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27 janvier 2003


Grand écart

Cette semaine, pas de thème particulier ni d'ambiance unique. C'est l'éclectisme qui est à l'honneur. Une sorte de grand écart musical entre la musique exigeante de Low, le Rock enflammé de Muse et le songwriter David Gray.



Low : Trust

Titres

(That's How You Sing) Amazing Grace
Canada
Candy Girl
Time Is the Diamond
Tonight
Lamb
In the Drugs
Last Snowstorm of the Year
John Prine
Little Argument With Myself
la la Song
Point of Disgust
Shots and Ladders



En anglais, Low peut se traduire de plusieurs façons. Ca peut vouloir dire bas, malchanceux ou encore déprimé. Et le moins qu'on puisse dire lorsqu'on les écoute pour la première fois, c'est que leur nom colle parfaitement à leur musique. La musique de Low, essentiellement basée sur des tempo très lents et des sonorités basses peut paraître totalement aride et déprimante au premier abord. Mais il ne faut surtout pas s'arrêter à cette première impression. Cet album fonctionne exactement comme l'album " Faith " de Cure : on a l'impression de ne jamais pouvoir entrer dans cet univers claustrophobique ou plus exactement, on a aucune envie de rentrer dans cet univers à priori hostile. Mais si on a le courage ou l'inconscience de faire ce petit pas supplémentaire qui permet d'entrer, de pousser la porte, on y découvre des merveilles. De pures merveilles. Si vous avez déjà réussi à passer ce cap avec " Faith ", vous pouvez très bien le faire aussi pour " Trust ". Les règles du jeu sont approximativement les mêmes, les sensations du même niveau. " Trust " est assurément un grand album, de la race de ceux qui marquent et qui durent.
Cet album est loin d'être le coup d'essai de ce trio américain farouchement underground et mystérieux. Leur musique est, il est vrai, suffisamment austère pour ne pas attirer particulièrement l'attention, mais on a ici probablement leur meilleur disque et aussi leur plus accessible et varié. Le ton oscille entre de longs morceaux atmosphériques dans lesquels on sombre avec délice comme le somptueux " Amazing Grace " qui ouvre cet album et des morceaux plus courts et presque Pop comme " Canada ". La nouveauté ici, par rapport à leur disques précédents, c'est une ouverture vers la lumière, vers des sonorités plus légères et plus abordables. Une sorte de fenêtre ouverte vers des ambiances plus sereines. " In The Drugs " ou " Last Snowstorm Of The Year " reflètent tout à fait cette évolution toute en douceur. On a affaire ici à des morceaux Pop et aérés, chose encore impensable il y a quelques albums de cela. Ce petit bol d'air frais, cette ouverture sur le monde extérieur, permettent à cet album de prendre une toute autre dimension. Il n'est plus uniquement fait de noirceur. Il est fait de hauts et de bas, de déprimes et de joies, de rires et de larmes. Il est plus proche de nous et par conséquent nous touche plus.
Cette ouverture nouvelle transforme totalement ce groupe et le rend plus abordable. Mais attention, soyons clair, l'atmosphère générale n'est toujours pas des plus gaie. Cet album fait partie des disques qui se méritent. Je veux dire par là, que la musique de Low est exigeante et demande beaucoup plus d'une écoute avant de se laisser apprivoiser. Mais ensuite, c'est un véritable plaisir que de se laisser envahir par ces ambiances douces amères, ces morceaux patiemment construits. On entre dans cet album un peu comme on entre dans une cathédrale, d'abord impressionné et intimidé devant le gigantisme de l'édifice, plus, petit à petit, ébloui par les volumes et les lumières. Ensuite, on se retrouve pris au piège, envahi et envoûté par cette musique unique et belle.


