26 septembre 2005
Deux retours opposés : Simple Minds doit prouver qu'il a encore des raisons d'exister alors que dEUS doit confirmer son statut de groupe devenu presque culte.
Simple Minds : Black & White 050505
Titres
Stay Visible
Home
Stranger
Different World (Taormina.Me)
Underneath The Ice
The Jeweller Part 2
A Life Shot In Black & White
Kiss The Ground
Dolphins
Avec un peu de recul, Simple Minds fait partie des quelques
groupes qui ont vraiment comptés pour moi. Mais c’était il y a longtemps. Pour
moi l’histoire a commencée par un mémorable diptyque appelé Sons And Fascination / Sisters Feeling Call. Le genre d’album ou
l’atmosphère vous enveloppe totalement, vous submerge. Un disque qui vous cloue
sur place. Ensuite, il y a eu le décollage médiatique que l’on sait avec New Gold Dream, album charnière et vrai
chef d’œuvre, suivi de gros cartons commerciaux avec Sparkle In The Rain, Once
Upon A Time et Street Fighting Years.
Et puis doucement, mais sûrement, l’impact de leurs albums à baissé. Le groupe
se fatiguant en même temps que nous.
Depuis, je suis ce qu’ils font plus par fidélité que par
vraie passion. En quinze ans et des albums plutôt rares, il y a eu quelques
hauts, mais aussi beaucoup de bas, dont le triste et pauvre Neapolis. Mais jamais rien qui me remue autant
que leurs anciens classiques. Alors comme d’habitude, le dernier Simple Minds, Black & White 050505, a fait partie
de mes achats de disques de cette rentrée. Et là, à la première écoute, que
j’imaginais polie mais légèrement distraite comme d’habitude, j’ai du me rendre
à l’évidence : Black & White
050505 n’est pas de ces disques là. A nouveau, on y (re)trouve ce souffle
épique, cette force et ce lyrisme qui emportaient tout sur leur passage il y a
quinze ans. Les Simple Minds donnent l’impression d’être regonflés à bloc et
surtout ils croient enfin à nouveau en leur musique. Et ça s’entend. Dès le
début au travers d’un Stay Visible,
au potentiel tubesque énorme où le souffle du groupe éclate à nouveau. Mais pas
la peine de se faire d’illusion, quelle radio pourrait aujourd’hui s’intéresser
à eux et à leur musique ? Dans la foulée, Home nous terrasse par son efficacité. Peut être un peu facile avec
ses grosses ficelles, ce titre est pourtant énorme lui aussi. C’est bien
simple, ces deux premiers morceaux rappellent par leur force un single aussi
marquant que Alive And Kicking. Ca
fait plaisir et surtout ça rappelle tout un tas de bons souvenirs qui se
ramassent à la pelle. Et là où ce disque me fait encore plus plaisir, c’est que
la paire Jim Kerr - Charlie Burchill (plus l’ancien complice Mel Gaynor à la
batterie quand même) s’est amusée (oui, vraiment amusée, ça s’entend) à
revisiter d’autres territoires plus anciens, comme sur ces Different World (Taormina.Me) et Underneath The Ice aux doux parfums plus synthétiques des années New Gold Dream. On a aussi droit à un
morceau comme ils n’en avaient plus enregistrés depuis longtemps. Probablement
parce qu’ils n’avaient plus en eux la générosité et la force nécessaire pour
ça. A Life Shot In Black & White
est le genre de chanson qui s’installe doucement, anodine au départ pour se
terminer dans un crescendo émotionnel auquel on ne résiste pas. Jim Kerr sait
toujours aussi bien utiliser sa voix pour nous chuchoter au creux de l’oreille puis
nous emmener dans ses grandes envolées. Simple Minds est un peu comme ces
athlètes qui ont besoin d’être au top de leur forme pour faire un temps. Leur
musique nécessite que Kerr et Burchill soient en forme au même moment, sinon
elle ne décolle pas. C’est un peu ce qui se passaient sur leurs albums
précédents. Il manquait toujours ce petit quelque chose qui différencie un
album correct d’un bon album. Et quand on sait de quoi le duo a déjà été
capable, c’est forcément frustrant. Sur Black
& White 050505, ils ont retrouvés cette flamme qui leur est
indispensable pour écrire de bonnes chansons. Et ce n’est pas Dolphins, chanson à la délicatesse rare,
qui risque de me faire changer d’avis. Sur ce titre, le groupe renoue avec ces
chansons qui tiennent toutes entières sur une ambiance, sur le fil ténu d’une
sensation, comme en équilibre, comme un miracle.
