Pour Mahomet, la race arabe était
indéniablement supérieure aux autres races de chevaux.
Aussi craignit-il que des croisements avec d'autres races n'entraînent
la déchéance de la race arabe. Il avait en effet
compris que la mission de conquête qu'il avait légué
à son peuple ne pouvait s'accomplir que par de hardis cavaliers
et qu'il fallait donc développer chez eux l'amour pour
les chevaux en même temps que la foi dans l'islamisme. Qui
plus est seuls les musulmans devaient posséder ces puissants
instruments de guerre.
Afin que le bédouin garde la race pure,
tous les passages religieux traitant du cheval arabe furent rédigés
dans un style attrayant, imagé et poétique afin
de convaincre plus facilement les musulmans qu'ils sont des élus
de Dieu et que le cheval n'a été créé
que pour eux. La légende concernant la création
du cheval arabe en est un exemple très explicite (voir
ci-contre).
Cette légende contient déjà
toute la pensée de Mahomet concernant le cheval arabe.
Il utilise la poésie pour placer le pur-sang sur un piédestal,
le rendant presque mythologique et vantant ses qualités
(né du vent, vole sans ailes, bon pour la charge comme
pour la retraite), il promet à son maître "
les biens de ce monde ", et exprime clairement son désir
que nul autre qu'un musulman ne puisse monter un cheval arabe.
Il prend soin néanmoins de préciser que pour qu'un
cheval arabe se sacrifie pour son maître à la guerre
encore faut-il le "rendre heureux", le traiter avec
" tendresse ".
Il a ainsi multiplié les promesses de
récompenses religieuses ou matérielles aux propriétaires
de pur-sang arabes afin de les inciter à respecter la pureté
de leurs chevaux. Plusieurs exemples le confirment : " les
mauvais esprits ne pénètrent jamais sous la tente,
sous laquelle se trouve un pur-sang arabe ", ou encore "
dans le cas où un musulman ne pourrait pas remplir ses
obligations religieuses, il se verra pardonner tous ses péchés
s'il entretient un pur-sang arabe à la gloire de Dieu ",
ou " un cheval qui a été volontairement élevé
pour la Guerre Sainte, signifiera dans l'Autre Monde que son maître
peut être compté au nombre des croyants ", ou
bien " le paradis de la terre se trouve sur le dos des chevaux
", le Coran appelle même les chevaux " le bien
par excellence ". (Général Daumas, Les Chevaux
du Sahara). Selon K. W. Ammon (1834), lorsque les arabes ont été
victorieux en 636 à Jarmuck, chaque cavalier possédant
un cheval arabe reçut un butin deux fois plus important
que les autres. Il est même interdit à un musulman
de demander de l'argent pour saillir une jument afin de promouvoir
l'élevage et d'améliorer la race. De la même
façon il est interdit de castrer un cheval, ou encore de
lui " voler " sa crinière ou sa queue, qui lui
permettent de se protéger des mouches.Suite... |
Tu voleras sans ailes...
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Quand Dieu a voulu créer la jument, il a dit
au vent : " Je ferai naître de toi un être
qui portera mes adorateurs, qui sera chéri par
tous mes esclaves, et qui fera le désespoir de
tous ceux qui ne suivent pas mes lois " ; et il
créa la jument en s'écriant : " Je
t'ai créée sans pareille, les biens de
ce monde seront placés entre tes yeux, tu ruineras
mes ennemis, partout je te rendrai heureuse et préférée
sur tous les autres animaux, car la tendresse sera partout
dans le cur de ton maître. Bonne pour la
charge comme pour la retraite, tu voleras sans ailes,
et je ne placerai sur ton dos que des hommes qui me
connaîtront, m'adresseront des prières,
des actions de grâce, des hommes enfin qui m'adoreront
". - Général
Daumas, "Les Chevaux du Sahara". |
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