La
Libération
de HAGUENAU |
LA DOUBLE LIBERATION DE HAGUENAU. Haguenau a été libérée une première fois le 11 décembre 1944, 18 jours après Strasbourg, puis la moitié de la ville a été abandonnée à nouveau à l’occupant. Ce n’est que le 16 mars suivant qu’elle a été libérée définitivement. Pourquoi cette libération si tardive et pourquoi deux libérations ? La Libération de Haguenau est une séquence de cette terrible guerre qui a été la plus meurtrière de tous les temps. Elle a coûté plus de 40 millions de morts, alors que la «Grande Guerre» « seulement » 13 millions. De plus, les victimes étaient d’une autre nature car ce sont surtout les civils qui ont souffert. Les monuments aux morts en témoignent: on ne trouve que quelques noms de plus, ajoutés au bas de la longue liste de ceux de 14/18. En principe cette guerre a commencé le 4 septembre 1939, le jour de sa déclaration, et s’est terminée avec l’Armistice du 8 mai 1945, mais certains la voient commencer au traité de Versailles le 28 juin 1919, et se terminer sur la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989. Il faut donc nécessairement délimiter le sujet dans le temps.
En Alsace encore occupée, la vie est « presque normale ». Quelque peu accoutumés aux bombardements et rompus à la débrouille pour le ravitaillement, les Haguenoviens voient le repli, assez désordonné, de l’armée allemande et les différents services de l’occupant s’affoler. L’incorporation de force des jeunes Alsaciens s’accentue. Les plus âgés sont appelés à creuser des tranchées d’autres partent au « Volkssturm ». Dimanche 12
novembre. Quelque 200 incorporés de force à la
Wehrmacht des environs de Haguenau sont embarqués au lieu dit « RAMPE » à la
sortie de la gare. « Partis dans le brouillard de cette journée
d'automne, ils furent jetés dans les plus terribles combats
de cette guerre atroce. Un départ sans retour. Tout leur bataillon
avait été enterré vivant par les chars russes. »
Le bruit du front se
rapproche. On entend le bruit de chars Route de Schweighouse. Les
premiers coups
de feu sont échangés
au château WALK. A partir de 10 h 30 il n’y a plus de courant.
Sans électricité, les Haguenoviens sont privés
d'informations et les rumeurs circulent. Les habitants s'abritent dans
les caves. Vendredi 24
novembre. Les jeunes de Haguenau sont convoqués à un
ultime conseil de révision qui devait se tenir à 8 H
du matin à l'école rue du puits. Heureusement il n’a
pas lieu car le but de ce conseil était de recruter d’éventuels
volontaires pour la Waffen SS. Samedi 25 novembre. Des
obus tombent toute la nuit. Route de Weitbruch deux personnes sont
tuées et on compte 16 civils blessés.
Le château WALK est sérieusement endommagé. Les personnes se regroupent
dans les abris qui leur paraissent les plus surs : un exemple parmi
d’autres : SCHEFFELS Willy, directeur
le l'école St Georges et futur adjoint au maire, va de maison
en maison dans le quartier de la Musau pour rassembler les gens et
les installer à la Cave à Champagne de la rue du Foulon.
Pratiquement tout le quartier s'y réfugie, 600 à 700
personnes. On y installe un autel et l'abbé KAUTZMANN, vicaire à St
Georges, dit la messe. Il donne l'absolution générale
et tous communient. Dimanche 26 novembre. Les pistes du terrain d'aviation sont dynamitées. On ne signale pas d’événements particuliers à Haguenau mais une forte activité de l'aviation allemande. Des villages environnants sont bombardés à partir de la Forêt Noire. Les premiers Américains approchent et s’aventurent dans Bischwiller et les faubourgs de Haguenau. Lundi 27 novembre. Mardi 28 novembre. Libération de Batzendorf. Quelques Haguenoviens vont vers les Américains et signalent un grand nombre de chars près de la piscine. De l’autre côté de la ville, l'état major allemand s'installe dans la propriété Pickering au Schloessel Mercredi 29
novembre. Le matin, libération de Wintershouse
et de Niederschaeffolsheim, (où il y a 17 victimes) L'après-midi
d’Ohlungen et de Harthouse. Plus de 400 malades
et de blessés ont trouvé refuge
dans la cave de l'hôpital dans des conditions précaires.
Souvent on y opère. Le personnel et de nombreux voisins y séjournent également.
