24 novembre 2008
Debout Sur Le Zinc : De Charybde En Scylla
Titres
J'ai
Sport 2000
Fin Septembre
Scylla
Aller Simple
Coup De Foudre
En Attendant...
S'Ils Savaient
L'Arbre
L'Invisible
Je Cherche Encore
En Attendant Le Pire
C'est forcément toujours un peu
délicat d'affronter la suite d'un album qu'on a adoré. Pour moi, Les
Promesses avait été la très belle surprise de 2006, un de ces disques
particuliers qu'on chérie plus que les autres parce qu'à un moment de
notre vie il nous a apporté plus que les autres. Je connais peu d'albums
capables de dégager un tel optimisme et un tel " positivisme " que Les
Promesses. Le genre de disque encore plus indispensable en 2008 qu'il
y a deux ans. C'est bien simple, quand le moral ne va pas trop, c'est
souvent vers ce disque là que je me tourne.
A vrai dire, je n'attendais pas
vraiment que le nouvel opus me procure les mêmes émotions. Ce genre de
chose n'arrive pas tous les jours, on le sait. Et je dois bien avouer
que la première écoute de De Charybde En Scylla m'a franchement
déçue. Ben oui, c'est dur à dire mais c'est comme ça. Du coup, j'ai un
peu laissé l'album de côté, pour écouter d'autres choses et laisser le
temps faire son œuvre avant de le réécouter avec des oreilles neuves.
Il fallait d'abord que je m'enlève de la tête le souvenir de l'album précédent,
juste histoire d'écouter celui là avec impartialité. Il n'y a parfois
rien de pire et de trompeur que le petit jeu des comparaisons. Forcément,
si le Mont Blanc était à côté de l'Himalaya, il aurait l'air d'une colline.
Je sais, l'image est juste un peu exagérée mais c'est pour expliquer que
ma première impression n'était pas forcément très rationnelle.
Après plusieurs écoutes, je dois
bien dire que je suis de nouveau tombé sous le charme si particulier des
chansons du groupe. C'est clair, De Charybde En Scylla ne provoquera
jamais chez moi le même émoi que Les Promesses, mais il est très
loin d'être un mauvais album. On y retrouve exactement les mêmes qualités
que sur les albums précédents, avec son lot de chansons généreuses à cœur
ouvert, avec ces orchestrations qui mixent si habilement la chanson Pop
avec les musiques traditionnelles à grand coups de cuivres chauds ou de
cordes orientales. Si on prend la peine d'écouter cet album pour ce qu'il
est, c'est le même bonheur que d'habitude, avec toujours cette impression
que les Debout Sur Le Zinc aiment l'espèce humaine en général et nous
en particulier. Une générosité et une humanité qui est encore décuplée
sur scène, là où il faut absolument aller les découvrir. Pour moi, il
lui manque juste cette alchimie parfaite, évidemment indéfinissable, que
j'avais trouvée avec Les Promesses.
Le groupe ne change pas non plus
son mode de fonctionnement. Les auteurs/compositeurs sont multiples et
les chanteurs aussi, c'est aussi ça l'identité de Debout Sur Le Zinc.
C'est ça qui donne des chansons aux sensibilités totalement différentes
les unes des autres, comme le caustique Sport 2000 de Simon Mimoun,
l'ensoleillé Aller Simple de Romain Sassigneux ou le sensible
Fin Septembre de Christophe Bastien. Et plus que jamais, grâce
aux cuivres on trouve sur ce nouvel album des couleurs proches de Calexico,
comme sur l'instrumental En Attendant ou sur sa version chantée
En Attendant Le Pire. Ce n'est pas pour me déplaire, forcément.
Sans oublier, bien sûr, ces tonalités de violons d'Europe Centrale qui
leur vont si bien. Rien ne manque, surtout pas ces textes qui sonnent
toujours aussi justes, que je trouve toujours touchants et surtout jamais
démagogiques ni faciles. Bref, tout y est. Aucune faute de goût, aucune
approximation, aucun ratage. Finalement, la seule chose que je pourrais
jamais reprocher à De Charybde En Scylla est d'arriver après
Les Promesses. Et puis surtout, des chansons comme Je Cherche
Encore ou En Attendant Le Pire finiront toujours par me
redonner le sourire et me persuader que demain peut être plus beau qu'aujourd'hui.
C'est ça le miracle Debout Sur Le Zinc, je crois que je l'avais juste
oublié.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.dslz.org
Et la video de Creep :
ICI
Bloc Party : Intimacy
Titres
Ares
Mercury
Halo
Biko
Trojan Horse
Signs
One Month Off
Zephyrus
Talons
Better Than Heaven
Ion Square
Letter To My Son (Bonus)
Your Visits Are Getting Shorter (Bonus)
On pourra tout dire sur Bloc Party
et leur trouver tous les défauts du monde mais on ne pourra en tous cas
jamais les taxer d'immobilisme. Quand on réécoute le premier Silent
Alarm juste avant de découvrir Intimacy, on ne peut qu'être
sidéré par l'évolution et le chemin parcouru par ce groupe là. Et pour
tout dire, le premier album de Rock énervé et un peu brouillon ne laissait
vraiment rien présager des évolutions futures. Et pourtant, le single
Mercury, sorti il y a quelques mois, donnait déjà une assez bonne
indication de la nouvelle direction prise par le groupe. Et je dois bien
avouer aujourd'hui que ce single m'avait fortement refroidi. Je n'avais
pas du tout adhéré à ce style tout en rythmique prégnante sur fond d'effets
Electro. Pas convaincu, je n'attendais pas franchement le futur album.
