Why Not :
Quand on écoute votre musique pour la première fois,
on est franchement intrigué par votre univers musical qui reste tout à fait unique. Peut être parce qu'on n'arrive pas à vous trouver d'équivalent. Sauf peut être un
Angelo Branduardi ou encore un William Sheller éventuellement, mais c'est juste pour essayer de trouver des références... Finalement,
quelles sont vos origines musicales ? Qui vous a influencé ?
Alexandre Georges : Jolies références !!! Branduardi et Sheller sont
des auteurs
compositeurs très attachés à la musique classique tout comme nous, de par
nos formations mais également habités du désir de mélanges entre des
influences rock et des instruments "dits" classiques... Nous sommes
cinq,
donc emprunts d'influences diverses. Nos découvertes respectives de la
musique étaient dans les années 80, donc nos oreilles noyées de top 50 se
sont tournées vers les disques de nos parents : Beatles, Led Zep', Pink
Floyd, puis nos illustres maîtres, Brel, Brassens, Barbara etc...
WN :
Votre musique reflète bien plus que de
simples références musicales. C'est
finalement tout un univers, comme en témoigne encore une fois « La
monstrueuse parade ». Avant ça, « L'ombre et la demoiselle » et « Faites
entrer » avaient des sonorités qui nous emmenaient au moyen age. On sent
derrière vos disques tout un monde littéraire et même historique. D'où
vient votre singularité ? Finalement, quelles sont les passions des
membres du groupe ?
AG : Notre singularité je pense est d'évoluer en tant que groupe comme on peut
évoluer en tant qu'être humain, de ne pas s'enfermer et de suivre nos
envies, on est une bande de potes et il se trouve que notre plaisir à
créer et à jouer de la musique est communicatif. Le premier album "le fou
et la balance" était, il est vrai, emprunt de musique médiévale, sûrement
un reliquat de nos années "folk" avec des influences Malicorne ou Tri Yann
des débuts, le second et le troisième ("L'épouvantail" et "L'ombre et la
demoiselle") plus emprunts de musiques tziganes avec une belle rencontre
avec le groupe Bratsch. "Faîtes entrer" nous a poussé à plus affuter notre
côté "chanson"... enfin "la monstrueuse parade" à assumer nos envies d'un
son plus rock...
Nos passions sont bien diverses, de la philosophie au plaisir de donner à
apprendre un instrument en passant par les filles ou encore les bouts de
chous qui viennent de naître... la famille s'agrandit... mais c'est aussi
la scène notre passion, le partage et la rencontre avec les gens.
WN :
Je suis strasbourgeois d'adoption et
bien qu'ici vous soyez une institution, je ne vous ai découvert que depuis
quelques années seulement. Depuis, j'ai rattrapé un peu de mon retard et
je note à chaque nouvel album une lente évolution qui vous rend de plus en
plus accessibles sans renier votre originalité. Et j'ai l'impression que
ça tient pas mal aux rencontres que vous avez pu faire (Olivia Ruiz, Les
Têtes Raides, entre autres). Les rencontres sont elles importantes pour
vous ?
AG : Les rencontres sont primordiales, elles font avancer et se confronter, et
on peut en citer bien d'autres, Juliette, les "debout sur le zinc", "les
ogres", "La rue kétanou", Matthias de Dyonisos etc... A chaque fois que
l'on porte un regard sur les gens que l'on estime, c'est une manière de se
remettre en question également. Quant à l'évolution que tu évoques, je ne
sais pas trop, sûrement comme je disais plus haut que l'on évolue tout
simplement, on a un tel plaisir à écrire et de plus de manière poètique
que peut-être s'est-on bridés par le passé, trop cloisonnés, mais il n'y a
pas là de volonté farouche. On suit notre chemin en artisans, avec nos
petites mains, sans griller d'étapes, humblement.
WN :
Avez-vous d'autres collaborations prévues dans les prochains temps ?
Ecrivez vous encore pour d'autres, comme vous l'avez déjà fait pour Olivia
Ruiz ?
AG : On est cinq à écrire dans le groupe, donc il y a un réel vivier, on a
composé 30 chansons pour le dernier album et gardé que 15, on a des
projets aussi pour Isabelle Lux qui prépare un répertoire, mais aussi
continuer à bosser pour Olivia et rester ouvert à toutes propositions...
On a également travaillés sur le futur album de Caroline Loeb, de la mise
en scène à son album, nos rencontres sont de vraies histoires d'amitié.
WN :
Avec qui rêveriez vous de collaborer sur un prochain album ? Si vous aviez
un rêve « inaccessible » pour Weepers Circus, se serait quoi ?
AG : Inaccessible ??? euh... Peut-être enregistrer avec Peter Gabriel dans son
studio "Real World" et être produit par Daniel Lanois qui à travaillé avec
Bob Dylan, U2...
WN :
« La monstrueuse parade » est une sorte d'hommage au film «
Freaks » de
Tod Browning, vieux classique assez étrange et plutôt dérangeant. Le genre
de film qui laisse une impression de malaise. Finalement, qu'est ce qui
vous a marqué dans ce film ? Quels sentiments avez-vous voulu faire
ressortir ?
