24 octobre 2005
Uu nouveau Depeche Mode, ça se fête. Surtout quand il est aussi réussi que celui là. Avec en guest star, Hard-Fi qui sort enfin son premier album chez nous.
Depeche Mode : Playing The Angel
Titres
A Pain That I'M Used To
John The Revelator
Suffer Well
The Sinner In Me
Precious
Macro
I Want It All
Nothing's Impossible
Introspectre
Damaged People
Lilian
The Darkest Star
En général, je prends le temps de digérer un album avant de
le chroniquer. Je m’oblige à plusieurs écoutes avant d’écrire quoi que soit,
juste pour être sûr de ne pas juger trop vite et de tomber à côté. C’est aussi
pour ça qu’en général je ne parle que des albums que j’ai aimé, ça me permet de
faire le tri. Je ne vois pas vraiment l’intérêt de démolir un album. C’est
facile, c’est peut même parfois être assez marrant, mais ça n’apporte pas grand
chose. Le temps me permet de me faire une opinion et de ne parler que de ce qui
m’a plu. Mais pour certains, je suis prêt à faire des exceptions, juste parce
que je sais que pour eux, c’est la première impression qui compte et qui
restera. Depuis le temps, je sais que ça fonctionne comme ça avec Depeche Mode.
Alors, pour ce Playing
The Angel, je me lance. Voilà un album qu’on attendait sans vraiment oser
l’espérer. Comme souvent avec eux. Entre rumeurs de séparation définitive,
entre vacances plus ou moins forcées et autres projets solos, on se pose à
chaque fois la même question : le groupe existe-t-il encore ? Mais je
crois que finalement, aussi bien Martin Gore que Dave Gahan savent depuis
longtemps qu’ils sont bien meilleurs à deux que séparément et qu’ils dépendent
l’un de l’autre, même si le projet solo de Dave Gahan ouvrent de belles
perspectives. Depeche Mode, c’est la parfaite complémentarité de l’univers
musical sombre et romantique de Martin Gore et de la voix de plus en plus belle
et profonde de Dave Gahan (désolé pour l’oublie volontaire du rôle annexe d’Andrew
Fletcher).
Et la première grosse nouveauté de ce disque est que pour la
première fois, Dave Gahan est crédité de 3 chansons sur Playing The Angel. Je ne sais pas si Dave Gahan a du batailler pour
arriver à imposer ses idées ou si Martin Gore s’est finalement rendu compte que
son complice avait aussi des choses à dire, mais voilà, c’est fait :
l’écriture des chansons de Depeche Mode n’est plus un monopole. En soi, c’est
déjà un évènement. L’autre surprise, mais en est ce vraiment une quand on a eu l’occasion
d’écouter Paper Monsters, c’est qu’on
est incapable de distinguer les chansons de l’un de celles de l’autre. Depuis
le temps, les deux acolytes se connaissent tellement bien que la fusion se fait
tout naturellement. L’autre nouveauté est que Playing The Angel possède un son « Back to The Future ».
On a l’impression d’écouter des chansons écrites il y a 20 ans, mais avec un
son d’aujourd’hui. Imaginez les synthés de Master
And Servant, mais mixés au goût du jour et vous obtenez John The Revelator. Surprenant, mais
imparable, parce que finalement qu’est ce qu’on aime chez Depeche Mode ? En
premier lieu, c’est ce don pour écrire des hymnes tout public comme ils
savaient si bien le faire dans les 80’s, mais c’est aussi cette lente évolution
au fil des années, qui les a conduit vers une musique de plus en plus
introspective, torturée et sombre. En un mot, une musique qui possède un corps
et une âme. Alors imaginez un disque qui arriverait à concilier le meilleur des
deux mondes. Un album qui contiendrait à la fois la mélodie, un peu laissée de
côté ces derniers temps, et les ambiances plus sombres des derniers albums. Ce
disque s’appelle Playing The Angel. Parce
qu’entre le torturé A Pain That I’m Used
To qui rappelle la période Master And
Servant, un superbe Precious qui
ouvre des horizons aussi vastes que Enjoy
The Silence et un impressionnant Nothing’s
Impossible qui frappe à de nouvelles portes, on a à fait un tour presque
complet de la carrière du groupe et entrevu ce que pourrait être son avenir. Playing The Angel a des airs de bilan et
de nouveau départ. Et le futur entrevu donne vraiment faim. Depeche Mode n’a
fait que progresser au cours de sa longue carrière, pour passer d’un groupe de gentils
garçons coiffeurs à un groupe à l’univers complexe et nettement plus profond
que la moyenne. Mais à mon avis, le groupe avait de plus en plus tendance à
s’enfermer dans son propre monde et à tourner un peu en rond. Laisser Dave
Gahan participer à la création de l’album n’est pas seulement anecdotique, puisque
cette ouverture permet au groupe de se régénérer et de reprendre des couleurs
qu’il avait un peu perdues. Et quand on sait qu’en plus Dave Gahan n’a jamais
aussi bien chanté que sur ce disque (les 2 chansons chantées par Martin Gore
paraissent d’ailleurs assez fades en comparaison), on tient là l’un des
meilleurs Depeche Mode depuis longtemps. Un des plus créatif et vivant de leur
carrière.
