26 mai 2008
22 Pistepirkko : (Well You Know) Stuff Is Like We Yeah!

Titres
Suburban Ladyland
Crazy Meat
Lizard
Angoulême 2036
Sky Girl
Zombie
Aquarius Zero
Garbage Land
Summer Triangle
Smileys Are Not Enough
Blue & Purple
Refrain From The Refrain
Others
J'ai toujours en mémoire le réjouissant
Drops And Kicks chroniqué ici fin 2005, un album qui m'avait
totalement pris par surprise. Et comme je me l'étais promis, cette fois
ci je n'ai pas laissé passer le temps et les albums. (Well You Know)
Stuff Is Like We Yeah ! est bien leur première livraison depuis Drops
And Kicks. D'ailleurs, si vous cherchez le titre d'album le plus
débile de l'année, pas la peine de chercher plus loin, vous l'avez trouvé.
Encore une fois, mes finlandais préférés se préoccupent assez peu de l'image
qu'on peut avoir d'eux. En Finlande ils sont une institution, ailleurs
ils sont au mieux une vague rumeur. Dans un cas comme dans l'autre, ils
peuvent tout se permettre. La liberté, quoi ! Ce n'est pas après plus
de vingt ans de carrière que ça va changer. Cette situation, ils la vivent
très bien et ce nouvel album en est une nouvelle preuve éclatante.
Comme d'habitude et peut être même
encore plus que d'habitude, (Well You Know) Stuff Is Like We Yeah
! semble ne respecter aucune règle préétablie, ne suivre aucun chemin
précis. Le monde est vaste, les variantes du Rock innombrables, alors
pourquoi se contenter d'un petit morceau seulement. Pour moi, l'une des
grandes qualités de 22 Pistepirkko est justement d'avoir toujours été
curieux et d'avoir essayer d'élargir son espace. L'autre qualité est d'avoir
toujours su y apporter son petit grain de sel personnel qui fait toute
la différence. Un album de 22 Pistepirkko a toujours ce petit parfum si
particulier, je dirais presque dépaysant, qui fait qu'on sait en les écoutant
qu'ils ne sont pas anglais ou américains, même si leur musique vient de
là. Comme dEUS chroniqué il y a peu, 22 Pistepirkko est un groupe qui
a une façon totalement continentale de traiter le Rock. Je dirais qu'ils
s'autorisent des choses que les anglo-saxons n'oseraient pas forcément
ou n'imagineraient même pas. Leur musique y gagne beaucoup en personnalité.
Le single Suburban Ladyland,
sorte de surfsong tranquille en est un parfait exemple. Cool et juste
légèrement décalée, cette chanson donne le sourire. Elle est à l'image
de tout ce qui va suivre, en revisitant comme d'habitude le Rock, la Pop
et surtout le Blues sous toutes ses formes. Aucune chanson ne ressemblera
à la suivante. Crazy Meat est une sorte de Rock lent et pesant,
Lizard est un Blues qui se dore au soleil, Angoulême 2036
( ? ) est une espèce de Boogie-Rock qui fait remuer la tête et Sky
Girl est une merveille de Blues lent au bottleneck qui me rappelle
beaucoup Kat Onoma. On change de style ou de tempo à chaque plage. Le
seul point commun de toutes ces chansons reste cet amour immodéré pour
la guitare sous toutes ses formes. Et comme à chaque fois aussi, quelques
unes de ces chansons artisanales et longuement polies à la main s'imposent
pour un moment. Cette fois, en plus du single Suburban Ladyland,
c'est Sky Girl, le très Surf-Pop Zombie et le sucré
Summer Triangle qui s'y collent. D'accord, il n'y a aucune touche
de génie là dedans, rien de vital pour l'avenir de la musique. Il y a
juste cette touche d'humanité sensible qu'on ne trouve pas si souvent
et qui fait toujours chaud au coeur. Actuellement, on trouve même une
version spéciale digipack du CD qui contient en plus le single Suburban
Ladyland et leur biographie intégrale au format pdf. Plus de 200
pages… tout en anglais. Pour ceux qui voudraient vraiment tout connaître
des finlandais. Pour ma part, je n'ai pas encore eu le courage de me
pencher dessus...
Un album de 22 Pistepirkko donne
toujours cette impression de complicité et de proximité, l'impression
que c'est une bande de copains à vous qui se trouve derrière les instruments.
