L’école a-t-elle manqué le rendez-vous de l’audiovisuel
? Il y aurait quelque irrévérence à le soutenir. Mais il est
difficile d’éluder la question, parce que cela ferait courir
le risque d’en manquer, à terme, un autre, celui de l’utilisation
pédagogique des nouvelles technologies de l’information et de
la communication ( NTIC 1
).
Nul ne peut ignorer la présence de l’audiovisuel à l’école
2. Il a pris sa place
dans des pratiques d’enseignement renouvelées, pour rendre un
cours plus « attractif », pour motiver des élèves dont le
rapport au discours magistral est de plus en plus impatient.
Mais a-t-il pour autant transformé le rapport au savoir, a-t-il
initié des pratiques pédagogiques foncièrement nouvelles ?
Est-il, en lui-même, un objet de savoir ? Est-il un moyen d’expression
dont la maîtrise, en réception et en production, serait
souhaitable ... et souhaitée ?
Bien entendu, il n’est pas question de nier des
réalisations qui, ici et là, renvoient ces questions au rayon
des procès d’intention ; c’est l’utilisation
généralisée et régulière de l’audiovisuel comme objet et
outil d’apprentissage qu’il convient d’interroger.
Dans la plupart des cas, aujourd’hui, le recours à l’audiovisuel
relève de l’illustration du propos magistral, voire de son
remplacement. Il est très rare qu’il soit considéré comme
un discours « en soi », que les élèves seraient conviés à
décoder et à produire 3.
Il est plus rare encore qu’il soit intégré dans des
pratiques d’apprentissage qui ne relèvent pas du seul modèle
de la « transmission » des savoirs.
Que faire pour que les NTIC ne soient pas, à terme,
confinées dans un rôle similaire d’accompagnement d’un
style d’enseignement traditionnel, ainsi « rénové » à peu
de frais ? Comment réfléchir à leur intégration dans des
contextes pédagogiques centrés sur les processus d’apprentissage
des élèves ?
Il importe, avant de répondre directement à ces questions,
de comprendre les enjeux de cette intégration, et de mesurer
comment, à travers ces nouvelles technologies, se rejoignent
plusieurs courants théoriques de la psychologie cognitive et de
la pédagogie contemporaines.
Caractéristiques des NTIC
Tout un ensemble d’outils et de fonctionnalités ont été
développés autour des ordinateurs multimédias 4
et communiquants. Grâce à eux, il est possible de
 |
rechercher de l’information
|
 |
la traiter
|
 |
l’archiver
|
 |
produire de l’information
|
 |
la communiquer
|
Cette information peut se présenter sous forme de textes, de
données numériques, de schémas, de graphiques, de sons, d’images
fixes ou animées et, le plus souvent, d’une combinaison de
ces différents médias.
Le développement des NTIC est en passe de transformer notre
société postindustrielle en « société de la connaissance »
au sein de laquelle la production, l’utilisation et le partage
de l’information représenteront des enjeux fondamentaux. Qu’on
le déplore ou non, les réseaux de communication informatiques
vont bouleverser les méthodes de travail traditionnelles ; on
en voit déjà poindre de nouvelles, plus interactives, plus
coopératives, fondées sur la mutualisation des compétences et
des savoirs.
Mais l’irruption de ces nouvelles technologies suppose
également l’appropriation de connaissances et de savoir-faire
nouveaux, l’approfondissement de capacités et de compétences
peu exercées dans le cadre scolaire traditionnel. L’utilisation
d’un environnement multimédia, tant en réception qu’en
production, exige en effet la maîtrise des outils informatiques
eux-mêmes ( matériels et logiciels ) 5,
mais aussi l’apprentissage de la capacité à travailler en
équipe, à résoudre des problèmes complexes 6;
il réclame en outre de bonnes compétences de base dans le
domaine du traitement de l’information ( balayage, repérage,
analyse, synthèse, critique... ), ainsi que le développement
du sens esthétique et de la créativité.
Les NTIC au confluent de plusieurs
théories de l’apprentissage

NTIC et théories psycho-pédagogiques |
L’utilisation des NTIC dans l’apprentissage 7
implique nécessairement la référence à plusieurs œuvres théoriques,
certaines très récentes, d’autres plus anciennes ( Cf.
figure ). Le rappel des contributions de J. DEWEY, J. PIAGET et
L. S. VYGOTSKY 8
permet de montrer que la réflexion sur l’utilisation des NTIC
gagnerait à s’en inspirer de la façon la plus explicite. Les
apports de la psychologie sociale du développement, dont les
représentants principaux sont W. DOISE, G. MUGNY et A.-N.
PERRET-CLERMONT 9,
sont précieux en ce sens qu’ils permettent de lier l’œuvre
de Piaget et de Vygotsky à travers le concept central de
conflit socio-cognitif. Les NTIC peuvent indéniablement
constituer des outils privilégiés pour la mise en pratique des
options proposées par ces auteurs. Les théories, plus
récentes, de l’apprentissage contextualisé 10
et de la cognition distribuée 11
offrent, elles aussi, un cadre conceptuel d’une grande
richesse pour cette réflexion.
Il ne peut entrer dans notre propos, ni dans l’espace
limité de cet article, de présenter de façon exhaustive
toutes ces théories, et leurs implications sur les concepts d’apprentissage,
d’auto-construction et de socio-construction du savoir. Les
indications bibliographiques proposées y suppléeront. Il n’est
pas inutile, cependant, de marquer les idées-forces qui sont en
mesure de structurer la réflexion didactique et pédagogique de
tout enseignant qui souhaiterait introduire les NTIC dans les
méthodes d’un enseignement dit général 12.
La rapidité de l’exposé conduira nécessairement à gommer
bien des nuances indispensables ; il faut espérer qu’il n’impliquera
pas de déformations trop prononcées des théories évoquées.
L’apport de John DEWEY
Le credo pédagogique de John DEWEY ( 1859-1952 ) se
concentre dans une formule : « learning by doing » 13.
