29 aout 2005


La rentrée musicale s'annonce belle cette année. Pour commencer, un retour au source du génie d'Arcade Fire et un nouveau groupe anglais très prometteur.

Editors : The Back Room

Titres

Lights
Munich
Blood
Fall
All Sparks
Camera
Fingers In The Factories
Bullets
Someone Says
Open Your Arms
Distance

Ne les appelez surtout pas THE Editors, ça les agace. Eux, leur nom c’est Editors. Et pourtant, quand on écoute leur musique, elle a presque toutes les caractéristiques des groupes en THE qui pullulent en ce moment. La musique des Editors vient aussi en droite ligne des 80’s. C’est ce même Rock post-Punk, à la fois inquiet, sombre et dynamique, héritier à la fois de Joy Division et de U2. Ou si on cherche des références plus récentes (puisqu’ils sont finalement devenus une référence), on pourra citer Interpol. Encore un de plus me direz vous ? Y’en a mare! Oui, mais ceux là ont quelque chose en plus : ils savent écrire des chansons et se placent d’emblée au dessus du lot.
Chez les anglais, Editors est la sensation de la semaine, le nouveau super groupe qui… bla bla bla. On connaît la chanson par cœur. Le nationalisme aidant, Editors seraient même la réponse anglaise aux américains d’Interpol ! Un peu comme les 2B3 étaient la réponse française aux boys band anglais peut être ? Bon, on arrête de rire. Le mieux est encore d’écouter le disque avec les oreilles les plus neutres possibles, même si le son de ce disque fait ressurgir beaucoup de souvenirs passés et quelques uns plus récents. Le premier étant bien sûr le couple Joy Division / Interpol, mais au delà de ça, à travers la superbe voix de Tom Smith, ce sont bien d’autres choses qui reviennent en mémoire : les morceaux les plus sombres de Simple Minds, d’Echo & The Bunnymen, les lentes mélopées funèbres de Dead Can Dance chantées par Brendan Perry. Bref, que du beau monde. Pas que de la joie de vivre, mais que de belles références.
Editors repart de la même base que ces gens là (même au niveau graphique avec les superbes photos en noir et blanc de couverture signées du photographe Wynn White, artiste à découvrir aussi : http://www.wynnwhitephoto.com/), mais comme on est quand même en 2005, l’habillage musical est forcément différent, moins extrême et torturé, moins désespéré aussi, plus accessible et vendeur. Le format des chansons est nettement plus classique et jamais le groupe n’oublie qu’un bon refrain est la clé d’une chanson réussie qui s’imprimera dans nos mémoires. Et pour ça, ils sont incroyablement doués. En fait, dès les premières notes de Lights, on sait où on se trouve et dans quel univers on va voyager. Mais on est aussi instantanément captivé par cette musique et cette voix. Derrière tout ça il y a plus que du savoir faire, ce qui distingue les Editors de pas mal de leurs contemporains. L’entrée en matière est déjà des plus prometteuse et Munich et son refrain magnifique enfonce brillamment le clou. Sur ce morceau, le timbre de voix assez caméléon de Tom Smith rappelle beaucoup Brendan Perry. Seulement deux morceaux et tout est déjà dit. Editors a déjà réussi à nous scotcher. La suite confirme cette première impression largement positive. Les rapprochements stylistiques abondent mais les chansons de ce disque sont tellement réussies qu’on en oublie vite le passé pour foncer vers le futur. Blood avec ses guitares acides pleines de reverb et sa basse bourdonnante est tout aussi réussie. Quand à All Sparks, il me rappelle les climats si noirs et tendus de Simple Minds période Sister Feelings Call. Et quand le rythme se calme, ça donne des bijoux comme Fall et son refrain qui tue ou Camera, la chanson préférée du groupe, sereine et limpide comme une source, celle qui a donné son titre à l‘album.
Mais contrairement à ce qui se produit souvent sur un disque qui démarre fort, la deuxième moitié du disque soutient la comparaison. La tension ne retombe pas et les chansons gardent le même niveau. Bullets est un autre joli single qui mélange la meilleure Pop et ce son si acide de la Cold Wave 80’s. Someone Says sonne comme un Joy Division qui aurait enfin accepté de laisser entrer la lumière dans sa musique. Même chose pour un Open Your Arms carrément envoûtant et un Distance final qui vous serre le coeur.
Un peu comme Interpol avec leur Turn On The Bright Lights, Editors revisite une époque, mais contrairement à beaucoup d’autres, au lieu de la piller il la réinvente, lui offrant même un futur lumineux.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.editorsofficial.com

