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26 mai 2003


Trois façons de mélanger les styles et de métisser les genres, vues par les les français de Tarmac, l'anglo-Nigérian Keziah Jones et le sénégalais Youssou N'Dour.




Tarmac : Notre Epoque

Titres

Merci Pour Tout
La Lune
Notre Epoque
Je Cherche
Ces Moments-Là
Du Velours
Tout Petit
Sur Mes Lèvres
Chaque Ville
Volar
Tout à Côté (1)
Dans Ma Tête
Post-Scriptum
Tout à Côté (2)



Vous connaissez forcément Louise Attaque. Si vous avez suivi leur parcours, vous connaissez aussi Tarmac, sinon, vous avez des chances d’être passé à côté de leur premier album l’Atelier sorti l’année dernière. Tarmac est né de la dissidence de Gaëtan Roussel et Arnaud Samuel, respectivement chanteur / guitariste et violoniste de Louise Attaque. Après deux albums fort recommandables, Louise Attaque n’existe plus. Ce groupe avait ouvert la porte à un style de musique pas vraiment grand public jusque là : la fusion entre Chanson et un Rock teinté de Folk. Beaucoup de groupes dans ce genre existent pourtant depuis longtemps, sans jamais avoir eu le moindre écho médiatique, mais eux ont touché le jackpot dès leur premier disque et leur premier single J’t’Emmène Au Vent. Leur deuxième album, intitulé Comme On dit n’arrivait pas totalement à éviter la redite. On retrouvait les Louise Attaque tels qu’on les avait aimé dans le premier album, mais on sentait déjà le manque de perspectives et l’enfermement dans un style qui à terme aurait tourné en rond. Ils ne sont pas tombés dans le piège et Tarmac est né.
Si l’Atelier gardait encore quelques liens avec leur groupe précédent, Notre Epoque, grâce à l’apport de deux nouveaux comparses, Walt Whitman et Fernando Pessoa, coupe les ponts avec une ère maintenant révolue. Comme le titre de ce disque semble vouloir l’indiquer, les deux musiciens ont définitivement changé d’époque et ils voient maintenant s’ouvrir devant eux tout un horizon musical à explorer. Et ils ne s’en privent pas. Seule la voix de Gaëtan Roussel peut encore rappeler Louise Attaque, et encore, même sa façon de chanter a changé du tout au tout. Son chant est aujourd’hui beaucoup plus posé et ça n’en est que plus agréable. Le ton de Tarmac est dans l’ensemble beaucoup plus calme que ne l’était Louise Attaque. Les chansons baignent toutes dans une sorte de tempo moyen et plutôt caressant. Là où Louise Attaque excellait dans l’agitation, Tarmac est à plus à l’aise pour nous caresser dans le sens du poil. Notre Epoque ou surtout l’excellent Je cherche, deux morceaux basés sur des rythmes empruntés au Reggae font instantanément mouche. On se laisse bercer par Ces Moments Là et son piano. On sent les musiciens avides d’essayer des choses et de tenter des expériences, notamment au niveau des rythmiques, où on voyage entre les genres, Reggae, Tango, Bossa, Rock, Folk, tout y passe. Et par dessus cette floraison de rythmes, Tarmac a écrit de belles chansons, bien plus sensibles et touchantes que dans leurs travaux précédents.
Tarmac a parfaitement réussi sa mutation musicale. Ils ont réussis sur cet album a se créer leur propre style, nouveau et tellement ouvert vers l’extérieur qu’il semble sans limite apparente. Tout est maintenant possible, de Chaque Ville, sorte de Folk urbain aux sonorités Cajun, à Volar, quasi Tango au violon Tzigane. Toutes les expériences sont possibles, elles méritent donc toutes d’être tentés, pour notre bonheur d’auditeur. A la manière du nouveau Blur, chroniqué ici la semaine dernière, Tarmac touche à tout avec un enthousiasme évident et un talent certain. Même si le monde vu au travers des yeux de Tarmac n’est pas des plus rose, même si les thèmes abordés, comme la non communication, la solitude, ne sont pas des plus optimistes, ils réussissent ici un beau patchwork musical. Et si Notre Epoque n’est pas forcément aussi belle qu’on pourrait la rêver, elle laisse la porte ouverte à un avenir qu’on ne peut imaginer que plein de nouvelles découvertes et forcément meilleur.