L’élève, impliqué dans des projets réels et non scolaires,
agit et apprend à partir de son action. La pédagogie
traditionnelle, adepte de l’«apprendre en écoutant », n’offre
pas un cadre propice à la socialisation de l’élève. Dewey
milite pour l’utilisation de méthodes actives en pédagogie,
plus particulièrement celle du projet. Il veut notamment lier
activités d’apprentissage à l’école et expériences
sociales et familiales réelles pour favoriser l’acquisition
des qualités nécessaires aux expériences sociales
ultérieures des élèves. A travers cette préoccupation, il
souligne le caractère fonctionnel et social de l’éducation :
« Le problème ultime de toute l’éducation réside dans
la coordination des facteurs psychologique et social. Le
psychologique requiert que l’individu ait la libre
utilisation de toutes ses capacités personnelles [...] Le
facteur sociologique requiert que l’individu soit familier
avec l’environnement social dans lequel il vit, dans toutes
ses relations importantes, et qu’il soit formé à tenir
compte de ces rapports dans ses propres activités. » 14
Il estime, de même, que la communication, l’expression des
idées et des sentiments est un besoin fondamental qui se
manifeste à travers la langue et la littérature, considérés
comme des objets et des instruments sociaux, sources de partage
d’expériences et d’émotions. L’enfant, l’élève, pour
Dewey, a toujours quelque chose à dire.
En outre, il a toujours mis l’accent sur l’intérêt de l’élève
15, sur sa
curiosité. Il faut, pour éveiller cette curiosité, présenter
des objets et des contenus d’apprentissage intéressants,
motivants. De véritables projets, en prise sur des réalités
extra-scolaires, fournissent cette motivation, soutiennent cet
intérêt à l’apprentissage et contribuent au développement
intellectuel et culturel de l’élève.
Il convient cependant de considérer que la notion d’apprentissage
par l’action n’est pas nouvelle dans le propos de l’éducation.
En effet, comme le rappelle P. ARIES 16
« pendant des siècles, l’éducation a été assurée
par l’apprentissage 17
grâce à la coexistence de l’enfant ou du jeune homme et
des adultes. Il apprenait les choses qu’il fallait savoir en
aidant les adultes à les faire. »
Le paradigme
constructiviste
La théorie constructiviste, élaborée par Jean PIAGET
(1896-1980 ) tout au long de son œuvre immense, soutient que l’individu
s’approprie des connaissances, seul ou avec d’autres, par
une interaction permanente avec son environnement. Les
situations nouvelles qu’il doit affronter, dans sa vie
quotidienne, ne peuvent souvent être résolues avec ses
structures de connaissances actuelles ; cela entraîne un état
de déséquilibre, un conflit cognitif. Si le déséquilibre est
faible, il sera aisément résolu par l’intégration du
nouveau schème à la structure existante : c’est un
phénomène que Piaget nomme l’assimilation. Si, par contre,
le déséquilibre est plus important, il ne peut être résolu
que par une réorganisation de la structure cognitive de l’individu
: c’est l’accommodation 18.
La condition du développement cognitif de l’individu, c’est
donc le conflit. Un élève n’est motivé pour apprendre que s’il
prend conscience d’un déséquilibre entre ce qu’il pense
savoir d’une situation, des actions à effectuer pour agir sur
elle, et le constat que ce savoir reste inopérant.
Même s’il n’a pas lui-même explicitement inscrit sa
théorie dans le contexte précis de l’apprentissage ( ses
travaux concernent l’épistémologie, non la pédagogie ), on
peut cependant, avec B. INHELDER et al. 19,
extrapoler le concept de conflit cognitif à ce domaine. Les
collaboratrices de Piaget notent, en effet, que la présence d’un
conflit est fondamentalement nécessaire à l’apprentissage
parce qu’il crée des déséquilibres qui « incitent le sujet
à dépasser son état actuel pour chercher des solutions
nouvelles ».
D’autre part, Piaget introduit une distinction nette entre
l’apprentissage et la connaissance. Pour lui, apprendre
consiste à savoir réussir, alors que connaître relève de la
compréhension. La réussite est un préalable à la
compréhension. Depuis quelques années, l’école redécouvre
le fait que le pôle réussir doit précéder le pôle
comprendre 20 . Elle
affirme, après Piaget, que la recherche par essai-erreur, le
tâtonnement expérimental, la manipulation, l’échange entre
élèves permettent de construire le savoir en agissant sur les
objets. Il ne s’agit pas d’inscrire le primat de la
réussite sur la compréhension ( qui représente certainement,
pour Piaget, la finalité de l’apprentissage 21),
mais bien son antériorité.
Le savoir, donc, ne se transmet pas d’un esprit à un
autre, il est construit par l’élève dans son interaction
avec le monde. En 1976, l’épistémologue genevois déplorait
que de « nombreux éducateurs se fourvoient » quand ils :
« se contentent de montrer des objets sans permettre aux
enfants de les manipuler, ou, pis encore, en donnent une
représentation audiovisuelle ( images, films, etc. ),
commettant la surprenante erreur de croire que le simple fait
de percevoir les objets et leur transformation équivaut à l’action
directe de l’enfant au cours de sa propre expérience. » 22
La connaissance est liée à l’expérience directe de l’élève,
elle trouve son origine dans son activité propre 23
qui le conduit d’un état de déséquilibre à une nouvelle
situation d’équilibre ; chacune de ces formes d’équilibre
est alors considérée comme un progrès par rapport aux
précédentes. L’action est à l’origine de la construction
de la pensée et du développement des capacités d’apprentissage
; l’apprentissage, lui-même, est un processus actif d’intériorisation.
G. BACHELARD, philosophe et épistémologue des sciences,
rejoint en quelque sorte cette position :
« En fait, on connaît contre une connaissance antérieure
en détruisant les connaissances mal faites, en surmontant ce
qui, dans l’esprit même, fait obstacle. » 24
Pour les constructivistes, le processus d’apprentissage est
donc une mise à l’épreuve permanente de conceptions, c’est-à-dire
de connaissances construites par un individu dans une situation
donnée, qui sont appelées à être constamment interrogées
dans des situations nouvelles, puis réajustées, rectifiées,
rejetées même.
VYGOTSKY et la socio-construction du
savoir
On redécouvre aujourd’hui l’œuvre de Lev S. VYGOTSKY 25
( 1896-1934 ). Pour lui, l’enfant est avant tout un être
social dont le développement ( pensée, langage, fonctions
psychiques... ) est lié à une interaction constante avec le
monde et les adultes.
VYGOTSKY a lu l’œuvre de Jean Piaget 26;
s’il partage ses vues sur le développement par stades
successifs, il pense par contre que, sous certaines conditions,
ce développement cognitif peut s’accélérer, grâce à la
médiation des adultes ( la famille, l’école...). Il soutient
que ce développement est également, et peut-être même d’abord,
culturel. L’élève s’approprie progressivement une culture
dans et par l’interaction sociale avec un adulte ou un pair
plus compétent. Autrement dit, c’est l’apprentissage
médiatisé et interactif qui favorise l’acquisition des
connaissances et de la culture.
Pour Vygotsky, les interactions sociales, le contexte
culturel de l’interaction sont indissociables de l’apprentissage.