Ca faisait un bon moment qu’un groupe ne m’avait pas autant remué. Funeral est pour moi le meilleur album de 2005. Il fait partie de ces albums cruciaux. Ceux qui comptent, ceux qui marquent pour longtemps les gens qui ont eu le bonheur de les écouter. Des albums comme celui là, il y en a forcément peu. Raison de plus pour le savourer à sa juste valeur. Et rendez vous dans dix ans pour dire tout le bien qu’on continuera à en penser.
Une autre chose me paraît importante avec ce disque : il ne ressemble à aucun autre et pourtant il n’invente rien. Ce disque là ne va pas lancer une lame de fond. On ne risque pas de trouver dans les prochains mois des clones d’Arcade Fire dans les bacs. Pourquoi ? Parce qu’Arcade Fire n’a pas de style particulier, pas de genre, pas de gimmick, pas de look. Rien d’identifiable à quoi se raccrocher. Sa musique tient du miracle. Elle vient des tripes, de l’âme. Et pour ça il n’y a pas de recette. Ca ne se duplique pas. Ca ne se recopie pas.
Et pourtant cette musique vient bien de quelque part. Elle a bien une origine, ou alors c’est juste un petit miracle tombé de nulle part, comme l’a été le seul et unique album des La’s par exemple. La chance qu’on a avec Arcade Fire, c’est que Funeral n’est pas leur premier essai. Avant ça, ils avaient déjà sorti un premier EP, passé assez inaperçu à l’époque, mais qui ressort judicieusement aujourd’hui pour satisfaire la boulimie de leurs nombreux adeptes, dont je fais partie. Et ce premier EP permet de confirmer une chose : Funeral n’est pas un miracle isolé. Ou alors, deux miracles peuvent se succéder, ce qui paraît encore plus improbable. Cet EP nous rassure sur un point : le génie entrevu dans Funeral existait déjà avant. Sous une autre forme, plus bouillonnante, plus brouillonne et moins maîtrisée. Mais il était déjà là. Arcade Fire a donc toutes les chances de ne pas être qu’un feu de paille.
A l’écoute de ce premier EP, on retrouve tout ce qu’on aime dans Funeral : ces mélodies décalées, étrangement bancales qui finissent toujours par vous retourner le cerveau, ces envolées qui n’en finissent pas ou plutôt ces envolées qu’on aimerait ne jamais voir finir. On y retrouve aussi ce frisson de la découverte. Cette fois ci ce n’est plus la découverte d’un groupe d’illuminés lumineux, mais la découverte de nouvelles chansons, toutes aussi fortes et inoubliables que celles qu’on connaît déjà. Prenez le premier titre, Old Flame, il aurait pu figurer sur Funeral sans faire tâche. Tout y est déjà : la mélodie funambulesque, la juxtaposition d’instruments improbables et surtout cette magie qui leur est propre. I'm Sleeping In A Submarine est une version rêche et déjà foisonnante des chansons à venir, sans limite ni barrière. No Cars Go est un autre petit bijoux typique du style Arcade Fire, entre instruments électriques et mélange de sonorités plus déroutantes (violons, cuivres divers, mélodica, xylophone, autres ?), sans parler de l’association toujours aussi improbable des voix tremblantes de Régine Chassagne et Win Butler. The Woodland National Anthem est une autre chanson étonnante et décalée, guitare acoustique plus deux voix et des claquements de mains, entre Folk et chanson pour feu de camp. Inclassable. My Heart Is An Apple est une superbe ballade tendance tire-larmes, simple et belle. Ca aussi ils savent faire. Que dire de Headlight Look Like Diamonds, qui monte doucement en puissance au milieu de ces chœurs et de ces breaks déroutants. Vampires Forest Fire est une autre de leurs ballades faussement Folk et vraiment réussies.
Vous l’aurez déjà compris, pour moi cet EP est tout aussi indispensable que Funeral. D’abord par la qualité des chansons qu’il contient et aussi parce qu’il est la preuve que ce groupe là est capable de nous surprendre et de nous chambouler les sens comme il veut et quand il veut.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.arcadefire.com