Pour plus d'informations, leur site officiel :
www.tarmacmusiconline.com




Keziah Jones : Black Orpheus

Titres

Afro Surrealism For The Ladies
Kpafuca
Femiliarise
Wet Questions
Neptune
72 Kilos
All Praisies
Beautiful Emilie
Sadness Is...
Autumn Moon
Black Orpheus
Orin O'lomi



En 1992 débarquait sur les ondes et sur les écrans un parfait inconnu nommé Keziah Jones, qui aurait paraît il débuté sa carrière de chanteur en jouant dans le métro parisien. Sa chanson Rythm Is Love avait le don incroyable de fédérer les goûts de pratiquement tout le monde. Tout le monde y trouvait son compte. Par son album Blufunk Is A Fact, Keziah Jones nous proposait une musique nouvelle, faite d’une pincée de Pop, d’un peu de Blues et de Soul et d’une bonne dose de Funk. Une musique également basée sur un jeu de guitare totalement personnel et novateur. Un style de musique auto-baptisé Blufunk.
Depuis ce premier disque, Keziah Jones n’avait produit que deux autres disques que j’avais trouvé assez décevant en regard des espoirs qu’avait fait naître Blukunk Is A Fact. Mais cette année, Black Orpheus arrive dans les bacs et c’est du bon Keziah Jones. Depuis ses débuts, sa musique s’est étoffée. On est passé d’une musique simple et intuitive, reposant avant tout sur la guitare et la voix de Keziah Jones a une musique beaucoup plus complexe, dans laquelle sont venus s’ajouter de nombreux autres ingrédients. Les influences Funk ont pris de l’importance, on pense notamment à Prince sur certains morceaux, mais surtout, ce sont ses racines africaines qui débarquent ici en force. Kpafuca est une belle réussite dans le genre Afro-Funk, avec sa rythmique et ses cuivres très Afro, et sa guitare toujours aussi Funk.
Vous avez peut être déjà entendu sur les ondes le morceau Femiliarise, qui pourrait bien succéder à Rythm Is Love, dans le genre tube mondial. Dans ce disque, on passe allègrement d’un genre à l’autre, mais avec toujours en fil rouge, cette guitare et cette voix, toutes les deux si particulières. Wet Questions, avec ses référence au Je Suis Venu Te Dire Que Je M'en Vais de Gainsbourg, est un beau morceau au rythme idéalement chaloupé. Neptune lui emboîte le pas, faisant penser au Prince d’avant le gâchis, celui qui était capable de composer des mélodies parfaites. 72 Kilos, avec ses cuivres et ses avalanches de percussions, nous emmène directement en Afrique, alors que Beautiful Emilie, dans sa simplicité, nous rappelle très fort le Keziah Jones des débuts. Le morceau The Black Orpheus nous confirme s’il en était encore besoin que ses chansons n’ont besoin d’aucun artifice pour nous toucher. Une simple guitare et une voix suffisent. L’album se termine sur une belle note africaine avec Orin O’Lomi.
Ce qui est vraiment surprenant avec Keziah Jones, c’est sa faculté à mêler les genres de façon tout à fait naturelle et efficace. En un mot, que vous soyez amateur de Funk, de Blues, de Soul, de Pop ou de musique Africaine, vous trouverez forcément dans ce disque, une chaussure à votre pied.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.keziahjones.com




Youssou N'dour : Nothing's In Vain

Titres

Tan Bi
So Many Men
Moor Ndaje
Li Ma Weesu
The Joker
La Femme Est L'avenir De L'amour
Mbeggeel Noonu La
Il N'y A Pas D'amour Heureux
Sagal Ko
C'est L'amour
Doole
Yaru
Africa, Dream Again



