5 décembre 2005
Pendant que Weepers Circus (le cirque des gens qui pleurent) sort son plus bel album, Pete Doherty tente de donner une suite aux Libertines.
Weepers Circus : La Monstrueuse Parade

Titres
Seul
La Dignité
L'Oiseau De Paradis
Janvier
En Rêve
Sans Vous Aimer
La Fille Et Le Loup
Quelqu'Un
La Dernière Pluie
Tu Perds Ton Temps
Larme
La Parole Perdue
Ca Passe
L'Une Des Nôtres
Le Monstre
Finalement, la musique de Weepers Circus s’adresse avant
tout aux curieux. A tous ceux qui cherchent autre chose que ce qu’on entend
partout et que l’étiquette « nouvelle chanson française » fait poliment
bailler ou endort carrément (désolé, c’est mon cas…). Comme quoi, il y a
toujours une alternative, même aux phénomènes de mode les plus envahissants. Parce
que finalement, Weepers Circus chante aussi en français, comme tous ceux là. Et
comme eux, ils ne sont pas tombés de nulle part, mais existent depuis pas mal
d’années déjà. Ils enregistrent, ils tournent. Et petit à petit, leur univers
s’invente et s’impose. Mais les Weepers Circus ne me font pas bailler. Parce
qu’ils ont quelque chose en plus : une musique complètement intemporelle
et inclassable, qui effleure plein de choses sans jamais s’y accrocher
vraiment. Une vraie personnalité et surtout une musique qui au fil des écoutes
vous colle comme une seconde peau.
Il y a deux ans, j’avais déjà craqué sur le précédent, Faites Entrer. Je me suis donc précipité
sur cette Monstrueuse Parade à la
pochette encore une fois décalée et vaguement désuète. Et pour cause, puisque
ce disque revisite le monde du film Freaks
de Tod Browning qui date des années ’30. Je ne sais pas si vous avez déjà eu
l’occasion de voir ce vieux classique qui décrit l’univers d’un cirque qui
présente des « monstres », tous ces êtres difformes ou différents
dans leur aspect, mais si humains dans leur cœur, à l’inverse de leurs
bourreaux. La Monstrueuse Parade explore cet univers là, en nous parlant des
faux-semblants et des a priori, du décalage permanent entre la forme et le
fond. Avec toujours cette délicatesse et cette poésie qui nous les rend si
précieux. Mais l’univers de Freaks
est dur, la musique des Weepers Circus s’est donc aussi un peu durcie, les
guitares sont plus présentes et certains morceaux côtoient le Rock. Mais la
aussi, tout ça est fait discrètement. Leur univers n’est pas chamboulé, il est juste
encore un peu plus vaste.
Ca ne sert à rien de tourner autour du pot. La Monstrueuse
Parade ressemble fort au plus bel album des strasbourgeois, avec toute une
série de grandes chansons qui vous touchent droit au cœur. Vous me direz que
chacun de leur nouveau disque donne cette impression là. Et alors, vous en
connaissez beaucoup d’autres qui vous donnent cette impression là au bout
de cinq albums ? Qui vous donnent l’impression de progresser à chaque
fois ? Dans ce disque, il n’y a pas
de remplissage, rien d’inutile, juste une quinzaine de chansons qui marquent.
Comme d’habitude, les styles et les genres sont assez variés, de la chanson aux
effluves classiques (La Dignité et Larme), en croisant aussi le Jazz (La Parole Perdue), un peu de Rock (La Fille Et Le Loup, Quelqu’un, Ca Passe),
de la chanson qui croise l’univers des Têtes Raides (l’excellent Sans Vous Aimer avec leur « petite sœur » Olivia
Ruiz) et surtout ces ballades qui vous envolent. Ecoutez donc le trio L’oiseau De Paradis, Janvier et En Rêve. Si vous avez un cœur qui bat,
vous ne pourrez pas y résister. Même chose pour Larme, texte d’Arthur Rimbaud mis en musique avec une douceur rare
et L’Une Des Nôtres à la mélodie
purement magique. Et un point commun à toutes ces chansons, c’est cette façon
de créer de subtils décalages, par une clarinette qui va là où on ne l’attendait
pas, par des harmonies qui fusionnent les genres, par des brisures qui changent
les règles du jeu. Et tout ça avec en permanence ce don incroyable pour la
mélodie. Pour toutes ces raisons, La Monstrueuse Parade est vraiment un
disque précieux.
Comme tous les ans, vous cherchez le cadeau de Noël parfait,
celui qui fera vraiment plaisir. Ne cherchez plus, vous l’avez trouvé. Celui là
fait chaud au cœur et rend tout plus beau autour de lui. Et commencer donc par
vous faire ce cadeau là à vous même.
