25 aout 2008
Tricky : Knowle West Boy
Titres
Puppy Toy
Bacative
Joseph
Veronika
C'Mon Baby
Council Estate
Past Mistake
Coalition
Cross To Bear
Slow
Baligaga
Far Away
School Gates
Tricky a toujours été un cas à part.
Déjà, à l'époque où Massive Attack commençait son aventure à Bristol,
Tricky se sentait trop à l'étroit. Pas assez l'esprit collectif, trop
perso pour jouer en équipe, il a rapidement décidé d'aller voir ailleurs,
d'expérimenter dans son coin. Le revers de la médaille quand on joue tout
seul et qu'on n'en fait qu'à sa tête, c'est qu'on n'a personne sous la
main pour être recadré quand on fait fausse route. C'est un peu ça le
problème de Tricky. Brillant, il l'est, inégal, il l'est tout autant.
Au gré de ses envies, il a accouché
d'albums parfois brillants et innovants, mais aussi parfois très en dessous
de ce que ses multiples talents pouvaient laisser espérer. Aujourd'hui
comme hier, Tricky se fout de ce qu'on peut penser de lui et de sa musique.
Il continue juste son aventure. Et aujourd'hui, une chose parait évidente
: Tricky semble avoir fait le tour de la question, tellement le nouveau
Knowle West Boy (nom du quartier de Bristol où il est né) sonne
comme du Tricky pur jus. Ce qui surprenait ou étonnait hier fait aujourd'hui
partie du paysage. Ca reste toujours aussi agréablement déroutant de découvrir
un nouvel album du bonhomme, mais il n'y a plus ce frisson unique de la
découverte, ce petit plaisir qu'on avait en ne sachant pas dans quelle
direction allait partir le prochain virage. Mais remettons quand même
les choses à leurs places, ceux qui découvriraient Tricky aujourd'hui
par l'intermédiaire de Knowle West Boy ne seraient pas déçus
du voyage. Ils prendraient même contact avec un de ses albums les plus
aboutis.
Parce que sur ce nouvel opus, Tricky
semble avoir mis la pédale douce sur ses penchants naturels pour les expérimentations
plus ou moins tordues pour se concentrer sur les chansons. Ou peut être
que finalement on s'habitue à son côté perpétuellement décalé. Tout ça
donne un album étonnamment accessible, un peu dans la veine du précédent
Vulnerable. Des morceaux à la forme aussi classique que Baligaga
ou Far Away sont rares dans sa discographie. Mais comme
toujours dans le cas de Tricky, accessible ne veut pas dire long fleuve
tranquille. Même si on n'est plus aussi surpris que par le passé, on continue
à sauter du coq à l'âne. Quoi de commun entre un Puppy Toy qui
sonne comme une sorte de Blues Electro, le mi-Gangsta mi-Trip Hop Bacative,
le Rock dégoulinant de sueur de C'mon Baby ou le voyage cosmique
de Past Mistake ? Rien. En dehors du fait que chacune de ces
chansons sonne comme un mix génial de dizaines d'influences différentes.
L'exacte définition de la musique de Tricky en quelque sorte.
Comme d'habitude, Tricky s'est entouré
de voix, notamment féminines, qui donnent de la chair à ses brillants
bricolages. Et le travail sur les voix semble prendre ici encore plus
d'importance qu'avant, notamment sur des titres comme l'inquiétant et
presque stressant Coalition ou Joseph qui joue sur toutes
les nuances du chuchoté au susurré, juste au creux de l'oreille. Délicat
mais toujours légèrement vénéneux, l'autre marque de fabrique du bonhomme.
Essayer de décrire l'univers de Tricky reste toujours aussi hasardeux.
Je ne me lancerai donc pas dans l'expérience. Il me parait nettement plus
instructif de tenter l'écoute de titres comme Past Mistake, Coalition
et Puppy Toy pour se faire une idée de l'étendue des possibilités.
