10 octobre 2005


Il y a quelques groupes pour qui j'ai une affection toute particulière et dont chaque album est un plaisir, Nada Surf est de ceux là. Pendant ce temps là, Austin Newcomers est en train de mettre en place un Rock qui risque d'aller loin.

Nada Surf : The Weight Is A Gift

Titres

Concrete Bed
Do It Again
Always Love
What Is Your Secret
Your Legs Grow
All Is A Game
Blankest Year
Comes A Time
In The Mirror
Armies Walk
Imaginary Friends

Cette rentrée musicale est vraiment bien remplie. Il faut avoir beaucoup de temps libre pour réussir à suivre le rythme. Et puis surtout, arrivent les nouveaux albums d’artistes qui nous avaient laissés sur des derniers disques très réussis il y a un an ou deux pour la plupart. Et Nada Surf est de ceux là. Leur Let Go reste pour moi un des meilleurs albums de chansons Pop de ces dernières années, avec le Welcome To The Monkey House des Dandy Warhols, qui eux aussi viennent de livrer leur nouveau disque.
Les Dandy ont délibérément cassé la machine à tubes pour se lancer dans une nouvelle direction bien plus ambitieuse. Il fallait oser, ils l’ont fait. Les Nada Surf eux, continuent leur chemin sans rien changer à leur formule gagnante. C’est vrai que quand, comme eux, on revient de loin et que le simple fait d’exister encore tient du miracle, ça doit aider à relativiser. Mais franchement, je n’arrive toujours pas à comprendre comment ce groupe là a pu un jour être viré par son label sous le prétexte qu’il ne savait pas écrire de chansons suffisamment « vendeuses ». Vous me direz qu’il y a des gens incompétent partout, c’est vrai, mais ça a l’air encore plus vrai dans la majorité des grands labels. Aujourd’hui, ils sont sur un petit label et je ne pense pas qu’ils le regrettent. Nada Surf fait de la Pop, des petites chansons sans prétention qui leur plaisent et qui nous enchantent. Ca leur suffit depuis le début. A nous aussi.
The Weight Is A Gift (« le poids est un cadeau » ça veut dire quoi ce titre ?) signe donc le retour du trio américain le plus francophile et francophone du monde (Daniel Lorca le bassiste et Matthew Caws le chanteur / guitariste parlent tous les deux un français sans défaut). Au premier contact, ce nouvel opus parait moins brillant et plus lisse que Let Go. C’est dû en grande partie à une production minimaliste ou en tous cas sans trop de relief. J’aurai même tendance à dire que le son est un peu pauvre. Il est net mais assez brut, ce qui surprend de plus en plus au milieu des superproductions actuelles. Là, on a droit à aucun artifice ou presque, ce qui oblige le groupe à écrire des chansons suffisamment fortes pour se suffirent à elles mêmes. On a de la chance, c’est le cas encore une fois. Et malgré ce son un peu pauvre, au fur et à mesure des écoutes, on finit par entrer dans ces nouvelles chansons comme si on les connaissait depuis toujours. C’est ça l’effet Nada Surf, ce côté familier et ami de toujours. Concrete Bed par exemple est pile dans la lignée de Let Go et de ses popsongs qui irradient l’optimisme et la simplicité. Un beau single à l’américaine, mais carrossé à l’italienne. Idem pour un Always Love dont la mélodie se glisse en vous comme une seconde peau. L’art de la mélodie : voilà ce qui personnifie ce groupe là. La mélodie simple, évidente et vite irrésistible. On se demande bien comment ce groupe n’a pas déjà cassé la baraque sur les radios depuis son fameux Popular, qui remonte quand même à une éternité. Dans le genre, on peut aussi citer un Blankest Year avec ses chœurs et son riff de guitare qui vous entraîne jusqu’au bout de la nuit, In The Mirror d’apparence plus fragile mais pourtant tout aussi efficace. Il y a bien sûr aussi quelques ballades toujours aussi limpides, Comes A Time notamment. Et là, la production épurée magnifie ce type de chansons. Une autre chanson typique des college bands américains clôture le disque : Imaginary Friends a le parfum de l’adolescence insouciante, mais à la sauce Nada Surf, c'est-à-dire avec tout le recul et le côté charnel qu’autorisent l’age adulte.
J’ai vraiment un faible tout particulier pour ce groupe là. C’est peut être dû à sa simplicité plutôt rare dans le milieu de la musique, à leur façon si simple et naturelle de nous offrir des chansons qui finissent par compter pour nous plus que la moyenne. Quand ils sont sur scène, on a même l’impression de voir des copains qui ne jouent que pour nous. Revenant de nulle part, les Nada Surf semblent incapables de jouer aux rock stars. Ils ont bien trop de recul pour ça. Finalement, c’est sûrement ça leur principal défaut, ce côté anonyme si proche de « monsieur tout de monde ». Pas très glamour et pas suffisamment sexy pour être vraiment vendeur. Mais imaginez un monde où seule la qualité de la musique compterait. Dans un monde comme celui là, les Nada Surf seraient tout en haut.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.nadasurf.com