A l'époque un bras de la Moder longe ce bâtiment aujourd'hui
disparu et le pont au bout de la place d'Armes est prêt à être
dynamité. Huit grosses bombes de 500 Kg, reliées par
une mèche sont enfouies à l'entrée de la rue de
Château. L'écroulement de ce pont aurait fait monter le
niveau de la Moder et inévitablement la cave en question aurait été inondée,
et des tours de pompage sont organisés pour évacuer l'eau
d'infiltration. Jeudi 30 novembre. Intense duel d'artillerie la nuit, jusqu'à 6
heures du matin. Dans les caves on entend une grosse explosion vers
les 8 heures du matin sans savoir de quoi il s’agit. Vendredi
1° décembre. Les Américains venant de Harthouse
attaquent Haguenau à travers bois et non par la route nationale,
car ils sont informés de la présence de deux pièces
antichars dans le secteur. Samedi
2 décembre. Une contre-attaque allemande sur le Château
Walk est repoussée. Plusieurs soldats allemands y sont tués. Dimanche
3 décembre. Le château d'eau est dynamité. Le clocher de St Georges
devait subir le même sort, mais il a pu être sauvé grâce à trois
démarches successives faites par diverses personnes influentes
de la ville, parmi lesquelles on peut citer le curé BANDT de
St Georges, l'abbé GROMER conservateur du musée, le professeur
HOUTMANN et l'armurier Gaston MOSSER. Mardi 5 décembre. La Luftwaffe survole le secteur. On construit des barricades au centre ville qui continue à être bombardé par l’artillerie. Mercredi 6 décembre. Le pont de Strasbourg saute. Déjà habituée au bruit, une Haguenovienne qui n’habite qu’à quelques centaines de mètres ne le mentionne pas dans son journal, pourtant tenu méticuleusement. La population dans les caves était fort mal renseignée sur ce qui se passait en ville.
Vendredi
8 décembre. Le pont sur la Moder près de l’hôtel
National saute. Samedi
9 décembre. Les Américains lancent une grande
offensive à 6 H 45. Entre 14 et 18 heures,
des combats commencent à Haguenau dans
la forêt au sud du château Walk, puis au carrefour route
de Strasbourg et du Chemin des Paysans. Près de Schweighouse, les Allemands se retranchent des deux
côtés de la voie ferrée. Les premiers combats de rues commencent au Metzgerhof Une place forte est établie dans une sablière entre Schweighouse ( l’Etang LEHMANN ). Elle est abandonnée dans la nuit. Du fait de l'encerclement de la ville, la police allemande qui est restée le plus longtemps possible, se sauve avec les derniers de l’administration civile. Ils se dirigent vers la porte de Wissembourg avec des carrioles et des charrettes à bras bien chargées. En passant le pont certains crient à la population qui se réjouit de les voir partir: « Wir kommen wieder ! » « Nous reviendrons ! » Le centre ville et les routes de Soufflenheim et de Strasbourg sont à nouveau sous les tirs de l'artillerie allemande. Dimanche 10 décembre. Les soldats allemands se sauvent, ils tentent en vain de faire partir un train mais la locomotive est détruite par l'artillerie. Dans un wagon criblé de balles on compte 28 cadavres. Pratiquement tous les
ponts sont détruits en forêt de
Haguenau, y compris ceux du petit train de la Ligne Maginot en pleine
forêt. Dans la nuit ceux de la porte de Wissembourg du Crocodile
sautent, mais en partie seulement. Les derniers combattants
allemands installent une pièce de
88 FLAK en pleine ville, au croisement de la rue de Maréchal
Foch, elle tire 4 à 5 coups en direction de la Musau en plein
jour. Enfin, la libération ! Lundi
11 décembre. Retraite spontanée et totale des
dernières troupes allemandes de la ville peu après minuit.
