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Chemin d'Art Sacré

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Voilà ! Cette pérégrination se termine.


L’exposition est en place, à elle de vivre et d’apporter un peu de lumière dans les yeux des visiteurs.


Je dois avouer que cela  a été une expérience extraordinaire pour moi, en quelque sorte un parcours initiatique doublé d’une période de méditation intense qui ne pourra que rejaillir dans mon travail ultérieur.

Non pas que je me sois tenu loin de l’art sacré dans tout mon cheminement, il y a déjà eut de nombreuses œuvres dans ce domaine et les annonciations sont comme un fil rouge dans mon évolution, sorte d’image emblématique du monde de la communication universelle dans laquelle nous sommes tous immergés. Ce fut une aventure passionnante car il est plus que rare, à notre époque, de pouvoir développer un tel programme en un tel lieu. Trop souvent nous nous consacrons à la réalisation d’œuvres uniques, les unes après les autres, et leurs liens ne sont souvent dus qu’à notre écriture, à notre style.

Il s’agit ici de tout autre chose. Chaque œuvre est bien-sûr unique et pleine de sens par elle-même mais elle vient s’inscrire à son tour au milieu des autres et ne trouve toute sa signification que dans ses rapports au reste de l’exposition.

Sans faire un commentaire complet de l’exposition voici quelques pistes qui ont sous-tendu mon travail.


Lors du siège de Jérusalem Jérémie rapporte cette parole de Yahvé : « Je mets devant vous le chemin de la vie et le chemin de la mort »

De multiples voies s’ouvrent devant nous : de notre naissance à notre mort, vers l’ailleurs et vers l’autre, vers soi-même pour apprendre à se connaître et enfin s’accepter, dans son œuvre pour l’artiste des premiers balbutiements à son accomplissement et enfin vers son créateur pour le croyant.

Nous passons notre vie a pérégriner sur de multiples chemins et bien souvent la rencontre de croisements nous rends plus que perplexe : aller à droite, à gauche, que choisir ? Aller tout droit ou s’en retourner ?


Socrate disait qu’un petit démon intérieur l’aidait à choisir, dans ces occasions, la bonne  direction, ce fut d’ailleurs une des trois accusations qui causèrent sa perte.

Dieu envoie ses messagers pour l’indiquer aux hommes mais nous sommes parfaitement libres d’accepter, de douter et même de refuser cette aide providentielle. Cette réflexion est la base de ce travail. Quelle est la position et comment l’homme réagit à ces messages. Elle se double d’un autre lien qui est une réflexion sur la forme même du message qui pourra être verbale mais aussi action, aide, accompagnement, instruction et enseignement. Voilà les deux grandes directions de cette aventure, les points cardinaux qui m’ont aidé à trouver mon chemin.


Le socle commun en est le nombre, Pythagore disait que le monde est nombre et le nombre soutient toute l’exposition. En dessous de chaque œuvre un petit schéma géométrique montre la grille utilisée pour sa réalisation, grilles basées sur le nombre d’or, la série de Fibonaci, les divisions musicales d’Alberti et bien d’autres. De plus si un nombre devait exprimer l’ensemble du travail ce serait le 7 : 7 temperas, 14 aquarelles donc 21 œuvres, 7 douleurs de la Vierge, 42 bons anges et quelques mauvais.

Mais cela n’est qu’un jeu, qu’un support à l’essentiel. Allons plus loin sur la route qui nous mène de la perte de l’Eden (8) à la Jérusalem céleste (17).


Prenons par exemple les grandes temperas de la nef : elles peuvent se lire, pas à pas, chronologiquement, chacune pour elle-même, en détaillant à chaque panneau sa signification propre.


Dans « le doute de Joseph » (3) nous retrouvons le lys, symbole de pureté de la Vierge, dans le jardinet au pied de la fenêtre qui est une référence aux œuvres du quinzième siècle. Nous y trouvons également un buisson de roses, autre clin d’œil, et sur ce buisson 7 roses rouges : rappel de la Vierge aux sept douleurs. Le linge blanc, autre symbole de pureté, prend la forme du périzonium qui va ceindre la taille du Christ sur sa croix et annonce donc la fin de son histoire terrestre. Joseph est à l’extérieur de la maison pour signifier à la fois son rôle secondaire et le peu de place qu’il occupait dans les premiers temps du christianisme.

Ces quelques exemples montrent ce que nous pouvons reconduire de panneau en panneau et d’aquarelle en aquarelle.


