19 juin 2006
On espérait les Pixies, on aura Frank Black. On perd Grandaddy, mais on (re)découvre Midlake.
Frank Black : Fast Man, Raider Man
Titres
CD1
If, Your Poison Gets You
Johnny Barleycorn
Fast Man
You Can'T Crucify Yourself
Dirty Old Town
Wanderlust
Seven Days
Raider Man
The End Of The Summer
Dog Sleep
When The Paint Grows Darker Still
I'm Not Dead (I'm In Pittsburgh)
Golden Shore
CD2
In The Time Of My Ruin
Down To You
Highway To Lowdown
Kiss My Ring
My Terrible Ways
Fitzgerald
Elijah
It's Just Not Your Moment
The Real 'El Rey
Where The Mind Is Going
Holland Town
Sad Old World
Don't Cry That Way
Fare Thee Well
Ben
voilà. On aurait presque pu s’en douter quand Frank Black a reformé les Pixies
en précisant bien que c’était dans un objectif purement commercial. Il avait
sûrement des impôts à payer, une baraque à acheter, une pension alimentaire à
assumer ou je ne sais quoi d’autre de forcément important. On a été nombreux à
suivre le mouvement. Peu importait que les Pixies se reforment pour une raison
ou pour une autre, bonne ou mauvaise. Les Pixies existaient à nouveau et c’était
déjà suffisamment fabuleux pour qu’on s’en contente. On aurait du se douter
aussi quand on n’a pas vu pointer la moindre nouvelle chanson lors de leur
tournée mondiale, juste un énorme best of live de leurs chef d’œuvres passés. Mais
voilà, on espérait…
La
sortie rapide de ce Fast Man, Raider Man
a au moins l’avantage de calmer tous ceux qui ont pris leurs rêves pour une
réalité. Frank Black continue en solo et son alter ego rageur Black Francis est
de nouveau rangé au placard. Temporairement ? Allez savoir.
La
question que je me pose maintenant c’est pourquoi ai-je acheté ce disque là
? Je suppose que c’est plus par agacement et avec la sensation de m’être fait
rouler dans la farine qu’autre chose, juste pour le plaisir mesquin de pouvoir
le démolir ensuite. Pas glorieux comme raison, je sais, mais c’est pourtant ça.
Surtout que les dernières livraisons solo du bonhomme n’étaient pas franchement
enthousiasmantes, en tout cas trop countrysantes à mon goût. Et après avoir
écouté ce Fast Man, Raider Man, je suis
encore plus agacé. Parce que Frank Black possède quand même un truc rare :
le talent. Tout simplement. Un talent qu’il a souvent trop dispersé, trop
galvaudé, en sortant une multitude d’albums au contenu approximatif. Prolifique
rime rarement avec qualité. En triant un peu, il aurait pu produire deux fois
moins d’albums, mais tous deux fois meilleurs. Et ce Fast Man, Raider Man ne déroge pas aux bonnes vieilles habitudes.
C’est même un double album cette fois ci, avec pas moins de 27 titres. Encore
une fois, il y a la quantité. Et la qualité ? La surprise c’est que
justement, elle est là sur la plupart des titres de ce double album. Et l’autre
surprise, c’est que Frank Black continue son exploration de la musique
populaire américaine, de plus en plus loin du Rock mais de plus en plus près de
ses racines. Pour ça, il s’est entouré d’une nuée de musiciens d’expérience qui
viennent tous apporter leur touche personnelle aux chansons. Et les
compositions de M. Black y gagnent énormément. Le très réussi If, Your
Poison Gets Me saute en permanence entre couplets swing jazzy et refrains Pop
joyeux. Johnny Barleycorn sonne comme
ces bons vieux classiques Rock et comme un classique de Frank Black par la même
occasion. Fast Man fait résonner nos souvenirs de Blues caressants. You Can't
Crucify Yourself donne l’impression
d’entendre des Fun Lovin’ Criminals en pleine forme. La reprise du Dirty Old Town prend le contre-pied
total de la version popularisé par les Pogues, entre Folk et Country bien loin
du côté celtique. Chaque chanson nous fait changer d’univers et de style. Même
la voix de Frank Black est utilisée de façon différente sur chaque titre. Et
tout ça sur des tempos et des ambiances nettement plus calmes que par le passé,
moins rauques et moins Rock.
Tout ça
donne un album aux multiples couleurs et facettes. Sûrement le plus varié et l’un
des plus intéressants de Frank Black en solo. Evidemment, comme d’habitude, sur
la quantité de titres, une bonne dizaine auraient pu être mises de côté pour
faire un album simple tout bonnement mémorable. Mais pour le coup, je ne vais
pas me plaindre, parce que ce Fast Man,
Raider Man est ce que le bonhomme a produit de plus attachant depuis
longtemps. Depuis les Pixies ?
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.frankblack.net
Midlake : The Trials Of Van Occupanther
Titres
Roscoe
Bandits
Head Home
Van Occupanther
Young Bride
Branches
In This Camp
We Gathered In Spring
It Covers The Hillsides
Chasing After Deer
You Never Arrived
Pile
à l’heure où Grandaddy nous laisse tomber, Midlake sort ce The Trials Of Van Occupanther. Comme une sorte de signe du destin.
On a pas mal comparé Midlake à Grandaddy, d’abord pour leur goût commun pour
les mélodies suaves toutes en mid tempo et pour ces voix qui caressent les
sens. Par certains côtés, il y a du vrai, mais Midlake est au moins tout aussi
proche cousin de gens comme les Beach Boys ou toute cette frange de groupes
américains adeptes d’un Rock FM cool qu’on a vu fleurir à la fin des 70’s ou au
début des 80’s.
D’une
certaine manière, cet album pourra peut être consoler ceux qui regrettent déjà
la fin de Grandaddy, en leur offrant une musique qui suit un peu le même
sillon. Mais ça leur permettra aussi d’ouvrir leurs oreilles à bien d’autres
choses. Parce que la musique de Midlake peut autant rappeler Grandaddy, comme
sur l’énorme Roscoe, que des gens
comme les Eagles par exemple, sur Head
Home. On y retrouve ces harmonies vocales à plusieurs couches, véritable
spécialité west coast il y a une bonne vingtaine d’année. On y retrouve cette même suavité dans les
mélodies, cette même douceur dans les arrangements. Mais si vous avez déjà
écouté ce genre de musique, vous savez comme moi qu’elle se rapproche plus
souvent de la guimauve qui colle aux doigts que du chef d’œuvre. Mais là, c’est
juste un pur bonheur. Sur certaines chansons de ce disque, c’est juste
l’harmonie parfaite, l’équilibre idéal. C’est beau, tout simplement. Prenez Young Bride par exemple. Dans ce seul
titre, il y a tout : la mélodie lumineuse, les chœurs divins auxquels on
n’a pas du tout envie de résister, l’orchestration grand luxe et les
trouvailles harmoniques à la pelle (comme le contraste entre cette rythmique
très sèche et ces voix si sucrées). On trouve aussi par moments des
ressemblances avec le style et l’univers de Neil Hannon et Divine Comedy, mais dans
une variante plus dépouillée (Branches).
La grande
majorité des chansons de The Trials Of
Van Occupanther donne simplement envie de baisser la garde, de ne surtout
pas chercher le petit défaut ici ou la faute de goût là (qui n’existe de toute
façon pas). Juste envie de profiter de l’instant présent, de s’allonger et de
se laisser porter par ces mélodies là. L’album tout en douceur idéal pour les
mois qui viennent.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
midlake.net
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