Pour plus d'nformations, leur site officiel :
www.chairkickers.com





Muse : Hullabaloo Soundtrack

Titres

Introduction
Deadstar
Microcuts
Citizen Erased
Sunburn
Showbiz
Megalomania
Uno
Screenager
Feeling Good
Space Dementia
In Your World
Muscle Museum
Cave
New Born
Hyper Music
Agitated
Unintended
Plug In Baby
Bliss



Deux albums seulement à l'actif de Muse et pourtant on a l'impression qu'ils font partie du paysage depuis longtemps déjà. Deux grands albums, truffés de véritables hymnes. Muse fait il de la Pop, du Rock, autre chose ? Les classifications importent peu dans leurs cas. Ils dépassent tout ça pour faire une des musiques les plus habités et les plus enthousiasmantes actuellement. Sur une banderole brandit lors du concert capturé sur ce DVD, on peut lire la phrase " Thank you for putting heart and soul into Rock'n'Roll " (merci à vous de mettre un peu de cœur et d'âme dans le Rock'n'Roll). Cette simple phrase pourrait résumer à elle seule ce qu'est Muse et ce qu'ils dégagent, aussi bien sur disque que sur scène.
Deux albums seulement avant de passer à l'étape de l'album live, ça peut paraître un peu court, mais le talent de ce groupe sur scène est tellement évident que la question ne se pose pas longtemps. La scène, c'est leur jardin, là ou ils sont chez eux. Et tous ces morceaux qu'on a appris à aimer sur leurs albums studio prennent ici une dimension supplémentaire, énorme. Ces morceaux emplis de tension nerveuse et d'un lyrisme étonnant et plutôt rare dans la musique actuelle, explosent littéralement en concert. Le montage, lui aussi ultra nerveux (peut être même trop d'ailleurs) de ce DVD, ne fait que souligner ces caractéristiques de leur musique.
A mon sens, le mot qui colle le mieux à la musique de Muse est celui que j'ai utilisé un peu plus haut, c'est le lyrisme. Matthew Bellamy, le chanteur et âme du groupe dit d'ailleurs à ce sujet qu'il n'imagine pas faire du Rock autrement que comme ils le font : en se lançant corps et âmes dans l'aventure, en lâchant tout ce qu'ils ont en eux sans plans ni calculs. Et l'honnêteté de cette démarche saute immédiatement aux oreilles. Muse fait une musique en permanence à la limite du dérapage incontrôlé et le chant de Matthew s'apparente souvent à un exercice de haute voltige. C'est essentiellement pour ça que leur musique ne ressemble à aucune autre et est si attachante. Mais Muse n'est pas qu'un concentré de nervosité en excès de vitesse permanent, Matthew Bellamy est un remarquable compositeur. Il a cette capacité assez rare de savoir faire décoller un morceau, littéralement. Nombres de leurs chansons démarrent paisiblement, puis la tension monte pour finir dans une énorme explosion d'adrénaline. Et tout ça, au milieu de mélodies inoubliables. " Bliss ", n'a pas été choisi comme final de ce concert par hasard. Il représente à mon sens, le niveau ultime atteint par Muse dans ce domaine.
Les morceaux composant ce DVD sont plutôt bien choisit. On y trouve l'essentiel de leur plus gros tubes. Il est d'ailleurs impressionnant de constater que la quasi totalité des 19 morceaux de ce DVD sonnent comme autant de tubes potentiels. Un tel concentré de qualités en seulement deux albums studio, c'est tout simplement exceptionnel. Si vous aimez déjà Muse, vous ne pourrez donc pas être déçus par ce DVD. Vos morceaux préférés sont forcément dedans, l'énergie de la scène en plus. Le son est énorme et parfait, l'image belle, mais je trouve le montage un peu trop saccadé. Ca fini par être fatigant à la longue. Mais c'est bien le seul reproche que je puisse faire sur ce DVD.
Le concert a été filmé à Paris, au Zenith pour être plus précis, et l'ambiance était plutôt chaude, chaude. Ca se ressent tout au long du concert. Le public était là pour communier avec le groupe et réciproquement. La fusion entre le groupe et les spectateurs est totale, règle d'or pour avoir un grand concert. Je ne devrais d'ailleurs pas parler de spectateurs, mais plutôt d'acteurs, tellement ils font partie intégrante du spectacle.
"Hullabaloo", c'est aussi un deuxième DVD, qui contient un film retraçant les à côté de leur tournée. Comme d'habitude dans ce genre d'opération, c'est de peu d'intérêt et assez mal filmé. Le principal attrait de ce DVD est la bande son qui contient quelques inédits en album. Ce sont en fait des faces B de certains de leurs singles.
Mais ce n'est pas tout. Parallèlement à ce DVD, il existe aussi un double album portant le même titre. Le contenu diffère sensiblement du DVD : le premier CD contient une dizaine de faces B qui reflètent assez bien ce que peuvent être les expérimentations du groupe, le deuxième CD contient aussi le concert du Zenith, mais le choix des morceaux est plus restreint que sur le DVD.
Vous avez donc le choix du support, mais quel que soit celui que vous choisirez, " Hullabaloo " est parfait. Plongez dans la flamboyance de la musique de Muse, vous verrez, c'est délicieux. Ensuite, il n'y aura plus qu'à essayer de patienter jusqu'à la sortie de leur 3ème album studio. Vivement demain !


