Si à la
naissance de Mahomet, l'élevage de chevaux dans la péninsule
arabique était déjà prospère (les
plus anciennes traces du cheval arabe en Egypte remontent même
au 16ème siècle avant J-C.), l'histoire du cheval
arabe, tel que nous le connaissons aujourd'hui, ne débute
véritablement qu'avec l'avènement de Mahomet en
tant que prophète. Celui-ci ayant fait de l'élevage
de pur-sang arabes un devoir religieux, il a largement influé
sur le cours de l'histoire de cette race comme nous allons le
voir.
Pour comprendre pourquoi Mahomet attachait
tant d'importance au cheval arabe et à la pureté
de son sang, il faut se replonger un instant dans l'histoire de
l'Islam. Mahomet (de " Muhammad ", le loué) est
né en l'an 570 après J-C. et appartenait à
la tribu des Quraysh. Orphelin dès l'enfance il fut adopté
par son oncle Abu Talib, qui lui apprit avec succès à
conduire des caravanes sur des chemins impraticables et dans des
régions hostiles. Il avait également pour habitude
d'effectuer des retraites où il pratiquait l'ascétisme
dans un caverne de la montagne Hira proche de la Mecque. Parfois
il y passait même la nuit. C'est lors d'une de ces nuits,
alors qu'il approchait de la quarantaine, que lui apparut l'archange
Gabriel, lui révélant qu'il était l'élu
de Dieu.
Ce n'est que quelques années plus tard
qu'il se mit à prêcher en public. Mais lorsque le
cercle de ses adeptes commença à s'élargir
et que sa critique de la religion en cours devint plus radicale,
il eut à subir une persécution très violente.
Mahomet chercha alors refuge à Yathrib, la future Médine
(de " al-Madinat al-Nabi ", la ville du prophète)
où vivaient des bédouins batailleurs, réceptifs
à la nouvelle religion. L'an I (ou " hijra ",
l'émigration) de l'ère musulmane (de " muslim
", celui qui remet son âme à Allah) venait de
commencer. C'est sans aucun doute au cours des années qui
suivirent que Mahomet a eu tout le loisir nécessaire de
constater l'énorme avantage que procure une monture rapide
et infatigable, puisqu'à ce moment-là il "gagnait
sa vie" en pillant des caravanes en provenance ou au départ
de la Mecque, certes riches mais bien gardées. Il se révéla
très doué dans ce domaine, ayant lui-même
été conducteur de caravanes par le passé.
Il gagna l'admiration de tous lorsqu'il attaqua la caravane d'Abu
Sufyan en 624 près de Badr avec 300 hommes à pied
et 70 cavaliers : seuls 14 musulmans tombèrent au cours
de la bataille alors que 70 cavaliers d'Abu Sufyan furent tués
et 74 faits prisonniers. La prise était énorme !
Il est à noter que les bédouins, et ce jusqu'au
20ème siècle, ont toujours considéré
le pillage de caravanes comme l'occasion de se couvrir de gloire,
de faire montre de bravoure. Par la suite Mahomet déclara
la guerre aux tribus bédouines non converties. Il réussit
à conquérir tribu après tribu. Le nombre
de ses cavaliers grandissait de jour en jour : de 200 au départ,
il atteignait déjà 10 000 une fois arrivé
en Arabie centrale.
A la mort du prophète en l'an 632, c'est
son beau-père Abu Bakr qui lui succéda et conquit
le reste de la péninsule arabique : les bédouins
étaient devenus la plus dangereuse puissance armée
du monde. Par la suite c'est toute la Syrie qui tomba entre les
mains des musulmans (à Jarmuk, en 636) avant que le calife
Omar (634-644) ne déclare le Djihad, la Guerre Sainte,
contre tous les incroyants. En 642, il conquit encore l'Egypte
mais sera assassiné en 644. Son successeur, le calife Othman
conquit Tripoli et donna au Coran sa forme définitive.
Puis ce fut au tour de Tunis, d'Alger, du Maroc et enfin de l'Espagne
de tomber sous domination musulmane. Les armées arabes
s'avancèrent à l'Ouest jusqu'en France et à
l'Est jusqu'à l'embouchure de L'Indus. Si les bédouins
étaient devenus si rapidement une si puissante armée
remportant tant de brillantes victoires c'était évidemment
grâce à l'aide de Dieu mais aussi grâce à
leurs chevaux rapides et infatigables : à cette époque-là,
l'issue d'une bataille dépendait en grande partie de la
qualité de la cavalerie (on peut comparer son rôle
à celui des blindés lors de la deuxième guerre
mondiale). Suite...
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La montagne de Hira.
Mahomet à cheval.
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