C’est là un point de désaccord fondamental avec la théorie
piagétienne : l’apprentissage précède le développement, et
non l’inverse.
« L’apprentissage donne donc naissance, réveille et
anime chez l’enfant toute une série de développements
internes qui, à un moment donné, ne lui sont accessibles que
dans le cadre d’une communication avec l’adulte et la
collaboration avec les camarades, mais qui, une fois
intériorisés, deviendront une conquête propre de l’enfant.
» 27
Action et interaction sociale sont donc deux concepts
centraux dans la théorie de Vygotsky. Sur ces points, il n’est
pas très éloigné des positions de Piaget qui, lui non plus, n’a
jamais nié le facteur social de l’apprentissage :
« La coopération des enfants entre eux présente [...]
une importance aussi grande que l’action des adultes. Du
point de vue intellectuel, c’est elle qui est le plus apte
à favoriser l’échange réel de la pensée et la
discussion, c’est-à-dire toutes les conduites susceptibles
d’éduquer l’esprit critique, l’objectivité et la
réflexion discursive. [...] la vie sociale, pénétrant en
classe par la collaboration effective des élèves et la
discipline autonome du groupe, implique l’idéal même d’activité,
que nous avons précédemment décrit comme caractéristique
de l’école nouvelle. » 28
C’est à travers le concept de zone
proximale de développement que Vygotsky met en lumière le fait
que l’élève construit plus rapidement ses connaissances
lorsque l’accès lui en est facilité par l’interaction et
la médiation
« ... dans une activité collective, sous la direction d’adultes,
l’enfant est en mesure de réaliser beaucoup plus que ce qu’il
réussit à faire de façon autonome. La différence entre le
niveau de résolution de problèmes sous la direction et avec
l’aide d’adultes et celui atteint seul définit la zone
proximale du développement. » 29
Autrement dit, ce qu’un élève est capable de réaliser
avec l’aide d’un médiateur plus expérimenté, il sera, à
terme, capable de le réaliser seul. C’est à Jérôme BRUNER
( 1915 - ) 30,
redécouvreur de Vygotsky et préfacier de la première édition
américaine d’un de ses ouvrages, qu’il appartiendra de
théoriser les procédures de guidage à mettre en œuvre pour
aider un élève à réaliser une tâche. Il a mis en évidence
six fonctions qui assurent l’étayage des activités d’apprentissage
; nous les citons ici pour mémoire :
 |
l'enrôlement
|
susciter l’intérêt et l’adhésion
|
 |
la réduction du degré de liberté
|
simplifier la tâche en prenant en charge ce qui n’entre
pas dans le champ des compétences attendues de l’élève
|
 |
l’orientation
|
aider à la poursuite de l’objectif
|
 |
la signalisation des caractéristiques dominantes
de la tâche
|
fournir une information sur l’écart entre les
réalisations de l’élève et la réalisation correcte
( feed-back )
|
 |
le contrôle de la frustration
|
dédramatiser les erreurs
|
 |
la présentation de modèles de solutions
|
modéliser les actions à réaliser
|
Entre Piaget et Vygotsky : le
socio-constructivisme
La théorie du conflit socio-cognitif a été développée au
cours de ces vingt dernières années. Elles est le fait de
psychologues constructivistes de l’école genevoise qui
intègrent les concepts liés au développement cognitif
hérités de Piaget, mais s’orientent résolument, à la suite
de Vygotsky et de Wallon, vers l’intégration du rôle des
partenaires comme médiateurs nécessaires de la relation d’un
individu avec son environnement ; cette interaction sociale est
indispensable au développement intellectuel d’un individu. La
théorie du conflit socio-cognitif postule qu’il est une
condition intrinsèque de l’apprentissage
« [ les interactions ne sont ] structurantes que dans la
mesure où elles suscitent un conflit de réponses entre les
partenaires. » 31
Le conflit est provoqué par la mise en relation d’un
élève et de son savoir avec des personnes aux opinions
différentes des siennes, par la mise en relation avec des
documents porteurs de ces opinions différentes. M. GILLY le
présente ainsi :
« ... le travail en interaction révèle des différences
de réponses dues à des différences de centration ou points
de vue des participants. Il en résulte un double
déséquilibre : déséquilibre interindividuel, du fait des
différences de réponses des sujets ; déséquilibre
intra-individuel, du fait de la prise de conscience d’une
autre réponse invitant à douter de sa propre réponse. [...]
La recherche d’un dépassement du déséquilibre cognitif
interindividuel provoque alors un dépassement du
déséquilibre cognitif intra-individuel. » 32
Le conflit peut naître également de l’utilisation de
situations marquées socialement, c’est-à-dire de situations
où les comportements sont commandés par des habitudes sociales
33. Le conflit repose
alors sur des oppositions intra-individuelles : représentation
spontanée de la situation et/ou représentation sociale
antérieure;
« L’idée centrale est que, dans le cas d’une tâche
avec marquage social, deux modes de résolution sont possibles
: le sujet peut donner une réponse tirée de sa connaissance
sociale, mais il peut aussi [...] mettre en œuvre les schèmes
cognitifs dont il dispose, comme si la tâche avait un contenu
arbitraire. » 34
Le conflit socio-cognitif offrira ainsi à l’élève la
possibilité de se décentrer par rapport à ses conceptions
propres et de rechercher un nouvel équilibre cognitif.
Ici, comme pour la théorie de Piaget, la difficulté réside
dans le passage du domaine de la recherche à celui de la
pédagogie. Il faudra, pour que cette transposition s’opère,
une réflexion alliant didactique des disciplines, qui s’interroge
sur les conditions de la transmission des savoirs, et
psychologie cognitive dont le souci central demeure la question
de l’auto-construction des savoirs. En tout cas, la théorie
du conflit socio-cognitif pourrait conduire les enseignants à
mettre en place des dispositifs pédagogiques originaux, à
proposer des situations nouvelles d’acquisition des
connaissances, au-delà du modèle transmissif traditionnel :
« [...] elle peut inviter la pédagogie à reconsidérer
sa conception trop individualiste de l’apprentissage, dans
laquelle faire appel à l’autre est considéré trop souvent
encore comme une facilité coupable qui permet de résoudre
sans apprendre. » 35
L’apprentissage
contextualisé ( situated learning ) 36
Ce courant récent de la psychologie cognitive apparaît aux
États-Unis à la suite des travaux de J.S. BROWN et J . LAVE ;
il s’inscrit délibérément dans l’héritage de Vygotsky.
