31 octobre 2005
Stars est une nouvelle belle révélation qui nous arrive tout droit de Montréal, pendant que Blankass confirme tout le bien qu'on en pensait déjà.
Stars : Set Yourself On Fire
Titres
Your Ex-Lover Is Dead
Set Yourself On Fire
Ageless Beauty
Reunion
The Big Fight
What I'm Trying To Say
One More Night
Sleep Tonight
The First Five Times
He Lied About Death
Celebration Guns
Soft Revolution
Calendar Girl
Quitter cet album laisse une impression un peu étrange et
inhabituelle. On passe par une phase où on se demande ce qu’on vient d’écouter,
ensuite on s’interroge sur les différents stades d’émotions qu’on a traversé.
Puis on se pose une simple question : vient on d’écouter ce qui pourrait
bien être un des meilleurs albums de
l’année. Parce que les disques qui vous font vibrer autant que celui là ne courent
pas les rues. Et pourtant, les disques de Pop Indie comme celui là, on en
trouve à profusion, tout comme ce mariage entre mélodies crève-cœur chanté à
deux voix, façon Delgados et sonorités bruitistes à la My Bloody Valentine. D’ailleurs,
l’écoute de Set Yourself On Fire ne
prévient pas. On écoute ça gentiment, sans se douter une seconde que ces
chansons à priori superficielles vont laisser des traces profondes dans notre
mémoire.
Il faut réécouter Set
Yourself On Fire pour avoir un début de réponse et comprendre enfin
pourquoi ce disque là comptera finalement
plus que les autres. On comprend alors qu’aucune chanson ne ressemble
aux autres, qu’elles sont toutes des pièces uniques. On comprend que chaque
chanson possède son propre univers et que la production cache une foule de
subtilités qui n’apparaissent pas à la première écoute. Chaque morceau contient
tout un assemblage délicat de couches instrumentales, qui vont évidemment des
guitares, parfois presque méconnaissables, en passant par les claviers
multiples, mais aussi des cuivres ou des cordes éparpillées, disséminées,
noyées. En fait, il y a des cordes partout, mais on ne les remarque pas
forcément toujours, tellement elles sont fondues dans le moule de chaque
chanson. Mais tout ça ne servirait pas à grand chose sans les mélodies. Ici,
toute cette production pleine d’imagination ne sert qu’à mettre en valeur des
mélodies déjà assez réussies au départ. Stars procède un peu comme leurs
collègues d’Arcade Fire (eux aussi viennent de Montréal), en additionnant les
idées sans se jamais se limiter, mais sans la folie ambiante. Ici, on sent que
tout est calculé et précis, que tout a été réfléchi et que rien n’a été laissé
au hasard. Your Ex-Lover Is Dead est dans la lignée des chansons claires
obscures des Delgados, mais avec des influences de cordes et cuivres classiques
parfaitement digérées. Set Yourself On
Fire change totalement de registre, commençant entre Pop joueuse et Electro
baladeuse pour finir dans un spleen aérien. Finalement, la musique de Stars est
difficile à décrire, tellement elle élargie en permanence son horizon et aussi
le nôtre par ricochet. Le single Ageless
Beauty fait dans la Pop gracile et belle, alors que Reunion côtoie la meilleure Noisy Pop où la voix fantomatique de Amy
Millan fait merveille. D’ailleurs, les voix mêlées de Torquill Campbell et Amy
Millan font souvent merveille, comme sur le délicat The Big Fight.
Au milieu de ces chansons toutes plus réussies les unes que
les autres, certaines captivent encore plus que les autres, comme ce One More Night où l’électronique et les
cordes se marient à merveille, l’exemple de parfaite simplicité Pop qu’est The First Five Times ou ma préférée, He Lied About Death, qui réussit à
concilier élans Pop, Rock bruitiste et Electro inventive, pour finir dans un
déluge sonique qu’on souhaiterait ne jamais voir finir.
