28 aout 2006
J'avais prévu de parler de Bretagne et de musiciens bretons, finalement tout ça m'a entrainé en Belgique...
Urban Trad : Elem
Titres
Rodgrod Med Flode
De Luz, Amor Y Nada
Vigo
Jorden/Terra
Bourrée D'Erasme
De L'Air
Valse 98
Two Hornpipes
Zout
Mind The Gap
V.T. Intro
Vodka Time (Mass' Mix)
Lampang/Mideau Rhémila (Live) (Bonus)
Ben voilà, comme chaque année je profite de mes vacances
pour refaire le plein de vents du large, de falaises, d’embruns et de
celtitudes. Non, pas de faute de frappe, je parle bien des musiques celtes.
J’ai l’impression d’aimer ces musiques là depuis aussi longtemps que j’aime la
musique. Et pour renouer avec elles, rien de mieux que d’aller les visiter sur
leurs terres. Cette année, c’était la Bretagne. Et là, on y trouve quantité de
labels qui vivent à fond leur passion pour la musique bretonne en particulier
et celte en général. Avec notamment le label Coop Breizh chez qui je suis allé
pêcher deux albums. Je vous parle du premier cette semaine et je garde la suite
pour un peu plus tard.
Le premier est celui de Urban Trad dont le nom résume à lui
seul les orientations musicales du groupe. En ce qui me concerne, je découvre
leur musique avec Elem. Et je découvre aussi qu’ils sont belges, ce qui
prouve une fois de plus que la musique n’a pas de frontière, y compris quand
elle est traditionnelle. Ou d’inspiration traditionnelle dans leur cas. Je
viens même d’apprendre que ce groupe là a représenté la Belgique au concours
eurovision de la chanson il y a quelques années (Argh !!!!!!!!!). Mais pas
de panique trop hâtive. En fait, à la première écoute Urban Trad pourrait
presque être une version continentale d’Afro Celt Sound System. Et puis quand
on lit le livret, on s’aperçoit que cet album a été enregistré dans le propre
studio d’Afro Celt et que James McNally participe même à plusieurs morceaux.
Les points communs entre les deux groupes ne sont donc pas dus au hasard. Urban
Trad utilise lui aussi des rythmiques assez dansantes et des samples ou des
boucles de claviers qui donnent un coup de jeune à une musique finalement assez
traditionnelle dans sa forme. Mais cette « urbanisation » de la
musique est faite avec plus de légèreté et de doigté que chez Afro Celt à mon
avis.
Le but avoué d’Urban Trad est de mêler les musiques
traditionnelles européennes et la musique électronique. Sur Elem, c’est
la musique celte, notamment irlandaise, qui se taille la plus grosse part. Et
la plupart du temps, cette fusion des genres est vraiment très réussie. C’est
du en grande partie à la qualité des compositions du groupe, mais aussi au duo
de chanteuses qui varient les plaisirs et permettent d’échapper au « tout
instrumental ». Evidemment, quand on parle duo de chanteuses, on pense
inévitablement aux Corrs et à leur bouillon celtique insipide. Chez Urban Trad,
on est loin de ça, d’abord parce que leurs chansons sont bien loin de la Pop
des Corrs, mais aussi parce que les textes sont écrits dans des langues très
variées (français, néerlandais, suédois et espagnol), ce qui accentue encore le
côté trans-national du groupe.
Pour continuer le petit jeu des comparaisons avec Afro Celt
Sound System, la musique d’Urban Trad est nettement moins gonflée
d’électronique. On y trouve aussi des rythmes plus proches du Rock que de la
danse, et ils ne sont jamais trop envahissants. Ce qui peut donner au final de
vrais hymnes comme Rodgrod Med Flode
qui dégage un parfum d’iode et d’aventures lointaines ou De Luz, Amor Y Nada chanté en espagnol qui nous rappelle que le
nord ouest de l’Espagne est aussi une terre celte. De L’air joue sur le
contraste des mots parlés du leader du groupe, Yves Barbieux, et le chant
aérien des chanteuses. Certains instrumentaux sont carrément irrésistibles,
comme le virevoltant Vigo qui mêle
cornemuses et violons sur un fond Electro-Rock très réussi ou la Bourrée d’Erasme qui arrive à concilier
la bourrée et le Rock (si, si, je vous assure c’est excellent !). Comme
dans tout bon disque celte qui se respecte, il y a évidemment une ballade qui
vous tire les larmes, ici elle est chantée en néerlandais et s’appelle Zout. Pas de frontières je vous dis. On
trouve aussi une version Techno-rigolo
de Vodka Time, un de leurs anciens
titres. Et même ça c’est réussi. Les enfants s’éclatent comme des fous la
dessus.
