Archives - Artistes - Accueil - Liens



FRIENDS OF P. : L'INTERVIEW





Friends Of P. fait partie des très nombreux groupes français autoproduits pour cause de manque de moyens. Peu de moyens, mais des idées plein la tête et un bel album à défendre. Merci à Oliver Hahn, chanteur et guitariste du groupe, d'avoir bien voulu répondre à mes questions.



Why Not : Vous existez depuis 1998 mais vous êtes encore assez peu connus. Peux tu présenter Friends of P. et ses différents membres ?

Oliver Hahn : C'est parce qu'on est partis de tellement bas qu'il a fallu du temps avant qu'on acquière une certaine cohérence! :o)
Alors, disons que ça commence vraiment début 1999 avec l'arrivée de Pierrick Brasquer à la batterie. Le groupe se compose déjà de Lionel Pezzano (16 ans à l'époque) à la guitare et aux claviers, de Guillaume Fleith à la basse et de moi-même au chant et à la guitare rythmique. Cette base est relativement stable depuis, hormis la place de bassiste puisque Nico Marchiel (ex-Bugs)(maintenant Divas) nous a dépanné entre fin 2003 et fin 2004. Thierry Weber, qui, pour l'anecdote a joué avec Ange, nous a rejoint depuis le début d'année.




WN : Quel est le background musical de chacun des membres du groupe ? Quelles sont les influences musicales qui vous ont rapprochés et vous ont permis d'être aujourd'hui un groupe ?

OH : Pour la petite histoire, j'ai intégré le groupe (sans nom alors) en 1998 à la suite d'une annonce dans Guitar Part. Quand j'ai eu Lionel pour la première fois au téléphone, que  je lui ai demandé ce qu'il écoutait et qu'il m'a répondu “Radiohead”, mon coeur a fait des loopings pendant 5 minutes dans ma poitrine. C'était l'époque de “OK Computer”. Maintenant, pour répondre plus précisément à ta question, je dirai que la force du groupe  est à la fois d'avoir une certaine discographie en commun (ensemble du rayon rock indé des magasins spécialisés pour faire simple) et d'écouter aussi des choses très diverses. Mais on est tous très curieux et ouverts musicalement. Lio est plutôt branché jazz depuis un moment (les classiques, Miles, Mingus,...) mais aussi Daniel Darc ou Sigur Ros, Piek écoute des trucs plus “musclés” on va dire (genre Mastodon, Rammstein). Thierry est branché rock progressif (Marillion, Genesis). Quant à moi, je suis plus pop dans l'âme. En ce moment, ce serait plutôt Bloc Party, Elefant ou M83. Je me suis d'ailleurs presque totalement reconnu dans ta discographie commentée (mis à part Kyo ;o) ).


Thierry

WN : On se débarrasse tout de suite de la question bateau : que veut dire le P dans votre nom ?

OH : Ah ah! Ça, il faudrait le demander à Matt Sharp puisqu'on on piqué notre nom à un tube des Rentals. On a aimé ce nom, car justement, il laissait planer un certain mystère... P pour Pop music? A chacun de décider, en fait...


Lionel

WN : Friends Of P. existe depuis déjà depuis plus de 6 ans et My Favorite Nightmare est seulement votre deuxième album et vous l'avez produit vous-même, comme le précédent d'ailleurs. Je trouve d'ailleurs le résultat plutôt réussi compte tenu de la difficulté de l'exercice. Cette relative lenteur est elle un choix délibéré de votre part ou est ce par la force des choses ?

OH : Bah, le premier a été composé et enregistré fin 1999, tout est allé très vite. On partait de zéro, avec aucune compétence. Il n'est paru qu'en 2001 car il a fallu complètement apprendre à mixer, à prendre en main les logiciels adéquats.
Pour “My favorite nightmare”, la plupart des morceaux existent depuis 2000! On a décidé d'enregistrer un album en 2002. Ensuite, le temps de monter une asso, de collecter des fonds (les studios sont quand même hors de prix pour un tout un chacun), on s'est retrouvés à enregistrer 5 titres en mars 2003. Après, le temps de réunir à nouveau des sous pour enregistrer la suite, on était tout de suite en 2004. Et le mixage, c'est long. Le mastering aussi. Disons qu'on doit être particulièrement lents, perfectionnistes et méticuleux aussi.
Enfin, tout ça pour dire que ça n'est pas particulièrement délibéré.
On est heureux d'avoir pu tourner une page avec ces morceaux gravés sur disque. Maintenant, on pense avoir acquis un certain savoir-faire qui nous permettra de tout gérer nous-mêmes et d'aller plus vite. On a déjà un stock de nouveaux morceaux qui nous attend.


