Cahors
Encore un magnifique parcours
en pleine nature mais la descente sur Cahors, très abrupte,
est pénible. La vue de la ville, enveloppée dans
un méandre du Lot, est superbe et me console un peu de
mes chevilles qui se tordent sur les cailloux du chemin.
Il fait un magnifique temps de printemps et, en ville, les
terrasses des cafés
sont pleines.
Je loge dans une Auberge de Jeunesse en plein centre et très confortable
: vaste chambre individuelle, douche et petit déjeuner.
En plus des routards et autres pèlerins, cette AJ héberge 25
jeunes en difficulté. Ils doivent payer un loyer de 1350 fr par mois
et sont suivis au jour le jour afin qu'ils ne se laissent pas aller à ne
rien faire. Certains ont du travail et les autres sont aidés pour essayer
d'en trouver. Quelques uns sont là depuis des années et ont aménagé leur
chambre selon leurs désirs, l'un d'eux ayant même installé un
aquarium.
Le talon de ma chaussure gauche s'usant vite, je dois trouver
un cordonnier qui accepte de réparer cela pour demain car je ferai relâche.
Le premier bouif que l'on m'indique, dans le vieux Cahors, est fermé définitivement
et le deuxième est au bout de la ville moderne. J'aurai ainsi "visité" une
bonne partie de Cahors.
Relâche, donc, mais je suis debout à 7 h. Après le petit
déjeuner je retourne dans la ville ancienne. Je fais tamponner ma feuille
de route à la Cathédrale et je vais au coiffeur.
Je vais retirer du courrier en poste restante, j'expédie topo et documents
qui ne me sont plus utiles et je vais chercher ma chaussure. La réparation
est impeccable et, voyant ma satisfaction, le cordonnier me propose une carte
de fidélité. Comme je lui explique les raisons de mon passage à Cahors,
il se fige d'étonnement et reste sans voix, sa carte à la main,
me regardant partir sans dire un mot.
Je vais reconnaître le départ du sentier que je dois suivre le
lendemain car l'étape sera longue et je ne veux pas perdre de temps à errer
dans la ville alors qu'il fait encore nuit.
Bien m'en a pris, car sitôt passé le pont sur le Lot, le sentier
grimpe très fort et devient rapidement un véritable parcours
de montagne pendant quelques centaines de mètres, avec des poignées
métalliques scellées dans les rochers pour aider à la
progression.
Noyées entre les rochers et la végétation, les marques
sont très difficiles à voir. Sitôt sorti de ce passage "sportif ",
le sentier continue dans un paysage qui ne permet pas la pose fréquente
des balises. Il faut deviner le sentier dans le sable et les cailloux, mais
j'arrive tout de même à la Croix de Magne qui domine la ville
et à partir de laquelle le sentier se poursuit sur la route.
Lascabanes-Escayrac
6h10. Il fait encore nuit
et je prends la route qui mène à la Croix de Magne,
au lieu du sentier que j'ai parcouru la veille et sur lequel
j'aurais dû avancer à tâtons.
Cette route monte raide et il fait chaud malgré l'heure si matinale.
Les chemins qui suivent sont caillouteux, les côtes fréquentes
et j'arrive fatigué à Lascabanes. Las, le couvent des Dominicaines, étape
de la chaîne Hospitalité St. Jacques, n'est pas ici, m'explique
une passante, mais à Escayrac, à 3 km. Je continue donc pour
arriver dans un hameau sans vie apparente mais le couvent est bien là.
La petite soeur âgée qui me reçoit exige d'abord ma carte
de pèlerin, qu'elle me rend signée “Soeur Marie-Lucie” et
me loge ensuite dans un bâtiment annexe. Douche, chauffage, lit confortable.
Ai-je faim? Oui, mais j'ai de quoi manger dans mon sac, sauf du pain que l'on
m'apporte aussitôt. Partout cette gentillesse.
Comme le village est sans particularité, ce sera après la lessive,
repos jusqu'au moment où soeur Marie-Lucie, accompagnée d'une
jeune soeur toute en sourire, m'apporte le dîner et tout ce qu'il faut
pour le petit déjeuner du lendemain.
Lauzerte
Je paresse et ne pars qu'à 8h10.
Gros brouillard mais cheminement sans problème sur une
petite route horizontale dans un paysage dégagé.