A tel point que je n'étais même pas allé jeter une oreille sur leur nouvel
album intitulé Intimacy, disponible sur leur site internet
depuis l'été. Il a fallu une sortie classique en CD pour que je me décide
à bouger enfin une oreille. Oui, je sais je suis un indécrottable amoureux
du format physique de la musique. J'avais déjà regretté (et je regrette
encore) l'époque de ces grandes pochettes d'albums vinyles que je passais
des heures à admirer ou à déchiffrer. Je trouvais déjà dommage de passer
au mini format du CD (ça c'est sûrement dû à la vue qui baisse), mais
l'idée de ne plus rien avoir du tout me dérange. Quand on aime la musique
de quelqu'un, on aime aussi en apprendre plus sur lui, qui a travaillé
sur le disque, comment il a été fait, etc… Pour moi, un album, ce n'est
pas simplement de la musique qu'on écoute, c'est une œuvre vivante faite
en commun par une multitude de gens. C'est aussi et peut être surtout,
une grande part de rêve. Bref, la dématérialisation fait disparaitre beaucoup
de choses qui comptent pour moi. Autant j'adore pouvoir transporter l'intégralité
de ma discothèque sur mon iPod, autant j'aime toujours avoir le disque
à portée de main quand je suis chez moi. Bon, oui je sais je m'égare là.
Et si on en revenait à nos moutons ?
Comme je l'ai déjà dit, Intimacy
marque une rupture avec le Bloc Party d'antan. Comme Radiohead l'a fait
un jour, Bloc Party a aussi décidé de sauter dans le vide. D'accord, la
transition est moins brutale que dans le cas de Radiohead, mais comme
pour eux le saut se fait sans filet. Par contre je ne suis pas sûr que
ça leur rapporte autant de louanges et de déclarations d'amours que pour
la bande à Thom Yorke. Je m'explique. A Weekend In The City,
le deuxième album, voyait le groupe arrondir les angles, se faire plus
charmeur. C'était le bon deuxième album d'un groupe gros vendeur de disque,
un groupe qui perdait un peu de sa singularité. Jusqu'à ce Intimacy
qui brouille brillamment les pistes. Bloc Party n'est pas là où on l'attendait.
On aurait pu attendre un album encore plus neutre et consensuel, on a
tout le contraire. Intimacy est un album complexe, touffu, pas
forcément facile d'accès. Et il rompt brutalement avec le Rock classique
à guitare qu'on lui connaissait.
J'ai toujours trouvé Matt Tong,
le batteur des Bloc Party assez hors sujet, toujours à contretemps où
à taper comme un sourd là où deux grammes de finesse auraient été bienvenus.
Mais là, franchement, c'est encore plus surprenant. C'est un peu comme
si le groupe n'arrivant pas à calmer le gaillard avait fini par décider
de faire avec et d'adapter le son du groupe au style pour le moins particulier
du batteur. Du coup, la batterie se retrouve au centre de la scène, la
rythmique devenant le cœur du nouveau Bloc Party. Le single Mercury
était juste un avant goût de ce que Intimacy allait donner. L'électronique
est partout, y compris par-dessus les guitares, histoire de les fondre
dans le nouveau moule. Sur certains titres l'énergie rythmique supplante
tout, y compris les mélodies qui sont elles aussi mises en arrière plan.
S'il n'y avait pas la voix si reconnaissable de Kele Okereke, on aurait
bien du mal à dire qu'un titre aussi halluciné que Ares est une
chanson de Bloc Party. Un titre 100% Electro et aussi inventif que Zephyrus,
avec ces chœurs élégiaques survolant une rythmique implacable, n'aurait
jamais eu sa place sur les albums précédents Et comme Intimacy
est avant tout placé sous le signe de l'énergie, même les chansons plus
typiques du Bloc Party ancienne manière (Halo, Trojan Horse, Talons)
sont souvent de vraies décharges électriques. Heureusement, il reste quand
même quelques oasis plus reposants, dont le joli Signs et surtout
le superbe Biko qui marque l'album de son empreinte.
Une fois la surprise initiale et
quelques écoutes supplémentaires passées, on s'aperçoit que Intimacy
est un album qui sera probablement décisif dans la jeune carrière de Bloc
Party. Parce qu'à la manière d'un Kid A pour Radiohead, il démontre
que l'univers du groupe est bien plus vaste que ce qu'on pouvait imaginer
et qu'il a les reins assez solides pour se remettre totalement en question.
Et avec un brio certain. Intimacy est souvent surprenant, parfois
déstabilisant, il risque de rebuter les fans de la première heure, mais
c'est aussi et surtout une réussite totale.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.blocparty.com
Et les vidéos de Mercury
ICI
et Talons
ICI
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