Il vise l’appropriation, par les élèves, de savoir-faire
complexes, authentiques. C’est pourquoi il conçoit des
situations d’apprentissage dans lesquelles les élèves sont
confrontés, le plus rapidement possible 37,
à la complexité de tâches réelles. Ces situations, les plus
authentiques possibles , reproduisent les caractéristiques de
celles dans lesquelles les élèves auront à transférer les
compétences acquises.
« Ce courant de pensée part de l'idée finalement très
simple que les connaissances ne se trouvent ni dans la tête
du sujet ( ce que n'ont pas pu démontrer les cognitivistes ),
ni dans les situations ( ce que n'ont pas réussi à montrer
les didacticiens ). [...] les connaissances sont l'expression
d'un processus d'interaction complexe. Elles mettent en scène
un sujet, naturellement apte à saisir des régularités dans
les scènes qu'il perçoit, et le réel fortement socialisé
dans lequel il se meut et doit se faire comprendre. Le sujet
apprend en participant à une "communauté de
pratiques" et ses connaissances se trouvent ainsi
automatiquement associées aux contextes qui leur donnent un
sens. » 38
Professeur et élève, expert et novice travaillent donc
ensemble sur un problème réel, inscrit dans un contexte social
déterminé qui détermine les savoirs à mobiliser, les
processus de résolution de problèmes à privilégier.
Ce problème et son contexte sont déterminés par la culture
propre du domaine dont ils relèvent : ainsi, écrire une
histoire ne prend tout son sens que par rapport au contexte
culturel, celui de l’écrivain, dans lequel cette activité s’inscrit.
A l’occasion de cette collaboration, l’enseignant rend
explicite les savoirs tacites qu’il faut maîtriser pour
réussir, leurs contextes culturels, et fournit des « modèles
» d’action aux élèves basés sur les démarches et
stratégies de résolution des problèmes rencontrés. Il
explicite, en les montrant, les procédures que mettent en
œuvre les experts pour réaliser efficacement la tâche. L’objectif
poursuivi est la construction, par les élèves, d’un modèle
mental lié à l’utilisation des savoirs et des savoir-faire
à mobiliser. Ils devraient ne jamais se méprendre sur ce que
des praticiens font vraiment lorsqu’ils s’engagent dans une
tâche représentative de leur expertise. Écrire, par rapport
à la situation réelle de l’écrivain, n’a que peu de
choses en commun avec écrire dans un contexte scolaire 39.
Après cette première phase, les élèves sont conviés à
une pratique guidée au cours de laquelle ils appliquent les
savoir-faire explicités précédemment. Un soutien mesuré
selon le degré de maîtrise atteint par chacun est fourni par l’enseignant
; celui-ci peut même, s’il le juge utile, assumer une partie
de la tâche, toujours en veillant à expliciter, pour l’élève,
les démarches et les procédures qu’il met en oeuvre. Les
élèves peuvent et doivent s’entraider puisque, par principe,
l’apprentissage contextualisé suppose et organise la
collaboration. A cette occasion, interaction cognitive et
négociation sociale agissent sur la flexibilité et la
certitude des savoirs et des savoir-faire des élèves.
Enfin, au cours d’une phase de pratique autonome les
élèves sont appelés à réaliser des tâches en
responsabilité, et à trouver des moyens de résoudre les
difficultés qu’ils rencontrent par la collaboration avant de
solliciter le soutien de l’enseignant.
Dans l’hypothèse que les savoirs sont contextualisés
« [...] nous devons abandonner toute idée qu’ils sont
des entités abstraites, indépendantes. Au lieu de cela, il
sera plus utile de considérer le savoir conceptuel comme
[...] un ensemble d’outils. [...] On ne peut vraiment les
comprendre qu’à travers l’usage, et leur utilisation
entraîne à la fois un changement de vision du monde de la
part de l’utilisateur et l’adoption du système de valeurs
de la culture dans laquelle on les utilise. » 40
L’apprentissage contextualisé met également l’accent
sur les conditions de transfert d’apprentissage. Étant donné
qu’il postule que savoir et savoir-faire sont intimement
liés, qu’ils sont dépendants du contexte dans lequel ils
apparaissent et que leur signification provient toujours de ce
contexte, il conclut à l’incomplétude de tout apprentissage.
« Tous ses [ le savoir ] constituants indexent le
monde et sont ainsi indissolublement un produit de l’activité
et des contextes dans lesquels ils sont produits. Un concept,
par exemple, évoluera en fonction de chaque nouvelle
situation d’utilisation, parce que les contextes, les
négociations et les activités le transforment en quelque
chose de nouveau, de plus dense. De la sorte un concept, tout
comme la signification d’un mot, est toujours en
construction. » 41
Par conséquent, tout apprentissage implique que l’on
acquière essentiellement des compétences inscrites dans un
contexte déterminé, qui ne sont pas transférables telles
quelles, sans un réapprentissage du nouveau contexte dans
lequel elles se manifestent. L’apprentissage, et donc le
transfert, est « borné » par le contexte :
« Le transfert entre domaines devient alors plutôt
l'exception que la règle à l'inverse de ce qui est prévu
par les théories structuralistes. D'ailleurs, au lieu de
parler de transfert, les contextualistes parleront plutôt d’
« affordance ». Ils désignent par ce terme mystérieux un
mécanisme qui présuppose qu'un sujet, placé dans un certain
contexte, apprend essentiellement à « réagir » par tous
les moyens possibles pour se mettre en conformité avec la
situation qu'on lui impose. » 42
L’apprentissage, et la possibilité de transférer cet
apprentissage, requiert donc
 |
« ... la variation systématique (et aléatoire) des
différents contextes d'application des procédures ou
concepts à enseigner;
|
 |
le recadrage permanent de ces mêmes connaissances, c’est-à-dire.
la mise en place d'une stratégie qui consiste à
re-situer l'ensemble des opérations ou des concepts que
l'on souhaite voir transférer dans un cadre plus large
de méthodes ou de réseaux sémantiques;
|
 |
le pontage des connaissances entre elles, c’est-à-dire.
le fait de relier les procédures pertinentes à la
résolution d'un problème dans un contexte donné à
celles, similaires, utilisées dans d'autres contextes.
» 43
|
La cognition distribuée
Ce courant, cognitiviste tout comme les précédents, fournit
une vision radicalement nouvelle de ce qu’est penser et
apprendre. Il considère l’élève et son environnement comme
un système apprenant :
« L’environnement - à savoir les ressources sociales et
physiques situées dans l’environnement immédiat en dehors
de l’individu - fait partie de la cognition, non pas
seulement comme source ou récepteur d’information, mais
également comme un véhicule de la pensée. La trace laissée
par la pensée - ce qui est appris - se trouve non seulement
dans l’esprit même de l’individu qui apprend, mais
également dans l’organisation de l’environnement, et
constitue tout autant un apprentissage de bon aloi.» 44
Perkins ne cherche pas à nier la
nécessité et l’utilité d’apprendre en s’appropriant des
savoirs, en les stockant dans sa mémoire à long terme ; il
plaide plutôt pour la prise en compte d’une réalité de plus
en plus sensible aujourd’hui : l’information ne se trouve
pas essentiellement dans le cerveau de l’individu, elle se
distribue entre plusieurs « systèmes de stockage » - d’autres
individus, du papier, des mémoires d’ordinateur, etc.
