24 janvier 2005
Deux albums aux antipodes l'un de l'autre. L'un vient de la chaleur du Mali, l'autre vient du froid islandais. Et pourtant, bien que leurs styles soient aussi différents que possibles, l'un comme l'autre vous réchauffent le coeur de la même façon.
Amadou et Mariam : Dimanche à Bamako
Titres
Mr Bifé
Mr Bifé Balafon
Coulibaly
La Réalité
Sénégal Fast Food
Artistiya
Fête Au Village
Camions Sauvages
Beau Dimanche
La Paix
Djanfa
Taxi Bamako
Politic Amagni
Gnidjougouya
Mr Bifé Blues
Je ne sais pas si vous êtes des spectateurs habituels de
Canal +, mais ces dernières années, au niveau musical c’était devenu
tristounet. Il y a quelques années, de performances live dans Nulle Part
Ailleurs en émissions musicales, on découvrait de nouveaux talents ou on
pouvait en voir et en entendre certains qui étaient fort rares à la télévision.
J’ai le souvenir d’une performance live de Jeff Buckley seul avec sa guitare, à
vous donner le frisson. J’ai le souvenir de la première télé française de
Placebo qui chantait Teenage Angst qui
eu pour résultat de me faire courir chez un disquaire dès le lendemain. Avec le
recul, plein de beaux et bons moments. Mais depuis quelques années, c’était la
déconfiture la plus totale. Et le problème, c’est que personne n’avait pris le
relais. Mais bonne nouvelle, cette année, Canal + a décidé de reprendre son
flambeau de « metteur en lumière » des talents très divers. Et ça, toujours
en live. C’est comme ça que je suis tombé par hasard sur « le live de la
semaine » d’Amadou et Mariam. Vous avez peut être aussi eu le bonheur de
tomber la dessus et dans ce cas vous comprendrez de quoi je parle.
Ces deux là je ne les connaissaient pas le moins du monde.
Depuis, j’ai cherché des infos sur ce couple et appris qu’ils sont maliens,
tous les deux aveugles (ce que je n’avais pas du tout remarqué pendant leur
concert) et que ce Dimanche à Bamako est
loin d’être leur premier album. En fait ce disque là est apparemment assez
différent des précédents parce qu’il est aussi le fruit plus que savoureux
d’une collaboration comme on en rêve. Pour la petite histoire, le curieux et
boulimique Manu Chao a entendu leur musique, a voulu les rencontrer, puis
travailler avec eux. Le résultat dépasse largement le travail de producteur
auquel Manu Chao était censé s’attacher. Cet album a été écrit à 6 mains et
pensé à trois têtes. Il sort en plus sur le propre et tout nouveau label de
Manu Chao. Et c’est un pur délice.
Ceux qui ont vu l’émission dont je parle savent déjà à quoi
s’en tenir. La musique de ce duo est incomparable. Elle véhicule en elle une
joie de vivre et un bonheur communicatif comme j’en ai rarement entendu.
Ecouter Dimanche à Bamako c’est
ouvrir une fenêtre vers ailleurs. La téléportation existe. Je l’ai expérimentée
avec ce disque. Oubliez l’hiver, oubliez le gris. Ouvrez les oreilles et
laissez vous emporter. La musique d’Amadou et Mariam est simple et immédiate,
voire même un peu trop « gentille » ou un peu mièvre par certains
côtés. Les voix d’Amadou et Mariam ne sont pas non plus les plus belles qui
nous soient arrivées d’Afrique. Mais ce n’est vraiment pas un problème,
tellement ça colle à l’ambiance. Ca les rend même encore plus touchants. Ce
disque a la capacité rare de vous enlever tous vos soucis en vous redonnant
votre sourire d’enfant. Et pourtant tous les morceaux de ce disque ne sont pas
joyeux, loin de là, certains thèmes sont même assez polémiques ou politiques,
comme dans le sommet de l’album, Politic
Amagni.
Et le côté unique de ce disque vient du fait que la musique
nous vient tout droit du Mali (M’bifé
Balafon ou les guitares tournoyantes et presque hypnotiques de Coulibaly et Aristiya), mais qu’elle a aussi subie un métissage magique avec l’univers
de Manu Chao qui est lui-même d’humeur assez baladeuse. Si la patte de Manu se
fait discrète sur la plupart des morceaux à la tonalité la plus africaine, il
est très présent sur d’autres, puisqu’il chante même sur certains, comme dans La Réalité qui rappelle un peu une Mano teintée
de couleurs plus noires que Negra. L’un des clous du spectacle, qui en compte pourtant
beaucoup, est Sénégal Fast Food, mariage
d’amour entre une mélodie principale typique de Manu Chao et des chœurs d’Amadou
et Mariam qui tombent aussi bien qu’un costume taillé sur mesure. Camions Sauvages est dans la même veine
métissée, plus proche cette fois de l’Amérique du Sud que du continent africain.
