Des couleurs qui paraissent différentes, des contours qui jaillissent sans avoir été dessinés, des images inertes qui s’animent, des couleurs ou des différences de clarté qui n’existent pas, des profondeurs représentées par des lignes simples… ainsi naissent les illusions d optique ou illusions visuelles.

 

L’illusion se définit par une interprétation erronée de perception causée par une fausse apparence. Elle se distingue de l’erreur qui consiste à se tromper et qui procède d’un jugement inconsidéré. L’illusion est le fait d’être trompé sur la réalité des choses. Elle est immédiate, naturelle et inévitable. Si l’on peut corriger une erreur, il n’est pas toujours possible de dissiper une illusion; elle est en effet une sorte d’écran qui dissimule, en la déformant, la réalité.

 L’illusion d’optique est affaire de perception visuelle.

La perception est d’après Lalande “ l’acte par lequel un individu, organisant immédiatement ses sensations, les interprétant et les complétant par des images et des souvenirs, s’oppose un objet qu’il juge spontanément distinct de lui, réel et actuellement connu de lui.”

Toute perception consiste donc à interpréter des informations sensorielles, à les organiser en un tout signifiant, à les identifier spontanément à partir d une expérience passée.

 

L’organe de la perception visuelle est l’oeil dans lequel la prise de vue est plutôt médiocre: l’image qui se forme sur la rétine est inversée, petite, sans relief, mouvante, barbouillée de couleurs changeantes, soumise à des aberrations optiques et amputée d’un disque noir en plein milieu. Cette première information visuelle n’est pas de bonne qualité mais le cerveau va se charger de la travailler en véritable logiciel de traitement d’images pour nous donner une vision du monde en trois dimensions, stable et cohérente. Mais dans cette tâche, le cerveau en fait parfois trop et construit tant et si bien qu’il finit par mettre de l’ordre partout même là ou il n’y en a pas: se construit alors une illusion d’optique.

 

Les illusions sont connues depuis l’Antiquité et ont de tous temps fasciné et intrigué les hommes. Il est bien connu que les anciens, et notamment les philosophes grecs, se méfiaient des données fournies par nos sens et surtout celles provenant de la vision. Cette attitude aura des conséquences néfastes pendant de nombreux siècles car elle tendra à privilégier le raisonnement aux dépens de l’expérimentation comme moyen de recherche scientifique.

Le scénario imaginé par Platon dans son “ allégorie de la caverne” montre déjà que l’illusion a pour effet de fausser notre rapport au réel. Des illusions dites “physiques” comme les mirages, le soleil rouge, ont ensuite laissé la place dans l’esprit des hommes aux illusions “psychophysiologiques” dues au fait que la représentation que peut se faire le cerveau ne correspond pas à l’image réelle que l’on regarde.

Les grecs anciens concevaient l’oeil comme un organe émetteur d un rayon qui, en entrant en contact avec certains corps nous offrent la vue.

Au X siècle Abn Al Haytham considérait l’oeil comme un récepteur de rayons lumineux, enfin au XVII s les travaux de Kepler et Descartes amenèrent à assimiler l’oeil à une chambre noire et à considérer la vision comme une application de principes d’optique.

Au XVIII s, les problèmes de la perception visuelle font l’objet de discussion entre savants parmi lesquels on trouve Voltaire et Malebranche.

Ce n’est qu au milieu du XIX s que les illusions d’optique furent définies plus précisément et devinrent un objet d’étude primordial en psychologie.

 

A quel point les illusions sont- elles dues à des mécanismes propres aux organes de la vue ou au cerveau? A quel niveau se fait le traitement de l’information visuelle? Les illusions reflètent-elles une concurrence entre les deux hémisphères cérébraux? Comment ces mécanismes perfectionnés peuvent- ils être trompés? Comment se comporter à l’égard de l’illusion? Quels en sont ses effets?  Nous aident- elles à vivre ou compromettent- elles notre accès à la vérité?

 

Nous allons tenter d’expliquer ces illusions à travers cette étude. Nous aborderons un plan en 3 parties: la première traitera de l’anatomie et de la fonction de l’oeil humain, la deuxième du traitement des images au niveau du cerveau et analysera les différents types d’illusions et leurs critères d’apparition, enfin dans la dernière partie nous nous intéresserons au rapport de l’illusion avec la philosophie.

 
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