Le soleil commence à se montrer et, après 2h
de marche, au lieu-dit "Berty", je m'arrête
en bordure d'une superbe propriété sans clôture,
pour boire et casse-croûter. Je suis assis à la
limite de la magnifique pelouse. La maison et le paysage sont
superbes. Le véhicule, stationné dans la cour
est immatriculé en Grande-Bretagne, voilà, sans
doute, pourquoi la pelouse est si belle.
Le chemin continue à travers bois, en montagnes russes. A 2 km de l'arrivée,
alors que je m'apprête à quitter une petite route pour entamer
une descente à travers les près, une voiture s'arrête à ma
hauteur et le conducteur engage la conversation. Il est vétérinaire
et maire de Lauzerte. Il m'explique qu'il vient justement de reconnaître
le tracé du sentier de St. Jacques qu'il veut améliorer sur certains
tronçons qui passent sur sa commune et nous discutons de la qualité du
balisage.
Descente abrupte sur Lauzerte, suivie d’ 1km de petite route plate avant "l'escalade" qui
mène à la vieille ville où se trouve le centre Jeanne-d'Arc,
maillon de la chaîne d'accueil St. Jacques. Les soeurs, de la même
confrérie que celles de Vaylat qui m'ont logé 5 jours plus tôt,
me reçoivent à bras ouverts. Je suis à chaque fois "remué" par
ces accueils chaleureux de la part de gens qui ne demandent rien en échange.
Question rituelle : avez-vous déjeuné ? Non mais j'ai vu un restaurant
en face qui acceptera peut-être de servir un pèlerin malgré l'heure
tardive, 13h30 ? "Inutile si vous acceptez les restes de notre déjeuner".
Et me voilà attablé devant un plat de lentilles, une omelette
et un plateau de fromage. La soeur cuisinière s'affaire, m'apporte une
bouteille de vin que, abstinent impénitent, je suis désolé de
ne pas toucher, et me prépare un café.
Après l'habituelle trilogie: douche, lessive et repos, je fais un peu
de tourisme. La vieille ville, perchée au sommet d'une colline, domine
le paysage à une altitude quasi "aérienne". Ancienne
forteresse du XII ème siècle, on peut y voir de vieilles maisons
des XIII et XV ème siècles ainsi qu'une superbe place avec ses
couverts (arcades) extrêmement plaisante. La jeune femme du bureau de
tourisme me dit être de Rouen. Venue ici en vacances il y a 4 ans et
conquise par le site, elle est restée. Comme je déplore qu'une
vieille maison, qui a une façade superbe, me semble être laissée à l'abandon,
elle m'apprend qu'elle appartient à un américain qui devrait
venir prendre sa retraite ici. On espère alors qu'il fera faire les
travaux nécessaires.
Dîner familial avec les deux religieuses. Elles reçoivent de nombreux
pèlerins l'été dont beaucoup sont contents d'arriver ici,
car la prochaine étape étant Moissac, qui possède une
gare, ils pourront enfin rentrer chez eux pour mettre fin au calvaire de leurs
pieds.
Moins ambitieux j'irai à Moissac -32 km- en deux étapes et mes
pieds resteront intacts. |
La
Baysse
Départ à 8
heures après un adieu charmant des petites soeurs. Beau
temps mais chemin herbeux, plein de rosée qui détrempe
les chaussures, et beaucoup de dénivelés.
J'arrive au gîte vers midi et je déjeune avec le couple de gérants.
L'ambiance est triste. Il semble que mes hôtes ne voient pas arriver assez
de monde pour rentabiliser leur gîte. Aurais-je aperçu quelque foule
sur le chemin? Hélas non.
Il fait un grand soleil et je peux faire une grande lessive de chemises et pantalons,
qui sèchent rapidement.
Dans la salle commune je trouve un livre qui raconte un pèlerinage fait
en compagnie d'un âne. Ce récit me gêne sur plus d'un point.
En particulier le narrateur semble avoir considéré comme normal
de ne pas payer son écot dans les gîtes. Si certains points d'accueil
n'exigent pas de paiement il serait malhonnête d'ignorer la petite boîte
mise en évidence. Et s'il n'y a pas de boîte, comment penser que
les petites soeurs de Lauzerte, par exemple, puissent loger, nourrir, chauffer
et doucher chaud le pèlerin avec, pour seule contrepartie, de chaleureux
remerciements. Je suis gêné aussi de lire qu'il y a obligation de
couper des barbelés à longueur de chemin.
Curieux ce besoin, que semblent avoir certains auteurs, de "dramatiser" ou "embellir" outrageusement
les aventures qu'ils ont vécues.
