Bien que ce Rest Now, Weary Head! You Will Get Well Soon ressemble fort à un hommage appuyé aux principales influences de Konstantin Gropper, le jeune allemand qui se cache derrière ce nom de groupe, il est aussi bien plus que ça. D'abord grâce à un don inné pour la mélodie, mais surtout grâce à un talent certain. Ce premier album provoquera donc deux réactions distinctes chez l'auditeur : une première écoute qui prêtera à sourire tellement les origines de la musique qu'on écoute sont évidentes et presque scolaires, puis les suivantes qui ne feront que nous convaincre que ce Konstantin Gropper à quand même quelque chose de spécial. Ensuite vient l'irrésistible envie de se repasser l'album encore et encore. Et là, c'est un signe qui ne trompe pas.

Au niveau des références si évidentes, on pourra citer pèle mêle des gens comme Divine Comedy, Radiohead, Arcade Fire ou Beirut pour les plus marquantes. Pas franchement des boutes en train pour la plupart, mais tout ça mis ensemble finit par faire du beau monde. Ca donne surtout l'assurance d'une musique qui gravite entre spleen souvent tenace et lyrisme parfois flamboyant. Ce qui finalement peut donner une définition assez précise de la musique de Get Well Soon. Le titre de l'album est directement tiré de la première phrase prononcée dans cet album. Le nom du groupe en est également issu. Voilà qui donne une impression très logique, très ordonnée. Allemande, quoi. Et il est vrai que la suite de l'album ne laisse pas vraiment place à l'improvisation ou à la surprise. Mais c'est bien le seul défaut du disque. Konstantin Gropper a beau s'inspirer ouvertement de l'univers de musiciens clairement identifiés, il sait aussi parfaitement y ajouter sa patte personnelle pour construire des chansons qu'on prendra plaisir à écouter souvent. You, Aurora, You, Seaside part de sons et d'harmonies proches de Beirut mais sait parfaitement creuser son propre sillon, Christmas in Adventure Parks tourbe autour de l'univers de Neil Hannon sans pour autant le piller, quand au très touchant I Sold My Hands for Food So Please Feed Me, il rappelle forcément Radiohead. Ces trois chansons ont toutes un point commun, comme la plupart des autres elles sont vraiment très belles. On sent bien que Konstantin Gropper a du bosser comme un fou sur les mélodies et les harmonies, qu'il a du passer un temps infini pour que tout soit vraiment parfait et exactement à sa place.

Mais bien évidemment, Konstantin Gropper n'est pas qu'un élève appliqué, il a quelque chose en plus. Un truc qui s'appelle le talent et qui éclate dans une chanson comme If This Hat Is Missing I Have Gone Hunting. Ca démarre comme du Divine Comedy, juste avant d'être méchamment interrompue pas un refrain fait de voix féminines totalement incongrues qui tombent là comme un cheveu sur la soupe. La suite verra les deux mélodies finir par se rejoindre dans un final magnifique, avec une maîtrise parfaire du timing et de l'architecture sonore. Cette chanson est géniale. A elle seule, elle justifie l'achat du disque. Carrément. Cette chanson est le genre de détail qui me fait dire que Get Well Soon est promis à un très bel avenir. Mais en dehors de ce diamant, Now, Weary Head! You Will Get Well Soon contient aussi beaucoup d'autres belles choses qui méritent le détour, comme le très orchestral Witches! Witches! Rest Now in the Fire avec ses violons partout ou le dépouillé Tick Tack! Goes My Automatic Heart qui bat au rythme du coeur. C'est bien simple, on ne s'ennuie pas une seconde à l'écoute de ce premier essai vraiment maîtrisé de bout en bout. Et surtout, on oublie très vite le petit jeu des comparaisons pour goûter ces mélodies pour ce qu'elles sont, pour leurs propres qualités. On ne pourra vraiment reprocher qu'une seule chose à Konstantin Gropper, c'est d'avoir tellement cherché à être parfait qu'il a finalement un peu oublié d'y mettre du cœur. Il manque juste cette petite étincelle de passion qu'on trouve chez Arcade Fire ou Beirut pour que Now, Weary Head! You Will Get Well Soon passe du statut de bon album à celui d'album indispensable. Mais malgré ça, il reste une des plus belles révélations de 2008.