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27 juin 2005


Deux retours attendus pour deux groupes pleins de promesses. Mais des retours surprenants, bien plus sombres que prévus.




Les Cowboys Fringants : La Grand-Messe



Titres

Intro
Les Etoiles Filantes
Ti-Cul
8 Secondes
Plus Rien
Hannah
Symphonie Pour Caza
La Reine
En Attendant (Le Reel De Nos Gens)
Lettre A Lévesque
Ces Temps-Ci
Ma Belle Sophie
Shish Taouk
Camping Ste-Germaine
Si La Vie Vous Intéresse
Epilogue (Si Tu Penses Un Peu Comme Ca)


Un nouvel album de Cowboys Fringants, c’est forcément un grand bol d’air frais et de dépaysement. L’air frais parce qu’il nous vient tout droit du Québec et qu’il est accompagné de cet accent dont on ne se lasse pas en France. Et puis je dois dire que depuis que je les ai découvert (très récemment) avec leur live, Attache Ta Tuque, j’ai eu le coup de foudre pour ce groupe là. Pour leur authenticité et leur engagement. Ce groupe là est toujours aussi confidentiel chez nous alors qu’il est incontournable chez lui. C’est bien simple, ils font salle comble partout où ils passent au Québec. Ils sont LE groupe de Rock québecois. Alors les Cowboys Fringants ont décidés d’explorer de nouveaux territoires et s’attaquent aujourd’hui aux pays francophones du vieux continent. Du coup, La Grand Messe est le premier disque des Cowboys Fringants correctement distribué chez nous. On peut enfin le trouver facilement et en vente libre sans faire jouer des filières exotiques. On n’a maintenant plus aucune excuse pour passer à côté de leur musique et de leurs textes. Parce que ce qui caractérise ce groupe, c’est d’abord sa musique, mi Folk mâtiné de musique traditionnelle québécoise, mi Rock. Mais l’atout principal ce sont surtout ses textes, toujours engagés, toujours porteurs des inquiétudes et des espoirs d’une humanité qui se demande où elle va. Et ces textes qui parlent du quotidien de ces cinq québécois, même si on ne comprend pas tout (because les mots typiquement québécois, mais heureusement les textes sont dans le livret), sont très proches de nous. Ce qui prouve encore une fois que la mondialisation n’est plus en marche, mais est déjà là. Parce que les sujets abordés dans les chansons de La Grand-Messe sont aussi les nôtres : les gaspillages en tout genre, la sauvegarde de la planète, le manque d’imagination et la corruption des hommes politiques, la mondialisation à outrance, la course sans fin au profit qui conduit l’homme à sa perte (leur principal sujet d’agacement), la solitude et l’incommunicabilité. Bref, ce qui les gratouille d’un côté de l’Atlantique nous chatouille de la même façon de l’autre côté du même océan.
Leur musique a tout pour faire un carton sur le vieux continent, parce qu’elle rappelle des choses qu’on aime beaucoup ici et aussi parce que des textes aussi engagés et directs que ceux là, on en entend peu par ici. Dans l’esprit, ils sont assez proches de gens comme Manu Tchao ou Tryo surtout. Mais le moteur des Cowboys Fringants (ce nom leur vient de l’époque où ils faisaient en duo une musique Country pour rire), ça reste ce Folk largement agrémenté de musique traditionnelle. Les violons sont omniprésents et donnent une couleur unique à l’ensemble. La Grand Messe fait suite à Break Syndical sorti il y a presque 3 ans, album de la consécration chez eux, équilibre idéal entre chansons engagées aux refrains à reprendre en chœur et ballades délicates et touchantes. La Grand Messe reprend à peu près les mêmes ingrédients mais leur dosage est un peu différent. La première écoute de ce nouvel album risque de surprendre un peu ceux qui connaissent leurs albums précédents. On ne trouve plus ici ce second degré (à part le très marrant Camping Ste Germaine et Symphonie Pour Caza, histoire d’un joyeux pochetron), cette dérision qui filtrait dans leurs anciennes chansons. Ce qui donne un côté plus sombre à cet album. Tout est là comme avant, mais on a l’impression que le groupe, fatigué de voir que rien ne s’améliore dans notre monde, est passé de chansons gentiment utopistes à quelque chose de nettement plus vindicatif, des chansons qui mordent. On pourra éventuellement trouver leurs textes un peu trop directs et parfois un peu trop faciles. Mais on ne pourra pas leur enlever une sincérité à toute épreuve. Ca donne des morceaux aussi cassants que 8 Secondes (« Quand il ne restera que 8 secondes avant la fin de ce monde, on r’pensera au genre humain qui à cause de l’appât du gain aura amené la planète au bord du ravin… ») ou Plus Rien et En Attendant qui tape franchement sur les hommes politiques actuels made in Québec. Tout juste suivi par un vibrant et touchant hommage à René Lévesque, d’après eux dernier grand homme politique local. Mais ce qui motive et passionne peut être le plus les Cowboys Fringants, c’est l’Humain. Les relations entre les gens, les éternelles questions sur la vie qu’on s’est tous posés un jour. Le très réussi Les Etoiles Filantes nous parle de notre vie qui est si courte, Ti-Cul nous parle de vivre sa vie avant tout pour soi. La Reine nous raconte l’histoire d’une femme anonyme qui donna son temps et son amour aux autres, sans rien demander en échange. Ma Belle Sophie est une sublime chanson sur l’absence, dans sa simplicité nue. Un des grands moments de ce disque.
Bref, comme d’habitude dans l’univers des Cowboys, on voyage entre ballades crève-cœur et coups de gueule énervés. Mais aujourd’hui, la dent est plus dure et les ballades sont plus sombres. Ce qui n’est pas un défaut. Même si le bol d’air n’est peut être pas aussi frais qu’on aurait pu s’y attendre, un peu trop sombre pour ça, le dépaysement est toujours là et ça reste un vrai plaisir de passer un moment en compagnie de ces Cowboys là.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.cowboysfringants.com