Sans prétendre que ce chemin est facile à suivre, -c'est un sentier
de randonnée comme il en existe mille autres-, il se parcourt sans ressentir
d'autre problème qu'une fatigue physique plus ou moins accentuée
si l'on veut bien rester un peu en deçà de ses capacités
physiques. Il peut être amusant de comparer les récits de deux pèlerins
qui ont parcouru le même chemin au même moment.
Ainsi, ma relation de la traversée de l'Aubrac (23 mars) diffère
très fortement de celle qu'en a fait cet autre pèlerin dans le
bulletin de l'Association Rhône-Alpes des amis de St Jacques. Parti du
Puy le 15 mars, soit 2 jours avant moi, il a subi la même météo,
qui était stable pendant cette période. Il raconte:
«...parlons du chemin lui-même. Dès le départ du Puy
les problèmes commencent. En premier lieu il faut parler du balisage qui
pour le moins est fantaisiste, fait par des personnes qui connaissent le chemin
et qui ne voient pas l'utilité de signaler un changement de direction.
On devrait signaler que le lac de l'Oeuf n'est qu'un infâme marécage
où il serait facile de disparaître sans laisser de traces.
Parlons de la Margeride et de l'Aubrac: c'est l'horreur et l'enfer....mais c'est
tellement beau que l'on rêve d'y retourner, ceci malgré les fausses
pistes, la neige, la boue, les rivières à la place des chemins,
la solitude ne laissant aucun doute sur la disparition à tout jamais en
cas d'accident, la brume qui tombe plus vite que la nuit et qui cache les deux
ou trois balises existantes, le vent qui hurle comme la troupe de loups que l'on
s'attend à voir au détour du chemin.
Du chemin...., parlons-en du chemin dans ce pays maudit ! Ce n'est que sentes
fangeuses, cailloutis sinistres, prairies spongieuses, horizons chargés
de nuages lourds et agressifs ne pensant qu'à vous chasser de là. »
Ouf, je l'ai échappé belle ! Mais, c'est vrai, le vent était
violent.
En ce qui concerne le balisage en France, il est parfois léger mais toujours
suffisamment présent et précis si l'on se repère souvent
par rapport au topo. Pour ma part, je notais l'heure de mon passage à chaque
point marquant du topo et je savais ainsi à tout instant où je
me trouvais.
Ce travail de repérage fréquent ralentit la marche, bien sûr,
mais permet de cheminer l'esprit libre car il n'est alors pas possible de se
perdre. Et il faut remercier les baliseurs, toujours bénévoles,
sans lesquels le pèlerin ne devrait marcher que sur la route.
Et puis, faut-il être pressé ? Je pense que le but est plus important
que le chemin lui-même et je ne m'appesantirai jamais sur les difficultés éventuelles
telles que boue, caillasse, herbe humide, descentes abruptes, pluie ou vent,
qui sont des situations normales sur tous les sentiers.
Et j'ai maintes fois remercié le ciel de m'avoir fait naître avec
un esprit assez heureux pour aller, avec indifférence, au-devant de ces
obstacles insignifiants . Sans importance, aussi, les problèmes "d'intendance" .
Les couchages sommaires, les douches froides, la frugalité de nombreux
repas apportent au pèlerin la joie de vivre dans la simplicité.
Et cela est d'autant mieux perçu que l'on constate une étonnante
condition physique à mesure que le temps passe.
Repas du soir en famille, toujours dans une ambiance tristounette. On parle des
motivations du pèlerin.
Les quelques pèlerins que j'ai rencontrés en France n'avaient pas
de motivations religieuses. C’étaient tous des retraités
pour qui parcourir les sentiers était un passe-temps, randonneurs de longue
date pour la plupart, et qui entretenaient une forme physique remarquable.
En Espagne, où j'ai vu beaucoup de monde, les conversations étaient
difficiles mais je n'ai pas ressenti de foi particulière chez les pèlerins
que je retrouvais dans les refugios, chaque jour, pendant deux ou trois semaines
. L'ambiance était souvent excellente, la vie très communautaire
et je n'y ai pas remarqué de manifestation de foi tels que prières,
assistance aux offices religieux ou lecture d'évangile ou de chapelet.
Je ne pense pas que le pèlerin d'aujourd'hui puisse se comparer à celui
du moyen âge. Les pèlerins de l'an mil, comme bien des "savants" de
l'époque, croyaient savoir seulement que la terre était le centre
du monde et que l'attention du Créateur était concentrée
sur cette terre. Et ils ne savaient que cela. Leur foi était basée
sur une croyance simple et était certitude. Leur confiance dans le pouvoir
de guérison des reliques était totale ainsi que la croyance dans
les miracles.