Un civil va trouver les Américains dans la forêt de la
Musau pour les avertir que les Allemands sont partis. A 8 heures du matin
les premières
troupes arrivent en colonne par le chemin des Paysans par la route
de Weitbruch puis vont vers
la ville. Le drapeau tricolore
flotte sur l'hôtel de ville et ordre est
donné à la population civile d'aider à enlever
les barricades. Les militaires américains, toujours à la chasse aux souvenirs, vident le stock de drapeaux allemands du MAGMOD. Ils emportent même un drapeau tricolore soigneusement caché pendant la guerre et fièrement déployé devant eux par les gens. Les Forces françaises de l’intérieur (FFI ) créent une section locale. On recrute des civils en âge de se battre pour assister l’armée dans des tâches diverses, en particulier le maintien de l’ordre. Mardi 12 décembre. Les Américains procèdent à un déminage sommaire du parc de la gare à l'aide de détecteurs magnétiques. Les mines en bois ne sont pas détectées et l'un d'entre eux saute. Suite à cet accident, un déminage sérieux est fait par des prisonniers allemands. On fait exploser ces mines sur place. Le journal américain " Philadelphia Enquirer " des
11 et 12 décembre relate les combats à Haguenau. Mercredi
13 décembre. La population qui vient de passer 15 à 18
jours abritée dans les caves déménage vers les
appartements. Pour la première fois on couche à nouveau
déshabillé dans un vrai lit. Presque tous les carreaux
sont cassés et de nombreux murs éventrés. Le grand
nettoyage dans les maisons commence. Jeudi
14 décembre. Les FFI sont chargés d'enterrer les
morts allemands trouvés dans le Pfaffenwald, situé entre
Weitbruch et Haguenau. On enlève 20 soldats allemands déchiquetés
par des obus et 9 américains tués par des balles de fusil.
Ils sont enterrés au cimetière St Georges L’aviation allemande est toujours active. A plusieurs reprises
des avions à réaction passent au-dessus de Haguenau libéré.
La défense antiaérienne américaine installée
au Bildstoeckel ne peut les suivre avec les radars car leur matériel
n’est pas prévu pour les vitesses de ces nouveaux avions. Dimanche 17 décembre. L’église St Georges étant en triste état, une messe est dite au lycée à 9 heures. Le terrain d'aviation est bombardé à midi et plus tard, trois obus tombent rue du Foulon. Lundi
18 décembre. Les pompiers se chargent du ravitaillement
des boucheries, épiceries et boulangeries. Ils s'occupent aussi
du service d'ordre pour éviter le pillage et évacuent
les cadavres d'animaux tués dans les rues. Mercredi
20 décembre. L'éclairage électrique
est rétabli dans quelques quartiers. Le courant est fourni par
le dépôt de la brasserie Hattermann. Vendredi
22 décembre. Une patrouille allemande, capturée
près de Gambsheim, sonde le système défensif américain
afin de préparer une attaque dans le secteur. Dimanche
24 décembre. Comme les églises sont inutilisables,
les offices de Noël se tiennent à la salle de la Douane
et dans les chapelles de l’hôpital et du lycée. Lundi 25 décembre. Du lundi 25/12/44 au mardi 2/01/45 la chasse française sera présente sur le terrain d’aviation de Haguenau. Durant une huitaine de jours, les groupes PROVENCE et CORSE vont stationner sur ce terrain avancé pour pouvoir intervenir le plus vite possible sur tout mouvement ennemi. Mardi 26 décembre. 13 h 40. Neuf Spitfire du PROVENCE décollent pour une reconnaissance sur l’axe Germersheim-Stuttgart-Gagenau. Mercredi 27 décembre. 11h 50. Quatre Spitfire décollent sur alerte, ils se posent à 12 h 40, sans être intervenus. Jeudi 28 décembre. 10 h 45. Seize Spitfire décollent pour une reconnaissance sur l’Allemagne. Retour à 12 h 05. Vendredi
29 décembre. Les départs
des avions, sur alerte, sont nombreux. Samedi 30 décembre. Les Spitfire assurent la défense du terrain sur lequel de nombreux P47 américains en soutien avancé côtoient les appareils français. L’opération Nordwind, le tout dernier sursaut L’offensive de Rundstedt a échoué et A.Hitler
tente sa dernière chance. Il ramasse toutes les troupes qu’il
peut trouver en dégarnissant même d’autres secteurs. Les Américains ont deviné le scénario, mais ne sont pas prêts. Dimanche 31 décembre 1944. L’attaque allemande commence à 23 heures, alors que sur les bords du Rhin on célèbre la nouvelle année. Elle est lancée sans préparation d'artillerie pour ménager l'effet de surprise, ce explique les nombreuses pertes allemandes. Pour la seule opération NORDWIND, elles se chiffrent à près de 25.000 hommes mis hors de combat. La situation matérielle sur le terrain d’aviation de Haguenau devient critique, de plus, le groupe manque de carburant. A 10 h 15 douze Spitfire décollent, des avions suspects ayant été signalés. Aucun contact n’ayant été établi, ils se posent à 12 h 00. Lundi
