30 juin 2003
En ce début de période estivale, je vous propose trois destinations, les Etats Unis, le Pays de Galles et L'écosse. Bons voyages.
Eels : Shootenanny
Titres
All In A Day's Work
Saturday Morning
The Good Old Days
Love Of The Loveless
Dirty Girl
Agony
Rock Hard Times
Restraining Order Blues
Lone Wolf
Wrong About Bobby
Numbered Days
Fashion Awards
Somebody Loves You
Shootenanny ! est le cinquième album pour Eels. Et c’est le cinquième moment de pur bonheur, comme à chaque fois. Mark Olivier Everett, chanteur, auteur, compositeur et âme du groupe (alias E, c’est plus simple), nous livre encore une fois un grand album. A tel point qu’on a l’impression que c’est naturel chez lui. On ne sent en effet aucun effort particulier ici, aucune ambition démesurée, mais l’ensemble est parfait, comme d’habitude. Après tout, c’est peut être ça qu’on appelle le talent. Je ne saurais pas vous expliquer pourquoi, mais Eels fait partie de mon petit univers personnel, et ça depuis le début, depuis leur premier opus Beautiful Freaks sorti en 1996, en fait. Pourquoi eux ? C’est peut être dû au son unique de leurs albums, à la simplicité lumineuse de leurs chansons. Franchement, je n’en sais rien et pour une fois j’ai du mal a traduire en mots ce que je ressens. Dans leur cas, c’est purement viscéral. J’adore sans trop savoir vous dire pourquoi.
Dans l’absolu, leurs chansons n’ont rien de plus que celles des autres. Les paroles ne sont pas meilleures, les mélodies pas plus transcendantes, le chant pas plus fabuleux. Alors quoi ? Le mieux est d’écouter un de leurs disques pour comprendre. J’ai personnellement une affection toute particulière pour Beautiful Freaks, car il représente pour moi le choc de la découverte, le coup de foudre immédiat pour ce groupe, mais Shootenany ! est un excellent cru qui saura aussi convaincre tous ceux qui prendront la peine d’y jeter une oreille attentive.
Tentez l’expérience, il n’y a que de cette façon que vous pourrez capter le charme unique de leurs chansons. Eels a la faculté de créer des morceaux qui vous enveloppent à la façon d’une écharpe bien chaude en plein hiver. Je sais, c’est pas vraiment de saison, mais bon, c’est pour essayer de vous faire comprendre la sensation de bien être et de chaude intimité ressentie à l’écoute de leur musique et de cet album en particulier. En effet, après une période un peu plus expérimentale sur Souljacker, leur précédent CD, ils nous reviennent dans un style beaucoup plus classique et Pop et à mon sens, c’est ce qu’ils font le mieux. Après un morceau d’introduction qui rappelle un peu le style Souljacker, Saturday Morning nous fait comprendre que Shootenany ! est beaucoup plus frais et fringant. En un mot, beaucoup plus facile. Je suppose qu’ils ont compris qu’il n’était pas nécessaire de déstructurer un morceau ou de tenter des expériences sonores pour composer des choses intéressantes. Dans leur simplicité, les chansons de ce disque s’approchent de ce que le groupe a fait de mieux. La nostalgie de The Good Old Days ou la douceur de Love Of The Loveless sont capables de vous toucher en plein cœur. Dirty Girl et Lone Wolf sauront vous faire battre de la semelle, alors que les Blues magnifiques que sont Agony et Restraining Order Blues sauront vous ramener les pieds sur terre. En fait, ce disque contient, comme d’habitude chez ce groupe, son lot de grandes chansons. Et puis surtout il y toujours la voix de E. Sûrement pas une voix fabuleuse, techniquement parlant, mais son timbre voilé est gorgé d’émotion et donne à toutes les chansons de ce disque un charme bien particulier. C’est peut être ça la magie de Eels, cette voix posée sur des mélodies simples et belles.
Shootenany ! est un disque aux tempos globalement calmes et reposés. Un peu comme si le groupe, après avoir essayé diverses voies et exploré différentes contrées étrangères, était finalement revenu à ses premières amours mélodiques, mais maintenant apaisé et surtout sûr de suivre le bon chemin. Alors, si vous ne les connaissez pas encore, par sa simplicité et sa facilité d’accès, Shootenany ! me paraît être l’album parfait pour les découvrir.