AG : Déjà ce film se déroule dans l'univers du cirque, pour nous c'est un peu
la symbolique du groupe, un lieu où on retrouve tous les arts, toutes le
émotions, c'est ce que nous aimerions donner à voir, à ressentir dans nos
spectacles. Puis la période de composition de cet album a été une période
noire, politiquement, socialement, mondialement même, donc une certaine
dureté un peu mélancolie habite nos textes, nos musiques. Et enfin il y a
eu des coincidences entre notre création et le film, qui montre la cruauté
des puissants, des beaux, et une vraie réflexion sur la normalité et
l'anormalité ! Visuellement aussi ce film donne a voir des tableaux
captivants...
WN :
« La monstrueuse parade » marque une évolution de votre son vers des
sonorités un peu plus Rock. Est-ce lié à l'atmosphère que vous avez voulu
donner à cet album en particulier ou est ce une direction que vous
continuerez à explorer ?
AG : Le son "Rock" était déjà présent sur scène, depuis la venue de notre
batteur, il était donc pour nous logique de le faire vivre sur disque,
c'est une question d'énergie pure, l'album a été quasiment enregistré en
live. Quant à l'avenir, on ne sait pas encore mais on commence à réléchir
au prochain disque maintenant que celui-ci est sur les routes.
WN :
On n'arrête pas de parler de nouvelle chanson française. Avez-vous
l'impression de faire partie de ce « mouvement » ou cette obsession de la
classification vous agace-t-elle ? De quels artistes vous sentez vous
proche ?
AG : C'est un concept un peu étrange de parler de "Nouvelle scène française"
quand on voit qu'un Bénabar ou un Sanseverino sont traités comme des
découvertes alors qu'ils sont sur les routes depuis 15 ans....!!! Les
Têtes Raides c'est pareil, appelons ça de la Chanson tout simplement,
j'imagine que les médias sont dépassés de voir des artistes exister sans
eux, depuis "Louise Attaque" je crois que ça les fait flipper.
Des artistes proches j'en ai cité quelques-uns déjà et j'en oublie, je
crois qu'en fin de compte tous ceux qui restent simples, quelque soit la
notoriété, ont notre plus grande sympathie et un profond respect !
WN :
Vous êtes aussi (et peut être surtout) un groupe de scène.
Comment vivez
vous la partie création / enregistrement ? Comment vivez vous la scène ?
Qu'est ce qui vous plait le plus ?
AG : Les deux sont nécessaires à notre équilibre, la création a des côtés
frustrants car ces chansons ne prennent une autre dimension que
lorsqu'elles sont partagées sur scène. Cela dit c'est à chaque fois une
page blanche sur laquelle on va écrire notre page à nous de notre histoire
à nous... Qu'elle chance on a ! Cinquième album, rien que ça !
La scène c'est comme une rencontre à chaque fois, un partage, ça nous
donne de l'énergie pour le quotidien, les soucis, la vie en somme, je
crois et j'espère que lorsqu'on sort de nos spectacles on a la même
fraîcheur, le même espoir partagé.
WN :
Je ne suis pas franchement impartial quand je dis que certaines de vos
chansons sont carrément magnifiques. Elles prennent tout leur sens sur
scène, là où le public les ressent vraiment. Avez-vous en projet de sortir
bientôt un album live ou encore mieux (rêvons un peu), un DVD live ?
AG : Ben merci ! On y réfléchit fort en ce moment mais enregistrer un live
n'est pas aussi simple que ça, il faut doubler le matériel et les
techniciens et ce, pendant au moins trois concerts dans le même lieu, qui
doit présenter des conditions idéales. C'est donc une question de budget,
de production et pour un dvd le problème est le même en pire. Cependant on
ne veut pas bacler, c'est en projet, peut-être pour le printemps ??? à
suivre...
WN :
Vos albums sont très personnels et réussis, vos concerts sont toujours de
belles fêtes. D'après vous, qu'est ce qui fait que vous restez encore peu
connus du grand public après autant d'années ? Qu'est ce qui manque pour
que ça décolle vraiment ?
AG : Comme je l'ai déjà dit
on est des artisans, donc le choses vont pas à pas,
doucement vers une certaine maturité, en tout cas je l'espère. La
notoriété n'est pas une fin en soi, la vraie réussite est de vivre de
notre art, et ce n'est pas si commun, de tourner partout en france, à
l'etranger, et d'en être à notre cinquième album et de continuer à toucher
de plus en plus de gens ! La reconnaissance est belle pour un groupe qui a
commencé sur les bancs du lycée. Ce qui manque ? De toucher encore plus de
gens, médias nationaux ou pas, et continuer d'aller sur les routes à la
rencontre de tous les publics...
WN :
Avec « La monstrueuse parade », 2006 s'annonce plutôt bien pour vous.
Qu'avez-vous de prévu pour l'année prochaine (tournée, projets annexes.) ?
AG : La tournée reprend le 18 janvier 2006, et puis les festivals du printemps,
de l'été, on est pas prêt de reprendre des vacances mais c'est ce à quoi
on aspire... Quant aux projets, ce sera au fil des rencontres qui seront
belles je le crois !
WN :
Que peut on souhaiter à Weepers Circus pour l'année prochaine ?
AG : Tourner, tourner, tourner et encore tourner... et prendre et donner du
plaisir, surtout !
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