12 avril 2004
Un retour que je n'attendais même plus, celui de Daniel Darc et un DVD live que j'attendais, celui de Nada Surf.
Daniel Darc : Crêve Coeur
Titres
La Pluie Qui Tombe
La Main Au Coeur
Rouge Rose
Elegie 2
Inutile Et Hors d’Usage
Je Me Souviens, Je Me Rappelle
Un Peu, C’est Tout
Mes Amis (Tour A Tour)
Si Tu Vas Là Bas
Et Quel Crime
Jamais, Jamais
Psaume 23
Il y a des moments comme ça. Comme lorsque sur une radio on à l’impression de reconnaître une voix. Un timbre presque oublié ou en tout cas pas entendu depuis ce qui ressemble à une éternité. On essaye de se rappeler a qui peut bien appartenir cette voix, à mettre un visage dessus. L’étrange sensation de connaître par cœur le personnage, mais impossible de s’en souvenir. Enervant. Et puis, d’un coup tous les souvenirs qui reviennent brutalement. La Pluie Qui Tombe m’a fait cet effet là. C’était le souvenir de toute une époque, de toute une atmosphère, de toute une ambiance. Daniel Darc sort un single ? Un album ? Taxi Girl est reformé ? Ca faisait combien de temps qu’on avait plus de nouvelles de lui. Je n’essayerais même pas de compter. Le personnage a toujours été comme ça, pas facile à cerner, butté et fier. Sûrement trop fier, avec en plus ce style poète maudit et incompris, de dandy vaguement décadent, avec lequel il a tellement joué. Quand il veut, il veut à fond. Quand il ne veut pas, on en tire rien.
Apparemment, il n’a pas voulu pendant longtemps. Et maintenant, après tant d’années de silence, il finit par nous offrir son Crêve Cœur. La voix n’a pas changée, elle est peut être juste un peu plus distanciée, un peu plus détachée. Elle est aussi toujours quasi chuchotée et parfois approximative. Pour Daniel Darc, ce qui a toujours compté, et ce qui devrait toujours le plus compter, ce sont les mots, les phrases, pas forcément la voix qui les dit ou les chante. Alors sur cet album, Daniel Darc s’en donne à cœur joie. Ses mots sont beaux et poétiques. A la fois faciles et élégants, mais toujours désabusés et gris. Ce type là donne l’impression de ne jamais avoir vraiment trouvé la paix, ni avec lui même ni avec les autres. Il ne trouve toujours pas le monde plus beau ni les gens plus fréquentables. Mais aujourd’hui, il a apparemment arrêté de le rejeter pour se rendre compte que quoi qu’il fasse, il en fait partie. Il en arrive même à se poser des questions sur sa place ici, comme dans Inutile Et Hors d’Usage ou Un Peu C’est Tout.
La Pluie Qui Tombe est bien le plus parfait single qu’il pouvait extraire de cet album. Romantique et musicalement simple et évident. Avec des sons de guitares à la Mirwais. Vous savez, son ex acolyte de Taxi Girl parti écrire un album pour Madonna. Ca saute immédiatement aux oreilles et ça y reste incrusté. Parce que c’est différent, parce que ça ne ressemble pas à ce qu’on peut entendre par ailleurs. Parce que c’est simple et beau. Sans artifices. Cet album a été réalisé avec trois fois rien. Ca s’entend. Peu de musiciens, une production simplissime. Pas d’argent mais des idées à la pelle et l’envie de les voir sortir sur un disque. Ca compense largement. Beaucoup d’autres pourraient en prendre de la graine. Le moteur, c’est l’envie. Et rien d’autre.
Prenez Rouge Rose qui parle du jour qui se lève toujours pour gâcher la magie, la complicité qui n’existe que durant la nuit. C’est la même chose, le texte est limpide. On n’entend pas ça ailleurs. Daniel Darc a toujours eu cette personnalité forte et décalée qui a souvent dérouté les gens autour de lui. Aujourd’hui qu’il a finit de se battre contre ses chimères, cette différence devient son arme principale. Daniel Darc est unique et ça éclate aujourd’hui au grand jour. Son Crêve Cœur est un vrai plébiscite pour la différence et contre l’uniformisation qu’on voit apparaître partout. Pas très gai, mais réel. Sans paillettes, sans fard, souvent les pieds dans le caniveau, mais la tête haute et le regard toujours fier. En un mot : vrai.
