23 octobre 2006
The Decemberists : The Crane Wife
Titres
Crane Wife, Pt. 3
Island : Come and See/The Landlord's Daughter/You'll Not Feel the Drowning
Yankee Bayonet (I Will Be Home Then)
O Valencia!
Perfect Crime No. 2
When the War Came
Shankill Butchers
Summersong
Crane Wife, Pts. 1 & 2
Sons & Daughters
Je découvre les Decemberists avec cet album là. Pas de comparaison
possible avec les précédents, donc. Mais j’ai lu ici ou là que ce disque là
était assez différent des précédents, comme une sorte de somme de toutes leurs
qualités, mais plus accessible que d’habitude. Différent je ne sais pas, mais
au niveau des qualités, il y en a à revendre. The Decemberists me rappelle des
gens que j’aime beaucoup par ailleurs, comme Divine Comedy pour cette musique
plus lettrée et construite que la moyenne et aussi un peu Arcade Fire pour l’utilisation
d’instruments divers et pour ces chansons qui finissent par ressembler à des
épopées. La technique de l’un et les envolées de l’autre. Un beau
programme.
Tout ça se retrouve dans Island,
incroyable chanson en plusieurs actes où tout le talent de ce groupe là vous
saute dessus sans prévenir. On avait tout juste été un peu averti par un Crane Wife, Pt. 3 très avenant, qui me
rappelle aussi un peu Mike Scott et ses Waterboys. The Decemberists seraient
ils une sorte de condensé de beaucoup de gens que j’aime ? Pour en revenir
à Island, on démarre par une sorte de
Folksong classique qui prend peu à peu un format assez grandiose mais sans
emphase (comme on dit d’un paysage immense qu’il peut être grandiose), pour
partir ensuite vers autre chose de totalement différent, où un orgue et un
clavecin foldingues nous entraînent dans une sarabande aux accents
psychédéliques très 70’s. Puis brutalement, toute cette folie retombe pour
laisser la place à un final dépouillé où une simple guitare acoustique et
quelques cordes soutiennent la voie de Colin Meloy. Et c’est simplement
magnifique.
C’est déjà assez impressionnant. Mais Yankee Bayonet (I Will Be Home Then) vient en remettre une couche,
dans le rôle du single plus que réussi, en duo avec la chanteuse Laura Veirs,
ce qui lui donne à cette chanson un petit air de Delgados qui n’est pas non
plus pour me déplaire. Ensuite, les chansons coulent aussi facilement et aussi
agréablement que l’eau d’un torrent, toujours fluides et souvent surprenantes
par leurs changements de styles et de direction. Pas grand-chose de commun
entre un Perfect Crime No. 2 chantant
et ce When the War Came à la pesante noirceur.
Tout oppose Shankill Butchers, superbe
ballade acoustique d’apparence toute simple mais à la profondeur de champ étonnante,
et Crane Wife, Pts. 1 & 2, nouvelle
chanson ambitieuse à multiples tiroirs. Une seule chose unit toutes ces
chansons, c’est le souci du détail et une exigence permanente dans l’écriture qui
les rends toutes plus exemplaires les unes que les autres, quel que soit le
style ou le tempo.
