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28 mars 2005


Un choc des générations, mais pourtant les deux se cherchent : Moby cherche le changement dans la continuité et Eastern Lane se cherche un avenir.




Moby : Hotel



Titres

Hotel Intro
Raining Again
Beautiful
Lift Me Up
Where You End
Temptation
Spiders
Dream About Me
Very
I Like It
Love Should
Slipping Away
Forever
Homeward Angel
Bonus Track


J’en finirai presque par avoir des scrupules de continuer à acheter les albums des mastodontes du disque. Parce que finalement, qu’est ce qu’on peut encore attendre de ces gens là, à l’évidence bien plus motivés par le tiroir caisse que par la créativité ? Et ce début de printemps est vraiment la période de sortie de ce que les majors appellent  les valeurs sûres, celles qui font entrer les bénéfices, que leur nouveaux opus soient bons ou mauvais. En quelques semaines, on a droit au dernier Daft Punk (bof bof), à l’improbable retour d’Oasis (c’est pour bientôt), à New Order (vivement demain !), à Beck ou encore Queens Of The Stone Age (rien que ça) et bien sûr à Moby. Pour être passé à côté de l’information, il faudrait être sourd, aveugle. Mais voilà, j’ai beau être méfiant, ça ne m’a pas empêché d’acheter Hotel, quand même. Malgré son prédécesseur, 18, qui faisait entrer Moby de plein pied dans le cercle méprisable des artistes qui prennent l’auditeur pour un abruti, incapable d’entendre qu’il s’est fait arnaquer en achetant un pale copier/coller d’un album qu’il a adoré. L’album en question s’appelle Play, évidemment. Et j’ai bien l’impression que Play fait partie des quelques rares albums que j’ai écouté en boucle pendant des mois sans jamais m’en lasser. Et encore aujourd’hui, j’arrive à l’écouter avec le même plaisir. L’air de rien, cette Electro-Soul a marqué son temps. Après avoir commencé à faire de l’Ambient, puis du Punk-Rock (écouter le recommandable Animals Rights) et avoir finalement touché le jackpot en se coulant dans un moule Electro, Moby se cherche un futur, tentant de recréer la magie. Peine perdue bien sûr. 18 a été un flop artistique, mais il s’est quand même suffisamment bien vendu pour mettre Moby à l’abri des fins de mois difficiles. Forcément, le suivant se devait d’être différent, pour redorer le blason et relancer les ventes. Hotel est différent, mais continue quand même à creuser autour du même sillon rémunérateur. Le but premier de Moby saute aux oreilles : surtout ne pas froisser l’auditeur et surtout éviter au maximum toute comparaison trop évidente avec Play.
Cette fois, finis les samples de voix soul, pour le chant, c’est maintenant Moby lui-même qui s’y colle. Epaulé sur quelques chansons par une certaine Laura Dawn, ce qui permet de donner d’autres couleurs à des chansons qui sans ça seraient sans doute trop uniformes. Les chansons s’éloignent aussi un peu plus de l’Electro pour s’orienter vers un format Pop beaucoup plus classique. Et s’il y a une qualité que Moby n’a pas perdue, c’est bien cet art de la mélodie simple qui vous aplati les neurones, de la ritournelle qu’on chante sous la douche. C’est d’une efficacité redoutable. Qu’on aime ou pas, que Moby cède à la facilité ou pas, on est obligé de reconnaître que c’est très fort. Si vous avez déjà entendu Lift Me Up (et je ne vois pas comment vous auriez pu ne pas l’entendre), vous voyez ce que je veux dire en utilisant le mot « efficace ». Avec Hotel, il ne faut attendre aucune surprise, aucun contre-pied, aucun pied de nez, ici tout est lisse et prévisible. Mais très bien fait. Ca en aurait presque un petit côté inquiétant, comme si Moby avait fait une étude de marché pour arriver à savoir exactement ce que les gens ont envie d’entendre et leur avait servi sur un plateau. Parce qu’au final, sur les 15 morceaux de ce disque (plus l’inévitable morceau caché, même ça c’est prévisible…), je compte à peu près une dizaine de tubes potentiels. Et au final, même avec tous les à priori de rigueur, je ne peux pas m’empêcher de succomber. Hotel est un disque qui regorge de mélodies qui ont le pouvoir de s’incruster et de résister à tout nettoyage, même en frottant fort. Raining Again, qui rappelle bien l’ambiance de Play, est la première pierre de cet édifice Pop entièrement bâti pour vous faire succomber, Beautiful est la deuxième et Lift Me Up est la cerise sur le gâteau. D’ailleurs pour résumer, si vous aimez Lift Me Up, vous pouvez être sûr d’adorer ce disque.
Where You End semble avoir été écrit par New Order, ce qui dans mon esprit est un compliment et montre ce que l’Electro-Pop doit à ce groupe là. D’ailleurs, avec Temptation, une jolie reprise de New Order, justement, on fait connaissance avec la voix de Laura Dawn, qui permet au disque de changer de tonalité, avec ensuite un Spiders qui a tout du méga-tube en puissance. Ensuite, l’album bascule doucement vers des morceaux aux tonalités plus douces-amères, comme le joli Dream About Me à deux voix ou encore le touchant Love Should ou l’évident Slipping Away. Avec toujours les mêmes recettes (belles nappes de claviers, guitares claires), sans prise de risques, Moby réussi quand même un bel album qui manque peut être un peu de vie, mais qui est finalement attachant. Pas magique comme Play, pas raté comme 18, juste un disque dont il n’aura pas à rougir.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.moby.com