Sans prétention et sans tape à l'œil, chaque album de 22 Pistepirkko contient
son petit lot de chansons amies qui vous accompagneront un bon bout de
temps. Dans ce monde de la musique où on commence à péter plus haut que
son cul avant même d'avoir écrit la moindre chanson et où jouer à la star
est la règle, cette attitude là est plus que rafraîchissante, elle est
salutaire. Elle permet de continuer à imaginer un futur musical à visage
humain. Indispensable, donc.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.22-pistepirkko.net
Et la video de Suburban Ladyland :
ICI
Portishead : Third
Titres
Silence
Hunter
Nylon Smile
The Rip
Plastic
We Carry On
Deep Water
Machine Gun
Small
Magic Doors
Threads
Ca commence par quelques mots en
portugais (je crois…) puis ça continue avec des sons et des rythmes plus
entendus depuis longtemps, comme si il n'y avait jamais eu ce trou de
10 ans entre le deuxième album et celui là. Silence nous donne
l'impression de retrouver un Portishead inchangé, comme on l'a aimé. Mais
rarement une première chanson aura autant trompé ce qui reste à venir.
Portishead a toujours été un groupe
à part. Auteur d'un des singles les plus marquants des 90's (et oui, c'était
en 1994, déjà), ce groupe là aurait pu reproduire la même recette sur
chaque album pendant des années pour se remplir les poches sans aucun
risque. Issu de la vague Trip Hop initiée par Massive Attack et autres
Tricky, Portishead a brûlé tout son carburant plus vite que les autres.
Deux albums et puis s'en va. Au grand regret de leurs innombrables fans
qui s'étaient attachés à cette musique plus exigeante que la moyenne et
aussi à la voix intense de Beth Gibbons. Une fois qu'on y a goûté, il
est difficile de se passer de cette musique là. Il ne nous restait plus
qu'à écouter et réécouter ces deux albums. En se disant qu'en arrêtant
si vite d'exister, Portishead n'a pas eu le temps de sortir de mauvais
disque. Une carrière brillante, sans tache.
Mais avant de se précipiter comme
des morts de faim sur Third, comme toute personne normalement
constitué qui a aimé les deux premiers opus, il faut peut être savoir
à quoi s'attendre. Pour éviter d'être surpris. Ou finalement vaut il peut
être mieux ne rien savoir du tout et découvrir le Portishead nouveau avec
les oreilles grandes ouvertes et sans arrière pensées. Je ne sais pas
ce qui est le mieux. Une chose est sûre, tous ceux qui vont acheter Third
avec encore en mémoire le single Glory Box du premier album risquent
fort de tomber de haut. Parce que si les trois de Portishead sont revenus
dix ans après, ce n'est pas pour rien. Pas juste pour refaire la même
chose. Comme avec Dummy en son temps, Third a pour but
de surprendre, d'apporter du neuf, une vision différente.
On retrouve sur Third l'association
de cette Electro discrète et de la voix incroyablement vibrante de Beth
Gibbons. Mais contrairement aux deux albums précédents, sur celui-ci,
le groupe ne semble que rarement chercher l'harmonie ou la beauté facile.
C'est un peu comme s'il cherchait à se mettre lui-même des bâtons dans
les roues pour se compliquer la tâche, pour s'obliger à chercher des idées
nouvelles. Du coup, Third est un album pas vraiment facile d'accès.
Pas forcément difficile, mais en tous cas plus tortueux et exigeant que
la moyenne. Le truc à ne surtout pas faire avec ce disque est de picorer,
d'écouter vite fait des extraits de 30 secondes de chaque chanson. Là,
c'est le meilleur moyen de passer totalement à côté. Les beautés de cet
album sont cachées et il faudra creuser un peu pour les trouver. Une sorte
de version musicale de la chasse aux trésors en quelque sorte. Etonnamment,
Third me fait beaucoup penser à certains disques de Björk. Pas
forcément au niveau purement musical, mais au niveau des surprises que
renferme chaque chanson. Quand on écoute Third, comme avec Björk
on a la sensation très claire d'écouter quelque chose de neuf, de totalement
ouvert. On sent que tout est possible. Avec Third, Portishead
est en train de réinventer le Trip Hop, de le révolutionner complètement.
Peut-on d'ailleurs encore l'appeler comme ça ? Il faudrait trouver un
nouveau terme pour définir cette musique là.
Après avoir dit ça, à quoi bon essayer
de décrire ce qu'on entend sur cet album. Il suffit juste de savoir que
la voix de Beth Gibbons parait toujours aussi sublimement fragile et qu'elle
est le centre du disque. Les orchestrations pourtant toutes plus inventives
et risquées les unes que les autres ne semblant être là que pour la mettre
en valeur. Il faut se plonger tout entier dans ce disque pour profiter
pleinement des merveilles qu'il contient. Parce ce que c'est bien de ça
qu'il s'agit : de merveilles. Des perles qu'on voit briller au fond de
l'eau, qu'on pense pouvoir toucher du doigt en se penchant un peu, mais
qui restent pourtant toujours inaccessibles. Et qui semblent briller de
plus en plus fort au fur et à mesure qu'elles s'éloignent.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.portishead.co.uk
Et la video de Machine Gun :
ICI
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