Pierot (la moitié des Valentins) à la production et Joseph Racaille (dernier album de Alain Bashung) pour les cordes. Et les sons autant que leur production donnent un écho idéal à la tonalité des textes de Christophe Miossec. Ce qui change le plus sur cet album, c’est surtout la musique, l’orchestration, avec un usage beaucoup plus important que par le passé du piano et des cordes. Par contre on retrouve toujours cette façon de chanter si personnelle, en tous cas pas académique. 1964 est sans doute son album le plus équilibré. Je ne saurais pas encore dire si c’est son meilleur, mais il contient une belle quantité de chansons qui me paraissent déjà importantes. A commencer par Je M’en Vais, chanson sur la séparation avant l’usure ou la trahison. Une des plus belles chansons du disque pour démarre. A l’heure des bilans, forcément il devait y avoir Brest, sa ville natale, pour l’un de ses meilleurs morceaux. Essayons est une chanson sur la période charnière où tout peut s’arrêter ou bien recommencer, une des rares basée sur les guitares. Ta Chair Ma Chère, Désolé Pour La Poussière, Dégueulasse et Pentecôte sont deux superbes exemples du travail du Joseph Racaille des cordes dans ce disque. Elles font partie des plus belles, tous albums confondus. Les chansons de Miossec en ressortent amplifiées, magnifiées. L’association des deux est une vraie réussite, même si je n’aurais pas parié la dessus au départ.
1964 voit Miossec changer doucement et subtilement de direction. A Prendre avait entrouvert une porte et cet album ne fait que poursuivre dans cette direction. De moins en moins de Rock pour plus d’orchestration et de douceur, ce qui finalement correspond parfaitement à l’évolution des textes et donne un éclat nouveau à ses chansons. Chez Miossec, la quarantaine ressemble à un nouveau départ.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.christophemiossec.com




The Stranglers : Norfolk Coast

Titres

Norfolk Coast
Big Thing Coming
Long Black Veil
I’ve Been Wild
Dutch Moon
Lost Control
Into The Fire
Tucker’s Grave
I Don’t Agree
Sanfte Kuss
Mine All Mine




Et encore un n-ième retour des vieux de la vieille. Les Men In Black du Rock nous reviennent encore une fois. A chaque fois on pense que c’est la dernière, mais non ils continuent. Et pourtant, ce n’est pas leurs derniers albums en date qui pourraient nous donner envie d’en attendre un suivant. Au mieux et pour être gentil, on peut les qualifier de moyens.
En fait, depuis le départ de leur chanteur historique Hugh Cornwell, les Stranglers ne nous ont plus donnés envie de les attendre, ni même de compter sur eux. Pour moi, ce groupe n’existait plus depuis la fin des années ’80. Paul Roberts est peut être un bon chanteur, sûrement un copain fort sympathique, mais pour moi, il ne faisait pas partie des Stranglers, ce groupe qui m’avait fait vibrer par le passé. Et les Stranglers n’existaient plus. Point barre.
Et puis plus par hasard qu’autre chose, je décide de jeter une oreille pas forcément amicale sur ce Norfolk Coast. Et là, me voilà surpris par ce que j’entends. D’accord, ce n’est pas et ça ne sera plus jamais le groupe d’antan, mais ce que j’entends là est un bon album de Rocks cinglants. Nets sans bavures. On y retrouve toujours la basse gonflée aux testostérones de Jean Jacques Burnel, le jeu de batterie têtu de Jet Black et surtout les inimitables enluminures de claviers de Dave Greenfield, reconnaissables entre mille. Et ça, ça fait toujours plaisir à entendre. Et surtout ce Norfolk Coast est la meilleure chose qui soit arrivée aux Stranglers depuis le départ de Hugh Cornwell. Le côté sombre et presque menaçant du groupe a depuis longtemps disparu, en même temps que les climats oppressants et tendus qui existaient dans leurs albums passés et qui faisaient leur force. Le fauve a perdu ses griffes en prenant de l’âge (Jet Black, le batteur, a largement dépassé la soixantaine). Il reste aujourd’hui un groupe capable de nous sortir une grosse dizaine de bonnes chansons qui ne remueront pas les foules, encore moins les radios, mais qui seront capables de contenter tout amateur de Rock normalement constitué.
Il reste quand même des réminiscences du passé et une chanson comme I Don’t Agree est même carrément excellente et si typiquement Stranglers dans sa forme qu’elle est à la limite de l’autoparodie. Mais dans l’ensemble, on a pas trop à souffrir de la comparaison avec le passé, les chansons étant toutes suffisamment neuves et personnelles. La chanson Norfolk Coast par exemple est une belle réussite qui fait appel à nos souvenirs tout en étant assez grande et adulte pour marcher toute seule. J’imagine que ça ne doit pas être facile tous les jours de s’entendre dire que c’était mieux avant, que depuis que Hugh Cornwell n’est plus là, ce n’est plus la même chose, etc… Et bien non, les Stranglers ne sont plus les mêmes, ce qui prouve qu’un musicien ou un chanteur aussi charismatique que celui là ne peuvent pas être remplacés comme ça, si facilement. Et que forcément, ça laisse des traces. Le principal étant d’arriver à tirer un trait sur un passé devenu presque encombrant et de repartir vers de nouvelles aventures. Finalement le principal reproche qu’on pourrait faire aux Stranglers est peut être de n’avoir pas su (ou pu) couper vraiment les ponts et d’avoir essayé de continuer comme si de rien n’était. Lorsqu’ils arrivent à s’affranchir du passé, comme dans Long Black Veil, Lost Control ou Mine All Mine, ils sont excellents. Cette sorte de Rock tranchant comme une lame, précis et efficace, ça me semble être le véritable Stranglers d’aujourd’hui. Maintenant une chose est évidente, ce groupe a un passé bien plus marquant que son présent ou son avenir et il doit faire avec. Etre simplement un honnête groupe de Rock après en avoir été une des légendes.


Pour plus d'nformations, un site non officiel très documenté :
www.the-stranglers.com



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