1° janvier 1945. Devant la poussée allemande, l’échelon
roulant du CORSE quitte le terrain dans la nuit. Ses appareils décollent à l’aube
le lendemain. Les avions indisponibles sont incendiés. Mardi 2 janvier. Le
terrain d’aviation est évacué d’urgence
devant l’avance de la contre-offensive allemande. Deux Spitfire
qui ne sont pas en état de vol sont incendiés par les
troupes américaines chargées de la destruction du matériel
ne pouvant être emporté. Ils reviennent ! Vendredi 5
janvier 1945. Plusieurs bataillons ennemis traversent le Rhin devant Gambsheim
dans la nuit
du 4 au 5 janvier. Ils établissent
une tête de pont composée d'élément hétéroclites
et mal nourris. Ils attaquent avec acharnement mais beaucoup de soldats
allemands étaient prêts à déserter Lundi 8 janvier. Les Allemands amènent des forces considérables en Alsace en traversant le Rhin en quinze endroits, en particulier entre Freistett et Gambsheim et Fort-Louis et Soelingen. Pendant ce temps de violents combats ont lieu autour de la station de pompage de la BREYMUHL près de Rohrwiller. Durant plusieurs jours, du 8 au 11, elle est la scène de combats acharnés, d'homme à homme. Mercredi 10 janvier. Une longue file de réfugiés venant par la route de Wissembourg se déplace le long du canal de dérivation de la Moder. Au mois un quart de ces gens sont en chemise de nuit alors que le thermomètre indique -10°. Ils racontent que les Américains ont tout anéanti devant eux avec des canons à tir rapide, pour arrêter l’attaque allemande. Mardi 16 janvier. Le bruit court qu’un Stosstrup allemand a été vu à l’entrée de la ville. Mercredi 17 janvier. Des obus tombent sur la ville jour et nuit, de part et d’autre de la Moder. Vendredi 19
janvier. La neige vient de tomber, un épais brouillard
couvre la ville. Samedi 20 janvier. Le front est stabilisé sur la Moder dans la nuit du 20 au 21. La dernière offensive sur Haguenau. Dimanche 21
janvier. Le temps est radieux et la neige abondante. Les routes sont verglacées et encombrées. Les Américains
disent aux gens de Marxenhouse qu'ils vont se retirer sur le canal
de la Moder. La population fuit à nouveau. Les gens pris de panique se sauvent à vélo.
La neige vient de tomber. Elle atteint 30 centimètres.
Mardi 23 janvier. Les premiers avions à réaction allemands " Vergeltungswaffen " lâchent des bombes sur Gries, Weitbruch et Kaltenhouse. Le reflux des américains est terminé. Les troupes allemandes sont concentrées au nord de la forêt de Haguenau. Des chars allemands sont au Hundshof à Marxenhouse et à Schweighouse. Le pont de la porte
de Wissembourg est miné et il ne reste
qu'une sentinelle américaine et un FFI français pour
le garder. Une patrouille de cyclistes allemands en tenue de camouflage
blanche arrive en face, accompagnée d'un chien loup. Ils déposent
leur bicyclette, passent entre les mines et installent une mitrailleuse
sur le pont. Le FFI riposte et les Allemands se replient quelque peu.
Des fantassins américains accourent au secours. Mercredi 24
janvier. Conscients de leur faiblesse, les Allemands n'envisagent pas d'opération directe sur la ville mais tentent de l'encercler
afin de faire fuir les Américains. L’attaque est lancée
dans le secteur du Château FIAT et sur Kaltenhouse. ainsi que
sur Schweighouse et Ohlungen. De violents combats au corps à corps
ont lieu même dans les maisons et la papeterie de Schweighouse Le secteur de Haguenau,
tout spécialement exposé, est
défendu par les FFI qui resteront sur la ligne jusqu'au 15 mars
pour soutenir les Américains avec un armement léger. Le front en plein ville. Jeudi 25 janvier. Les Allemands lancent une ultime contre-attaque, appuyée de trois chars, à partir du Kestlerhof et réussissent à franchir la Moder à mi-chemin entre Kaltenhouse et Haguenau et à investir l'usine PICKERING. Les combats les plus durs se déroulent dans la soirée, en particulier dans les premières maisons des Quatre-Vents. A la Libération, les prés du Schloessel sont parsemés de cadavres dessèches vêtus d’uniformes de camouflage blanc. Ce lui d’un sous-officier parachutiste allemand gît dans la cuisine de la maison Pickering. La guerre de position
s’installe en plein Haguenau, de part
et d’autre du canal de la Moder. Vendredi 26 janvier. Reprise de l'usine PICKERING par les Américains, dès le matin. La contre-attaque allemande sur Ohlungen est également repoussée Un car transportant des FFI revenant probablement du front où ils avaient retenu l'offensive allemande lancée sur Strasbourg est mitraillé près de la porte de Wissembourg par des Allemands embusqués derrière le mur du cimetière St Nicolas. Ce car, dans lequel il y a eu des victimes, est resté sur place jusqu’après la Libération. On y voyait encore les traces de sang.
