28 janvier 2008
Yeasayer : All Hour Cymbals
Titres
Sunrise
Wait For The Summer
2080
Germs
Ah. Wier
No Need to Worry
Forgiveness
Wait for the Wintertime
Many Waves
Worms
Red Cave
Raver
C'est bien simple, je ne sais même
pas comment on prononce leur nom. Je suis tombé sur eux en surfant sur
internet un peu au hasard sur des vagues de plus en plus underground.
Autant dire que vous avez assez peu de chances de les entendre sur les
ondes et probablement encore moins de les voir à la télé. Même le montage
photo de la pochette, qui nous présente une sorte de personnage sans visage
vaguement habillé en touareg, ne nous éclaire pas plus sur l'identité
de Yeasayer. Je sais qu'ils sont New Yorkais et c'est ç peu près tout.
Décrire la musique de Yeasayer est
à peu près aussi compliqué que de prononcer leur nom. All Hour Cymbals
(et ce titre, ça veut dire quoi ?) ressemble à une improbable manipulation
génétique qui aurait joyeusement mélangé des gènes de Talking Heads, Architecture
In Helsinki, Clap Your Hands Say Yeah ou TV on The Radio, entre autres.
Et imaginez maintenant que cette créature hybride ait été nourrie de toutes
les musiques du monde. Yeasayer c'est ça. Ou quelque chose d'approchant.
Plus inclassable et insaisissable, c'est assez difficile à imaginer. Et
le plus beau, c'est que tout ça donne un album aux charmes multiples et
fortement addictifs.
Alors finalement, vous pourriez
me demander, Yeasayer, c'est quoi et comment ça marche ? Et là, je vous
répondrais que c'est une très bonne question. Une question qui peut avoir
une multitude de réponses différentes en fonction de sa propre sensibilité.
Quelle que soit la chanson prise au hasard dans ce disque, elle sera toujours
une invitation au voyage. Que ce soit au travers des percussions clairement
africaines de Sunrise, du cythar baladeur et des tambourins de
Wait for the Summer ou au travers du chant illuminé et très 70's
de No Need to Worry, on va de surprise en surprise. Yeasayer
fait une sorte de World Music qui ne dirait pas son nom. Mais pas une
World Music identifiable, plutôt une musique mondiale, dans le sens où
elle emprunte des bribes et des idées partout sans jamais se poser nulle
part. Ce groupe là réussit à inventer autre chose, une musique nomade
d'une créativité et d'un foisonnement incroyable. Mais surtout, on a toujours
la sensation d'écouter un groupe de Rock ou de Pop, jamais un album de
Folk ou de musique Ethnique. On est surpris à chaque détour, parfois émerveillé
par des idées lumineuses. Avec 2080, Yeasayer passe même tout
près du single parfait, tellement son mélange des genres est harmonieux,
empruntant tentant aux Beach Boys et aux chamans indiens pour les voix
(si, c'est possible) et aux étonnants bluesmen touareg de Tinariwen ou
à Johnny Clegg pour les guitares. Un titre qui fait fonctionner l'imaginaire
à plein régime. Un dépaysement total. Globalement, All Hour Cymbals
dégage un parfum assez peace and love. C'est particulièrement marquant
au niveau du travail des voix, brillant mille feuille sonore souvent à
la limite du psychédélique. Les voix sont partout, sous toutes les formes,
elles remplacent même souvent les instruments. La aussi on retrouve des
techniques de chant venues d'Afrique, d'Amérique ou d'Asie. Voyage toujours.
Chaque chanson ce cet album est
une architecture complexe d'influences sans frontières. Tous les morceaux
ne sont pas forcément faciles d'accès. A force de marier les influences
et d'essayer d'innover coûte que coûte, Yeasayer en arrive parfois à trop
compliquer les choses. Mais ce petit travers n'enlève rien à la magie
de l'ensemble. Après Burial la semaine dernière qui inventait une autre
musique électronique, Yeasayer invente une autre musique du monde. Une
musique qui les contiendrait toutes sous une forme ou sous une autre.
Pour plus d'nformations, la page Myspace :
yeasayer
Et des vidéos live de Sunrise et 2080 :
ICI
The Wombats : A Guide To Love, Loss And Desperation
Titres
Tales Of Girls, Boys And Marsupials
Kill The Director
Moving To New York
Lost In the Post
Party in A Forest (Where's Laura ?)