Finch : Say Hello To Sunshine


Titres

Insomniatic Meat
Revelation Song
Brother Blood Brother
A Piece Of Mind
Ink
Fireflies
Hopeless Host
Reduced To Teeth
A Man Alone
Miro
Ravenous
Bite Marks And Bloodstains
The Casket Of Roderick Usher
Dreams Of Psilocybin



Pour ceux qui s’en souviennent, What It IsTo Burn avait été une vraie révélation il y a deux ans. Le premier (grand)  pas discographique d’un groupe pour qui tout devenait possible. Finch avait déjà la capacité de synthétiser l’essentiel des courants Metal pour créer son propre son. Forcément, on attendait la suite avec impatience. Mais voilà, Finch n’est définitivement un groupe comme les autres. Souvent, quand un groupe a trouvé la formule sonore magique, il l’exploite d’album en album. Pas Finch. Say Hello To Sunshine est aussi différent de son prédécesseur que l’hiver est différent du printemps. Autant What It IsTo Burn était mélodique et accueillant, surfant sur la vague Emo de l’époque, autant Hello To Sunshine est sombre et complexe. La première écoute déroute carrément. On ne retrouve rien de ce qui a pu plaire dans le premier album. A croire que le groupe a délibérément cassé tout ce qui pouvait sembler commercial pour repartir de zéro, sur des bases opposées. Finies les ambiances Emo, bonjour les climats tendus et lourds, voire même quasiment Indus par moment (Ink).
Les chansons se succèdent sans qu’on voit apparaître la moindre éclaircie. Pas la plus petite once de chanson réellement Pop dans ce disque. Pour faire contrepoint avec son titre, l’atmosphère de Say Hello To Sunshine est complètement fermée et claustrophobique. Rarement un groupe aura pris son public autant à contre-pied. Alors c’est vrai, après la première écoute, le premier réflexe est de laisser ce disque de côté, complètement surpris et vaguement déçu. Et puis on se dit que compte tenu des qualités du groupe et de tout ce qu’on avait aimé sur l’album précédent, une écoute supplémentaire s’impose. Et c’est à ce moment que tout se passe. Say Hello To Sunshine est un album complexe qui ne se livre pas au premier venu. Chaque chanson est très écrite, élaborée, à plusieurs niveaux d’écoute et plusieurs vitesses. Techniquement c’est très fort, mais c’est aussi moins immédiat. On reconnaît à peine le groupe, sauf la voix de Nate Barcalow, toujours reconnaissable, mais devenue elle aussi nettement plus technique. Mais le lien entre tous les morceaux, l’élément central de ce disque reste une sorte de noirceur tenace. Sur  la fin de l’album, on frise même par moment le cauchemar éveillé comme sur le dantesque et déchiré The Casket Of Roderic Usher ou Dreams Of Psilocybin et ses voix superposées qui créent une bizarre impression de malaise.
Mais dans cet univers plutôt sombre, on trouve quand même quelques éclats de lumière, qui n’atteindront pourtant jamais le niveau Power-Pop de What It Is To Burn, mais qui ont au moins le mérite d’exister. Le très fort Insomniatic Meat et son refrain avenant fait partie de ceux là, en compagnie d’un Brother Bleed Brother et d’un A Piece Of Mind à la fois denses et mélodiques. Ensuite, au fil des morceaux, Say Hello To Sunshine ressemble à une lente mais inexorable glissade dans l’univers torturé du Finch nouvelle formule. Même après plusieurs écoutes, quand on se souvient de leur premier album, le virage à 180° est toujours aussi surprenant. Ca donne un peu l’impression qu’en un peu moins de 3 ans, le groupe est passé brutalement de l’adolescence insouciante aux cauchemars de l’age adulte. Mais ce virage permet au groupe de ne pas s’engluer dans la masse des groupes Emo et de partir dans une autre direction, peut être plus risquée commercialement, mais aussi bien plus personnelle et ouverte sur tous les possibles. Ce genre de démarche mérite forcément le respect. Et quand en plus le résultat est un album aussi unique et passionnant que Say Hello To Sunshine, on applaudit des deux mains.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.finchmusic.com



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