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30 octobre 2006



The La's : BBC In Session


Titres

Doledrum
Way Out
Freedom Song
Come In Come Out
Son Of A Gun
There She Goes
I Can't Sleep
Over
Feelin'
Timeless Melody
Callin' All
I O U
Way Out
I Can't Sleep
Timeless Melody
Callin' All
Feelin'


Ce groupe là restera toujours une énigme pour les chercheurs du petit monde du Rock dans le futur. Qu’est ce qui peut expliquer qu’un groupe soit capable de sortir un album aussi fabuleux (et je pèse mes mots) que The La’s, puisse le renier et ne plus rien enregistrer ensuite par pur dépit ? Parce que finalement, l’histoire des La’s ressemble à ça. Pour préciser les choses, il faut quand même savoir que ce groupe venu de Liverpool existe depuis le milieu des années ’80. Il n’a enregistré son premier et unique album qu’en 1990, après avoir usé la patience de multiples producteurs et de sa propre maison de disque, fatiguée de financer pendant des années un album qui n’en finissait pas d’être réenregistré pour être jeté ensuite. Tout ça parce que Lee Mavers, leader despotique du groupe, avait une vision tellement précise et obsessionnelle du son que devait avoir son album, qu’il ne l’a apparemment jamais trouvé. Le label de l’époque a finalement décidé de sortir l’album en 1990 tel qu’il était (finalement produit par Steve Lillywhite qui avait déjà travaillé avec U2, Simple Minds, Big Country et autres grosses écuries du moment). Une sortie qui s’est faite sans l’accord de Lee Mavers qui n’a jamais cessé ensuite de renier cet album en criant partout que la production était nulle et trahissait totalement ses chansons.

Pourtant, les fans du groupe (et ils sont nombreux à être tombés définitivement amoureux de ce disque là) ne voyaient pas où  se trouvait le problème. C’est aussi mon avis. Pour moi, The La’s est simplement un des meilleurs albums anglais de tous les temps. On y croisait des chansons qui retrouvaient la pureté mélodique des débuts des Beatles, le lien de parenté n’étant pas que géographique. Le mariage parfait des guitares acoustiques et électriques nues comme au premier jour, râpeuses et pourtant incroyablement mélodiques, la voix de Lee Mavers et les chœurs d’un niveau digne de figurer dans le Guiness des records et puis surtout ces mélodies à rendre fou de bonheur n’importe quel amateur d’harmonies musicales. Tout ça fait de The La’s un album unique et irremplaçable. Le terme album culte est souvent utilisé à toutes les sauces, mais celui là en est vraiment un.

On comprend d‘autant moins pourquoi ce disque n’a jamais eu de suite. Peut être Lee Mavers avait il déjà tout donné avec cette poignée de chansons et se cachait il derrière ce prétendu dégoût d’un business musical qui l’avait trahi. Peut être est il réellement mégalomane ? Allez savoir… Toujours est-il qu’aujourd’hui, la sortie de ce BBC In Session est l’occasion rêvée de pouvoir reparler de ce groupe là. Ca fait maintenant plus de 15 ans que j’écoute régulièrement cet unique album qui ne prendra apparemment jamais de rides. Ce BBC In Session (sorti avec le consentement de Lee Mavers ?) est le premier enregistrement du groupe mis à notre disposition depuis 15 ans, en dehors des deux albums de chutes de studios et de maquettes sortis il y a quelques années, mais vraiment réservés aux fans purs et durs. Ce nouveau disque est forcément une bonne nouvelle. D’autant plus qu’il a été enregistré lors de plusieurs sessions radio, dans les conditions du live, mais sans public qui hurle. Le son est donc impeccable, plus brut et « rural », plus vibrant et vivant que sur l’album original. J’ai comme l’impression que le son de ces enregistrements doit bien plus correspondre à ce que Lee Mavers imaginait pour son album. Il suffit de réécouter l’original pour comprendre la différence. L’album de 1990, loin d’être surproduit, est pourtant aux antipodes du son brut de ces cessions radio.