Voilà un disque que je n’avais pas prévu d’acheter et encore moins de chroniquer. Mais voilà, après avoir vu et surtout entendu parler Youssou N’dour récemment, j’ai été convaincu qu’il fallait jeter au moins une oreille sur son dernier album. Nothing’s In vain n’est pas à proprement parler une nouveauté, puisqu’il est sorti fin 2002, mais il n’est jamais trop tard pour parler d’un bon disque.
En fait, dès que j’ai vu Youssou N’dour, j’ai aussitôt repensé à un morceau que vous connaissez forcément tous : le magnifique Seven Seconds en duo avec Neneh Cherry. Cette chanson reste pour moi un petit miracle musical comme il y en a peu, une chanson en état de grâce, en apesanteur. Depuis, j’avais croisé ici ou là, la voix de Youssou N’dour, trouvant toujours sa musique agréable, mais sans jamais me pencher plus sur la question. L’autre jour, il parlait de sa dernière tournée aux Etats Unis, la plus grande tournée américaine de sa carrière. Une tournée qu’il a annulé dans sa totalité pour être en accord avec ses idées concernant la guerre en Irak. Vous en connaissez beaucoup vous des artistes, quel que soit leur domaine, qui ont eu ce courage là. Ca me paraît encore plus courageux que ce qu’ont dit certains acteurs. Dans le cas de Youssou N’dour, il s’agit de prendre le risque de saborder sa carrière américaine, tout simplement. Rien que pour ça, Youssou N’dour mérite toute notre attention.
J’ai donc acheté Nothing’s In Vain, son dernier disque. Et je dois dire que je ne le regrette absolument pas. Je ne suis pas particulièrement familier de la musique africaine, mais Youssou N’dour a une façon bien à lui de rendre la musique de son pays accessible à tous. Sa façon d’associer les instruments traditionnels d’Afrique de l’ouest avec les rythmes occidentaux, ou l’inverse, est tout simplement magistrale. Le fait de chanter en trois langues (l’anglais, le français et le wolof) ajoute encore à la diversité de l’ensemble. Youssou N’dour fait une musique qu’on peut qualifier d’ethnique, dans le sens où elle puise sa source dans la tradition du Sénégal, mais il crée surtout une musique ouverte et perméable à toutes les influences extérieures. On trouve donc des chansons aux visages multiples sur cet album, de Tan Bi, Moor Ndaje ou Li Ma Weesu, morceaux aux accents purement sénégalais, en passant par So Many Men, duo avec Pascal Obispo, ou The Joker, composé avec le même Obispo, aux harmonies clairement occidentales ou encore Sagal Ko ou La Femme Est l’Avenir De l’Amour, impeccables fusions. On a même droit à une reprise plus que surprenante du Il n’y A Pas D’amour Heureux du duo Aragon / Brassens. Une reprise d’un grand classique français avec guitare et accordéon, pimenté de percussions sénégalaises. Contre toute attente, c’est une vraie réussite. L’amour est d’ailleurs le thème central de ce disque. L’amour sous toutes ses formes, qu’il soit entre deux êtres ou entre les peuples, heureux ou au contraire déçu. L’amour au centre du monde, c’est le moteur véritable de ce disque.
A l’écoute de Nothing’s In Vain, on comprend mieux pourquoi Youssou N’dour est une telle star dans son pays. Il ouvre des portes grandes comme des mondes entre des continents qui ont plus tendance à s’éloigner qu’à tenter de se connaître. Ce disque permet, pour ceux qui comme moi ne connaissent pas grand chose à la musique d’Afrique de l’ouest, d’entrer dans un monde vraiment très attirant. L’écoute de cet album déclenche immanquablement un élan de curiosité. Ca vous pousse à essayer d’en connaître plus sur lui et sur la musique de son pays. Sachant que la curiosité est une qualité qui manque cruellement aux américains, il est d’autant plus dommage qu’ils passent à côté de Youssou N’dour.


Pour plus d'nformations, le site officiel, en français et en anglais :
www.youssou.com




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