Archives - Artistes - Accueil - Liens


24 novembre 2003


Comme la semaine dernière, la nouvelle génération, représentée cette semaine par les Strokes, côtoie d'autres grands anciens, en l'occurence les Nits, qui fêtent par cet album leurs 30 ans de carrière.




The Strokes : Room On Fire

Titres

What Ever Happened?
Reptilia
Automatic Stop
12:51
You Talk Way Too Much
Between Love & Hate
Meet Me In The Bathroom
Under Control
The Way It Is
The End Has No End
I Can't Win


Le retour de la revanche du Rock & Roll a eu lieu. C’était en 2001 et 2002 avec des groupes comme The Valentines, The Kills, Radio 4 ou The Strokes. Entre autres… Feu de paille ou vrai mouvement de fond ? Il fallait attendre un peu avant de savoir. Le nombre était là. La qualité aussi. Il fallait voir si le cap du deuxième album pouvait être franchi sans encombre. L’un des premiers éléments de réponse nous arrive avec Room On Fire, deuxième album des Strokes.
En 2001, leur premier album, Is This It, avait était été un vrai bol d’air frais. Un bain de jouvence Rock & Roll comme on n’en faisait plus depuis un bon moment. D’accord, ces cinq gamins mal peignés n’avaient inventés ni l’eau chaude, ni le Rock électrique, mais ils savaient fort bien réchauffer les bons vieux de façon à nous redonner de l’appétit. Ce n’était pas un chef d’œuvre, pas une révolution non plus. Juste un album qui vous donnait envie de battre de la semelle comme au bon vieux temps. Un album de pur plaisir primaire et instinctif. Du Rock, en somme. La surprise avait été bonne et l’album a pas mal tourné dans nos lecteurs de CD. Room On Fire est il capable de faire à nouveau briller la même flamme (sans jeu de mot) ? Suspense… La réponse est oui. Et non.
Is This It nous avait permis de découvrir un groupe qui ne se prenait vraiment pas la tête. Deux guitares, une basse, une batterie et une voix, et c’est parti. Pour faire de la musique rien que pour le fun. Est ce que ça devrait être autre chose que ça d’ailleurs ? Room On Fire est dans la même veine, mais on sent quand même un peu plus de réflexion derrière les chansons, un peu plus de recul. Pas encore du calcul, mais on devine qu’ils se sont quand même un peu plus interrogés avant d’enregistrer ce disque. Pas de grande questions existentielles, mais suffisamment pour qu’on remarque une évolution entre leurs deux albums. D’où une production moins brute, plus policée que sur le premier album. On remarque l’usage d'effets sur les guitares qui nous rappellent furieusement des sons de synthés, mais dans le genre old style. Le style vieux Farfisa analogique ressorti de l’armoire aux souvenirs et dépoussiéré pour l’occasion. C’est sûr, les Strokes ne nous feraient pas l’affront de se tromper d’époque. Pas leur genre. Eux, leur style, c’est rien que du pur vintage.
Pour preuve, What Ever Happened qui fleure bon les Stones et nous indique tout de suite que les Strokes n’ont pas fondamentalement changés. Le début de l’album est de la même veine, à l’image du plutôt bien foutu Reptilia. A partir de Automatic Stop, on remarque plus ce changement de cap. Un peu plus Pop et léger, en tous cas moins brut de fonderie. On imagine les Strokes pendant l’enregistrement se poser des questions du genre : « Et si on faisait comme ci ou bien si on ajoutait ça, ça serait pas plus efficace ? ». C’est donc forcément moins spontané. Ceux qui ont aimé le premier album pour son côté brut et instinctif, et uniquement pour ça, pourront crier au scandale et ne pas suivre la nouvelle tendance. Je pourrais tout à fait le comprendre, mais n’étant pas vraiment un puriste du genre, mais plutôt un curieux patenté, j’aime assez cette nouvelle orientation. 12 :51 et ses sonorités de synthé hors d’âge est dans cette nouvelle voie plus légère et chantante. Mais derrière cette (légère) évolution, il y a toujours dans ce groupe ce même talent pour vous asséner des petits bijoux entêtants qui restent en mémoire et vous incitent à retourner en reprendre une petite dose. Pourtant, une chose est claire, on ne retrouvera pas dans ce disque la simplicité et le naturel de Is This It. C’est ici plus travaillé, plus pensé. On ne retrouve plus cette fraîcheur qui nous avait tellement séduit. Cette fois, l’attrait du disque est ailleurs, dans les mélodies plus abouties (The End Has No End) ou les exercices de style (The Way It Is).
Alors finalement, il vaut peut être mieux éviter le petit jeu des comparaisons. Is This It était le premier album plein d’enthousiasme d’un groupe qui débutait. Room On Fire ne peut bien évidemment pas avoir la même insouciance, mais il a d’autres atouts. Est ce à dire que les groupes de Rock ne seraient capable de faire qu’un bon album tout entier emplit de leurs espoirs et de leurs rêves ? C’est sans doute un peu vrai. Cette fougue et cette sève ne se retrouvent bien souvent que dans les premiers albums. Ensuite, il faut savoir bien évoluer, continuer à faire d’autres chansons avec d’autres qualités. Avec Room On Fire, les Strokes ont franchit ce cap les doigts dans le nez et les cheveux toujours mal peignés au vent.