School Uniforms
Here Comes The Anxiety
Let's Dance To Joy Division
Backfire At The Disco
Little Miss Pipedream
Dr Suzannne Mattox PHD
Patricia The Stripper
My First Wedding
Et hop ! Encore un. La Chine nous
inonde de T-shirts et de jouets, l'Angleterre nous inonde de groupes de
Rock. Chacun sa spécialité. Imaginez un peu le jour où la Chine se mettra
à nous envahir avec ses propres groupes de Rock. Ca risque d'être assez
redoutable… En ce qui concerne l'Angleterre, c'est comme ça depuis que
le Rock existe. Ce qui commence à faire un bon paquet de décennies quand
même. Pas une semaine sans sa petite nouveauté. C'est à croire que dans
les écoles, à côté des cours de maths et d'histoire, ils ont une matière
qui s'appelle " Comment monter son groupe ". En tous cas, si c'est ça
c'est efficace. Ou alors c'est dans les gènes, je ne sais pas… Oui, je
suis jaloux, je sais.
Cette semaine, je me suis penché
sur le cas des Wombats. Ceux là ont attirés les regards grâce à un single
nommé Let's Dance To Joy Division qui avait le grand mérite de
souffler assez fort pour décoiffer même les adaptes du gel béton. Un morceau
tonitruant, basé sur une section rythmique sautillante et rondouillette
additionnée d'un refrain que même un enfant de trois ans arriverait à
mémoriser. Une énergie débordante, un enthousiasme communicatif et un
sens de la ritournelle hors pair. Rien de neuf ? On connait déjà par cœur
? Pas faux. Des groupes cousins des Wombats, on en connait déjà des wagons
(Killers, Kill The Young, The Pigeon Detectives, Little Man Tate, Good
Shoes et j'en passe…). Comme eux, Les Wombats n'ont pas non plus inventés
l'eau tiède et se prendre la tête n'est pas leur occupation favorite.
En fait, à l'écoute de A Guide To Love, Loss & Desperation, ce
qui ressort comme l'atout majeur des Wombats, c'est cette décontraction,
cette faculté à donner l'impression de se foutre de tout, de tout prendre
à la rigolade sans penser à demain.
Le premier titre, nommé Tales
of Girls, Boys and Marsupials (qu'on pourrait traduire pas " Contes
qui parle de filles, de garçons et de marsupiaux ") est déjà tout un symbole.
A capella pour rire, il met bien dans l'ambiance. La suite a beau être
nettement plus classiquement Rock, le ton est donné : ici on évitera de
se prendre trop au sérieux. Dès Kill The Director, on a déjà
compris ce qu'est The Wombats, un groupe capable de vous asséner des petites
bombes de Power Pop bien entrainantes agrémentées de paroles très second
degrés décalé. Après, on peut penser ce qu'on veut de ce style musical,
mais il est bien difficile de résister à l'avalanche de joyeux décibels
des Wombats. On tape forcément de la semelle et on bouge la tête en mesure.
On se rend surtout compte que Let's
Dance To Joy Division n'était finalement que le coup de semonce qui
annonçait un bombardement de chansons du même genre. Peut être pas aussi
efficaces que l'original, mais presque. Les chœurs donnent l'impression
d'avoir été chantés par leurs copains et copines de classe, les refrains
semblent avoir été testés sous la douche pour voir s'ils étaient réellement
waterproof. En un mot comme en cent, les Wombats, c'est idéal pour faire
la fête et s'éclater entre copains. C'est tout, mais c'est déjà pas mal
finalement.
S'il y a un reproche à faire à ce
premier essai, c'est celui d'une relative uniformité des chansons qui
finit fatalement par user un peu. L'énergie ne suffit pas toujours à capter
l'attention, ni à masquer un certain manque d'invention. Mais dans l'ensemble,
ce premier album des Wombats me parait tout à fait adapté pour tous ceux
qui veulent bien démarrer l'année en tapant du pied et en gardant la tête
au vent. Peut être pas l'album de l'année. Et alors ? Pas non plus une
raison pour bouder son plaisir. Surtout quand il est aussi jouissif et
immédiat que sur ce A Guide To Love, Loss & Desperation.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.thewombats.co.uk
Et une vidéo de Let's Dance To Joy Division :
ICI
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