4 octobre 2004
Bienvenue à la semaine du blanc (cf les pochettes des deux albums), avec le deuxième album d'Interpol, superbe, et le n-ième album des Chumabwamba, toujours aussi méconnus et mésestimés chez nous.
Interpol : Antics
Titres
Next Exit
Evil
Narc
Take You on a Cruise
Slow Hands
Not Even Jail
Public Pervert
C'mere
Length
A Time to Be so Small
Que tous ceux qui accusaient Interpol de n’être qu’un ersatz de Joy Division, que tous
ceux qui n’ont même pas pris la peine d’écouter Turn On The Bright Light juste pour cette raison là fassent aujourd’hui
leur mea culpa. Il y a plus d’un an, je disais déjà que Turn On The Bright Light était un grand album, dans lequel on
trouvait des références évidentes c’est vrai, mais c’était avant tout un très
bon disque. Antics arrive à point
nommé pour remettre les pendules à l’heure et faire taire tous les rabats joie
de la première heure.
Interpol a évolué et aujourd’hui la première référence qui vient à l’esprit à l’écoute de Next Exit est plutôt REM, pour la voix
vibrante, étonnamment proche. C’est dire si le fossé est large entre les idées préconçues
d’hier et la réalité d’aujourd’hui. Il est temps que ce groupe existe pour
lui-même, pour ce qu’il est vraiment. Et Antics
me parait être l’outil idéal pour ça. Antics
est une bonne surprise, d’abord parce qu’il n’était pas forcément si évident que
ça qu’ils réussissent à passer le cap du deuxième album, ensuite parce que ce
deuxième album est réussi. Au moins du niveau de Turn On The Bright Light. Il contient lui aussi son petit lot de
chansons aussi énormes qu’inoubliables. Il contient lui aussi ses sortes
d’hymnes raides et entêtants comme eux seuls savent en faire. Mais il est
surtout réussi parce que le groupe a su faire évoluer ses compositions sans
rien renier du passé. Du coup, Antics
n’est pas la pâle copie d’un premier album qu’on avait adoré, mais sa brillante
continuation.
Des groupes dans le genre d’Interpol, on en a vu fleurir de pleines brouettes, mais des
groupes avec ce talent là, on n’en a finalement pas vu beaucoup. L’attente
autour de ce deuxième album était donc forte. Aussi forte que l’impression que
nous avait laissé son prédécesseur. On les sentait capables de faire beaucoup,
de faire plus fort encore. En tous cas, on l’espérait secrètement. On souhaitait
évidemment retrouver cette même musique angoissée, tendue et à la lumineuse
noirceur. Cette musique qui savait jouer avec nos nerfs tout en cajolant nos
oreilles. En bien tout y est. Mais démultiplié, décuplé. En fait Interpol a
l’air d’avoir un peu éclairci son horizon tout en aiguisant encore les angles. Leur
musique semble aujourd’hui peut être un peu moins noire, mais elle y a gagné en
tranchant. Si on fait abstraction du superbe Next Exit d’ouverture, vrai moment de grâce, tout le reste du
disque n’est que Rock tendus, sur la corde raide. La tension est bien là, avec ces
mélodies qui vous rentrent là pour ne plus ressortir. Les guitares acérées sont
bien là, encore plus pointues dans l’art de tisser une toile dont on ne sort
pas. Les grands moments ont pour noms Evil
et son refrain énorme, Narc qui
possède cet art de la tension qui va crescendo, Take You On A Cruise qui alterne à merveille douceur et guitares
coupantes comme des lames. Sans oublier Slow
Hands, parfait single et énorme évidence de ce disque. Vous aurez peut être
remarqué que je viens de citer la totalité des 5 premiers morceaux de l’album.
Ce n’est pas un hasard. Jusque là tout est parfait et ça ressemble fort à un
album majeur. Et ça continue avec un hypnotique Not Even Jail qui vous prend à la fois à la gorge et aux tripes,
suivi d’un Public Pervert à la rythmique
lourde et tuante. C’mere, Length Of Love et A Time To Be So Small, un ton en dessous font baisser la tension et
nous donnent surtout envie de recommencer l’écoute du disque par son début,
histoire de vibrer à nouveau, de goûter à ces saveurs uniques.
Encore plus qu’une suite, Antics me parait
être l’album de la confirmation, de l’éclosion d’un groupe au potentiel énorme.
