The Devil
Dear Darkness
Grow Grow Grow
When Under Ether
White Chalk
Broken Harp
Silence
To Talk To You
The Piano
Before Departure
The Mountain
On était prévenus, on savait déjà
qu'avec PJ Harvey on pouvait s'attendre à tout ou presque. Maintenant,
on sait qu'elle restera toujours capable de nous surprendre, même si on
reste sur nos gardes. Franchement, connaissant la dame, je ne pense pas
qu'on pouvait s'attendre à ce que contient White Chalk. Le changement
est tellement brutal que PJ Harvey en devient méconnaissable. Même sa
voix, sa façon de chanter, nous apparait totalement nouvelle.
Les chansons de White Chalk
ne reposent bien souvent que sur une rythmique discrète, un piano, voire
une guitare acoustique, et la voix de PJ Harvey. Des chansons d'une blancheur
immaculée, comme la craie qui donne son titre à l'album. Des chansons
d'apparence diaphanes, légères comme un voile qui flotterait dans le vent.
Oui, mais parce qu'elle continue à être la PJ Harvey qu'on a connus, même
dans sa belle robe blanche, le tableau qu'elle nous offre n'est pas aussi
net que ça. PJ Harvey n'est pas brutalement passée du noir au blanc. Comme
la craie blanche qui peut crisser de façon insupportable sur le tableau
noir, tout dépend comment on aborde les chansons de ce disque. Dans les
chansons de White Chalk, il y a quelque chose d'inquiétant, de
désespéré. Ces chansons là semblent sortir tout droit d'une contrée proche
de la rupture brutale, du pétage de plomb. Comme un dernier cri silencieux
juste avant l'explosion. Comme le calme avant la tempête. Comme la vie
juste avant la mort.
Et c'est justement cette tension
là qui donne à White Chalk toute sa matière, toute son épaisseur.
Si on écoute distraitement cet album, on pourrait presque penser être
en train d'écouter quelques jolies ballades sans conséquence. Si on tend
l'oreille, on découvre tout autre chose : un album d'une beauté glaçante.
Le genre de disque qui vous habitera longtemps, jusque dans vos rêves.
Je serais presque tenté de croire que cet album a quelque chose à voir
avec les esprits et les fantômes. Là, vous pouvez penser que je délire,
que j'ai trop fumé, mais écoutez To Talk To You et dites moi
si vous ne ressentez pas vous aussi cette impression là. Il y a dans certaines
chansons de White Chalk quelque chose d'assez proche de l'univers d'un
Danny Elfman dans les films de Tim Burton, mais sans l'emphase instrumentale.
Les chansons de White Chalk
sont d'une fragilité incroyable. On n'ose plus bouger de peur de les abîmer.
On n'ose plus parler pour ne pas briser la magie. Parce que la magie imprègne
toutes les chansons de ce disque. Ca tient à pas grand-chose, un subtil
équilibre, une nuance dans la voix, la fragilité d'un édifice dont on
se demande comment il peut tenir debout. Quand on se prend de front The
Devil et Dear Darkness, on ne peut qu'être ébahi devant
ces mélodies éthérées et cette mise à nue intégrale. Là, il ne reste plus
que l'émotion brute. Rien d'autre. A partir de là, soit on adhère et on
adore, soit on s'enfuie devant cette musique trop impudique. Et si on
accepte les règles du jeu, on découvre des perles rares, comme Silence,
When Under Ether ou White Chalk qui semble traverser
les profondeurs marines avant d'arriver jusqu'à nos oreilles.
PJ Harvey est méconnaissable, c'est
un fait. Mais finalement, sa musique est toujours la même, toujours sur
le fil du rasoir, toujours brute et sans fioritures. Elle n'a fait que
transformer son aspect extérieur. Elle est toujours à la recherche d'une
certaine forme de " vérité " musicale qui ne se cacherait jamais derrière
des apparences trompeuses. Avec White Chalk, elle n'a peut être
jamais été aussi proche de son but. La métamorphose est peut être spectaculaire
(et trop brutale pour certains) mais elle lui permet surtout d'enfanter
d'un album qui marquera sa carrière autant qu'il marquera forcément cette
année 2007.
Pour plus d'nformations, le site officiel :