On atteint à l’équilibre parfait sur Djanfa.
On a droit aussi à des chansons touchantes comme Fête Au Village ou Beau
Dimanche, qui racontent de petits moments de joie et de bonheur simples.
Ce disque là est un concentré de vie et un pur
moment de bonheur et d’optimisme, malgré tout. Jusqu’au bout du dernier morceau
qui se termine par la voix de Mariam disant : « Je t’aime jusqu’à la
mort ».
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.amadou-mariam.com
The Album Leaf : In A Safe Place
Window
Thule
On Your Day
Twentytwofourteen
The Outer Banks
Over The Pond
Another Day (Revised)
Streamside
Eastern Glow
Moss Mountain Town
Pour ceux qui connaissent déjà ce disque, il est clair que
j’ai un bon paquet de trains de retard. Du genre avec plein de wagons. Voilà
exactement le type d’album qu’on peut rater et s’en mordre les doigts par la
suite lorsqu’on le découvre. Quelle erreur se serait de passer à côté de
ça ! Et c’est grâce à un petit mail d’une lectrice régulière de ce site
que j’ai pu connaître ce disque, même si c’est avec du retard. Alors, un grand
merci à Sandrine pour ça. Elle se reconnaîtra. Et plus généralement, merci à vous de rendre ce site
encore plus vivant en partageant vos coups de cœur.
Maintenant, il va falloir que je vous raconte pourquoi ce disque
de The Album Leaf est si unique et indispensable. Pas facile à expliquer en
fait. Ce disque fait partie des expériences qui se vivent et se ressentent par
tous les pores de la peau. D’apparence très simple, presque trop, la musique de
Jimmy LaValle qui se cache derrière ce nom de groupe, est finalement beaucoup
plus complexe qu’il n’y parait. Se coulant doucement entre Electronica, Ambient
ou effluves à la mode islandaise, In A Safe Place est un régal de douceur et
d’harmonie. Jimmy Lavalle a beau être un américain bon teint originaire de San
Diego, il a pourtant enregistré ce disque en Islande, sur les terres de Sigur
Ros et dans le studio où a été créé l’album ( ).
Peut être est ce l’environnement, ou la présence des Sigur Ros sur ce disque,
mais il semble vraiment régner une atmosphère spéciale dans cet endroit là. Une
étrange sérénité qui aide à trouver la paix de l’esprit. D’où le titre In A Safe Place peut être, qui semble
nous dire que ce disque a été enregistré en un lieu calme et préservé. Le
disque de The Album Leaf sonne comme ça. Il dégage une sérénité totale. Et
quand on l’écoute, on ne peut qu’être gagné par cette paix. Peu importe ce qui
se passe autour, on est forcément touché par cette sorte de tranquillité qui
permet de se sentir en paix avec soi même et avec les autres. Le premier disque
zen en quelque sorte.
La
musique de cet album est un subtil mélange entre une musique électronique
finalement assez classique et une chose étrange qui s’appelle le charme. Vous
savez, ce truc indéfinissable qui fait qu’on trouve quelqu’un irrésistible sans
trop savoir pourquoi. Ce disque fonctionne comme ça. Est-ce dû à cet équilibre
entre synthés et cordes vaporeuses, entre spleen apparent et sérénité affichée.
Comme dans ce Window d’ouverture,
simplissime, épuré à l’extrême et au pouvoir émotionnel tellement énorme. Dès
le départ, on est scotché par autant de calme beauté contenue en aussi peu de
volume et d’effets sonores. Mais ne confondons pas ce disque avec les
productions étranges et rafraîchissantes de Sigur Ros, la musique est beaucoup
plus classique dans sa forme. Ici, c’est le fond, l’harmonie de l’ensemble qui
est hors norme et qui fait la différence. Le dépaysement n’est pas le même, c’est
nettement moins exotique, mais le bonheur éprouvé est du même niveau. Les
musiciens de Sigur Ros sont derrière ce disque (on l’entend notamment sur les parties
de cordes où sur Over The Pond où Jon
Thor Birgisson, chanteur du groupe islandais, prête sa voix si particulière), mais
ils ne sont jamais envahissants, laissant toute la place à la musique de Jimmy
Lavalle. Et cette collaboration si complémentaire nous permet de goûter à des
moments de grâce comme Twentytwofourteen,
sorte de sculpture aérienne où une douce chaleur sommeille sous la glace ou le lumineux
et caressant Streamside.
Tout l’album ressemble à un voyage tout en douceur au milieu
de nos rêves les plus doux. Un disque à écouter et réécouter à chaque moment de
blues ou de doute. In A Safe Place
est un bijou, un petit miracle.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.albumleaf.com
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