Pour plus d'informations, le site officiel :
www.thestrokes.com




Nits : 1974

Titres

With Used Furniture We Make A Tree
Aquarium
Chain Of Ifs
Between The Buttons
Doppelganger
Canigo
Welcome Back
Eifersucht
Savoy
Espresso Girl
Rumspringa
Athens



Est ce que vous aimez les poux ? Si oui, vous avez des goûts assez étrange ou bien vous êtes un amoureux fou de la vie animale. Je ne sais pas si ce qui arrive aux Nits depuis 30 ans vient de là, mais c’est une possibilité. Nits veut dire poux en anglais. Pour un groupe, il paraît difficile de choisir un nom pire que celui là. A part les morpions, peut être… En tout cas, les Nits sortent à peu près autant de chef d’œuvre de la Pop que d’album. Et ça fait 30 ans que ça dure. Les poux, on ne s’en préoccupe que quand on en attrape. Pour les Nits, c’est à peu près la même chose. On ne découvre ce groupe que quand quelqu’un vous en parle, que quand il vous tombe dessus. Jamais un passage sur les radios, bien peu d’échos dans la presse musicale. Pour la télé, je n’en parle même pas : ils ne sont ni assez jeunes, ni assez beaux.
Il y a quelques semaines, j’écrivais la chronique du superbe deuxième album de I Am Kloot et je faisais le rapprochement avec le style et l’élégance des Nits. 1974 ne fait que confirmer ce que je disais d’eux. Ces papys de la Pop ont un sens mélodique fabuleux, totalement hors norme. Une façon haut de gamme d’arranger leurs chansons, de placer idéalement chaque son. Et pourtant, après une carrière plus que bien remplie, ils sont toujours aussi inconnus du grand public. S’il y avait un prix du groupe le plus sous estimé de tous les temps, les Nits le remporterait sans problème. Et pourtant, que de bijoux dans leurs disques. Bien sûr, je suis loin de les connaître tous. Un peu comme pour Rush, chroniqué la semaine dernière et qui a le même âge, j‘ai pris le train en marche pour ne plus jamais en descendre. Si on est un amoureux des mélodies, quand on découvre les Nits, on ne peut définitivement plus s’en passer. C’est irrémédiable, il y a accoutumance grave.
On retrouve sur 1974 les mêmes ingrédients que d’habitude : ces mélodies qui vous clouent sur place, ce son magnifique, d’une précision chirurgicale. Quel que soit le thème ou l’ambiance du morceau, et on en traverse beaucoup sur cet album, le résultat est toujours le même. Impressionnant et complètement enthousiasmant. Certains cherchent pendant toute leur carrière à écrire quelque chose d’à la fois élégant et facile. Beaucoup n’y arrivent jamais. Les Nits font ça les yeux fermés, avec une facilité incroyable. L’élégance mélodique, c’est leur monde, leur chez eux. Je crois même que ça porte un nom : la classe. Avec With Used Furniture We Make A tree, on découvre le côté le plus drôle du groupe, c’est léger, marrant et sans prétention. Et ça sonne incroyablement bien. Aquarium est beaucoup plus dans leur veine classique et le résultat est le même : parfait. J’en reviens toujours aux mêmes, mais les membres des Nits, comme ceux de Rush, sont des musiciens doués qui arrivent à en oublier totalement la technique de leurs instruments pour laisser vagabonder leur imagination. Ca crée forcément une musique différente, totalement libre. Chain Of Ifs est un peu comme ça, sans presque aucune attache terrestre. Et c’est un des plus beaux morceaux du disque.
Si je vous parlais des chansons que j’aime dans ce disque, je pourrais vous les citer toutes. Elles sont toutes excellentes, sans aucune exception. Et c’est rare. Mes préférences vont tout de même au très classe Doppelganger, à Canigo pour son côté Blues bizarrement chaloupé, à Welcome Back, parce qu’il nous permet de retrouver Robert Jan Stips au chant. Plus Rumspringa, de nouveau dans leur veine joyeuse et pleine d’invention et Athens qui clôture avec classe l’album de leurs 30 ans de carrière. Je suis incapable de vous dire si cet album est meilleur ou moins bon que les précédents. Jusqu’à présent, je n’en ai jamais trouvé un mauvais. Pas même un moyen. Et pourtant, combien seront nous à écouter celui là ? Certainement pas plus nombreux que pour les précédents. Et il me revient toujours cette phrase que j’ai lu je ne sais plus où et qui pour moi résume parfaitement l’impression que laisse l’écoute d’un album des Nits, lorsqu'on sait à quel point ils sont méconnus, l’impression d’avoir assisté à une fête qui avait tout pour être magnifique mais où malheureusement personne n’est venu.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.nits.nl



© Copyright 2003 Why Not ?