Mais ces six panneaux peuvent aussi se lire deux à deux se faisant face :


Résumé en quelque sorte d’un mode d’emploi, d’une ligne de conduite à suivre :


Mais on peut également avoir une lecture plus iconographique :


Autre exemple sur le mur du fond nous trouvons à gauche de l’entrée « Adam et Eve chassés du jardin d’Eden » (8) et à droite « Moïse et le buisson ardent » (9). Leur faisant face et à l’autre extrémité de la nef nous avons « Sodome et Gomorrhe » (16) à gauche et à droite « la Jérusalem céleste » (17) toujours en regardant vers le chœur.

Première chose le coté gauche de l’abbatiale est souvent réservé aux moments difficiles, le coté senestre des romains qui a donné sinistre chez nous. Le coté droit étant réservé aux événements plus heureux.

Mais de plus Adam et Eve et la scène de Sodome sont des épisodes tragiques où l’on quitte un lieu même si la femme de Loth ne peut s’y résoudre.

De l’autre coté l’annonce de la terre promise à Moïse fait pendant à la vision de la Jérusalem céleste : terre promise finale pour chaque croyant.

Mais nous pouvons également croiser ces quatre aquarelles.

Au feu céleste du buisson ardent correspond le feu céleste de Sodome et à l’éviction du paradis terrestre perdu est rattaché la vision du paradis céleste enfin trouvé.


Dans toute l’exposition les œuvres procèdent du même cheminement. Elles doivent être lues pour elles-même mais ne trouvent toutes leurs significations que dans les relations qu’elles entretiennent les unes avec les autres.


Autres relations, tout un jeu de correspondances s’est mis en place entre les panneaux et le lieu de l’exposition.


 Deux références à Saint Jean Baptiste, patron de l’église, l’annonce de sa naissance et son nom en araméen sur le panneau de Zacharie (1) mais aussi l’évocation d’Uriel (14) qui sera son précepteur au moment de sa retraite dans le désert.

Le Saint Luc de la chaire fait face au Saint Luc de l’aquarelle de « l’ange peintre » (15), l’évangéliste face au peintre. Il est d’ailleurs le patron des corporations de peintres au moyen-age et à la renaissance.


Il y a également tout un jeu de correspondances entre l’architecture et les œuvres. Et nous pouvons ainsi retrouver les ferrures des portes de l’église sur les portes de la Jérusalem céleste (17). Mais aussi un pilier de la nef chez Zacharie (1) et chez Uriel (14), le chevet et des sculptures extérieures dans l’atelier du peintre (15) et dans cette liste non close nous pouvons voir que la porte fermée du paradis (8) correspond à une porte murée de l’extérieur de l’église.

Dernier petit clin d’œil le monogramme de certaines aquarelles fait référence au sujet même de celle-ci et nous pouvons y voir apparaître pinceau, serpent, cornue et autres éléments.


Mais arrêtons-nous là, il est bon de laisser aussi les visiteurs découvrir par eux-même tout ce jeu de concordances et de détails ajoutés. Un dernier petit point pourtant le chat c’est moi ! C’est celui qui regarde, qui sait mais heureusement qui ne dit pas tout.


Autres réflexions : si la parure des formes et des couleurs de toutes les pièces doit apporter joie et contentement au spectateur et s’adresser ainsi à notre cœur, elles ne seront abouties que si elles apportent, en prime mais de façon indispensable, un rayon de lumière à notre esprit. Toute œuvre s’appréhende dans l’instant pour ensuite enrichir notre monde intérieur, apportant méditations et réflexions et c’est là qu’elles trouvent leur accomplissement et leur plénitude.


Si depuis Alberti nous savons qu’une œuvre tient de la rhétorique, c'est-à-dire de l’art du discours, elle dépend aussi également et pleinement de la dialectique c'est-à-dire de l’art du jeu des questions et des réponses entre le peintre et le regardant. Je pose des questions et vous y répondez, vous me posez des questions et je tente d’y répondre.


Cennino Cennini, l’auteur du livre de l’art au début du quinzième siècle,  disait que l’artiste se démarque de l’artisan parce qu’il pouvait travailler dans de beaux habits. Piero dela francesca, Alberti et les autres maîtres de la première renaissance nous ont véritablement donné notre statut d’artiste par leur capacité à l’écrit, à la conceptualisation de notre travail. Ils nous ont fait rejoindre au panthéon des créateurs poètes et musiciens en retirant la parole aux clercs pour nous la confier.

Alors ne la rendons pas aux journalistes, critiques et professeurs de philosophie, gardons haut et fort le faire  et le dire mais sans jamais oublier nos origines : le métier est la base inamovible de toutes nos créations.


                                                                        Luc DORNSTETTER

Ami du Peuple

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