Les "vérités scientifiques", les multiples attaques contre
la religion, les écrivains et "philosophes qui ont démontré la “fausseté” des
croyances, ont, peu ou prou, semé le doute et le désarroi dans
les esprits contemporains. Je ne pense pas que l'on puisse trouver aujourd'hui
sur le Chemin un pèlerin dont la foi serait identique en certitude à celle
de son confrère des anciens temps. |
Moissac
Debout, très en forme à 6h30,
et départ à 8h après un copieux petit déjeuner.
Chemin facile et je suis à Moissac avant midi. Pas de
gîte ouvert d'où logement à l'hôtel.
Je suis, une grande partie de l'après-midi, assis au soleil dans le
cloître magnifique. J'adore l'architecture des cloîtres. Je passe
aussi un moment au centre de documentation de l'Art Roman qui possède
une magnifique collection de lettrines. Je recherche un motif à sculpter
sur ma poutre de cheminée et je trouve un entrelacs que je reproduirai
effectivement et qui me rappelle le Chemin à chaque instant.
(En 1997 et 2000 j’ai logé dans un gîte tenu par le curé.
Gîte confortable avec cuisine. Accueil très sympathique.)
Auvillars
Le sentier commence par une
promenade le long du canal latéral à la Garonne,
puis rejoint la Garonne que l’on traverse avant de grimper à Auvillars.
Très beau gîte municipal, superbe marché ancien,
et petit musée qui raconte l’histoire du village,
principalement la vie industrielle et commerciale. On y apprend
que, sur la Garonne, fonctionnaient un bon nombre de moulins,
actionnés par le courant, que l’absence de pont
permettait l’existence de passeurs, que les industries
du pays étaient la pêche et la fabrication de plumes à écrire,
faite de plume d’oie, industrie dont la disparition est
dûe aux Anglais, inventeurs de la plume métallique.
Saint
Antoine
Tout petit village. À la
sortie, un gîte privé. Je fais là une petite étape-repos.
Pas de cuisine mais les repas de la propriétaire sont
pantagruéliques.
Flamarens
Très bon chemin
mais en montagnes russes en fin de parcours, dont une forte
grimpe pour arriver au village. Je me repose un instant, assis
sur un banc qui n’attendait que moi. De la maison d’à côté sort
un bonhomme qui vient discuter avec moi. Je ne sais pas comment
on en est venu à parler Histoire, mais il m’assomme
de son érudition sur l’histoire du Brésil
et je profite d’un instant où il reprend son souffle
pour continuer mon chemin. Je loge à la sortie du village,
chez Isabelle, Xavier et leurs cinq enfants. Étape emblématique
du chemin.
Lectoure
Sentier sans problème;
la pluie n’a fait que menacer. J’arrive à midi
au presbytère.
Accueil par le curé qu’Isabelle avait prévenu. Chambre
chauffée. Il y a deux curés pour cette paroisse. Je suis leur
invité pour déjeuner avec eux.
Vers 17 heures j’assiste à la messe du deuxième abbé.
Cérémonie pathétique dans la chapelle glacée de
la sacristie : le pauvre abbé s’est démis une épaule
le matin même et dit sa messe engoncé dans un anorak, le bras
en écharpe, avec son étole pour tout vêtement ecclésiastique,
devant des fidèles réduits à une vieille dame qui fait
les réponds et à moi qui écoute attentivement son prêche.
La
Romieu
7 h. Il fait frais, je
suis en forme et j’avance bien. De très loin,
le pèlerin s'étonne en apercevant le village
dominé par un monument énorme, presque monstrueux,
qui se révèlera être une collégiale
du début du XIVème siècle.
Le gîte, au milieu du village, est très confortable et une cuisine
bien équipée me permettra de préparer tous mes repas.
Un peu d'histoire. Ce village a vu naître un certain Arnaud d'Aux, cardinal
apparenté au pape Clément V, celui qui a transporté le
St. Siège à Avignon.
Ce pape consacra une partie de sa fortune à embellir le village de son
parent, village qui se trouvait sur le chemin des "romieu", nom donné alors
aux pèlerins en ce temps de forte croyance en la religion romaine. D'où le
nom de La Romieu que le village porte toujours et l'existence de cette collégiale
qui a résisté au temps et aux destructions, ce qui permet d'admirer
aujourd'hui une église superbe et un cloître magnifique.