Apprendre, pour l’individu plus son environnement 45,
revient donc à maîtriser l’accès 46
à la connaissance.
Cette théorie, comme les précédentes d’ailleurs, met l’accent
sur la nécessaire acquisition par les élèves de connaissances
« de haut niveau » concernant les stratégies de résolution
de problèmes, les modalités d’explication et de
justification, les caractéristiques de recherche propres à une
discipline 47, bref
ce que l’on nomme la métacognition. Une analyse rapide des
situations pédagogiques conduit souvent à la conclusion que
ces connaissances et compétences métacognitives ne sont
présentes, de manière significative, ni dans l’individu qui
apprend, ni dans son environnement.
« [...] les études concernant l’impact des traitements
de texte sur l’écriture des étudiants ont démontré que
ces derniers n’utilisaient pratiquement pas les capacités
de transformation structurelle des textes offertes par les
traitements de texte. Au lieu de cela, les étudiants se
servent de cet outil puissant principalement pour faire de
petites corrections stylistiques, grammaticales ou d’orthographe
et soigner la présentation. Les écrivains plus
expérimentés en revanche utilisent les ressources de
révision structurelle et le font plus aisément depuis qu’ils
se servent des traitements de texte. » 48
Perkins, enfin, plaide pour
« [...] un processus éducatif qui soit orienté davantage
vers l’individu-plus, qui permettrait aux étudiants de
capitaliser avec plus de conscience et d’art les ressources
cognitives mises à disposition par les ressources physiques
et humaines qui les entourent et qui rendrait même les
étudiants capables de construire leur propre " plus
" autour d’eux, leur propre environnement pour une
tâche qui évoluerait en fonction de cet environnement . » 49
Retour aux NTIC
Après ce long exposé, il est temps de revenir aux NTIC. En
fait, et malgré les apparences, nous ne les avions jamais
quittées.
On aura compris en quoi les précédentes orientations
théoriques permettent de penser un environnement d’apprentissage
ouvert aux NTIC. On ne pourrait mieux synthétiser cet apport qu’en
reprenant les conclusions, provisoires, d’un rapport établi
par un groupe de recherche des universités Laval et McGill au
Canada 50. Nous nous
permettrons, dans certains cas, de commenter les constatations 51
formulées dans ce document.
 |
Les technologies nouvelles ont
le pouvoir de stimuler le développement des habiletés
intellectuelles telles que la capacité de raisonner, de
résoudre des problèmes, d’apprendre à apprendre et
de créer. |
|
Les NTIC s’inscrivent dans une logique de
construction des savoirs et permettent l’accès à des
compétences de « haut niveau ». Il est vraisemblable
que l’entrée par des situations riches et complexes
favorise ce type d’acquisitions.
|
 |
Les nouvelles technologies
peuvent contribuer de plusieurs façons à améliorer l’acquisition
de connaissances dans diverses matières d’enseignement
et le développement des habiletés et des attitudes qui
sont reliées à ces connaissances. |
|
L’utilisation des NTIC renvoie les élèves aux
méthodes en usage dans une discipline scolaire donnée.
Les savoirs sont toujours liés aux compétences qui
leur donnent du sens. La contextualisation de l’apprentissage
est marquée par des caractéristiques « culturelles »
propres à une « communauté de pratique », les
écrivains, les historiens, les chercheurs, etc.
|
 |
Les nouvelles technologies ont
le pouvoir de stimuler la recherche d’une information
plus complète sur un sujet, d’une solution plus
satisfaisante à un problème et, d’une manière
générale, d’un plus grand nombre de relations entre
diverses connaissances ou données. |
|
La distribution du savoir permet à l’élève, par
un accès direct à des informations originales, qui ne
sont pas passées à travers le filtre d’une
quelconque transposition scolaire, de dépasser plus
aisément le stade limité de ses connaissances propres.
|
 |
L’utilisation des nouvelles
technologies favorise la collaboration entre élèves d’une
même classe et entre élèves ou classes d’écoles
différentes, proches ou lointaines, à des fins de
sensibilisation à d’autres réalités, d’accès à
des connaissances pertinentes non strictement définies
à l’avance et de réalisations de projets ayant une
portée réelle pour les élèves eux-mêmes et,
éventuellement, d’autres personnes.
|
|
L’utilisation des NTIC multiplie les occasions d’échanges
entre individus, d’affrontement des idées et des
conceptions, mais impose également la coopération et
la médiation. Les NTIC participent donc à la
socialisation des élèves et au développement des
savoir-être nécessaires à toute interaction sociale.
|
 |
La plupart des élèves
manifestent un intérêt spontané plus grand pour une
activité d’apprentissage qui fait appel à une
technologie nouvelle qu’aux approches coutumières en
classe.
|
 |
Si on utilise les technologies
nouvelles en misant sur leurs possibilités, l’enseignant
ou l’enseignante agit auprès des élèves, bien
davantage que dans la classe traditionnelle, comme un
animateur, un « facilitateur », un mentor, un guide
dans la découverte et la maîtrise progressive de
connaissances, d’habiletés et d’attitudes. |
|
On retrouve à la fois l’étayage des activités d’apprentissage
préconisé par Jérôme Bruner, le concept de zone
proximale de développement de Vygotsky, et ce que les
contextualistes désignent par les termes d’entraînement
( « coaching » ) et d’échafaudage ( « scaffolding
» ) : l’enseignant est principalement, à travers son
souci constant d’apporter une aide mesurée aux
élèves, un éclaireur, un guide, une ressource sur le
chemin de l’accès aux savoirs et aux savoir-faire.
|
 |
Dans un contexte où les
technologies nouvelles jouent un rôle important, l’enseignant
et l’enseignante envisagent de moins en moins le
savoir comme un ensemble de connaissances à transmettre
et de plus en plus comme un processus et une recherche
continus dont ils partagent avec les élèves les
difficultés et les résultats. |
|
L’apprentissage se réalise à travers des
activités authentiques, dans lesquelles professeur et
élèves sont impliqués. Il se réalise dans et par l’action.
