Archives - Artistes - Accueil - Liens


25 septembre 2006

Une foule de nouveautés pour cette rentrée. Et parmi tout ça, deux perles simplement indispensables.


The Isles : Perfumed Lands


Titres

Major Arcana
Our Kitchen Test
Flying Under Cheap Kite
Summer Loans
Hide Your Work
We Give A Receipt, We Take A Receipt
Tropical Lamby
Terraforming
Eve Of the Battle
Post Nobles


En ces temps de revival 80’s où chacun essaie d’avoir sa part du gâteau, on trouve quelques élus (rares) et de pleines brouettes de clones insignifiants. Il y a ceux qui reproduisent péniblement les plans déjà usés par leurs aînés et puis il y a les autres, ceux qui arrivent à continuer à faire vivre l’histoire là où elle s’était arrêtée. Dans mes préférés, on trouve par exemple Interpol, Editors et les indispensables I Love You But I’ve Chosen Darkness. Ceux là font (re)vivre un pan de l’histoire du Rock. Et voilà que débarque les new yorkais de The Isles. Encore un groupe issu de la grosse pomme… Ras le bol me direz vous, il est temps de passer à autre chose. Il y a du vrai là dedans, mais juste avant de changer de destination musicale, il me parait urgent de faire un dernier arrêt chez The Isles.

Là, je m’adresse à tous les amoureux des Smiths, à tous les fans de Morrissey : tendez une oreille sur cet album là. Ils sont nombreux ceux qui ont essayé d’utiliser l’héritage du duo Morrissey / Marr. A ma connaissance, jamais personne n’a su (ou pu) suivre ces traces là pour inventer sa propre route. A l’évidence, The Isles a bien potassé la discographie des Smiths. Tout y est, jusqu’à la voix d’Andrew Geller qui ressemble fort à celle de Morrissey. Ils sont même allés jusqu’à faire un album qui ne dépasse que de peu la demie heure, comme les vinyles de l’époque. Et pourtant, bien que l’écoute de Perfumed Lands donne l’impression d’écouter tout un album d’inédits des Smiths, jamais on a cette désagréable impression de pillage qu’on peut souvent ressentir dans ce genre de situation. Sûrement parce que The Isles ne rend pas seulement un hommage vibrant à la musique des Smiths, mais réussit l’exploit de la faire vivre à nouveau. Et il y a une bonne raison à ça, c’est qu’en dehors de toute comparaison, les chansons de The Isles sont vraiment bonnes et se suffisent à elles mêmes.

La musique de ces américains a cette légèreté et cette aisance qu’on ne trouve que rarement chez un groupe débutant. Il y a ce chant délicieusement détaché, cette rythmique qui sait se contenter de porter la mélodie et puis cette guitare délicate et élégante. Sans parler de la production discrète, mais précise comme un rasoir. Et surtout, il y a ce songwriting brillant (et comment !) qui donne vraiment l’impression d’écouter dix perles de Pop rare. Dix classiques. Un peu comme l’impression que pouvait dégager un Hatfull Of Hollow dès la première écoute, pour n’en citer qu’un seul. Oui j’ose, Perfumed Lands est pas loin d’être de ce niveau là. Entre un Major Arcana qui vous met sans ambiguïté dans l’ambiance et où Andrew Geller ressemble au petit frère de Morrissey, et un Our Kitchen Test qui a la bonne idée de prendre un peu de distance avec ses maîtres, on prend en plein poire tout le talent de ce quatuor. La suite n’est qu’une suite de petits bonheurs (le refrain irrésistible de Flying Under Cheap Kite, la basse bondissante de Summer Loans, la merveilleuse insouciance de Eve Of the Battle et pour finir un Post Nobles simplement magistral).