The
Decemberists n’a peut être pas la magie ou la flamme d’Arcade Fire, mais ils
font une musique qui leur ressemble un
peu. Peut être plus réfléchie et surtout plus posée, mais avec pas mal
d’ingrédients communs. Le titre The Crane
Wife, qu’on peut traduire par « la femme grue », est parait il
tiré d’un conte japonais et les chansons de ce disque racontent cette histoire
là. Une sorte de conte musical ou chaque chapitre est indispensable à la suite
de l’histoire. Tout le contraire d’un album à singles. The Crane Wife est un voyage Pop ambitieux qui cache une quantité
de moments beaux et forts. Le genre de voyage qui vous laisse pour longtemps des
souvenirs plein la tête.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.decemberists.com
Junior Boys : So This Is Goodbye
Titres
Double Shadow
Equaliser
First Time
Count Souvenirs
In The Morning
So This Is Goodbye
Like A Child
Caught In A Wave
When No One Cares
FM
Avec l’électronique, les samplers et les ordinateurs on peut
tout faire. Recréer un quatuor à cordes, un orchestre symphonique, jouer avec
le bruit du vent dans les arbres ou taper dans les infra basses qui vous
vrillent les tripes. On peut aller du plus charnu au plus dépouillé en appuyant
sur un simple bouton. Il est toujours fort tentant d’aller vers la surenchère,
ce que font la plupart des adeptes de l’Electro. Et puis de l’autre côté, il y
a ceux qui avec peu de choses arrivent à nous embarquer dans leur univers.
Junior Boys est clairement dans la deuxième catégorie.
Ce n’est pas que leur musique soit réellement dépouillée,
c’est plutôt qu’ils se contentent d’utiliser juste ce qu’il faut, sans jamais
en mettre trop dans la gamelle. Et avec ça, ils construisent une sorte de
musique à danser au ralenti, robotique et pourtant brumeuse, comme on savait en
faire dans les 80’s. En ce sens ils sont les héritiers de gens comme Depeche
Mode, Soft Cell, Erasure, OMD ou peut être encore plus Psyche, duo canadien
comme eux, tous groupes auxquels ils empruntent des sons certifiés vintage, ou
plus récemment de l’école Electro allemande ou de gens comme Hot Chip. Junior
Boys fait cette sorte de Pop raide et givrée qui semble toujours sortir du bac
à glaçon, diaphane et cassante, mais idéale pour remettre les choses à leur juste
température quand il fait un peu trop chaud. So This Is Goodbye est clairement orienté vers la danse, mais avec
ce truc en plus qui le rend tout aussi écoutable bien calé au fond d’un canapé.
Une danse aussi cérébrale qu’organique, qui use souvent des tempos lents et qui
possède un atout maître avec la voix de Jeremy Greenspan, belle et désenchantée,
qui réussit à donner une âme aux machines.
Ce So This Is Goodbye donne
l’impression de survoler en un peu moins d’une heure, une bonne vingtaine
d’années de musique électronique. Un résumé aussi fidèle que brillant, qui réussi
finalement à donner l’impression que cette musique là a tout l’avenir devant
elle. Et pourtant, les Junior Boys n’inventent rien. Double Shadow et surtout First
Time ont des airs de Yazoo, The
Equalizer rappelle Soft Cell, Count
Souvenirs n’est pas loin de Depeche Mode. Mais c’est un peu comme si toutes
ces références étaient mises à nue, dépouillées pour ne garder que la trame
essentielle, juste le squelette. Une version épurée de toutes ces influences
qui les rendrait reconnaissables, mais tellement légères qu’elles ne prennent
jamais toute la place. Parce que l’autre qualité majeure de Junior Boys, c’est
d’écrire des chansons qui s’imposent. Entre les clairs obscurs des synthés et
cette voix immédiatement amicale, on se retrouve rapidement conquis par cet
album là. In The Morning est une des
pièces maîtresses du puzzle, louvoyant entre sonorités 80’s et rythmique
d’aujourd’hui pour créer une musique à danser fiévreuse, mais à tendance sueurs
froides.
Après un So This Is Goodbye léger et presque
sucré, la suite du disque est une lente descente vers une musique plus
introspective et vers une Electro aux sonorités plus actuelles (les lancinants
et assez sombres Caught In A Wave et When No One Cares). Jusqu’à en arriver à
FM, dernier sursaut Pop dans une
veine OMD qui aurait le temps de prendre son temps. Tout ça fait de So This Is Goodbye un album très
attachant, aux multiples facettes, mais avec une unité de ton assez rare dans
le genre. A découvrir.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.juniorboys.net
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