25 octobre 2004
Une première sur Why Not cette semaine avec l'interview de Blackwater. Sans oublier la chronique de Don't Relax, Do It, leur deuxième album et le nouvel opus des Delgados, toujours aussi indispensables.
Blackwater : Don't Relax, Do It
Titres
Gillou Goes To Jallerange
Liverpool Girls
Don’t Relax, Do It !
A Commun Day (The morning / The afternoon / The evening)
New England Jigs
Dunthy’s Hornpipe / Cooley’s / Moussaka
Gone To Hilo
Each Step We Take
K’Man VS Dr. NO
Pint Of Mint Tea
C’est bien les vacances. Ca permet de prendre le temps, de
voir et de faire des choses qu’on ne prend pas forcément le temps de faire
durant le reste de l’année. Ca permet par exemple d’aller plus facilement voir
des concerts. De se laisser tenter par des chanteurs ou des groupes qu’on ne
serait pas forcément allé voir à un autre moment. En un mot, on est plus
ouvert, plus disponible. En l’occurrence, ça m’a permit d’aller voir et
entendre Blackwater sur scène. J’avais déjà entendu parler d’eux par
l’intermédiaire du regretté magazine Celtics, qui comme son nom l’indique
parlait de musiques celtiques. Je n’avais entendu qu’un seul morceau du groupe,
que j’avais trouvé plutôt bon, mais je n’avais pas cherché plus loin. Et puis
par hasard cet été, je suis retombé sur ce groupe en train de faire son
soundcheck pour le concert du soir. Il était dit que je devais forcément les
recroiser un jour. Et en live c’est encore mieux.
Comme dans mon souvenir, leur musique est assez irrésistible.
A la base, prenez de la musique traditionnelle irlandaise, pas les morceaux
lents et nostalgiques, non. Prenez les jigs et les reals, ces airs à danser,
ceux qui vous interdisent de rester le cul sur une chaise, ajoutez y une bonne
dose d’adrénaline et une pleine poignée de dextérité instrumentale, et vous
obtenez Blackwater. Ils qualifient leur musique de « Irish énervé ».
Je ne saurais mieux dire. Un concert de Blackwater, c’est un tourbillon musical
venu tout droit d’Irlande.
Rentré chez moi, il me fallait ce disque. Je dois dire que
j’ai eu beaucoup de mal à le trouver (il n’est pour le moment disponible que
sur leur site web dont le lien se trouve ci-dessous), mais voilà, la galette
est enfin entre mes mains. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leur
disque, bien que forcément plus lisse en version studio, reflète assez bien
l’atmosphère live. Comme leur nom ne l’indique pas, pas plus que leur musique, les
Blackwater sont français, originaires de l’est de la France et Don’t Relax, Do It est leur deuxième
album. Pour en revenir à leur musique, même si les thèmes viennent généralement
d’Irlande, les Blackwater y ajoutent suffisamment de personnalité pour la
rendre originale et plus passionnante que la moyenne. Gillou Goes To Jallerange est le prototype de leur musique,
essentiellement basée sur la complémentarité du jeu de Gaël Rutkowski et
Sébastien Lagrange, respectivement joueurs de uillean pipe (variante irlandaise
de la cornemuse) et d’accordéon chromatique. Ces deux là sont le sang du
groupe. Didier Gris au bouzouki et violon et Gilles Sommet à la basse et
contrebasse assurent l’ossature des morceaux. Mais ce qui ressort à la première
écoute de ce disque c’est l’extrême fluidité et la dextérité du jeu. Gaël
Rutkowski est un superbe musicien et Sébastien Lagrange le lui rend bien. Les
deux là ne font que se répondre ou se compléter sur l’ensemble des morceaux.
Mais ce disque n’est pas qu’instrumental, puisque que Jo Macera, guitariste et
chanteur vient donner de la voix et des cordes sur quelques morceaux. Et
apparemment il y a eu affinité puisque qu’il fait maintenant partie du groupe,
apportant un plus indéniable.
Comme je l’ai déjà dis, Blackwater n’est pas un groupe de
musique traditionnelle au sens strict, puisqu’ils ajoutent à leur musiques des
influences extérieures, comme dans la première moitié très belle et
atmosphérique de A Commun Day, où la
flûte prend le relais de la cornemuse. Ca donne une sorte de Trip Hop aux
racines celtiques du plus bel effet. La seconde partie du morceau retournant
visiter des contrées nettement plus vertes. Un des meilleurs titres de
l’album, varié, frais et lumineux. L’autre morceau qui les éloigne encore un
peu plus de la musique celtique est Pint
Of Mint Tea, qui réussi à marier accents orientaux et irlandais. Très
réussi. Mais l’atout principal du groupe reste indéniablement les morceaux
dansants et tourbillonnants, comme les excellents Goes To Jallerange ou Don’t Relax, Do It. L’autre versant du
groupe sonne nettement plus Rock, comme dans Liverpool Girls ou Gone To Hilo, où l’apport de la voix de
Jo Macera me rappelle un peu les Pogues, ce qui n’est pas pour me déplaire non
plus. Une autre invitée imprime sa marque sur ce disque. Il s’agit de la
chanteuse Susan Severson sur le superbe Each
Step We Take. Carrément magique.
