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29 janvier 2007



Guillemots : Through The Windowpane


Titres

Little Bear
Made Up Love Song #43
Trains To Brazil
Redwings
Come Away With Me
Through The Windowpane
If The World Ends
We're Here
Blue Would Still Be Blue
Annie Let's Not Wait
And If All
Sao Paulo


J’avais raté From The Cliffs, leur premier EP sorti l’année dernière. Vaguement entendu parler à l’époque, mais complètement passé au travers. Et là je suis en train de me demander comment c’est possible. Parce qu’un joyaux comme les Guillemots, ça se remarque de loin. Je n’ai toujours pas entendu le moindre titre de From The Cliffs, mais je viens de tomber sous le charme de Through The Windowpane, leur premier véritable album. Une collection de chansons carrément impressionnantes qui semblent réinventer la Pop anglaise. En toute décontraction et simplicité.

Guillemots, c’est trois musiciens qui viennent de continents (un batteur écossais, un guitariste brésilien et une contre-bassiste canadienne) et d’horizons musicaux différents et qui se sont retrouvés ensemble à Londres à suivre un certain Fyfe Dangerfield. Tout ça donne à Guillemots des couleurs qui ne ressemblent à personne d’autre, même si leur musique revendique des influences clairement affichées. En premier lieu, on trouve évidemment les Beatles et leurs sens incomparable de la mélodie, mais aussi Jeff Buckey ou Björk pour la part d’expérimentation et d’audace.

Et de l’audace et de l’invention,Through The Windowpane en déborde. Mais ça n’empêche pas non plus l’émotion. Little Bear est un choix assez étonnant pour ouvrir l’album : assez différent du reste, dépouillé, avec la seule voix de Fyfe Dangerfield au premier plan, cette chanson est une merveille de délicatesse capable de donner le frisson. Mais pas forcément le genre de morceau idéal pour appâter l’auditeur. Mais en tous cas, on est tout de suite fixé, Guillemots est capable du meilleur. La suite ne fera que le confirmer. Les chansons du groupe sont un savant mélange de mélodies haut de gamme posées sur des architectures pleines d’invention. Les Popsongs de rêve se succèdent comme à la parade (Made Up Love Song #43, Trains To Brazil, Through The Windowpane), voix impériale et orchestrations aussi ambitieuses qu’efficaces. Tout ça entrecoupé ici et là de quelques lentes mélodies d’une beauté à couper le souffle (Come Away With Me, If The World Ends). Et pour clôturer cet album majeur, Guillemots nous a réservé le plus beau pour la fin avec un Sao Paulo qui atteint les mêmes sommets qu’Arcade Fire et qui habite encore la mémoire bien longtemps après la fin du disque.

Quel que soit le côté par lequel on prend ce Through The Windowpane, Guillemots transpire le talent. Cet album ressemble à la toute première pierre posée par un des grands groupes de demain. Et en attendant demain, ce disque là nous permettra de patienter quelques années.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.guillemots.com


Eiffel : Tandoori

Titres

Loony Tune For The Moon
Ma Part D'Ombre
Saoul
Paris Minuit
Belle De Jour
Avec Des Si
Dispersés
Bigger Than The Biggest
Qu'Ai-Je Donc A Donner?
Shalom
Tandoori
Rien N'Est Pour De Vrai
Gnomes On My Back
Tes Vanités
L'Opium Du Peuple
Une A Une


Eiffel est énervé. La première impression laissée par Tandoori est celle d’un groupe qui se lâche et nous balance en plein face toutes ses frustrations, toute son énergie emmagasinée. Et ça fait d’ailleurs un moment que la pression doit monter sous le couvercle de la marmite, puisque le précédent ¼ d’Heure Des Ahuris date déjà de cinq ans.

Cinq ans d’absence discographique, mais pas cinq ans à ne rien faire puisque Romain Humeau, le chanteur et leader du groupe à pris le temps de collaborer avec Noir Désir et a sorti un album solo (L’éternité De L’instant en 2005). Sans parler du live sorti en 2004. En tous cas, Tandoori ressemble à la première grosse déflagration Rock de 2007. Le couvercle a sauté sous la pression accumulée et ça nous donne un album nettement moins policé que le ¼ d’Heure Des Ahuris qui n’était pourtant déjà pas spécialement tranquille. Chez certains (chez la plupart pour être honnête), plus le temps passe, plus la rage s’émousse. Chez Eiffel ça semble être exactement l’inverse. Là, les guitares sont souvent hargneuses, les rythmes cavaleurs et les mots coupants. On pourra reprocher toujours la même chose à Eiffel, ce penchant naturel à puiser pas mal du côté de Noir Désir (flagrant sur Bigger Than The Biggest). C’est assez vrai (dans le phrasé du chant surtout), mais pas seulement. Eiffel possède une personnalité assez affirmée pour exister par lui même.

Le changement le plus marquant sur Tandoori, est ce supplément d’énergie qui les rapproche même par moment du Punk originel (impressionnant Paris-Minuit qui nous décrit une capitale mi pute mi soumise ou L’opium Du Peuple, missile d’à peine plus d’une minute qui nous ramène directement en 1976). Pour le reste, tout est toujours là. Les mélodies solaires, les Rocks tendus et échevelés (Ma Part D’ombre et Saoul avec son riff de guitare assez mémorable), ça reste leur domaine de prédilection. Et là, ils sont assez uniques dans leur genre.

L’autre versant d’Eiffel, ça reste aussi ces Rocks au tempo plus lent (Belle De Jour et le magnifique Dispersés), mais qui ne sonnent jamais comme des ballades. A son meilleur, ça donne même de petits bijoux comme Qu'ai-Je Donc A Donner ? et surtout le très touchant Rien N'est Pour De Vrai. Pas question de se ramollir ou de laisser retomber la flamme. Ici, on sent toujours le feu couver sous la cendre, toujours prêt à rejaillir. Seize chansons et pas un seul passage plat ou en descente. Que des côtes ou des faux plats qui demandent toujours un petit effort supplémentaire. Eiffel ne sait pas fonctionner à l’économie. Et c’est évidemment ça qu’on aime chez Eiffel, parce que c’est de plus en plus rare en ce début de siècle.

Avec Tandoori, on ne pourra pas encore zapper complètement l’inévitable parallèle avec Noir Désir. Parallèle qui doit d’ailleurs commencer à gonfler pas mal de groupes de chez nous. Ce qui prouve bien que l’influence de ce groupe là est assez unique. C’était exactement la même chose à l’époque du succès de Téléphone. Entre les deux : rien. Ce qui donne une petite idée des groupes réellement marquants en France.  Mais Eiffel a un bon paquet de qualités qui lui sont propres et lui permettent de marcher la tête haute en continuant à tracer sa propre route.


Pour plus d'nformations, le site officiel chez EMI :
www.emi-artistes.com/eiffel/tandoori


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