En ce qui me concerne, ce disque là rime forcément avec
vacances. Mais je suis sûr qu’il aura une durée de vie bien plus longue, d’abord
parce que je l’écoute en boucle, ce qui est toujours bon signe et surtout parce
que leur mix Trad-Rock est un des meilleurs que j’ai entendu.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.urbantrad.com
Miossec : L'étreinte
Titres
La Facture D'Electricité
Maman
La Mélancolie
30 Ans
Mes Crimes : Le Châtiment
Quand Je Fais La Chose
Le Loup Dans La Bergerie
La Grande Marée
L'Imbécile
L'Amour Et L'Air
Julia
Bonhomme
Ca surprend de voir une pochette pareille. Quand on connaît
l’état d’esprit et la discographie de Miossec, on est plus habitué aux noirs et
aux gris qu’aux couleurs pétantes. Là, le portrait qui décore la pochette de L’étreinte
déborde de lumière, comme le livret intérieur, empli à raz bord de croquis
colorés. Et en plus, sur cette peinture, Miossec sourit ! Sacré contraste
avec ce qu’il nous avait laissé voir jusque là. Alors forcément on se dit que
quelque chose a du changer et que ce disque là sera différent.
Dans 1964, Miossec avait commencé à laisser entrer la
lumière, à se poser un peu, à enrober ses mots de musiques enfin belles et plus
sereines. L’étreinte est la continuation de ce disque là. Miossec y
poursuit sa collaboration avec Jean Louis Piérot, moitié masculine des
Valentins, et c’est encore une fois une réussite tellement la sensibilité de
l’un se marie bien avec la sombre hargne de l’autre. C’est d’ailleurs assez
étonnant de voir à quel point les Valentins sont toujours passés à côté du succès
en tant que groupe, alors que tous les artistes avec qui ils ont collaborés y
ont gagnés, eux. Je pense notamment à l’inoubliable Fantaisies Militaires
de Bashung.
Rien de fondamental n’a vraiment changé entre 1964 et
L’étreinte. On retrouve toujours ses mots bruts et sans détours, ses
histoires de malentendus, d’échecs et de petites et grandes lâchetés. Ils sont
ici superbement mis en musique et arrangés. Et pourtant, si vous écoutez le
premier single, La Facture d’Electricité, vous pouvez avoir l’impression
que Miossec, en plus d’avoir découvert la couleur, a aussi découvert la chanson
légère, tellement le tempo sautillant et les chœurs joyeux brouillent les
pistes. Il suffit juste de tendre une oreille sur le texte (Ne me secoue
surtout pas car je suis plein de larmes) pour être rassuré et se rendre compte
que les chansons marrantes et la franche joie de vivre ne sont pas encore pour
demain. L’emballage est peut être coloré mais le contenu ne l’est pas plus
qu’avant. Et pourtant, on sent un Miossec un peu apaisé, un peu plus
tranquille. Pas plus sûr de lui, ni plus amoureux du genre humain, mais un peu
plus détaché des choses peut être. Il faut savoir qu’il habite maintenant en
Belgique et qu’il vit en couple. Ca doit y être pour quelque chose, sûrement.
J’ai lu quelque part que dans cette nouvelle vie très tranquille il
« apprenait à apprivoiser l’ennuie ». Tant que ça ne change pas sa
vision des choses et sa façon de nous la traduire, ça me va.
Ce nouvel album contient quelques chansons qui sonnent déjà
comme les plus belles de sa discographie. Je pense par exemple à La
Mélancolie qui vous noue les tripes, à 30 Ans qui est encore un
génial arrêt sur image d’un moment charnière de la vie, La Grande Marée
dans le genre chanson désespérée. Et puis il y a surtout Mes Crimes :
Le Châtiment, qui avec sa mélodie imparable et ses arrangements parfaits pourrait
faire un jour un single idéal (merci Jean Louis Piérot). Mais à côté de ces
beaux moments, la fin du disque s’essouffle nettement sur trois derniers titres
bien moyens. Du coup, en étant loin d’être raté, il manque juste un peu de
matière pour que ce disque là soit du niveau de 1964 qui reste encore pour moi son plus bel album à ce jour.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.christophemiossec.com
© Copyright 2006 Why Not ?