Ce village, qui serait ignoré sans sa collégiale, reçoit
beaucoup de visiteurs et entretient l'aspect médiéval de ses
anciennes ruelles.
Dans les anfractuosités de vieux murs, autour de la place, sont placés
des chats en faïence, illustration d'une vieille légende dite "des
chats d'Angéline".
Après une longue visite au cloître, je m'installe au bistrot à l'enseigne "Café",
tenu par une vieille dame et je profite longuement d'un thé. Il fait
beau et je ressens un grand bonheur composé de plein de petites joies,
celles d'être dans ce village charmant qui a une histoire, de connaître
ce cloître si beau et d'être sur le chemin de Compostelle.
Ce soir, depuis de longs jours, je ne serai pas seul dans le gîte qui
accueille deux autres pèlerins, Pierre et Bernadette, originaires de
Melun, partis de Moissac et en route pour St. Jacques. Lui, 67 ans est plutôt
taciturne. Elle, 60 ans vive, souriante et active. Ils seront rejoints dans
quelques jours par leur amie Solange, 63 ans. Nous nous retrouverons presque
chaque soir jusqu'au bout du Chemin.
|
Condom
A 7h je suis au "Café".
La vieille dame s'est levée pour me préparer un
petit déjeuner de chocolat et de confiture.
Le chemin est très beau, le temps magnifique. Après 6km, se trouve,
en pleine campagne, "Sainte Germaine", une ravissante chapelle romane
entourée d'un enclos fleuri.
La porte est ouverte et un livre d'or invite le visiteur à laisser une
trace de son passage.
Je marche allégrement et avant midi je suis à Condom, logé dans
un gîte communal confortable et dont la gardienne est très sympathique.
Et l'après midi je me laisse aller à la paresse à une terrasse
de bistrot.
Seviac
Levé de bonne heure
pour me préparer un bon petit déjeuner, mais en
silence pour ne pas réveiller mes deux compagnons. Il
faudra que je m'habitue à ne plus disposer des gîtes
pour moi seul.
Le très agréable chemin passe en dehors de tout endroit habité;
19 km de solitude sous un soleil radieux. Même si l'on doit être
attentif au tracé du sentier, marcher dans les conditions de ce jour c'est
un temps propice à la réflexion que l'on peut porter sur tous les
sujets qui peuvent passionner le pèlerin.
Trois ou quatre arrêts, là ou le paysage est beau. On s'assied pour
manger lentement un carré de chocolat et un morceau de pain et on leur
découvre une saveur qu'ils n'ont pas lors d'un goûter à la
maison. La joie par la frugalité.
Avant midi je suis à Montréal-du-Gers et je déjeune "Chez
Simone", restaurant sympa dont le comptoir est garni d'une superbe collection
de bouteilles d'armagnac, la liqueur du pays.
A Séviac, le pèlerin est logé sur le site d'une villa gallo-romaine
qui, en son temps, fut sans doute somptueuse. Aujourd'hui, quelques mosaïques
et des gravats qui sont des restes de murs, reçoivent, me dit la gardienne,
25.000 visiteurs par an.
Fouiller un tel site avec l'espoir d'y découvrir un monument remarquable,
un art inconnu ou un magot est sans doute captivant, voire émouvant pour
un passionné d'archéologie. Mais trop souvent, comme ici, le résultat
de ces fouilles ne se traduit que par la "découverte" de débris
de poteries, d'empilements de briques, de gravats et de mosaïques dont la "valeur" ne
tient qu'au renom de la civilisation qui les a vu construire.
Le gîte est froid et humide. Dans un bâtiment annexe il y a une cuisine
mais, avec Pierre et Bernadette nous allons dans une ferme voisine où nous
sommes reçus comme de vieux amis par notre hôtesse qui nous sert
un fameux repas dans une salle commune superbe et devant un feu de cheminée
fort bienvenu.
Tardivement arrive au gîte un couple de retraités enthousiastes,
lui en pleine forme, elle épuisée, partis de St. Jean Pied de Port.
Ils vont ainsi jusqu'à Paris.
Eauze
Départ à 7h,
arrivée à 11h30.
Chemin facile et monotone. Les 7 derniers km du parcours se font sur le tracé d'une
ancienne voie ferrée, en pleine forêt. Aucun souci de balisage.
Pas de gîte. Ce sera "l'Hôtel de l'Armagnac". De l'armagnac,
on en vend partout ainsi que l'apéritif du coin, le "Floc", à base
d'armagnac bien sûr.
Et pour la couleur locale: la ville est équipée d'une arène
qui affiche "Féria del Toro". |
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