Depeche Mode est un des rares groupes (peut être le
seul) qui après 25 ans de carrière continue à progresser à chaque album et réussi
à donner à chaque fois plus d’épaisseur et de crédibilité à son univers. C’est
peut être aussi ce qui le rend de plus en plus indispensable et précieux aujourd’hui.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.depechemode.com
Hard-Fi : Stars Of Cctv
Titres
Cash Machine
Middle Eastern Holiday
Tied Up Too Tight
Gotta Reason
Hard To Beat
Unnecessary Trouble
Move On Now
Better Do Better
Feltham Is Missing Out
Living For The Weekend
Stars Of Cctv
Enfin, le premier album de Hard-Fi sort chez nous. Ca fait
plusieurs mois que ce disque là cartonne outre manche. Et ici rien ou presque.
Juste la rumeur d’un n-ième groupe de l’année, meilleur groupe du monde de tous
les temps chez NME et donc à priori plus hype que réellement intéressant. Mais
heureusement, au milieu de tout ça, il arrive qu’il y ait de nouveaux groupes
vraiment bons. Encore heureux !
Et quand un groupe est poursuivi par la meute habituelle des
journaleux musicaux anglais, il est forcément de bon ton de le dégommer
joyeusement chez nous. Au vu du contenu des albums en question, on n’a pas forcément
tort. Et le problème est que ce disque là risque fort de subir le même sort
funeste chez la plupart de nos médias bien pensants et dits « de bon goût ».
Ca prouvera au moins une chose : ils n’écoutent pas forcément les disques
dont ils parlent. Parce que si ce Stars
Of Cctv n’est pas l’album de l’année
du groupe le plus prometteur de la décennie, ce disque reste quand même un excellent
premier essai.
Vous avez peut être eu l’occasion d’entendre Cash Machine, la chanson qui parle des
déboires qu’on peut avoir avec un distributeur de billets ou bien Hard To beat, ou encore Tied Up Too Tight ou le petit dernier Living For The Week End, toute cette
batterie de singles très réussis qui prouvent que la qualité de ce groupe là
n’est pas seulement née d’un délire de journaliste. Mais finalement, Hard-Fi
c’est quoi ? En fait, leur recette ressemble un peu à celle du Blur des
débuts, mélange de mélodies Pop, grosses guitares pêchues et basse imposante.
La recette qui permet habituellement d’enflammer les stades. Rien de trop
nouveau en somme, mais quand c’est bien foutu comme ça, il n’y a vraiment
aucune raison de bouder son plaisir. Et encore moins de raisons de cracher sur
ce Stars OF Cctv. Parce que leurs
chansons ont une pêche communicative et vous donnent quand même une belle envie
de vous dégourdir les jambes. Une musique idéale pour les fêtes entre copains,
à côté des incontournables Franz Ferdinand et autres Bloc Party. De la musique
sans prétention particulière, à déguster en conséquence, sans chercher midi à
quatorze heures, ni le groupe de l’année là où il ne se trouve pas.
En dehors des quatre excellent singles cités plus haut, on
trouve d’autres bonnes chansons dans des styles assez différents, comme ce Gotta Reason qui ressemble à un Jon
Spencer qui aurait un peu raboté les angles, mais serait resté toujours aussi
torride. Better Do Better démarre par
un rythme chaloupé assez trompeur, mais c’est pour mieux vous fusiller à grand
coup de refrain énorme. Et puis il y a aussi ce Stars Of Cctv, dernier titre un peu plus léger, qui laisse une
porte ouverte vers un Hard-Fi moins costaud. On trouve même une ballade (pas
trop réussie d’ailleurs), mais on se demande vraiment ce qu’elle fait là
tellement elle tranche avec l’ambiance musicale générale pleine de
testostérone.
Ce Stars Of Cctv est
le type même d’album pour lequel il vaut mieux se faire son opinion par soi
même plutôt que de lire des critiques à son sujet dans lesquelles vous êtes sûr
de trouver des avis carrément opposés. D’ailleurs qu’est ce que vous faites
encore là à lire cette chronique ?
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.hard-fi.com
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