Pierrick

WN : Sur vos albums, vous vous occupez de tout de A à Z ce qui vous laisse totalement libre. La contrepartie de l'autoproduction est un manque de publicité et de distribution. Comment le vivez vous ?

OH : ... difficilement car il est quasiment impossible de manager un groupe auquel on appartient. En plus, on n'a pas forcément les compétences dans ce domaine. Donc, c'est la débrouille permanente. Notre musique est notre meilleure arme car nous ne savons pas particulièrement nous vendre. Peut-être que les lecteurs de ton webzine auront la curiosité de nous découvrir! Ce sera déjà un début de publicité! ;o)


Oliver

WN : Ce qui frappe à l'écoute de votre disque, c'est avant tout la qualité d'ensemble des chansons et surtout la construction des mélodies. Comment travaillez vous vos morceaux ? Qui fait quoi ?

OH : Disons que la composition des morceaux est bicéphale (eh non, Friends of P. n'est pas exactement une démocratie à ce niveau-là). Lionel vient avec 80% des morceaux, sous forme de maquettes instrumentales, plus ou moins arrangées. Je place alors des textes et tente des mélodies en les chantant sous la douche ou dans le métro. J'interviens aussi au niveau des arrangements (j'adore ça), c'est vraiment une phase pendant laquelle un morceau peut basculer dans n'importe quelle direction. J'ai aussi quelques idées de morceaux de temps en temps mais je suis moins prolifique que Lionel.
En tous cas, on a trouvé un bon équilibre dans l'écriture. Il est rarissime qu'on s'accroche à ce niveau.



EP Promo

WN : Vos morceaux sont très travaillés et les ambiances assez contrastées au sein d'un même morceau. On pense notamment à Radiohead ou aux Pixies dans la manière de combiner de nombreuses idées différentes qui finiront par former une seule chanson à plusieurs vitesses. Est-ce que ces deux groupes font partie de vos sources d'inspiration principale ?

OH : Héhé! Bien vu! On est tous fans des Pixies, dont on trouve la discographie sans faute. Il est certain qu'ils ont influencé notre musique. Pour ce qui est de Radiohead, c'est un des 2 chocs musicaux de ma vie. 1995. “My iron lung”. Le concert de l'Astoria à Londres. Il y a tout pour moi. Le lyrisme de u2. Le bruitisme. Une vraie personnalité. Je serai éternellement amoureux de ce groupe. “The Bends” est pour moi un disque majeur du rock. Je pense que pour Lionel c'est un peu pareil.


Album "Blind Test"

WN : On a du mal à classifier votre musique, à la ranger dans une case précise. On devine que vos influences sont multiples. Faites vous particulièrement attention à ne pas vous laisser attirer plus par l'une que par l'autre ?

OH : Oui... pendant un temps, il est difficile de trouver la bonne distance par rapport à ses influences... je pense qu'on y arrive mieux aujourd'hui. Pour le mélomane, il sera toujours possible de deviner telle ou telle influence derrière chacun de nos morceaux mais on brouille mieux les cartes et, espérons, on a su créer un univers personnel en ayant digéré nos influences. C'est à toi de nous dire! :o)


Album "My Favorite Nightmare"

WN : Oliver, tu revendiques des goûts musicaux très orientés 80's, même si ça ne saute pas toujours aux yeux sur l'album. On baigne actuellement en plein revival de cette période. Te sens tu proche des groupes issus de ce mouvement actuel ?

OH : Puisque je parlais de 2 chocs musicaux, le premier pour moi a été U2. “The Joshua tree” m'a amené à me passionner pour la musique. Aujourd'hui encore, j'ai les tripes nouées quand j'entends “With or without you”. J'ai  une admiration énorme pour The Cure, Depeche Mode ou New Order. Aujourd'hui évidemment, je suis plutôt client de groupes comme Interpol, Bloc Party ou encore Placebo (eux aussi ont bien pioché du côté de chez Robert Smith). Tiens, et au niveau français, j'ai retrouvé du Cure dans les textures de M83 dont je reviens du concert. Ce sont les métissages qui sont les plus intéressants. Lui, c'est genre “Air qui rencontre The Cure”... Si c'est juste pour faire du revival copié/collé comme Zoot Woman, c'est sympa sans plus...