Et même si un album de Tricky n'est jamais une expérience de tout repos,
elle reste toujours un moment rare et marquant. Ce Knowle West Boy
ne déroge pas à la règle. Evidemment.
Pour plus d'nformations, le site officiel du nouvel album :
www.knowlewestboy.com
Et la vidéo de Council Estate :
ICI
Urban Trad : Erbalunga
Titres
Sans Garde-Fou
Hedningarden
Oh La Belle
Le Serpent
Erbalunga
Fields Of Deeley
L'olivier
Bourrée Tappen
Accovi / Onderweg
Polaire
Noite Longa
Scottiche De La Tête
Asturiana
A Terra
Diama Den
Là où l'urgence des villes rencontre
la tranquille musique des champs, c'est le terrain où Urban Trad a installé
son chapiteau. Ce groupe transnational a réussi mieux que beaucoup d'autres
à mêler les musiques traditionnelles d'Europe Centrale et d'Europe Occidentale
et les sonorités d'aujourd'hui dans son creuset bourré d'imagination.
J'avais déjà succombé aux charmes multiples du précédent Elem
et le dernier Erbalunga s'annonce forcément bien.
A la manière d'Afro Celt Sound System,
mais sans s'arrêter à la barrière de la musique celte, Urban Trad est
capable de faire passer le tempo d'une bourrée auvergnate pour de l'Electro
à danser. Ca fera hurler les puristes de la musique traditionnelle, mais
à mon sens un groupe comme celui là fait bien plus pour la popularisation
des musiques traditionnelles que tous ceux qui se replient uniquement
sur les codes du passé. Le mélange des nationalités (belge, néerlandais,
espagnol...) fait d'Urban Trad un groupe qui ne connaît pas de frontières
musicales ou linguistiques et une fois encore, cet Erbalunga
en est une belle démonstration. L'univers d'Urban Trad s'élargie même
encore vers l'orient, puisqu'il démarre avec le titre Sans Garde-Fou
qui mélange chants en français, galicien et arabe avec en invité la chanteuse
tunisienne Ghalia Benali. Il se clôture en Afrique avec l'invité guinéen N'Faly
Kouyate sur Diama Den.
Ce nouvel album voit revenir un
Urban Trad sûr de ses qualités et de la direction à suivre. Son style
propre, ça fait un bon moment que le groupe l'a apprivoisé et il peut
maintenant nous en mettre plein les oreilles à chaque fois. On naviguera
donc encore entre morceaux instrumentaux aux thèmes traditionnels et aux
instrumentations totalement actuelles (Hedningarden, Erbalunga),
que je qualifierais presque de " prêt à danser " et entre chansons où
les voix jumelles de Soetkin Collier et Veronica Codesal font toujours
autant merveille (Le Serpent, Fields Of Deeley). Le point commun
de toutes ces chansons est de pousser ces mélodies aux thèmes traditionnels,
déjà dansantes par elles mêmes, vers encore plus d'efficacité avec l'apport
d'une basse ronde à souhait et de séquences Electro assez irrésistibles.
Cette alchimie est particulièrement réussie sur des titres comme Bourrée
Tappen, Notte Longa, Polaire au potentiel tubesque
assez énorme ou l'excellent Scottiche De La Tête.
Mais Urban Trad n'a pas pour seule
obsession de faire danser, il sait aussi émouvoir à travers des chansons
beaucoup plus sensibles dans la veine du très irlandais Fields Of
Deeley ou de Accovi/Onderweg et Le Serpent et leurs
accents marins. Depuis Elem, le groupe belge n'a rien perdu de
ses qualités d'équilibriste, en permanence entre acoustique et électrique,
entre sourires et larmes. Urban Trad est aujourd'hui le seul groupe à
aussi bien réussir à rendre crédible une musique traditionnelle complètement
tournée vers l'avenir. Ni trop passéiste, ni trop vulgarisée, la musique
d'Urban Trad a de beaux jours devant elle. A découvrir d'urgence, évidemment.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.urbantrad.com
Et une vidéo de présentation live aux Francofolies :
ICI
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