Pour plus d'informations, le site officiel :
www.eelstheband.com
Stereophonics : You Gotta Go There to Come Back
Titres
Help Me (She's Out of Her Mind)
Maybe Tomorrow
Madame Helga
Climbing the Wall
Getaway
You Stole My Money Honey
Jealousy
I'm Alright (You Gotta Go There to Come Back)
Nothing Precious At All
Rainbows and Pots of Gold
I Miss You Now
High as the Ceiling
Since I Told You It's Over
Après les forts réussis Performance And Cocktails, Words Get Around et Just Enough Education To Perform, les gallois de Stereophonics nous livre ce mois ci leur quatrième album qui a pour titre You Gotta Go There To Come Back. Leurs précédents disque avaient réussis à me séduire par leur profusion d’hymnes Rock à reprendre en chœur, par la qualité de chansons qui savaient vous donner la pêche et vous mettre de bonne humeur. Vous savez, le genre de groupe qui vous donne l’impression d’être des copains à vous et qui ne joue que pour vous. Le moins qu’on puisse dire est que ce dernier album est très différent des précédents. Les Stereophonics ont laissé de côté leur art de la chanson Pop-Rock pour passer à autre chose. Cet album est construit autour de chansons aux tempos plus calme, à des ballades tranquilles, voire même à des chansons qui rappellent le style Oasis.
Pour ceux qui connaissent et apprécient les Stereophonics depuis leurs débuts, la transition est plutôt brutale. Ce groupe donnait jusque là l’impression de vouloir faire à longueur d’albums le même genre de musical, peut être pas très innovant ni très risqué, mais en tous cas fort agréable à retrouver à chaque fois. On s’était presque habitué à l’idée qu’ils nous referaient des Performance And Cocktails jusqu’à la retraite, des chansons toniques adossées sur de grosse guitares et la voix éraillée de Kelly Jones. Il reste un peu de ça dans You Gotta Go There To Come Back, mais par bribes seulement. Help Me est parfaitement dans l’esprit des disques précédents, tout comme Madame Helga ou Jealousy. Et c’est à peu près tout. Le reste est découpé en deux styles assez distincts : d’une part des ballades presque acoustiques et de l’autre des chansons très typées 70’s.
En fait, cet album ne présente pas l’unité des précédents. Il donne un peu l’impression de partir un peu dans tous les sens en essayant de manger un peu à tous les râteliers. Malgré ça, les bonnes chansons ne manquent pas sur ce disque, notamment Maybe Tomorrow, beau morceau mid-tempo ou l’excellent I’m Alright qui préfigure peut être la nouvelle direction musicale vers laquelle les Stereophonics vont tendre dans le futur. Personnellement, j’adhère totalement. I Miss You Now, ballade un peu Blues et Jazzy tranche totalement avec leurs chansons passées. Since I told You It’s Over est une belle ballade vraiment dans l’esprit des Stereophonics d’antan, alors que High As The Ceiling sonne vraiment comme une tentative plutôt ratée de clonage de morceau 70’s.
Finalement, mon impression à l’écoute de ce disque est plutôt mitigée. Pour une fois, je n’aime que certains morceaux, mais pas tous. J’aurai donc tendance à dire que cet album est leur moins bon. Mais cet avis est celui de quelqu’un qui regrette de voir changer un groupe qu’il aimait tel qu’il était, avec ses qualités et ses limites qui le rendait sympathique. Je trouve que You Gotta Go There To Come Back est le disque de l’éparpillement. On ne sent plus vraiment de ligne directrice, comme si le groupe se cherchait un futur lui permettant de couper les ponts avec le passé, sûrement pour ne pas se répéter. Le moins qu’on puisse dire est qu’ils donnent l’impression de se chercher. Alors oui, cet album est peut être leur moins bon, mais il représente peut être le chaînon indispensable entre leur brillant passé et un futur que je leur souhaite plus inspiré. En ce sens, ce disque s’adresse surtout aux fans. Pour les autres, les trois précédents albums sont vivement conseillés, surtout Performance And Cocktails, mon préféré jusqu’ici.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.stereophonics.com
The Waterboys : Universal Hall
Titres
This light is for the world
Christ in you
Silent fellowship
Every breath is yours
Peace of Iona
Ain't no words for the things I'm feeling
Seek the light
I've lived here before
Always dancing never getting tired
Dance at the crossroads
EBOL
Universal Hall
