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29 octobre 2007



Runrig : Everything You See


Titres

Year Of The Flood
Road Trip
Clash Of The Ash
The Ocean Road
Atoms
An Dealachadh
This Day
Sona
Something'S Got To Give
And The Accordions Played
In Scandinavia


Et encore un. Je ne m'aventurerais pas à essayer de vous dire combien d'albums de Runrig ont précédés celui là. En plus de 30 ans de carrière, entre les albums studio officiels, les live, les compilations diverses et les web albums, ça commence à faire beaucoup. Everything You See fait suite à deux albums que je considère comme faisant partie des meilleurs du groupe. Tâche pas vraiment facile à relever, même si on sait que ce groupe là n'a jamais fait dans le médiocre.

Et comme d'habitude, la première écoute d'un nouveau Runrig me fait toujours le même effet : l'impression de retrouver des amis de toujours. De ceux qu'on ne voit pas souvent mais dont on sait qu'on ne les perdra jamais de vue, parce que le lien est fort. Alors comme d'habitude, le plaisir commence avant même l'écoute, avec l'idée que je me fais de ces nouvelles chansons. Et il se poursuit à chaque fois en les découvrant. Et cette fois encore, je me laisse prendre par ces ballades poignantes, ces Rocks teintés de couleurs celtes, ces Popsongs à reprendre en cœur. Everything You See est encore un bel album de Runrig. Mais bizarrement, cette fois je sens aussi quelque chose d'autre. Comme une routine qui s'installe.

Si on découvre Runrig par cet album, on sera forcément sous le charme de cette poignée de chansons, mais si on connait bien la discographie du groupe, on peut constater que ce nouvel opus n'apporte rien de neuf, qu'il lui manque ce petit truc en plus qui faisaient décoller les albums précédents, qui le rendait toujours un peu meilleur que celui d'avant. Cet album dégage une sorte de tristesse inhabituelle et j'ai l'impression (peut être très personnelle) que le groupe fait juste son boulot, sans plus. Et pourtant, on trouve dans Everything You See quelques chansons qui s'imposent immédiatement parmi les plus belles de leur répertoire. Comme quoi, même en roue libre et la tête ailleurs, Runrig reste encore bien au dessus de la concurrence.

Parce que comme d'habitude, ils maitrisent l'art de la mélodie comme personne et l'apparition des instruments traditionnels est toujours un régal, même s'ils se font plus discrets sur Everything You See. La majorité des chansons est du genre mid tempo, plus Pop que Rock, mais d'une efficacité toujours exemplaire. En fait, je crois que le principal grief que j'ai à faire à ce disque est qu'il manque d'aspérités, qu'il manque de prise de risque et de nouveauté. Vous me direz que c'est pas quand on a 30 ans de carrière derrière soi qu'on va commencer à prendre des risques. Et vous aurez raison. Ceci dit, Everything You See est quand même plein à raz bord de bonnes chansons dont certaines feront sûrement partie de leurs futurs morceaux de bravoure sur scène, comme Road Trip et Year Of The Flood qui seront forcément reprises en chœur et Clash Of The Ash qui a un je ne sais quoi qui me rappelle les Pogues, l'accordéon sûrement… Avec The Ocean Road, Runrig nous offre même une de ses ballades les plus touchantes, et pourtant ils nous en ont déjà offert beaucoup. Sans parler de An Dealachadh, nouvelle ballade gaélique qui vous donne un billet direct pour l'Ecosse ou l'instrumental Sona qui voit le retour gagnant de la trop rare cornemuse pour la chanson la plus Rock du disque. Alors quoi ? Finalement, qu'est ce que je reproche à Everything You See ? Pas grand-chose finalement, juste son ambiance un peu trop triste et cette sensation diffuse que les choses auraient pu être encore plus belles.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.runrig.co.uk

Et le site francophone entièrement dédié à Runrig : www.runrig.fr




PJ Harvey : White Chalk

Titres

The Devil
Dear Darkness
Grow Grow Grow
When Under Ether
White Chalk
Broken Harp
Silence
To Talk To You
The Piano
Before Departure
The Mountain

 

On était prévenus, on savait déjà qu'avec PJ Harvey on pouvait s'attendre à tout ou presque. Maintenant, on sait qu'elle restera toujours capable de nous surprendre, même si on reste sur nos gardes. Franchement, connaissant la dame, je ne pense pas qu'on pouvait s'attendre à ce que contient White Chalk. Le changement est tellement brutal que PJ Harvey en devient méconnaissable. Même sa voix, sa façon de chanter, nous apparait totalement nouvelle.