Le nouveau simple Minds est sorti. Il s’appelle Black & White 050505 et c’est leur
meilleur album depuis une éternité. Mais le plus important n’est pas là. Le
plus important est que les Simple Minds soient de retour, tels qu’on les a
aimés et si souvent rêvés.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.simpleminds.com
dEUS : Pocket Revolution
Titres
Bad Timing
7 Days, 7 Weeks
Stop-start Nature
If You Don't Get What You Want
Include Me Out
Pocket Revolution
Nightshopping
Cold Sun Of Circumstance
The Real Sugar
Sun Ra
Nothing Really Ends
Ca fait six ans qu’on attend la suite de cet Ideal Crash qui a imposé dEUS comme le
groupe belge le plus intéressant de la fin du siècle dernier (oui, déjà…). Pendant
tout ce temps, le groupe a eu le temps d’exploser, de continuer à exister sous
forme d’ombre, puis de se reconstituer avec de nouveaux membres. Mais dEUS
reste lui-même puisque Tom Barman est toujours aux commandes du navire. Et
pourtant, on se doute bien qu’une si longue absence, additionnée d’un turn over
aussi important de ses membres, doit au final changer pas mal de choses.
Et on ne se trompe pas. dEUS savait dompter le chaos comme
personne, créer une mélodie fragile en canalisant le fouillis électrique des
guitares et nous offrir une musique lumineuse et d’une intensité rare. Ideal Crash fait définitivement partie
de ces disques qu’on n’oublie pas. Et que tout groupe aurait du mal à surpasser
ou même simplement à égaler. Alors Tom Barman a apparemment décidé de ne pas
affronter l’obstacle, mais de le contourner. Cette révolution de poche apparaît
tout de suite comme assez différente de son prédécesseur. Beaucoup plus
linéaire au niveau de la construction des chansons et aussi musicalement beaucoup
plus varié. Le doux chaos originel, qui faisait (presque) tout le charme du
dEUS d’hier, fait aujourd’hui partie de la boite à souvenirs. Il va falloir s’y
faire. Le dEUS cru 2005 est nettement plus sage et dans la norme. Et pourtant,
comme pour nous tromper, Bad Timing
rappelle le dEUS de Ideal Crash, avec
ses guitares dont toute la fougue électrique semble canalisée pour gagner
encore en efficacité. Ce morceau là monte doucement en puissance, vous prend à
la gorge et ne vous lâche plus. Brillant. Un futur classique du groupe sur
scène, c’est sûr.
Mais ensuite, la musique du groupe s’éparpille, part dans
des directions nouvelles pour lui, mais aussi à mon avis un peu plus banales. 7 days, 7 weeks vadrouille dans des
contrées que ne renierait pas Grandaddy. Stop-Start
Nature crée un groove pas si éloigné des Fun Lovin Criminals. La chanson Pocket Revolution flirte avec quelque
chose qui pourrait être du Trip Hop pour se détourner ensuite vers les guitares.
Tout ça pourra paraître comme des associations contre nature à tous les
amoureux du groupe, mais il faut quand même leur reconnaître une qualité :
ils sont à l’aise dans tous les styles qu’ils explorent ici. Include Me out renoue avec les ballades
limpides, tout comme The Real Sugar et
un Nothing Really Ends au charme nu. Et
là on se dit que le talent principal du groupe est peut être là, dans ces
chansons au tempo lent et presque lascif. Mais le Rock, qu’ils côtoient plus
sur ce Pocket Revolution que sur leur
disque précédent, est aussi toujours dans leurs cordes, comme le montre de
belle manière un Sun Ra rageur et vraiment
solaire. If You Don't Get What You Want
ravive cette tension qui nous était si chère, mais au travers d’un Rock au
format ultra classique. Le sombre et noisy Nightshopping,
malgré toutes ses qualités, n’aurait
pas non plus trouvé sa place dans leurs albums précédents. Leurs chansons ne
prennent plus le temps d’installer un climat particulier, aujourd’hui elles
sautent directement dans le vif du sujet. Elles sont plus compactes et plus
directes.
En fait, ce disque risque de diviser. Ceux qui,
comme moi, ont aimé Ideal Crash pour
son unité de ton, pour sa Pop tendu et gracieuse, pour ces chansons qui
s’installent progressivement pour ne plus vous quitter, ceux là seront un peu
déçus de ne pas retrouver tout ça sur Pocket
Revolution. Ou plus exactement, ils seront déçus de ne pas retrouver QUE
ça. Les autres auront entre les mains et les oreilles un album emplit de bonnes
et belles chansons, qui au bout du compte forment un album plutôt réussi. Voilà
un disque que j’ai du mal à juger de façon impartiale. Dans l’absolu, Pocket Revolution est un bon disque,
mais il me donne l’impression que dEUS n’a pas osé affronter son passé, qu’il
n’a pas essayé de se surpasser. Ce qui donne un disque très agréable, mais sans
le grand frisson qu’on était en droit d’attendre d’eux.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.deus.be
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