Et au bout d’une simple écoute, on oublie toutes ses références, toutes les comparaisons, pour juste retenir une chose :  The Isles a un talent fou et Perfumed Lands ressemble fort à un des plus beaux albums de l’année.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.theislesnyc.com




The Veils : Nux Vomica

Titres

Not Yet
Calliope
Advice For Young Mothers To Be
Jesus For The Jugular
Pan
Birthday Present
Under The Folding Branches
Nux Vomica
One Night On Earth
House Where We All Live


Le deuxième album de The Veils est né sous le signe du changement. Quand la plupart des groupes se creusent les méninges (et s’engueulent souvent) pour savoir à quoi doit ressembler leur deuxième bébé, Finn Andrews, jeune songwriter de génie et âme du groupe a décidé de tout balancer à la poubelle. Pour repartir de zéro. Avec un déménagement de Londres vers Auckland en Nouvelle Zélande, un nouveau line up et de nouvelles idées.

Et pourtant, The Runaway Found (chronique enflammée à lire ICI)), le premier album de Finn Andrews était magnifique, frappé du sceau de la classe et du talent naissant du jeune néo-zélandais (ou anglais, on ne sait plus trop). Comme je le disais à l’époque, The Runaway Found est un des meilleurs premiers albums que j’ai jamais entendu, un des plus aboutis. Alors évidemment, apprendre que Finn Andrews a cassé son jouet pour repartir de zéro est un peu déstabilisant. Mais quand le talent est là, pourquoi s’inquiéter ?

Et on aurait bien tort de se poser trop de questions. Nux Vomica, bien que différent de son prédécesseur est un très digne petit frère. Il fait même mieux que ça, il fait un truc que je pensais impossible : il le surpasse. Et le choix du titre n’est pas innocent. Le Nux Vomica est un arbre dont est tirée la strychnine, poison violent à haute dose ou remède à faible dose. Tout dépend comment on l’utilise. La musique du Veils nouveau est un peu comme ça aussi, délicieuse par moments, carrément vénéneuse à d’autres. The Runaway Found était plein d’une poésie vibrante, à fleur de peau, Nux Vomica est encore comme ça par moment. Mais le spectre sonore du groupe nouveau s’est nettement élargi. Le chant de Finn Andrews a lui aussi profondément changé et a prit pas mal de volume. Il s’autorise maintenant des acrobaties qu’on ne lui connaissait pas. Il dit lui-même que maintenant il se reconnaît vraiment quand il s’entend chanter, contrairement au premier album où il avait parfois l’impression que cette voix appartenait à un autre.

Tout ça donne des chansons assez différentes de ce qu’on connaissait, nettement plus travaillées et plus profondes. Finn Andrews a mûri, ses chansons aussi. Mais le talent, lui, est toujours là. Et l’émotion , tout juste cachée sous un fin vernis, est prête à jaillir à la première occasion. Et les occasions seront évidemment nombreuses. Not Yet démarre comme une Folk song intimiste pour enfler doucement jusqu’à se transformer en une boule de tension où la voix de Finn Andrews finit tout près de la rupture. D’emblée, on s’aperçoit que beaucoup de choses ont changées. Advice For Young Mothers To Be est un single majestueux que ne renierait pas Divine Comedy, ce qui donne une idée du chemin parcouru en terme de songwriting. One Night On Earth, avec sa mélodie obsédante a tous les atouts pour être le prochain single. Mais sur Nux Vomica on trouve aussi le nouveau versant de The Veils, des chansons sombres et tendues, comme ce Jesus For The Jugular qui ressemble à une descente en enfer où ce Pan où le feu couve sous la cendre et où le chant de Finn Andrews ressemble à du fil barbelé. Impressionnant. Dans un registre un peu différent, tout en faux plats et en rage rentrée, la chanson Nux Vomica est un autre sommet.

Mais sur certaines chansons, on retrouve aussi le Veils ancienne manière, où on a l’impression de pouvoir toucher l’émotion de la main, tellement elle semble palpable, comme sur Under The Folding Branches House Where We All Live, ballades au dépouillement extrême et à la beauté intemporelle.

Nux Vomica n’est pas seulement magnifique, il n’est pas seulement un des meilleurs albums de 2006. Il est vital. Il est indispensable.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.theveils.com



© Copyright 2006 Why Not ?