PS : Et parce que c’est bientôt Noël, les
Weepers Circus m’ont fait en plus un beau cadeau, une interview à
découvrir
ici.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.weeperscircus.com
Babyshambles : Down In Albion
Titres
Get Your Guns
Cosmopolitan
Not Everyone
Unsatisfied
Headlights
Behind Your Eyes
Ironside
Shot Down
Just Friends
Intermission
Southern Cross
Et merde ! C’est la première fois que je commence une
chronique comme ça. Mais là vraiment, il y a de quoi. Parce que l’histoire des
Libertines est l’exemple parfait de ce que peut donner une célébrité trop vite
arrivée chez des gamins aux épaules pas assez solides pour elle. De séjours en
taules aux premières pages des tabloïds anglais, en passant par un paquet de
concerts foirés ou annulées, l’histoire des Libertines n’a été que chaos. C’est
du pur Rock’n’Roll me direz vous. Peut être, mais c’est surtout un bel exemple
de gâchis total. Parce que les deux albums que nous aurons laissés les
Libertines resteront des monuments de Rock impulsif et déjanté comme personne
n’en avait fait depuis longtemps. Mais ce Rock mi innocent mi racoleur n’était
sûrement que le résultat du mélange alcool + drogues diverses qui leur a finalement
toujours interdit de voir les choses en face et d’avoir un œil clair sur ce
qu’ils faisaient. Mais c’est aussi le résultat d’un talent certain. Parce que
les Libertines étaient brillants, sans même le faire exprès et sans même faire
d’efforts pour ça. Un gâchis je vous dis.
Alors voilà, aujourd’hui arrivent les Baby Shambles, nés des
cendres d’un groupe qui restera une légende, quoi qu’il arrive. Ce nouveau
groupe est celui de Pete Doherty, ex voix du groupe susnommé, entouré de
quelques copains sortis d’on ne sait où. Produit par Mick Jones, mais
malheureusement ça ne s’entend pas beaucoup. La musique des Libertines était
approximative, bancale, de traviole, mais surtout inoubliable. La musique des
Baby Shambles est aussi un peu comme ça, mais encore plus proche de l’à peu
près. Et sans le côté inoubliable. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas
dit. Down In Albion n’est pas le
ratage total que la presse anglaise voudrait faire croire. C’est juste l’album de
quelqu’un qui se cherche encore et qui risque de ne jamais se trouver s’il
continue comme ça. Parce qu’il n’a toujours pas les idées plus claires
qu’avant. Pour l’instant, il se la joue beautiful loser en profitant de nos
souvenirs émus. Ca risque de ne pas suffire bien longtemps. J’imagine que
l’appart de Pete Doherty doit ressembler à sa musique, les cadavres de
cannettes de bières trônant au milieu des boites de pizzas vides et des
chaussettes sales. C’est le bordel, mais au moins c’est vivant et habité. Down In Albion est comme ça. On est énervé
par le désordre, mais en même temps c’est chaleureux et sympa. On est donc
partagé entre deux sentiments : le plaisir et l’agacement. Le plaisir de
retrouver cette voix toujours aussi approximative mais désormais amie et
l’agacement parce qu’on sait que Pete Doherty a déjà fait mieux. Mais c’était
avec son compère Carl Barat, qui lui aussi est en train de travailler avec son
nouveau groupe. La magie des Libertines fait maintenant partie du passé. Le
plus gros défaut de ce disque, c’est finalement ceux qui sont sortis avant lui.
Parce que quand même, Down In Albion
est un bon disque de Rock avec cet esprit Punk et profondément glandeur qu’on
aimait bien.
On trouve de bonnes chansons dans cet album : La Belle Et La Bête, The 32nd of december,
Albion et A Rebours qui nous feraient
un instant penser que les Libertines existent encore, comme toute la première
moitié du disque qui rappelle de bons souvenirs. Quelques bouses aussi par la
suite, surtout Pentonville, Reggae
pénible dont on se demande vraiment ce qu’il vient faire là. Ce qui fait que
même avec la meilleure volonté du monde, on ne peut pas dire que Down In Albion est du niveau de ses
grands frères. Il lui manque ce petit quelque chose qui transforme un disque
sympathique en un disque indispensable. Là, on a un peu l’impression que Pete
Doherty n’en a pas grand-chose à foutre (comme d’habitude me direz vous) et du
coup, Down In Albion est juste
sympathique. Et encore merde !
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.babyshambles.net
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