Eastern Lane : The Article


Daffodils For My Mother
No. 5
I Said Pig On Friday
For The Sun
I Feel Liberated
Wait A Little Longer
Feed Your Addiction
Saffron
Desires Of Liars
Goodbye Rose Garden
Pretty Good
They Gave Me Scripts To Read



Prenez une bande de gamins nés dans le Nord de l’Angleterre, donnez leur des guitares. Il en sortira toujours quelque chose. Je ne dis pas qu’il en sortira toujours quelque chose de positif ou même d’écoutable, mais ça a quand même de fortes chances d’être créatif. En l’occurrence, ça a donné Shades Of Black en 2003, un premier album assez inégal, mais plutôt sympathique, bien dans l’air du temps. Bien dans le ton de tous ces groupes influencés par Radiohead. Il est d’ailleurs plutôt agréable et rassurant de voir à quel point ce groupe là a pu drainer derrière lui toute une génération de musiciens en herbe. Des locomotives comme ça on en rencontre une par décennie. Pour la fin des 90’s, c’était eux. Il suffit souvent d’un album miraculeux pour relancer toute la vieille machine du Rock, lui redonner une nouvelle jeunesse et lui faire à nouveau pousser des ailes. C’est cyclique. C’est comme ça depuis que le Rock existe.
Eastern Lane est né de ça. A force d’écouter des albums de Radiohead et d’autres groupes de la même époque, de préférence à fond, dans des chambres d’ados. Et en 2005, Eastern Lane revient. Et apparemment, ils continuent toujours à écouter des disques. Plus forcément dans leurs chambres d’ados (quoi que, ils sont tout juste majeurs…), mais ils continuent à écouter ce qui se passe autour d’eux. Et ce qui c’est passé entre temps, c’est la vague du revival Rock, avec notamment les Libertines comme référence première. Du coup, leur deuxième album sonne beaucoup plus Rock et direct. De là à dire que ce groupe là se cherche, il y a un pas que je franchirais. Non, Eastern Lane n’a pas encore vraiment trouvé son style, mais il le cherche avec assiduité et surtout avec une fraîcheur, une envie et un enthousiasme communicatif. Alors vous vous demandez sûrement pourquoi je parle de ce groupe de gamins même pas foutus d’être un tant soit peu inventifs. Et bien vous allez rire. C’est parce qu’ils ont du talent. Parce que derrière les exercices de styles et les références évidentes, on devine qu’il y a de la vie. Quelque chose qui bouillonne. D’abord, leurs chansons sont bien foutues, à quelques exceptions près quand même, et elles ont le pouvoir de vous donner un bon coup de fouet. Et le premier coup de pied au cul s’appelle Daffodils For My Mother et il est du genre Punk-Rock bien brûlant, immédiatement suivi par un No. 5 digne de leur référence du moment, les Libertines. On y retrouve tout ce qui agace ceux qui ne supportent pas ces anglais et qui ravie tant leur fans. On y retrouve ce même aspect amateur et flamboyant. Et puis, parce qu’il n’y a pas une seconde à perdre, c’est le single I Said Pig On Friday qui déboule. Et là, ça fait vraiment mal. Ce seul morceau permet de se rendre compte à quel point ces gamins là peuvent espérer un avenir immense et tout rose. C’est très exactement le genre de petit pétard Punk-Pop aux guitares coupantes (même pas 3 minutes), un peu dans le genre Bloc Party, qu’on réécoute en boucle parce que sinon c’est vraiment trop court. Et le plus beau, c’est qu’après cette claque, le meilleur reste encore à venir. For The Sun est une petite merveille de Rock tendu et racé comme tant de groupes rêvent d’en écrire sans jamais y arriver. Eux le font comme ça, les doigts dans le nez. Ils ne s’en rendent peut être même pas compte eux même.
A partir de I Feel Liberated, on sent vraiment que Eastern Lane hésite encore sur la route à suivre. Cette ballade au piano, pas mauvaise en soi, casse quand même un peu l’ambiance. Ensuite, au saute un peu du coq à l’âne, entre les jolis Feed Your Addiction et Saffron aux senteurs enthousiastes de Libertines (et oui, encore), le nettement plus lourdaud Desires Of Liars, la ballade Goodbye Rose Garden et les inutilement bruyants et assez approximatifs Pretty Good et They Gave Me Scripts To Read. Ces  deux derniers morceaux arriveraient presque à nous laisser sur une mauvaise impression, en gommant toutes les qualités étalées avant. Alors au final, le premier réflexe à avoir avec ce disque, c’est sûrement de le remettre au début et de réétudier la question depuis le commencement en zappant les deux derniers morceaux. Là, on se retrouve en présence d’un groupe qui, si il n’est pas le plus original du moment, fait quand même partie de ceux à qui l’avenir tend les bras. Il y a dans ce disque des éclairs de talent qui ne trompent pas.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.eastern-lane.co.uk



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