Le savoir se construit, en commun et en collaboration.
|
 |
En permettant de retrouver
rapidement les divers cheminements d’apprentissage
empruntés par un élève, les nouvelles technologies
facilitent la détection par l’enseignant ou l’enseignante
des points forts de cet élève, de même que des
difficultés précises qu’il rencontre ou de ses
apprentissages préalables erronés ou mal assimilés.
|
Au-delà de ces constats, très prometteurs s’ils s’avèrent
justifiés, on peut également avancer un certain nombre d’hypothèses
concernant les effets de l’intégration des NTIC dans des
situations d’apprentissage.
 |
Il est plus que vraisemblable que cette intégration
conduira à faire travailler les élèves sur des
projets motivants, à leur offrir des activités d’apprentissage
centrées sur des problèmes et des situations
authentiques et qu’ainsi le sens des apprentissage
sera plus fermement assuré.
|
 |
L’utilisation des NTIC permettra aux élèves de
dépasser les situations habituelles de consommation du
savoir, ainsi que la passivité qui généralement les
accompagne, en leur offrant la possibilité de produire
des connaissances et des environnements où ces
connaissances impliquent l’exercice de compétences
spécifiques.
|
 |
Les occasions de confrontation du savoir, des points
de vue favoriseront l’émergence de conflits
socio-cognitifs générateurs de progrès. Ce processus
conduira peut-être les élèves à une plus grande
tolérance, et les familiarisera certainement avec des
situations et des stratégies de négociation.
|
 |
Le cadre strictement disciplinaire, de mise aujourd’hui
entre les différentes matières d’enseignement,
tendra à s’assouplir. Peut-être verra-t-on naître
à cette occasion une réelle interdisciplinarité, à
travers laquelle se constitueront et se développeront
de véritables équipes pédagogiques.
|
 |
Enfin, l’utilisation des NTIC conduira les
enseignants à inscrire leur réflexion didactique et
pédagogique dans un cadre constructiviste où l’apprentissage
est considéré comme un processus actif. C’est l’élève,
à travers son action, son interaction avec son
environnement, à partir aussi de son potentiel
créatif, qui construit lui-même son savoir.
|
Conclusion
Bien entendu, la plupart des courants psychopédagogiques
évoqués ne se préoccupent pas directement et explicitement
des NTIC. Ils ont pour ambition de rendre compte de la pensée
et de l’apprentissage, dans quelque contexte que ce soit.
Il n’en reste pas moins que l’intégration des NTIC dans
les pratiques scolaires offre un cadre particulièrement riche
et propice à la prise en compte de ces apports.
Le souci du pédagogue de terrain n’est pas tant de choisir
un modèle explicatif unique, à l’exclusion de tous les
autres, mais de considérer comment le fruit de la recherche lui
permet de « penser » et « réfléchir » sa pratique, dans un
souci constant de pertinence et de cohérence.
« En l’état actuel des choses, il convient de
généraliser l’introduction de l’utilisation des
technologies multimédia dans les programmes et dans les
examens. » 52
Il semble évident que cette généralisation, même si on l’appelle
de ses vœux, n’est pas concevable dans un avenir proche. On
peut avancer plusieurs raisons à cela, dont certaines sont
relevées par G. POUZARD lui-même.
 |
65% des écoles sont connectées à des réseaux en
Finlande et en Suède ; la totalité des écoles
californiennes seront connectées et interconnectées d’ici
l’an 2000 ; moins de 2% le sont en France.
|
 |
Il faut surmonter la réticence de l’institution
scolaire ( enseignants, personnels de direction,
inspecteurs... ) devant les outils multimédias ; cette
réticence provient surtout du fait que, souvent, on ne
sait pas à quoi ils peuvent servir.
|
 |
Les enseignants doivent être formés à l’utilisation
de ces nouvelles technologies ; il faut développer leur
capacité à utiliser toute la puissance de ces outils,
alors qu’en règle générale on ne l’utilise que
dans une infime proportion 53.
|
 |
L’équipement des écoles est souvent subordonné
à des logiques qui conduisent à des aberrations : il n’est
pas rare qu’un établissement se voie doté d’un
matériel neuf qui est obsolète avant sa première
utilisation.
|
 |
Le cadre traditionnel de la classe, la notion d’heure
de cours, le découpage disciplinaire strict ne sont
plus pertinents dans cette perspective.
|
En définitive, la volonté d’intégrer les NTIC dans les
situations d’apprentissage, le souci de les utiliser de
manière appropriée dans un contexte qui se rapproche de celui
que nous avons esquissé sont subordonnés à un réexamen des
fondements et des pratiques pédagogiques en usage actuellement
dans l’institution scolaire. Leur intégration en tant que
gadgets technologiques ou comme véritables moyens d’apprentissage
est à ce prix.
Orientations bibliographiques sur les NTIC
Le ROUZIC( Daniel ) : ( 1997
), Introduire Internet dans ses pratiques pédagogiques,
BERTRAND-LACOSTE,
XXX : ( 1997 ), Apprendre avec le
multimédia, où en est-on ?, RETZ-CEMEA,
Sur INTERNET
TARDIF ( Jacques ) : Une
condition incontournable aux promesses des NTIC en
apprentissage : une pédagogie rigoureuse
http://aquops.educ.infinit.net/colloque/14colloque/ouverture.html
MENDELSOHN ( Patrick ) & JERMANN
( Patrick ) : La recherche en Suisse dans le domaine des
nouvelles technologies de l’information appliquées à la
formation http://tecfa.unige.ch/tecfa/research/pnr33/report/nti-ch-1.html
NOTES
1. Le sigle NTIC est
couramment employé pour désigner les moyens d’information
et de communication développés à partir et autour de l’ordinateur.
retour au texte
2. Encore faudrait-il
relativiser ce constat. Combien d’établissements
scolaires avec une seule salle d’audiovisuel ? Combien d’équipements
sous-utilisés ? Combien d’heures de cours assurées en
faisant appel à ces équipements ? retour
au texte
3. Pour poursuivre
dans le registre de l’irrévérence, il est pour le moins
paradoxal d’affirmer que le professeur de Lettres est
" le professeur de tous les textes et de tous les
discours " et de soutenir, dans le même mouvement, qu’il
n’est pas " un professeur d’image " ! Faut-il
donc vraiment comprendre que le professeur de Lettres est
" le professeur de tous les textes et de tous les
discours "... écrits ? !