Pour plus d'nformations sur Muse, un site de fans particulièrement bien documenté et avec une version en français s'il vous plaît ! :
musclemuse.com/fr





David Gray : A New Day At Midnight

Titres

Dead In The Water
Caroline
Long Distance Call
Freedom
Kangaroo
Last Boat To America
Real Love
Knowhere
December
Be Mine
Easy Way To Cry
The Other Side



Comment passer le cap d'un album certifié multi-platine ? Comment créer une suite à un album écouté par des millions de personnes ? C'était le problème posé à David Gray, illustre inconnu il y a encore 3 ans et star attendue au tournant depuis.
David Gray est sorti de l'ombre en 1998, par la grâce d'un album beau et touchant : "White Ladder ". Pourquoi cet album a-t-il eu ce succès planétaire ? Question sans réponse évidemment. S'il y avait une recette, ça se saurait. Pour ma part, je pense que cet album a su atteindre le cœur des gens, leur corde la plus sensible. La sincérité de ce disque a payée. Tant mieux. Il est toujours agréable de voir qu'un vrai songwriter arrive à tirer son épingle du jeu. Par les temps qui courent, on aurait plutôt tendance à croire qu'il suffit de beaucoup de dollars et de marketing pour vendre. Mais pas toujours, la preuve. " White Ladder " a été écrit, composé et enregistré en grande partie dans l'appartement de David Gray, à peu de frais et sans aucune publicité pour aider à le faire connaître. Ce sont uniquement un bon accueil critique, quelques passages en radio et le bouche à oreille qui ont fait le succès.
Alors, pour en revenir à ma première interrogation. Que faire après ça ? Comment faire mieux ou tout au moins aussi bien ? Il y a la possibilité de faire un disque totalement différent, pour prendre les auditeurs à contre-pied et essayer ainsi de passer au travers de l'inévitable comparaison ou bien essayer de donner une suite logique au précédent. C'est cette seconde option qu'a choisit David Gray. Peut être pas un choix d'ailleurs, car je crois qu'il écrit des chansons qui lui ressemblent, simples et sans trucages, et qu'il est incapable de composer autrement. Le résultat est inférieur à " White Ladder ", c'est clair. Il manque peut être à cet album la magie immédiate qu'avait le précédent. Un peu moins de fraîcheur et de spontanéité aussi. Mais attention, le résultat est très loin d'être catastrophique. On a ici une belle collection de chansons Pops bien écrites qui forment un album cohérent qu'on peut écouter d'un bout à l'autre avec plaisir. Mais il manque juste cette petite étincelle, cette petite chose indéfinissable qui fait toute la différence entre un bon album et un chef d'œuvre.
La mort du père de David Gray pendant l'enregistrement de cet album a sûrement participé à l'ambiance plus lourde et plus triste de " A New Day At Midnight ". Il y a dans ce disque comme dans le précédent des petits bijoux de popsongs, comme " Dead In The Water Now ", " Caroline ", " Real Love " ou dans un registre plus intime où il excelle, on trouve "Freedom ", " Easy Way To Cry " ou le sublime " The Other Side ", le nouveau single. Et rien que pour ce dernier morceau, l'achat de l'album se justifie pleinement pour ceux qui possèdent déjà " White Ladder ". Ils retrouveront dans cette chanson tout ce qu'ils ont aimés auparavant. Mais si vous ne connaissez pas encore David Gray, laissez vous plutôt aller à acheter " White Ladder ", album en tous points magistral.


Pour plus d'nformations, son site officiel :
www.davidgray.com






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