Ce disque commence par les paroles « If
there’s nothing left to burn, you have to set yourself on fire » (Quand il
ne reste plus rien à brûler, il ne te reste qu’à t’enflammer) et se termine par
la somptueuse ballade qu’est Calendar
Girl. Entre les deux, les occasions de s’enflammer auront été nombreuses.
Tellement nombreuses que quitter Set
Yourself On Fire ressemble à une douloureuse séparation.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.arts-crafts.ca/stars
Blankass : Elliott
Titres
Mon Drapeau
Fatigué
Qui Que Tu Sois
Au Costes A Côté
Le Passage
Je N'avais Pas Vu
Le Prix
Soleil Inconnu
Ce Qu'On Se Doit
La Faille
Bon d’accord, la pochette de l’album est assez moche. Mais
il ne faut surtout pas s’arrêter à ça. Il faut juste se souvenir que L’Homme Fleur, leur précédent disque
sorti en 2003 faisait partie de mes albums de l’année. Ce disque là était une
belle réussite bourrée de chansons qui restaient en mémoire, avec en tête de
liste Pour La Lumière, qui me touche
toujours autant aujourd’hui. Pas sûr que le groupe touche à nouveau cette magie
là un jour. Mais malgré la pochette qui ne donne pas trop envie, l’idée de découvrir
un nouveau Blankass reste quand même attirante. Parce que ce groupe là n’a fait
que progresser d’album en album et qu’il n’y a pas de raison que ça change.
Et en effet, pas changement majeur sur Elliott. On retrouve
ces chansons qui s’imposent instantanément. C’est une évidence, avec L’homme Fleur, Blankass a franchi un
palier et ce n’était pas par hasard puisque Elliott est du même niveau. Leur
Rock est toujours aussi efficace et les textes sont de mieux en mieux écrits. A
commencer par Mon Drapeau, belle
chanson sur les rêves et les espoirs qu’on a tous en nous et qu’on n’ose pas
toujours atteindre. Il y a aussi le single Fatigué,
dont le riff de guitare me rappelle une autre chanson, mais je n’arrive pas à
mettre le doigt dessus… Toujours est il que ça ressemble à un single idéal à la
musique catchy et au texte fédérateur. Comme L’homme
Fleur, cet album démarre en trombe avec une suite de six titres tous très
réussis. Qui Que Tu Sois est
simplement superbe et met en lumière le nouveau talent d’écriture des frères
Ledoux : « Un jour peut être on reverra ce qu’on a perdu. La fleur
des rues, mon cœur n’a jamais disparu. On était si beau, on aurait fait pleurer
les corbeaux. Je veux te parler de tout ce qu’on a oublié. Reste avec moi,
reste avec moi. Qui que tu sois, reste avec moi.». Au Costes A Côté parle encore d’un sujet qui leur tient à cœur,
celui que quelqu’un a un jour appelé la fracture sociale, celle qui empêche la
communication et les relations sans a priori. Le Passage est une sorte d’hymne entre Rock et cordes que le groupe
aurait été bien incapable d’écrire il y a quelques années encore. Aujourd’hui,
ce titre est une des pièces maîtresses d’Elliott.
Ajoutez y un sensible Je N’avais Pas Vu
est et vous obtenez un sans faute.
Ensuite, ça se calme un peu, avec quelques chansons moins
fortes musicalement, mais aussi plus intimes, des chansons où Blankass se livre
beaucoup plus que d’habitude. On trouve aussi Soleil Inconnu, hommage à toutes les armées de l’ombre et La Faille chanson-hymne typique de Blankass
où l’accordéon de plus en plus discret refait surface pour le meilleur.
Encore une fois, Blankass nous offre un album très
réussi. Leur lente métamorphose se poursuit et elle va dans le bon sens. Après
nous avoir parlé de nous dans L’homme
Fleur, dans Elliott ils nous
parlent aujourd’hui un peu plus d’eux. Juste histoire de nous toucher encore un
peu plus. On a que des raisons de s’en réjouir.
Voir Fatigué en video sur Windows Media Player :
Ici
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.blankass.com
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