Pour certains, la musique est un boulot. On écrit des chansons comme on va au bureau, parce qu’il faut bien payer les factures et que c’est plutôt plus simple et moins fatigant d’écrire une chanson que de bosser à l’usine. Je sais, tout le monde doit payer ses factures, mais quand même. Chez certains autres, ceux qui ont encore tout à prouver ou presque, ceux qui sont encore affamés et pressés de montrer au monde qu’ils existent, la musique est bien plus que ça. C’est presque vital. C’est ce qu’on ressent encore chez pas mal d’artistes, heureusement. Il y a dans certains disques, dans certaines chansons une urgence qui éclate. On sent qu’il faut que ça sorte et dans ce cas là, écrire une chanson est un bon moyen d’y arriver. Chez les Austin Newcomers, il fallait que ces quelques chansons explosent. Sous la forme d’un EP brûlant qui annonce des lendemains qui chantent.
Ce groupe là existe depuis un moment, mais Locked est une sorte de nouvelle naissance. Les frères Cobb, canadiens d’origine et français d’adoption, ont choisi de passer d’une formule en duo forcément minimaliste à une structure Rock plus classique à 5 musiciens. Une formule qui ouvre de nouvelles portes. Leur son en est devenu nettement plus mordant et leurs chansons peuvent maintenant nourrir de nouvelles ambitions. Ce nouvel EP fait l’effet d’une révélation. Enregistré dans des conditions proches du live, il contient quelques morceaux qui sonnent immédiatement comme des classiques. Tout y est : la hargne des guitares, les mélodies taillées dans le diamant et cette sorte de vérité qui n’existe que dans la musique live. On pense avant tout aux Libertines, autres habitués des chansons vivantes et écorchées. I’m Locked est dans ce genre là. Une chanson vive comme l’éclair, des guitares coupantes et une voix qui prend la mélodie à la gorge. Bride Of The Stars est même carrément magique. Cette fois, des arpèges en cristal soutiennent le chant presque désemparé de Jan Cobb. Une chanson aussi belle que touchante. Dans un genre plus Folk-Pop, Simili soutient encore une fois la comparaison avec les cousins Libertines au niveau de l’authenticité, mais dans un genre plus policé. Les Austin Newcomers maîtrisent autant l’art de la mélodie que l’art des ambiances. Leurs chansons reposent sur cette association entre électricité des guitares et air qui reste dans la tête, comme dans The Other Side par exemple.
Locked est l’EP prometteur d’un groupe qui a encore tout à prouver, mais qui a déjà toutes les qualités pour arriver à ses fins. Et les maquettes des morceaux de leur futur album (en écoute sur leur site) sont là pour le prouver. Pour faire mieux connaissance avec eux, leur interview est ICI.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.austin-newcomers.com