retour au texte
4. Ce terme désigne
un ensemble de médias numériques ( textes, images fixes ou
animées, sons, etc. ), présents sur un ordinateur qui
communique sur un réseau interne ou externe ( Intranet,
Extranet - dont Internet est le représentant le plus connu
). Tous ces médias sont liés entre eux par des liens de
type hypertexte. retour
au texte
5. Ce n’est pas la
technologie en elle-même qui doit devenir objet d’apprentissage,
mais la manière dont elle peut participer à la résolution
de problèmes complexes : conduire un projet, écrire, etc.,
voire ... penser ! Le recours aux NTIC ne sera utile que si
elles participent, dans des situations précises,
concrètes, les plus proches possible d’une réalité
sociale identifiée, à la réalisation d’objectifs d’apprentissage
déterminés, à l’accomplissement des buts et des
finalités assignés à l’institution
scolaire. retour
au texte
6. Ce qui n’est pas
toujours synonyme de " compliqués " ! La
complexité d’un problème nécessite le traitement d’un
grand nombre de paramètres à la fois, même si le
traitement individuel de chacun de ces paramètres ne fait
pas difficulté. Ainsi, les problèmes que l’on doit
résoudre pour la réalisation d’un projet réel sont
souvent complexes à défaut d’être
compliqués. retour
au texte
7. Il faut distinguer
" enseignement " et " apprentissage ". L’enseignement
est centré sur l’enseignant et renvoie à des pratiques
magistrales et à la gestion des situations éducatives; l’apprentissage
concerne l’élève seul et son rapport personnel au savoir
dont il vise l’appropriation. Mais il faut bien prendre
garde que cette distinction n’implique aucun jugement de
valeur. ( Cf. DEVELAY (M.) : (1992), De l’apprentissage
à l’enseignement, ESF
Éditeur. retour
au texte
8. Pour une approche
synthétique de l’œuvre de John DEWEY, on consultera l’indispensable
ouvrage dirigé par HOUSSAYE (J.) : (1994), Quinze
pédagogues, Leur influence aujourd’hui, A. Colin, pp.
124-134. retour
au texte
Chez le même éditeur, A. Colin,
dans la collection Formation des Enseignants, on trouvera de
PERRAUDEAU (M.) : (1996), PIAGET aujourd’hui,
notamment la 3ème partie, PIAGET, producteur de pensée,
pp.79-137. retour
au texte
La redécouverte de l’œuvre de
L.S. VYGOTSKY a permis la réédition de son ouvrage majeur
: (1997) Pensée et Langage, La Découverte. Pour une
approche plus générale ( et moins " technique "
) de son œuvre, on peut se référer à l’article
VYGOTSKI dans RAYNAL (F.) & RIEUNIER (A.) :
(1997), Pédagogie : dictionnaire des concepts clés,
ESF Éditeur, pp. 378-380 ou encore la préface de J.-P.
BRONCKART, Vygotsky, une œuvre en devenir, in
SCHNEUWLY (B.) & BRONCKART (J.-P.) ( ss. la
dir. de ) : (1985), VYGOTSKY aujourd’hui, Delachaux
& Niestlé, pp. 7-21. retour
au texte
9. Voir notamment
PERRET-CLERMONT (A.-N.) : (1986 ), La construction de l’intelligence
dans l’interaction sociale, Peter Lang, 3ème éd.,
1986.
DOISE (W.) & MUGNY (G.) :
(1981), Le développement social de l’intelligence,
InterEditions. retour
au texte
10. On trouvera l’article
fondateur de J.S. BROWN, A. COLLINS et P. DUGUID, Situated
Cognition and the Culture of Learning, sur le serveur de
l’Exploratorium de San Francisco à l’adresse
http://www.exploratorium.edu/IFI/resources/museumeducation/situated.html
N.B. : sur Rézo Ø,
cet article est traduit en français à la page
Cognition
contextualisée et culture de l'apprendre
. retour
au texte
11. Voir notamment l’article
de PERKINS (D. N.), L’individu-plus, Une vision
distribuée de la pensée et de l’apprentissage, in
Revue Française de Pédagogie, n° 111, avril-juin 1995,
pp. 57-71. retour
au texte
12. Il importe, en
effet, de ne pas considérer uniquement les utilisations
techniques et professionnelles de l’informatique. C’est
sa place dans les processus d’apprentissage généraux et
interdisciplinaires dont il est
question. retour
au texte
13. On peut
entendre, comme en écho, dans cet « apprendre en faisant
», la voix de C. FREINET (1896-1966), auteur du
célébrissime « C’est en forgeant qu’on devient
forgeron » et, à travers elle, celle de tous les
pédagogues de l’École Nouvelle. retour
au texte
14. John DEWEY,
cité in HOUSSAYE (J.), op. cit.,
p.127. retour
au texte
15. On parlerait
aujourd’hui plutôt de motivation
interne. retour
au texte
16. ARIÈS (P.):
(1973), L’enfant et la vie familiale sous l’ancien
régime, Le Seuil, coll. Points, p.
6. retour
au texte
17. Il faut
comprendre ce terme dans son sens premier : le fait d’apprendre
un métier manuel ou technique ; l’ensemble des activités
de l’apprenti ; Petit Robert. retour
au texte
18. « L’intelligence
organise le monde en s’organisant elle-même », PIAGET,
J. : (1937), La construction du réel chez l’enfant,
p. 311. retour
au texte
19. INHELDER (B.),
SINCLAIR (H.) & BOVET (M.) : (1974), Apprentissage et
structure de la connaissance, PUF, p.
321. retour
au texte
20. Depuis la loi d’orientation
de 1989, qui met l’accent sur la " construction des
apprentissages " par l’élève. Cf. PIAGET (J.)
& al. : (1974), Réussir et comprendre,
PUF. retour
au texte
21. « Comprendre
consiste à dégager la raison des choses, tandis que
réussir ne revient qu’à les utiliser avec succès ».
PIAGET (J.) & al. : (1974), Réussir et comprendre,
pp. 242-243. retour
au texte
22. Jean PIAGET, in
SCHWEBEL( M.) & RAPH (J.) : (1976), Piaget à l’école,
Denoël-Gonthier, p. 5. retour
au texte
23. Pour Piaget, l’activité
n’implique pas nécessairement le corps. INHELDER (B.), op.
cit., p. 44, le note : « Être actif cognitivement ne
se réduit pas, bien entendu, à une manipulation quelconque
; il peut y avoir activité mentale sans manipulation, de
même qu’il peut y avoir passivité en manipulant.
» retour
au texte
24. BACHELARD (G.) :
(1938), La formation de l’esprit scientifique,
Vrin. Édition de poche (1993), p.