Il trimballe évidemment toute une pleine malle de souvenirs. Normal, depuis le temps… Il nous en fait part dans le magnifique Je Me Souviens, Je Me Rappelle. Un Peu C’est Tout est tout aussi magique. Confusion des sentiments et complexité des sensations. Introspection et réflexions (« Pardonnez nous nous offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont enfantés »). Un coup de griffe à la futilité ambiante dans Mes Amis. Et quel Crime , avec son côté Gainsbourg 70’s, pourrait être le prochain single. Il n’y a définitivement rien à jeter dans ce disque. C’est normal, puisqu’il a été fait par un Etre Humain. Il est fait uniquement de ses émotions et de ses tripes. Daniel Darc est de ceux à qui on ne pourra jamais reprocher ni son carriérisme, ni de faire des disques pour améliorer son train de vie. Crêve Cœur n’est pas un produit, il est juste digne et humain. Indispensable.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.danieldarc.com
Nada Surf : Live Aux Eurockéennes
Titres
Blizzard Of '77
Treading Water
Amateur
Inside Of Love
Hi-Speed Soul
The Way You Wear Your Head
80 Windows
Happy Kid
La Pour Ca
Stalemate
Blonde On Blonde
L'aventurier
Popular
Hyperspace
Dès que j’ai vu ce DVD, tout un tas de chansons me sont revenus en mémoire. Leur album Let Go avait été un de mes plus beaux coups de cœur vers la fin 2002. Un de mes albums de chevet pendant plusieurs mois et un de ceux que je continue encore à écouter régulièrement aujourd’hui, avec toujours ce même plaisir intact. Cet album est un bijou de Pop-Rock. Ou plutôt un écrin qui contient une bonne dizaine de superbes chansons. De la Pop mélodieuse matinée de Rock teigneux. Des mélodies inusables, à tomber par terre. Bref, un de mes disques préférés et pour longtemps je crois.
Je n’ai donc pas eu l’ombre d’une hésitation avant d’acheter ce Live Aux Eurockéennes. Connaissant en plus la chaleur humaine que dégage ce groupe sur scène ainsi que son côté francophile, ce concert aux Eurockéennes ne pouvait qu’être parfait. En fait, le seul reproche que je ferais à ce DVD, c’est l’absence totale de bonus. Juste le concert, un point c’est tout. Mais bon, vu le prix assez modique du DVD, ça passe (Pour info, j’ai d’ailleurs vu que dans la même série « Live aux Eurockéennes », il existait aussi un DVD de Eiffel, groupe habituellement excellent sur scène). C’est juste dommage de ne pas les découvrir de façon un peu plus intime. Pour les avoir vus ici ou là en interview, ça donne envie d’en savoir plus sur eux. Ils font partie de ces gens sympas et tout à fait abordables avec qui on a plaisir à discuter.
Revenons en au concert des Nada Surf. C’était un concert d’après midi, horaire pas forcément le plus facile pour un concert de Rock (peu de jeux de lumières notamment). Surtout quand on se souvient de la fournaise connue à l’époque du concert. Ca aurait pu ressembler à un concert écrasé de chaleur avec public apathique. Et bien pas du tout. Le groupe fait ce qu’il faut pour faire bouger son public et ça marche. Comme toujours dans ce genre de concert, l’ambiance est plutôt champêtre et bon enfant, ce qui finalement leur va très bien. Et comme prévu, ce DVD est un vrai régal pour tous ceux qui aiment ce groupe. Il est essentiellement basé sur leur dernier album studio. Comme c’est leur meilleur, pas de problème donc. Leurs petits bijoux de Rock mélodique se succèdent avec un bonheur égal : Blizzard Of ’77 pour commencer en douceur, Treading Water et Inside Of Love pour monter doucement en puissance. L’imparable The Way You Wear Your Head faisant office de détonateur. Et au milieu de tout ça, il y a les petits monologues de Matthew Caws, dans un français parfait et sans accent, qui tape gentiment sur son bien aimé président G.W. Bush et demande aux français de continuer à défendre leur identité culturelle à travers le combat des intermittents du spectacle, sujets à la mode l’été dernier. D’accord, c’est sûrement un peu facile, mais venant d’un groupe américain, ça a forcément un petit côté rafraîchissant et rassurant, surtout quand on sait que la bas ils ont été très peu nombreux à élever la voix pour sortir du politiquement correct. Ca nous fait donc une raison de plus d’apprécier ce groupe là.
Ensuite, le bassiste Daniel Lorca chante le superbe Là Pour Ca (lui aussi parle et écrit un français parfait). Sur disque, ce morceau était déjà touchant, sur scène, c’est encore plus beau. Peu d’auteurs français sont capables d’écrire des paroles aussi simples et touchantes. Dans Stalemate, le groupe glisse un extrait de l’inoubliable Love Will Tear Us Apart de Joy Division. Le temps d’un très beau Blonde On Blonde et ils nous font le coup de la reprise (excellente) de l’Aventurier d’Indochine. Pas mieux pour électriser le public, même sous la canicule. Plus éclectique, c’est difficile. Et pourtant tout ça passe comme une lettre à la poste (en dehors des périodes de grèves bien sûr). Parce que ce groupe ne délivre pas de message, ne donne pas de leçon de style et qu’il se contrefout des chapelles. Ils font leur musique avec un talent certain en y mélangeant leurs goûts musicaux respectifs et apparemment fort variés. Et ça donne quelque chose de vraiment frais et enthousiasmant.
Et pour finir, on a bien sûr droit à leur (seul) véritable tube, l’inusable et toujours aussi efficace Popular. Tout ça pour vous dire que ce DVD est vraiment recommandable, qu’on connaisse déjà Nada Surf ou pas. Et j’en rajoute encore une couche pour inciter tous ceux qui ne connaissent pas ce groupe à le découvrir d’urgence à travers l’album Let Go par exemple. Leur musique autant que leur attitude ressemblent à de vrais bols d’air frais et vous redonnent envie d’être optimistes.
Pour plus d'nformations, le site officiel, avec leur bio en français (of course) :
www.nadasurf.com
© Copyright 2004 Why Not ?