Déjà 20 ans d’existence pour les Waterboys. Une belle quantité d’albums, un beau voyage à travers de multiples genres musicaux, de nombreux pays où le groupe s’est amarré, une trentaine de musiciens différents ayant participés à l’aventure. Bref, la vie des Waterboys n’a pas jamais été une ligne droite et la vie des fans de Mike Scott, âme du groupe et seul membre réellement permanent, n’a pas toujours été facile. L’homme est en effet aussi difficile à cerner qu’à pister. L’histoire commence en 1983, en Ecosse, avec l’album Waterboys qui va révéler un grand songwriter et un chanteur à la voix vibrante et habitée. Les deux albums suivant verront naître ce que le groupe appela la Big Music, un Rock ample et lyrique, et ne feront que confirmer le talent de Mike Scott et de son groupe. En 1988 arrive le premier virage à 180° et la première difficulté pour ceux qui aiment ce groupe. Fini le Rock des débuts. Mike Scott, musicien celte dans l’âme, émigre en Irlande, tombe amoureux de ce pays, de ses habitants et de leur musique. Fisherman’s Blues sera un chef d’œuvre de musique celte qui mariera l’Irlande et l’Ecosse. Rooms To Roam qui lui succède deux ans plus tard vaut lui aussi le détour. L’expérience irlandaise s’arrête là. L’histoire reprend après un break de 3 ans, avec l’excellent Dream Harder, puis s’arrête une nouvelle fois. A ce moment, Mike Scott décide de partir seul, de composer seul et d’enregistrer avec assez peu de moyens. Il sortira deux merveilles d’albums solo, lumineux et emplis d’émotion : Bring ‘Em All In et Still Burning. A cette époque, on sent chez lui le début d’une quête, il entre dans une période plus mystique. Puis il disparaît à nouveau de la circulation pendant quelques années pour réapparaître en 2000 en reformant les Waterboys. Plus aucun rapport avec le groupe d’antan, Mike Scott étant le seul membre restant. C’est le retour au Rock, mais à un Rock plus torturé que joyeux, un album qui lui ressemblait assez peu et qui n’était pas son meilleur. L’homme n’avait apparemment toujours pas trouvé la paix de l’esprit.
Nous arrive maintenant Universal Hall. Et comme à chaque fois que j’achète un album de Mike Scott, avant d’ouvrir l’emballage et de poser le CD dans le lecteur, je ne sais pas à quoi m’attendre, je ne sais pas à quel contre-pied je vais avoir droit. La seule chose dont je soit sûr est que je ne serais pas déçu, comme pour chacun de ses prédécesseurs. Le talent d’écriture de Mike Scott est tellement énorme (et tout aussi méconnu), que quel que soit le style musical du jour, les chansons seront de toute façon excellentes. Et dès This Light Is For The World, j’en ai la confirmation. Avec ce morceau, j’ai l’impression de parcourir toute la carrière de Mike Scott. Il porte en lui un peu de toutes les périodes traversées pendant ces 20 ans : une chanson simple et ample, au piano comme dans le 1er album, accompagnée de violons, comme à sa belle époque irlandaise. Bon début. The Christ In You, est digne de sa période solo : une magnifique chanson, simplissime, à base d’une unique guitare, d’un violon et de la voix toujours aussi habitée et vibrante de Mike Scott qui donne ici l’impression de nous ouvrir son âme. Silent Fellowship est une chanson plus dans la lignée de ses albums récents, Pop et facile. En trois morceaux, on a visité tout le passé des Waterboys. Cette fois, Mike Scott n’a pas pris de nouveau virage, ou bien le virage qu’il vient de prendre l’a ramené sur un chemin déjà emprunté auparavant. Un chemin connu, qui ne rappelle que de bons souvenirs, et si agréable à emprunter à nouveau. Sur Universal Hall, on navigue d’un genre à l’autre, d’une époque à l’autre. Ca ressemblerait presque à une sorte de Best Of, mais composé uniquement de nouveaux morceaux totalement inédits. Prenez Peace Of Iona, autre chanson avec guitare et violon, c’est un alliage de plusieurs styles visités par Mike Scott et fusionnés de cette façon, ils donnent un résultat qui ressemble à de l’or. Ce morceau fait partie des plus beaux qu’il ait écrit. Ajoutez à ça, le dernier morceau, Universal Hall, qui est à peu près du même niveau, et vous comprendrez que j'aime forcément ce disque.
Voilà donc un retour que je n’attendais pas si brillant, après un Rock In A Weary Land assez décevant en 2000. Mike Scott est ici en grande forme, toujours aussi brillant songwriter, apparemment apaisé et capable à nouveau d’écrire de petites merveilles de chansons, simples et sans artifices inutiles. Le genre de chansons qui, débarrassées de tout effet de studio, continuent à être magnifiques avec juste une guitare ou un piano pour accompagnement. Je ne saurais donc trop vous recommander de découvrir ce disque et surtout de découvrir cet homme là si vous ne le connaissez pas encore. Mike Scott mérite incontestablement un petit détour pour prendre la peine d'aller le rencontrer.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.mikescottwaterboys.com
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