On redécouvre donc ici avec bonheur la plupart des chansons de l’album de 1990, avec des classiques comme Doledrum, l’hymne There She Goes dans une version nettement plus enlevée et Rock que l’original. Le traitement enjoué de Son Of A Gun lui donne des couleurs assez pétillantes et Timeless Melody fait toujours partie de mes chansons préférées, entre autres beaux moments. Ce qui frappe surtout, c’est la concision extrême des morceaux, beaucoup font moins de 3 minutes, voire moins de 2. Encore une obsession de Lee Mavers : ne pas se disperser, ne pas en faire trop. Ca donne souvent une impression de « trop peu », mais comme on retrouve certains titres sous plusieurs versions, puisqu’enregistrés lors de sessions différentes radio, ça résout un peu le problème. Quand on aime cette musique, on est capable de l’écouter en boucle, alors…

Ce disque là, tout comme l’album de 1990, est indispensable à tous ceux qui sont tombés amoureux de ce groupe à sa naissance. Mais il est tout aussi indispensable à tous ceux qui auraient raté le premier train et qui ne veulent pas passer à côté d’un des meilleurs groupes de ces 20 dernières années.




The Album Leaf : Into The Blue Again

Titres

Light
Always for You
Shine
Writings on the Wall
Red-Eye
See in You
Into the Sea
Wherever I Go
Wishful Thinking
Broken Arrow


La musique de The Album Leaf ne s’écoute pas. Elle se vit de l’intérieur. Tous ceux qui se sont déjà retrouvés captifs du merveilleux calme de In A Safe Place le savent déjà. Jamais un disque n’avait transmit autant de sérénité et de beauté intérieure. A l’époque, j’avais qualifié In A Safe Place de miracle. Depuis, mon avis sur ce disque n’a pas varié d’un pouce. Et enfin, Jimmy LaValle nous offre la suite de ce rêve éveillé, pas enregistré en Islande cette fois, mais toujours en collaboration avec Jon Thor Birgisson de Sigur Ros. La filiation entre les deux albums est évidente dès les premières notes. On retrouve ces climats flottants, ces harmonies au ralenti, ces échos et réverbérations qui visent l’infini.

Et c’est en écoutant ça que je me rends compte que cette musique là m’a manqué. Pourtant, j’écoute régulièrement In A Safe Place, mais à chaque fois, j’ai l’impression de la redécouvrir. Et quitter cette musique est toujours aussi difficile, elle donne une irrémédiable envie de l’écouter en boucle, tellement c’est bon. Into The Blue Again fait le même effet. Ce disque est la suite logique du précédent, la suite du rêve qu’on a tant aimé vivre. On l’accueille forcément avec le même plaisir, mais sans le plaisir immense de la découverte. C’est peut être ça qui donne cette impression familière et finalement sans surprise, un peu comme de se glisser dans ses chaussures préférées, les seules qui ne vous font jamais mal aux pieds, les seules qui donnent l’impression d’avoir été fabriquées rien que pour vous.

Si Into The Blue Again a un défaut, c’est peut être ça : cette trop grande similitude avec In A Safe Place. Un défaut qu’on peut aussi voir comme une qualité quand on a adoré le précédent. Parce que pour le reste, c’est le même bonheur. Il suffit de fermer les yeux et l’effet est immédiat : le voyage commence. En apesanteur (ou flottant entre deux eaux) pour commencer, avec The Light. Always For You et Shine nous sortent un peu du rêve et se rapprochent d’un Trip Hop royal, avec leur rythmique électronique qui sert juste de support aux fines architectures. L’excellent Electro. Writings On The Wall est dans la même veine. Mais, ce n’est que pour mieux distraire notre attention, juste avant de repartir vers une musique Ambiant qui donne envie de ne surtout pas rouvrir les yeux avant l’atterrissage final. On a de nouveau l’impression de faire ce voyage intérieur qui nous rapproche d’une sorte de paix intime si agréable et si difficile à trouver. Et c’est ça qui rend la musique de The Album Leaf si unique et si indispensable.

De nouveau, on se retrouve entraînés par ces courants chauds qui ne ressemblent à rien d’autre, comme sur ce Into The Sea délicat où Wherever I Go royal qui fait sentir à quel point Moby est loin du compte quand il s’essaye à faire de l’Ambiant. Jimmy LaValle possède cette sensibilité unique qui lui permet d’écrire de petites architectures délicates et jamais pompeuses, jamais prétentieuses. Ecoutez Wishful Thinking, son piano et ses cordes. Beaucoup s’y seraient cassés les dents, Jimmy LaValle en fait juste une merveille de douceur et de grâce.

Encore une fois, avec Into The Blue Again, The Album Leaf nous offre un régal de douceur et de couleurs pastel. Un nouveau voyage loin au dessus du gris ambiant, loin de notre vie de tous les jours.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.albumleaf.com


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