Titres
Droit Devant
Chêne Et Roseau
Entre Deux Taxis
La Catherine
Histoire De Pêche
Bobo
Rue Des Souvenirs
Monsieur
La Tête Haute
Les Hirondelles
Tant Qu'On Aura De L'Amour
La Bonne Pomme
Train De Vie
Une Autre Journée Qui Se Lève
La précédente livraison des Cowboys
québécois m'avait un peu pris au dépourvu. J'attendais un autre de ces
albums emplis à raz bord de ce Folk-Rock plein de verve et de bonne humeur.
Je m'étais retrouvé devant La Grand Messe, nettement plus sombre
que prévu. Vaguement déçu au départ de ne pas retrouver les ingrédients
que j'avais aimés, je dois bien avouer que j'ai eu un peu de mal à l'apprécier
à sa juste valeur. Aujourd'hui, je lui trouve nettement plus de qualités
que de défauts. Et puis il faut bien se rendre à l'évidence, les Cowboys
grandissent (ou vieillissent, c'est selon) et leur musique évolue forcément.
Le goût prononcé pour la dérision et la fête est en train de laisser place
à une musique au tempo généralement un peu plus lent et à des textes qui
frappent la où ça fait mal sans essayer de se cacher derrière l'humour.
Ce qui ne fait que confirmer que derrière les amuseurs se cachent souvent
des êtres nettement plus tourmentés qu'on ne le pense. L'expédition
est la suite logique de cette évolution.
Ce n'est pas que ce nouvel album
soit plus sombre que le précédent, au contraire, mais celui là dégage
une sensation encore une fois inhabituelle. La Grand Messe ressemblait
à un grand coup de gueule pessimiste, une sorte de manifeste alter mondialiste
et fortement écologiste, parce qu'il fallait que ça sorte. L'expédition
est peut être moins virulent, mais il me touche encore plus. Cette fois
ci les textes de Jean François Pauzé sont plus proches de nous. Ils parlent
directement au cœur des Etres Humains que nous sommes. Et il faut bien
avouer que les Cowboys Fringants ont toujours été très forts pour raconter
les grandes histoires des petites gens, ceux qui sont largués par la vie,
ceux qu'on laisse au bord du chemin. Ou plus simplement pour nous mettre
sous le nez toutes nos faiblesses et nos petites lâchetés. Ajoutez à ça
des tempos un peu plus lents, et vous obtenez L'expédition, un
nouvel album qui dégage une impression un peu désenchantée ou pour être plus
précis, fortement nostalgique. Un peu comme la sensation qu'on peut éprouver
en fin d'automne, comme si quelque chose prenait fin définitivement. Peut
être la fin de l'adolescence artistique des Cowboys Fringants, pour mieux
sauter dans l'âge adulte.
Toujours est-il que sur cet album
le contraste entre les musiques plutôt guillerettes et les textes assez
nostalgiques n'a jamais été aussi marqué. Et il faut bien avouer que ce
mélange des genres est plutôt réussi, comme sur Rue Des Souvenirs
où Karl Tremblay raconte son retour dans le quartier de son enfance, pas
revu depuis longtemps. Et tout le cortège de souvenirs bons et mauvais
qui vont avec. Heureusement, les Cowboys Fringants prennent bien soin
de ne pas sombrer dans un " c'était mieux avant " tellement facile. Non,
chez eux, c'est juste un constat du temps qui passe trop vite et derrière
lequel on sent toujours cette même envie de bouffer la vie. Le point d'orgue
de cet album se nomme La Tête Haute, il parle du cancer et du
courage qu'il faut pour l'affronter jusqu'au bout avec dignité. Thème
pas bien gai j'en conviens, mais là encore les mots sont incroyablement
justes et après avoir écouté ce petit chef d'œuvre d'humanité, il vous
vient une putain d'envie de vivre. Rien que pour cette chanson, l'achat
de L'expédition s'impose. Comme d'habitude, les chansons des
Cowboys Fringants se situent à hauteur d'homme, comme sur Les Hirondelles
qui nous invite à ne pas trop juger les gens sur les apparences bien souvent
trompeuses ou encore Droit Devant, intelligente parabole sur
l'existence humaine : " Prépare toi petit garçon, elle sera longue l'expédition.
Et même si on n'en revient jamais vivant, il faut marcher droit devant
". Et puis bien sûr, ils ne peuvent pas s'empêcher de taper un peu sur
les hommes politiques, sujet d'énervement universel. Cette fois, c'est
Monsieur qui s'y colle, avec des textes toujours aussi cassants
" Il a fait tellement de promesses qu'il n'a pas tenues. Il a tellement
bien menti que parfois même il s'est cru " ou encore " Quand Monsieur
met son veston, il met sa carapace. Une fois nouée la cravate, tout est
bon en surface ". Mais malgré ce petit côté désenchanté, on a toujours
droit à ces chansons où le Folk québécois prend le dessus pour donner
une furieuse envie de danser (La Catherine, Histoire de Pêche).
Là quand l'accordéon et le violon sont de sortie, on retrouve les Cowboys
Fringants qu'on a connu et ça aussi ça fait plaisir,
Après plusieurs écoutes, L'expédition
me parait vraiment être un album charnière, celui qui fait le lien entre
les anciens albums plutôt festifs et La Grand Messe beaucoup
plus sérieux. Les Cowboys Fringants semblent avoir grandis, tout simplement.
Et sur cet album, ils ont réussis à faire une synthèse parfaite de leur
passé et du présent qui s'avance. Comme quoi, on peut devenir adulte sans
pourtant oublier tout ce qui comptait avant, en gardant le même idéal
et les mêmes convictions. Ce qui fait de L'expédition un des
meilleurs albums des Cowboys. A découvrir absolument.
Pour plus d'nformations, le site officiel :