Groupe

WN : Au petit jeu des souvenirs 80's justement, dans le final de The Choice j'ai cru reconnaître un clin d'oeil à Eisbear de Grauzone, le premier groupe de Stephan Eicher. Je me trompe ?

OH : Bien vu! On l'a d'ailleurs repris lors d'un de nos seuls concerts en Allemagne, dans une sorte de squat! Tout à coup, la horde de punks, piercés et oiseaux de nuits ont retrouvé leurs 15 ans! :o) ...
Sur le prochain disque, on fera p't'être un clin d'oeil à “99 Luftballons”! :o)...
Nan, sérieusement, j'adore l'ambiance de “Eisbär”... cet espèce de chant complètement désespéré et décalé sur une structure on ne peut plus minimaliste...



Concert

WN : Tous tes textes sont en anglais. Est ce un choix délibéré pour coller avec votre style musical ou est ce plus par pudeur, pour moins t'exposer ?

OH : Tout ce que j'écoute, ou presque, depuis près de 20 ans, est chanté en anglais et donc, même si mon accent frenchy tache un peu, les mots qui me viennent sont en anglais. C'est, comme qui dirait ma langue maternelle musicale. En plus, pour moi, c'est la langue du rock! Il n'y en a pas d'autre. Si je faisais de la chanson, j'écrirais sans doute en français. Mais en plus, il faut un réel talent pour ça (Miossec, Bashung) sinon, c'est tout de suite ringard.
Un “yeah yeah yeah” sonnera toujours plus rock'n'roll qu'un “oui oui oui”! Enfin pour moi!


WN : Vous avez fait assez peu de scène jusqu'ici. Avez-vous une tournée ou des concerts prévus pour épauler ce nouvel album ?

OH : On a des choses sur le feu en ce moment mais seule notre participation au Superbowl à Tanzmatten le 16 avril est officielle. On va évidemment chercher à jouer le plus possible pour défendre l'album sur scène.


Concert

WN : Vous avez déjà assurés des premières parties pour des gens comme Jay Jay Johanson et The Electric Soft Parade ou encore les excellents Venus, entre autres. De tous ces gens, qui vous a laissé le meilleur souvenir ? Quel(s) artiste(s) rêvez vous de côtoyer sur scène ?

OH : Alors Jay Jay Johanson, il avait annulé son concert et on a donc fait l'ouverture d'Eskobar à La laiterie en 2003. Ce sont les Electric Soft Parade qui m'ont laissé le meilleur souvenir car ils étaient les plus accessibles! On partageait la même loge, ce qui facilite le contact. Evidemment (rêvons), si un jour je me retrouvais devant Bono, Edge, Jonny Greenwood ou Thom Yorke, je suis sûr que j'aurais mon côté midinette qui referait surface. :o)

WN : Vous êtes un groupe originaire de Mulhouse, d'une région frontalière, est ce un atout pour toucher d'autres publics ? Je pense notamment à l'Allemagne ou la scène Rock est assez vivante ? Avez-vous déjà eu des expériences musicales à l'étranger ?

OH : Pas tellement pour ce qui concerne Mulhouse, que je trouve personnellement  une ville culturellement à l'agonie... Le Nouma fait ce qu'il peut... En plus, la sensibilité de l'Est de la France est plutôt métal... La pop: bof bof... donc on rame un peu... Il n'y a pas vraiment de scène indé mulhousienne... Pour cela, l'Angleterre et les Etats-Unis me font littéralement rêver: New York, Bristol, Manchester, Londres...
On n'a joué qu'une fois en Allemagne mais on avait réellement adoré leur gentillesse et leur enthousiasme (et leur sens de la fête). On y retournera le plus vite possible (dès cette année, normalement).


WN : Quel est pour l'instant votre meilleur souvenir lié à Friends Of P. ?

OH : Sans vouloir leur passer la main dans les cheveux et les caresser dans le sens du poil, je répondrai: “Chaque fois qu'on se retrouve pour lacher quelques accords furieux”.
Pffff... mais c'est dur d'isoler un moment particulier.
L'accueil des Strasbourgeois lors de notre venue à La laiterie en 2003 (on crevait de trouille avant de monter sur scène dans la grande salle) nous a énormément touchés.


WN : Si tu avais un souhait en 2005 concernant Friends Of P. ce serait quoi ?

OH : Que nos morceaux aient la chance d'arriver dans le maximum d'oreilles. Après, les gens aimeront ou pas. Mais au moins qu'on ait cette chance.



Toutes les photos qui figurent sur cette page proviennent du site officiel du groupe.




© Copyright 2005 Why Not ?