27 mars 2006
Deux mondes totalement à l'opposé l'un de l'autre, avec Covenant qui continue à explorer les secrets des circuits intégrés de ses machines
et Pixel qui nous offre un premier album tout en nuances acoustiques.
Covenant : Skyshaper
Titres
Ritual Noise
Pulse
Happy Man
Brave New World
The Men
Sweet & Salty
Greater Than The Sun
20hz
Spindrift
The World Is Growing Loud
Finalement,
la musique de Covenant repose un peu sur la même délicate alchimie que Depeche
Mode. Des machines au service d’une voix aussi troublante que profondément
humaine. La voix d'Eskil Simonsson est aussi belle et profonde que celle de
Dave Gahan et c’est tant mieux parce que les machines de Covenant sont encore
plus sombres que celles des anglais. Mais le mariage entre froideur synthétique
et voix humaine est tout aussi magique.
Covenant
continue à explorer cette même Electro minimale et souvent dansante, mais au
visage triste. Comme ils le disent eux même, ils ont grandis avec les premiers
Depeche Mode et Human League (pour les mélodies dansantes) ou Front 242 et
Nitzer Hebb (pour l’Indus). Ils ne s’en sont jamais remis. Ici les rythmes sont
répétitifs et les machines visent clairement l’hypnose. Une hypnose très
orientée dancefloor sur la plupart des chansons, avec par ci par là quelques
expériences sonores qui cassent un peu le rythme (le minimal et plutôt second
degré Happy Man, notamment). Sur Skyshaper, on côtoie des sonorités
presque Indus comme sur le beau single Ritual
Noise qui réussit à marier de façon imparable la raideur des machines et le
souffle de la voix. Une maîtrise impressionnante et un titre à découvrir absolument.
Et puis on a aussi droit au morceau de bravoure Electro, le genre de titre
éroïco-épique dont ils ont le secret. Cette fois c’est Brave New World qui s’y colle et c’est assez réussi dans le genre,
avec ce refrain qui vous colle à la peau.
Et
puis il y a par ci par là ces accents à la Front 242, mais façon Covenant,
c'est-à-dire assagis et un peu plus présentables, comme sur The Men où la voix d'Eskil Simonsson est
magnifiquement désespérée ou sur le plus brutal et Indus Sweet & Salty. Le trio suédois arrive aussi à jouer avec nos
nerfs en créant des climats tendus et inquiétants comme sur Greater Than The Sun ou sur le sombre et sensuel Spindrift. Mais c’est quand même quand
le chant s’autorise à décoller que les chansons en font autant (20hz). Là, l’Electro de Covenant devient
vraiment aussi dansante qu’emballante.
Et comme
il faut bien se quitter un jour, autant le faire avec délicatesse. The World Is Growing Loud joue le rôle
de dernier adieu lent et tout en nuance, cassant le rythme de l’album. Au
final, Skyshaper donne l’impression
d’être un bel album maîtrisé de bout en bout. Un bel album qui devrait plaire
autant aux amateurs de Depeche Mode qu’aux fous de dancefloor.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.covenant.se
Pixel : Quatre Fois Rien
Titres
Dépareillés
Les Arroseurs Automatiques
Une Pause
Escapade
Ton Héritage
Un Ange Passe
Fils De Bohème
Tête En l’Air
Les Guerriers Du Sommeil
A l’Abri
Je t’Attends
Arabesque
Des
musiciens qui se croisent, qui se cherchent, il y en a des tas. Et puis il y en
a qui finissent par se trouver. C’est le cas des quatre membres de Pixel. Parce
ce que ceux là semblent avoir réussis à trouver la bonne alchimie et le bon
tempo. Et une belle complicité surtout.
Le
ton des chansons de Pixel rappelle d’autres répertoires très
fréquentables : Miossec pour cette sorte de parlé / chanté, Thomas Winter
et Bogue pour ce regard désabusé et surtout Jean François Coen pour le choix d’un
minimalisme assumé et le timbre de la voix de Nassib Ibrahim. Comment faire
beaucoup avec peu de choses pourrait être la devise de Pixel, comme le dit si
bien le titre de ce premier opus. Cet album autoproduit a droit à une production
précise, mais sans fioritures et sans effets de manche. Du coup, il leur faut
faire un effort d’imagination et d’invention pour écrire des chansons qui se
suffisent à elles même. Et comme on le sait depuis longtemps, c’est dans ces
cas là que sortent les plus belles chose, parce qu’on ne peut pas se cacher et
qu’il ne reste que la vérité nue.
Alors
forcément parfois ça passe, d’autres fois ça casse. Mais quand c’est réussi, ça
peut donner une chanson comme Un Ange
Passe. Une chanson qui tient juste sur un fil mélodique, sur une sorte de
rage rentrée, sur une tension qu’on ne veut surtout pas prendre le risque de
perturber. Et dans ce cas là, c’est magnifique. Il y a d’autres beaux moments
dans ce premier album prometteur, comme le plutôt sombre Dépareillés qui ouvre le bal. Ensuite, les tempos et les styles
vont varier d’une chanson à l’autre, notamment grâce à un violon ou un melodica
baladeur qui à chaque apparition donnent une couleur différente à l’ensemble. Mais
la base de ces chansons généralement intimistes reste le classique trio guitare
/ basse / batterie, sous sa forme acoustique. Ca donne de jolies choses, comme Escapade et Fils de Bohème, entre chansons réalistes et musiques d’ailleurs,
grâce à l’apport d’autres instruments. Ou encore le plus Folk Je t’Attends ou le très réussi Tête En l’Air qui navigue entre Folk
classique et rythme Reggae léger, tout en douceur. Mais là où ça devient
franchement intéressant, c’est quand le groupe se lance dans des expériences
sonores plus aventureuses aidées par l'électronique, comme sur le bien nommé Arabesque.
Les
chansons de Pixel ont un charme assez indéfinissable. Peut être justement parce
que ce groupe là a déjà réussi à trouver son propre style, tout en nuances délicates
et en subtilité, sans pour autant renier sa part d’ombre. Et qu’il ne ressemble
finalement à personne en particulier. Une affaire à suivre…
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.pixel-music.com
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