On l’avait deviné, leur talent éclate aujourd’hui au grand jour. Antics est un album aux lignes nettes et
brillantes. Antics est un album qui ne vous lâchera plus. Antics est un des meilleurs albums de l’année.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.interpolny.com
Chumbawamba : Un
Titres
The Wizard of Menlo Park
Just Desserts
On eBay
Everything You Know Is Wrong
Be With You
When Fine Society Sits Down To Dine
A Man Walks Into A Bar
Buy Nothing Day
Following You
We Don't Want To Sing Along
I Did It For Alfie
Rebel Code
Vous aimez la World Music ? On peut y trouver de tout, de l’excellent au pire. C’est le genre
de musique qui est censé plaire à la plupart des gens sans franchement rebuter
les autres. Mais il arrive que certains sortent du lot, pace qu’ils y ajoutent
suffisamment de personnalité pour que ça ressemble à quelque chose. C’est le
cas des Chumbawamba, depuis longtemps déjà. Vous vous souvenez peut être d’un
de leurs morceaux sorti en 1998, Tubthumping,
single Pop et volcanique, qui avait fait un joli carton chez nous. Depuis, ce
groupe est totalement passé aux oubliettes de ce côté ci de la Manche. Pourtant
il a continué à produire des albums toujours aussi variés et inventifs. Ce
groupe là à beau produire une musique facile et légère, son propos est très politique
et revendicatif, comme peut l’être un Manu Chao ou les Têtes Raides chez nous.
Depuis presque e 20 ans, ils sont engagés sur tous les fronts, du social au
politique. Pour défendre les mineurs en grève, les exclus de tous bords, les délocalisations,
etc… Bref, on peut les considérer comme politiquement et socialement engagés.
A côté de ça, s’il y a une chose que ce groupe là sait faire à merveille, c’est de piquer
des idées à tout le monde et de mélanger les genres comme peu savent le faire. Un en est encore un parfait exemple.
Mais mettons tout de suite les choses au clair : que tous ceux qui aiment
le Rock passent leur chemin et sautent directement à la chronique suivante. Chumbawamba
fait une musique facile, légère, rieuse et vraiment « tout public »,
agréablement matinée de World Music. Tout ça sans être trop sucré ou trop gras.
Bel effort donc. D’accord, certaines chansons sont assez insignifiantes, mais
celles qui sont réussies le sont vraiment.
Décrire la musique de Chumbawamba n’est pas si évident, tellement ils mélangent les
influences et les idées. On trouve dans leur marmite des choses qui ressemblent
à de la Pop légère (voire même très légère), certains éléments Hip Hop comme le
scratch, des trucs piqués à la musique électronique, comme la surabondance de
samples vocaux et les boucles musicales, sans oublier les rythmiques et sons
venus du monde entier. A côté de ça, l’accordéon et le violon tiennent une
place importante dans ce disque, donnant une couleur beaucoup plus traditionnelle.
Raconté comme ça, ça doit ressembler à un beau foutoir assez indigeste, mais au
final ça tient bien la route, même si ça ne tient pas vraiment la distance d’un
album complet. Ce Un a un peu
tendance à virer à la guimauve vers le milieu, mais le reste vaut le détour. The Wizard Of Menlo Park est à l’image
de ce groupe sait si bien faire. Un subtil mélange de chanson Pop agrémenté de
scratchs, de samples vocaux (venus d’Afrique dans ce cas précis) et d’une
rythmique Hip Hop. Un vrai régal. Sucré et salé à la fois. Ca continue avec Just Desserts qui puise son inspiration
dans la musique orientale, avec les percussions et les violons ad hoc, et
toujours ce chant à mi chemin entre Rap et chanson. Tout ça sans jamais oublier
la base de tout : la mélodie qui vous reste en tête pour la journée. Le
morceau suivant, On eBay est un bijou
de délicatesse Pop. Une mélodie si évidente qu’on se demande pourquoi personne
ne l’avait trouvée avant eux. Encore une fois, cette chanson est un puzzle
d’influences qui associe des instruments traditionnels comme l’accordéon et le
violon avec des boucles vocales venues d’ailleurs. On ne peut que tomber sous
le charme.
Et ça continue comme ça avec les 4 morceaux suivants. Juste avant le petit coup de
mou évoqué plus haut. Et tout ça se termine en douceur avec un Rebel Code très caressant et plutôt
réussi. Chumbawamba ne fait pas du Rock, il en est loin, je serais d’ailleurs
bien embarrassé pour donner une définition précise de leur musique. Mais dans
son genre ( Folklo-Pop-Electro-World-Hop… ? ), assez unique, ce groupe
fait du beau travail et ressemble à une sucrerie qui ne serait même pas
mauvaise pour les dents. Le côté engagé en plus.
Pour plus d'informations, le site officiel :
www.chumba.com
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