Les chansons de White Chalk ne reposent bien souvent que sur une rythmique discrète, un piano, voire une guitare acoustique, et la voix de PJ Harvey. Des chansons d'une blancheur immaculée, comme la craie qui donne son titre à l'album. Des chansons d'apparence diaphanes, légères comme un voile qui flotterait dans le vent. Oui, mais parce qu'elle continue à être la PJ Harvey qu'on a connus, même dans sa belle robe blanche, le tableau qu'elle nous offre n'est pas aussi net que ça. PJ Harvey n'est pas brutalement passée du noir au blanc. Comme la craie blanche qui peut crisser de façon insupportable sur le tableau noir, tout dépend comment on aborde les chansons de ce disque. Dans les chansons de White Chalk, il y a quelque chose d'inquiétant, de désespéré. Ces chansons là semblent sortir tout droit d'une contrée proche de la rupture brutale, du pétage de plomb. Comme un dernier cri silencieux juste avant l'explosion. Comme le calme avant la tempête. Comme la vie juste avant la mort.

Et c'est justement cette tension là qui donne à White Chalk toute sa matière, toute son épaisseur. Si on écoute distraitement cet album, on pourrait presque penser être en train d'écouter quelques jolies ballades sans conséquence. Si on tend l'oreille, on découvre tout autre chose : un album d'une beauté glaçante. Le genre de disque qui vous habitera longtemps, jusque dans vos rêves. Je serais presque tenté de croire que cet album a quelque chose à voir avec les esprits et les fantômes. Là, vous pouvez penser que je délire, que j'ai trop fumé, mais écoutez To Talk To You et dites moi si vous ne ressentez pas vous aussi cette impression là. Il y a dans certaines chansons de White Chalk quelque chose d'assez proche de l'univers d'un Danny Elfman dans les films de Tim Burton, mais sans l'emphase instrumentale.

Les chansons de White Chalk sont d'une fragilité incroyable. On n'ose plus bouger de peur de les abîmer. On n'ose plus parler pour ne pas briser la magie. Parce que la magie imprègne toutes les chansons de ce disque. Ca tient à pas grand-chose, un subtil équilibre, une nuance dans la voix, la fragilité d'un édifice dont on se demande comment il peut tenir debout. Quand on se prend de front The Devil et Dear Darkness, on ne peut qu'être ébahi devant ces mélodies éthérées et cette mise à nue intégrale. Là, il ne reste plus que l'émotion brute. Rien d'autre. A partir de là, soit on adhère et on adore, soit on s'enfuie devant cette musique trop impudique. Et si on accepte les règles du jeu, on découvre des perles rares, comme Silence, When Under Ether ou White Chalk qui semble traverser les profondeurs marines avant d'arriver jusqu'à nos oreilles.

PJ Harvey est méconnaissable, c'est un fait. Mais finalement, sa musique est toujours la même, toujours sur le fil du rasoir, toujours brute et sans fioritures. Elle n'a fait que transformer son aspect extérieur. Elle est toujours à la recherche d'une certaine forme de " vérité " musicale qui ne se cacherait jamais derrière des apparences trompeuses. Avec White Chalk, elle n'a peut être jamais été aussi proche de son but. La métamorphose est peut être spectaculaire (et trop brutale pour certains) mais elle lui permet surtout d'enfanter d'un album qui marquera sa carrière autant qu'il marquera forcément cette année 2007.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.pjharvey.net

Et une vidéo de White Chalk ICI



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