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26 mars 2007



Blackfield : II


Titres

Once
1,000 People
Miss U
Christenings
This Killer
Epidemic
My Gift of Silence
Some Day
Where’s My Love?
End of the World


Voilà un genre musical que j’aborde assez rarement sur Why Not, celui du Rock progressif. Tiens, j’en vois déjà qui prennent la fuite. Oui, moi aussi je trouve habituellement ce genre de musique trop lisse et trop prévisible pour être vraiment intéressant. Je trouve aujourd’hui que ça manque en général d’émotion et de vie. J’en ai pas mal écouté dans le passé, mais j’ai perdu le fil depuis un bon moment déjà. Et en tombant sur ce Blackfield II je me dis que j’ai peut être eu un peu tort.

Blackfield est un des projets parallèles de Steven Wilson, habituel frontman de Porcupine Tree. Il collabore ici avec Aviv Geffen, chanteur et guitariste israélien. Et le résultat de ce travail en commun est franchement réussi. Beaucoup plus que sur le premier opus, un peu trop fade à mon goût. Il plane sur ce disque comme un voile de tristesse juste traversé par des mélodies toutes plus belles les unes que les autres. En fait, en plus des mélodies ciselées dans le diamant, je crois que ce qui me plait le plus sur ce disque, c’est justement le temps hivernal qui le traverse, ces paysages désolés et ces vents frisquets. Le genre de disque à écouter dans son cocon, en solitaire. Mais aussi le genre de disque qui plaira à tous ceux à qui vous pourrez le faire écouter. Résultat pas si facile à obtenir, finalement. Certaines des chansons les épurées de ce disque me rappellent un peu le travail le plus récent de Vast. On y trouve la même obsession du beau, de la mélodie parfaite et des arrangements délicats et raffinés.

Côté musical, pas de franche originalité, Blackfield respecte (un peu trop) à la lettre les canons du genre : mid-tempo, piano qui vient surligner la mélodie, nappes de claviers omniprésentes et guitares toutes en arpèges délicats, avec ici ou là quelques boules de nerf pour changer un peu de rythme. La différence, c’est au niveau des mélodies qu’elle se fait. Et peut être encore plus au niveau du climat général du disque. Si Once démarre dans un registre Rock assez ouvert (avec des chœurs et un refrain d’une beauté sidérale), la suite se referme doucement et égoïstement en une Pop aérienne délicieuse. 1,000 People et son piano qui ressemble au son de la pluie qui tomberait sur une vitre, Miss U et sa mélodie volatile, tout concoure à faire de ce Blackfield II un délice pour tous les amoureux de belles chansons frissonnantes, ce qui pourrait regrouper les amateurs de Pink Floyd ou Vast en passant par Grandaddy ou même Radiohead. C’est vous dire si le spectre est large.

Pourtant, on a l'impression diffuse que ce disque aurait pu être vraiment parfait, encore meilleur que ce qu'il est. Et pourtant il est déjà loin au dessus du lot. On pourra reprocher au duo un manque de prise de risque et un académisme un peu forcé. Ce qui donne à toutes les chansons un ton très uniforme et monochrome (gris évidemment). On sent que ces deux là pourraient faire encore plus fort s’ils décidaient de casser quelques barrières. Mais c’est peu être aussi ça qui permet au disque d’être si cohérent, de ne pas partir dans toutes les directions et de créer ce climat aussi unique. Parmi ce flot d’harmonies travaillées, certaines chansons ressortent pourtant du lot, comme Epidemic et Where’s My Love? rares incursions vers des tempos plus enlevés et surtout le magnifique et très Floydien End Of The World de clôture, sans doute le plus beau morceau de tous. Tout ça fait de Blackfield II un album qui dégage une pureté et une harmonie assez rare, une sorte de paix intérieure. Je ne saurais pas trop expliquer le phénomène, mais on ressort de son écoute avec l’impression d’avoir l’esprit purifié, comme si tout ce qui l’encombrait avait été évacué. Alors forcément on n'arrive plus à le sortir de la platine. Un disque qui vous colle à la peau pour un moment. A savourer en attendant le printemps.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.blackfield.org


LCD Soundsystem : Sound Of Silver

Titres

Get Innocuous !
Time To Get Away
North American Scum
Someone Great
All My Friends
Us V Them
Watch The Tapes
Sound Of Silver
New York, I Love You But You'Re Bringing Me Down


James Murphy continue à fouiller dans les archives du siècle dernier et à en faire sa propre relecture. Le deuxième chapitre se nomme Sound Of Silver et c’est encore une fois un régal.

Comme sur le premier LCD Soundsystem, à travers toutes ces sonorités Electro transparait son amour pour le Rock sous toutes ses formes ou presque. Certains diront que le groupe a un peu le cul entre deux chaises musicales et ferait bien de choisir son camp. Moi je préfère penser qu’il est toujours intéressant de fusionner les genres. C’est toujours comme ça que les choses avancent. Et ça a toujours été de cette façon là que la musique à lentement évolué pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Quand on n’évolue pas, on meurt.

Dès Get Innocuous qui sonne comme une sorte de mutant qui aurait emprunté des gènes à Kraftwerk et quelques autres aux Talking Heads, on comprend que James Murphy et ses potes n’ont pas changé de direction. Rien que ça, c’est déjà une raison suffisante pour se réjouir. Parce qu’on a encore tous en mémoire le premier LCD Soundsystem, sorte de best of remixé à la sauce 21ème siècle de tout ce qu’on avait aimé par le passé. La suite de ce disque ne fera que le confirmer puisqu’on on ne fera que rebondir avec délice sur toutes les facettes du Rock des 20 dernières années, mais digérées dans des versions dancefloor dont le groupe a le secret (Time To Get Away qui rappelle leurs copains de The Rapture, le détonnant North American Scum qui flirte autant avec les White Stripes qu’avec les Klaxons, Someone Great et ses sonorités très Human League, All My Friends qui emprunte à New Order). Et le grand talent de James Murphy et sa bande, c’est de synthétiser tout ça pour en faire une œuvre personnelle, sans qu’on trouve quoi que soit à lui reprocher. J’y reviens encore une fois, mais LCD Soundsystem ne recopie pas la musique du passé, il la reconstruit pour la faire avancer. Avec tout ça, les jambes s’agitent et le moral est au beau fixe. Parce que la direction presque unique du groupe, celle autour de quoi tout s’articule, c’est le rythme, la danse. Jusqu’à une conclusion toute en finesse et en retenue, avec la belle ballade New York, I Love You But You'Re Bringing Me Down qui elle, n’a plus rien à voir avec l’Electro.

Mais si j’osais, je reprocherai quand même une chose aux LCD, c’est de ne jamais se lâcher vraiment. D’être un peu trop carrés, finalement. A l’écoute de ce Sound Of Silver, on a souvent l’impression que les chansons sont sous exploitées et qu’elles pourraient être encore plus enthousiasmantes. Comme si il manquait encore un petit grain de folie supplémentaire pour que ce disque soit vraiment parfait. A part ça, le mélange des genres façon LCD Soundsystem, même s’il n’a plus le souffle de la nouveauté, est toujours aussi enthousiasmant et surtout il court toujours bien plus vite que la concurrence. Seul devant.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.lcdsoundsystem.com


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