En France, les groupes de musique celtique sont légion. Ceux
qui ont suffisamment de talent et de personnalité pour se démarquer de la masse
sont déjà beaucoup plus rares. Blackwater en fait partie. Leur technique
musicale impressionnante, leur ouverture d’esprit et leur inventivité en font
l’un des groupes les plus intéressants par ici. Que vous aimiez ou pas la
musique dite « celtique », l’univers musical de Blackwater est
suffisamment large pour que vous en fassiez partie.
Pour faire mieux connaissance avec eux, lisez
l’interview
qu’ils ont eu la gentillesse de m’accorder.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.lesonotone.com/blackwater/
The Delgados : Universal Audio
Titres
I Fought The Angels
Is This All That I Came For?
Everybody Come Down
Come Undone
Get Action!
Sink or Swim
Bits of Bone
The City Consumes Us
Girls of Valour
Keep on Breathing
Now and Forever
Après Hate, magnifique album remplit à raz
bord de mélodies et d’ambiances à vous donner des frissons, j’attendais
impatiemment la suite. Et comme après tout grand album, la suite est forcément
attendue au tournant. Quand on a produit un album aussi beau et prenant que
celui là, quand on place la barre assez haut, pas facile de lui assurer une
descendance qui en soit digne. On en a vu suffisamment d’autres se planter en
essayant de reproduire la même formule supposée magique. Mais venant d’un
groupe aussi farouchement et presque maladivement indépendant que celui là (Universal Audio sort sur leur propre
label, Chemikal Underground), aussi maître de sa musique et de sa destinée, le
plantage et la redite paraissent impensable.
Et on a bien raison de faire confiance à ces écossais. Il n’est pas encore venu le jour où
l’écoute d’un album des Delgados sera
pénible et monotone, où on se dira « Tiens, cette chanson n’était pas déjà
sur l’album précédent ? C’est une reprise ? ». Et comme tout
grand groupe qui se respecte, les Delgados savent évoluer sans se renier, mais
aussi et surtout sans se répéter. Autant Hate
était très joliment produit et nostalgique (même trop surproduit au goût de
certains), autant cet Universal Audio
parait léger, enjoué et quasi optimiste. On passe d’un ciel gris à un ciel tout
bleu, avec ici ou là quelques petits paquets de nuages quand même. Comme dit la
miss météo, tout ça laisse quand même une impression de beau temps. Les
Delgados sont de retour avec toujours cette même science exacte de la mélodie,
avec toujours cette précision chirurgicale de l’ambiance qui vous met le cœur à
l’envers. Ils savent rendre belles les choses les plus simples. Et la voix de Emma
Pollock y est encore pour beaucoup. Son timbre clair qui me rappelle toujours
irrésistiblement celui de Kim Deal est parfait pour permettre à ces chansons de
décoller. Ca prouve encore une fois que l’émotion peut venir d’une voix simple
qui vient du cœur et pas forcément d’une technique vocale sans faille qui
gonfle vite l’auditeur. Toutes les chansons où elle pose sa voix ont un charme
tout particulier. Ce n’est pas que je n’aime pas la voix masculine du groupe,
celle de Alun Woodward, mais bon, le charme n’est pas le même…
Ce qui frappe peut être le plus sur ce nouvel album, en dehors du ciel bleu, c’est la
diversité des morceaux. On trouve ici de tout. Un I Fought The Angels qui fait le lien avec l’ambiance aérienne de Hate et où Emma Pollock fait merveille. Un
Is This All That I Came For ? aux
parfums Pop assumés. Un Everybody Come Down pétillant qui
pourrait presque être leur single parfait. D’ailleurs, je me demande presque si
le titre de l’album est un appel du pied aux majors ou un pied de nez à ces
mêmes multinationales. Les connaissant, je penche pour la seconde solution,
mais Everybody Come Down est
tellement taillé sur mesure pour plaire, sans pourtant jamais être racoleur,
qu’on peut se poser la question. Et si c’était tout simplement une grande
chanson, évidente et qui plaira à tout le monde, sans forcer. Je leur souhaite.
Je citerais aussi plus particulièrement Come Undone, belle
ballade où piano et cordes s’entrecroisent, et qui fait encore une fois la part
belle à la voix d’Emma. Et à l’émotion, par la même occasion. Les délicates Sink Or Swim et The City Consumes Us sont des perles. Et Keep On Breathing ressemble à l’idéal de ce que peuvent nous offrir
les Delgados aujourd’hui : ce mélange de mélodies entêtantes et de
distance, de facilité et de beautés cachées. Et pour finir, Now & Forever permet aux deux voix
du groupe de s’unir enfin pour se compléter dans un beau bouquet final.
Si vous n’avez rien contre le ciel bleu encore un peu pale du petit matin, ni contre
les mélodies qui vous prennent par la main, ni contre les chansons qui vous
prennent par le coeur, sachez simplement que les Delgados existent.
Pour plus d'informations, le site officiel :
www.delgados.co.uk
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