On commence à échanger l’argent : Cours: 1 Dollar =10 RM = 150 F. Mardi 30 janvier. Bombardement
de la ville à raison de un coup
par minute par des canons de 150 mm. En ville on entend souvent des
tirs de mitrailleuses la nuit. Vendredi 2 février. Libération de COLMAR. Pour la France entière l’Alsace est libérée, mais le nord du département reste aux mains de l’occupant. VIVRE SOUS LES OBUS. Les habitants vivent au jour le jour dans les abris sans être renseignés sur le déroulement des opérations. Le ravitaillement des
7.000 personnes restées en ville pose
d’énormes difficultés. Un des grands problèmes de la population dans les caves est
l'éclairage. Tous les moyens classiques et imaginables sont
mis en œuvre. D'abord les lampes à pétrole qui existaient
encore dans les greniers ou les remises ( lampes de tempête ou
d'appartement ), les lampes à carbure de calcium, des bougies
et les cierges préparés pour les processions ou un éventuel
décès, des lampes à huile bricolées etc... Jeudi
8 février. Le matin, sur la place du théâtre,
le commandant des FFI, Georges HOERDT, est grièvement blessé par
un obus, ainsi que son secrétaire Arthur BURGER qui décède
l'après-midi à Strasbourg. 11 février. La 6° Compagnie US américaine attaque et établit une tête de pont sur la Moder à Oberhoffen. Vendredi 23 février. Nouveau tir sur St Georges. Le mur du chœur est déchiqueté par un obus allemand de 280 qui provoque de graves dommages. (Maître autel, les stalles du chœur et l’autel du jugement dernier). Samedi 3 mars. Une
patrouille américaine traverse la Moder
au Dreispitz à l'aide et des canots pneumatiques et établit
la première tête de pont avec une passerelle située à peu
près à l’emplacement du pont actuel de la route
du Rhin. Mardi 6 mars. Une patrouille américaine explore la ferme du Taubenhof qui est abandonnée et en ruines. Mercredi 7 mars. Un autre commando américain de 6 hommes traverse le canal de la Moder, rue du Triangle. Jeudi 8 mars. Pratiquement toutes les maisons de la rue du Triangle sont prises par la compagnie américaine C-143, après un long combat de maison à maison. Dimanche 11
mars. Les
FFI rapportent qu'environ 1000 allemands se trouvent rassemblés au quartier Marxenhouse. Le 3° bataillon
français aide à repousser une attaque au camp d'Oberhoffen. Lundi 12 mars. Vers
23 heures deux FFI haguenoviens accompagnent des officiers américains jusqu'aux avant-postes près du Dreispitz.
Des patrouilles traversent la Moder la nuit et explorent le Taubenhof
et le Kestlerhof où elles rencontrent des Allemands.
Mardi 13 mars. Deux
volontaires FFI se rendent en civil derrière
les lignes allemandes pour espionner le quartier Marxenhouse. Jeudi 15 mars. Libération définitive de « Haguenau
la sanglante » Vendredi 16 mars à l’aube.
Les soldats américains avancent, rue par rue, des photos aériennes à la
main. Elles sont prises au fur et à mesure de l ‘avance
par un petit avion qui survole la ville en permanence. Comme il atterrit
n’importe où dans les champs, il est surnommé le « KLEEHOLER » On ne saura pas quelles étaient les pertes allemandes sur le front au nord de Haguenau à ce moment. Il y eut plus de 50 allemands enterrés en fosse commune ou en tombes individuelles au cimetière de Walbourg, et longtemps encore on a trouvé des tombes sommaires en forêt. Libérés définitivement les Haguenoviens sortent de leurs abris mais ce n’est pas encore la fête : - Ils sont abasourdis
par les semaines passées dans les caves
où ils avaient un sentiment d’abandon. La grande joie de la Libération ne s’est manifestée qu’au premier anniversaire, un an plus tard. - Les incorporés étaient rentrés
pour une bonne part, Le bilan macabre.. « HAGUENAU LA SANGLANTE - Haguenau, ville oubliée » libérée, ses clochers abattus, est dans un triste état. Les cinq années de guerre ont coûté cher à ses habitants, le bilan des pertes humaines et des bâtiments détruits est significatif:
|