14. retour
au texte
25. L’orthographe
de son nom n’est pas encore stabilisée dans la
littérature francophone : on rencontrera aussi bien
VYGOTSKY que VYGOTSKI. Le monde anglo-saxon a unanimement
adopté la première. retour
au texte
26. L’inverse n’est
pas vrai. L.S. VYGOTSKY, censuré dans son pays, n’a été
traduit en anglais qu’en 1962 par Jérôme Bruner ( Thought
and Language, MIT Press ). La première traduction
française de son ouvrage majeur date de 1985 ! Piaget note
dans une postface à l’édition de 1962 de Pensée et
langage : « Ce n’est pas sans tristesse qu’un
auteur découvre, vingt-cinq ans après sa parution, l’ouvrage
d’un autre auteur qui a disparu entre temps, lorsque cet
ouvrage contient tant de vues l’intéressant directement
qu’il eût fallu discuter de plus près et par contact
personnel. » retour
au texte
27. L.S. VYGOTSKY, Le
problème de l’enseignement et du développement mental à
l’âge scolaire, in SCHNEUWLY (B.) &
BRONCKART (J.-P.), op. cit., p.
112. retour
au texte
28. PIAGET (J.) :
(1969), Psychologie et pédagogie, Denoël, coll.
Médiations, pp. 263-264. On lui a souvent fait le reproche
de ne tenir aucun compte du social dans la construction de l’intelligence.
On voit qu’il n’en est rien. Tout simplement ce n’était
pas le thème privilégié de sa
recherche.
retour au texte
29. L. S. VYGOTSKY, Le
problème de l’enseignement et du développement mental à
l’âge scolaire, in SCHNEUWLY (B.) &
BRONCKART (J.-P.), op. cit., p.
108. retour
au texte
30. BRUNER (J.) :
(1983), Le développement de l’enfant : savoir faire,
savoir dire, PUF. retour
au texte
31. MUGNY (G.) :
(1985), Psychologie sociale du développement cognitif,
Peter Lang, p. 163. retour
au texte
32. GILLY (M.), A
propos de la théorie du conflit socio-cognitif et des
mécanismes psycho-sociaux des constructions cognitives :
perspectives actuelles et modèles explicatifs, in
BERDNARZ (N.) & GARNIER (C.) ( ss. la dir. de ) :
(1989), Construction des savoirs, Obstacles et conflits,
les Éditions Agence d’Arc Inc., p.
167. retour
au texte
33. Voir W. DOISE,
in PERRET-CLERMONT (A.-N.) & M. NICOLET, Interagir et
connaître, DelVal, 1988, pp.
103-105. retour
au texte
34. M. GILLY, op.
cit., pp. 167-168. retour
au texte
35. M. GILLY, op.
cit., p. 176. retour
au texte
36. Cette
présentation s’inspire largement de deux articles :
TARDIF (J.), Savoirs et
savoir-faire : une dynamique pédagogiquement ignorée,
in BENTOLILA (A.) ( ss. la dir. de ) : (1995), Savoirs et
savoir-faire, Les Entretiens Nathan, Actes V, Nathan
pédagogie, pp. 89-104.
L’article déjà cité de J.S.
BROWN, A. COLLINS et P. DUGUID ( cf. note 10
) retour
au texte
37. C’est-à-dire
qui reproduisent, le plus fidèlement possible, des
contextes qui renvoient à des pratiques sociales
existantes. retour
au texte
38. MENDELSOHN (P.),
Le transfert des connaissances, la pierre philosophale de
l'enseignant, Conférence introductive au Colloque
International sur les transferts de connaissances en
formation initiale et continue, Lyon - 29 septembre 1994,
disponible à l’adresse
http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/staf11/texts/lyon_94-1.html
retour au texte
39. Il y a, dans le
contexte scolaire aussi, bien des occasions d’écrire qui
renvoient à des activités et des pratiques authentiques. C’est
la maîtrise de ces situations d’écrit que les élèves
devraient poursuivre... cela permettrait, au moins, de
répondre aisément à la question « A quoi ça sert ?
». retour
au texte
40. J. S. BROWN, A.
COLLINS et P. DUGUID, Situated cognition and the culture
of learning. retour
au texte
41. J. S. BROWN, A.
COLLINS et P. DUGUID, Situated cognition and the culture
of learning. retour
au texte
42. P. MENDELSOHN, op.
cit. retour
au texte
43.
Ibid. retour
au texte
44. PERKINS (D. N.),
L’individu-plus, Une vision distribuée de la pensée et
de l’apprentissage, in Revue Française de Pédagogie,
n° 111, avril-juin 1995, pp. 58-59.
retour au texte
45. Perkins oppose
la notion d’individu-plus à celle d’individu-solo.
Celui-ci est l’individu qui ne compte que sur ses propres
ressources cognitives, celui-là l’individu qui prend en
compte son environnement et qui considère que ce qu’il
apprend peut se situer dans ses notes, son ordinateur, les
personnes avec lesquelles il
interagit... retour
au texte
46. Il faut
comprendre ce terme dans son acception informatique :
recherche et obtention des informations consécutivement à
un traitement ( Petit Robert ). Perkins avance l’hypothèse
d’un accès équivalent à la connaissance, c’est-à-dire
qu’il estime que la mobilisation du savoir s’opère de
la même façon où que soit situé ce savoir, dans le
cerveau humain ou dans tout autre
média. retour
au texte
47. Il est rare qu’un
manuel de Français présente des informations sur les
procédures de construction, d’écriture, de réécriture
des textes telles que les pratiquent des écrivains réels.
Rien non plus, dans les manuels d’histoire, sur la
formulation d’hypothèses, les types et les méthodes de
vérification des faits
historiques... retour
au texte
48. David N.
PERKINS, op. cit., p. 62. retour
au texte
49. Ibid., p.
69 retour
au texte
50. Ce rapport,
intitulé L’apport des nouvelles technologies de l’information
et de la communication ( NTIC ) à l’apprentissage des
élèves du primaire et du secondaire - revue documentaire,
est disponible à l’adresse
http://www.fse.ulaval.ca/fac/tact/fr/html/apport/apport96.html
retour au texte
51. Parmi les
quatorze constatations présentées par le groupe de
recherche nous en retiendrons huit, qui cadrent avec l’objectif
et le propos de cet article. retour
au texte
52. G. POUZARD,
Inspecteur Général de l’Education Nationale, dans un
rapport officiel dont la seconde partie, Utilisation du
multimédia dans les enseignements, est disponible sur
le serveur de l’Académie d’Amiens à l’adresse
http://www.ac-amiens.fr/college60/afrance_montataire/rapportpouzard1.html
retour au texte
53. Des études ont
montré qu’on n’utilise que 10%, au plus, des
fonctionnalités de la plupart des
logiciels. retour
au texte
