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23 aout 2004


Pendant mes vacances, j'ai eu enfin le temps de déguster le dernier PJ Harvey, plus le retour sur le devant de la scène de Chris Corner, ex Sneaker Pimps.




PJ Harvey : Hu Huh Her



Titres

The Life and Death of Mr. Badmouth
Shame
Who the Fuck?
Pocket Knife
The Letter
The Slow Drug
No Child of Mine
Cat on the Wall
You Come Through
It's You
The End
The Desperate Kingdom of Love
13
The Darker Days of Me


Après Stories From the City, Stories From the Sea, on la supposait calmée. Ou tout au moins apaisée. On pensait son lent virage vers une musique plus sage irrémédiable et somme toute logique après tant d’années à se sortir les tripes et à étaler ses tourments pour notre plus grand plaisir. Uh Huh Her vient à point pour donner un bon gros coup de savate dans la fourmilière et pour nous prouver le contraire. Finis les arrangements riches et le beau son qui flatte l’oreille, la PJ de Dry est de retour. Une guitare qui racle à souhait, une batterie sèche et sa voix toujours aussi indispensable qui survole l’ensemble avec cette grâce qui est devenue sa marque de fabrique. Je ne sais pas si ce revirement est la conséquence des louanges et des prix obtenus avec Stories From the City, Stories From the Sea, mais ça pourrait presque y ressembler. La peur de devenir réellement grand public l’a-t-elle effleurer et fait reculer ? En tout cas ce nouvel album casse joliment la logique à laquelle on s’attendait.
Qu’on se le dise, le nouveau PJ Harvey est un album de Blues. Un Blues âpre et râpeux, forcément pas joyeux mais tellement beau à écouter et à partager avec elle. Un album qui comme tout bon disque de Blues nous parle d’amours impossibles, de ruptures et de douleurs, avec cette simplicité et cette économie de moyens qui lui est indispensable. C’est la simplicité même du Blues qui en fait sa beauté et crée l’émotion. Dans ce genre là, pas de secret, soit on y met sont âme et s’est magique ou on simule et ça tombe à plat.
Et avec Hu Huh Her, du côté simplicité on est servi. Le son est brut et l’écriture simple et directe. Sans fioritures, on navigue tantôt entre la rage et la douceur, entre la main de fer et le gant de velours. On est d’emblée accueilli par un bon coup de griffe. The Life and Death of Mr. Badmouth est un premier morceau lourd, menaçant, mais qui comme souvent touche à la lumière grâce à la voix habitée de la dame. Shame est simplement renversant. Cette chanson qui semble filer à toute allure avec une facilitée déconcertante pour finir bien trop vite est une vraie réussite. On n’est pas prêt d’oublier cette simple guitare et ce petit accordéon qui l’accompagne discrètement. Nouvel accès de rage avec un Who The Fuck tonitruant, toutes guitares et feulements dehors. Puis à nouveau la douceur avec un Pocket Knife aux percussions indiennes du meilleur effet. Et comme la machine est décidément bien réglée (une claque suivie d’une caresse), l’excellent The Letter vagabonde dans des contrées pour électriques. Avec The Slow Drug, on ne change pas cet ordonnancement, mais on change par contre radicalement de style. Aucune guitare ici, juste des échos de cordes et d’autres instruments acoustiques non identifiés qui ajoutés à la voix caressante de PJ donnent un morceau apaisé à la beauté sereine. Une réussite.
A partir de là, ça s’éparpille un petit peu. No Child of Mine est bien trop court pour se faire une idée, la magie à laquelle on s’est habitué avec PJ Harvey n’opère pas vraiment sur le besogneux Cat On The Wall. Heureusement, il reste encore une pierre précieuse à découvrir sur ce disque. You Come Through, un peu à la manière de The Slow Drug, utilise des sonorités acoustiques, mais électriquement modifiées pour nous entraîner dans des ambiances encore inconnues. Encore une fois le résultat est une vraie merveille. Et encore une fois, le morceau parait bien trop court… Ensuite, on a un peu tendance à s’ennuyer. Le délicat mais prévisible The Desperate Kingdom Of Love n’élève pas le débat. On a même droit à un 13ème morceau fait uniquement de cris de mouettes. C’est bien parce que je reviens de Bretagne que je trouve ça amusant. Sinon, je suis moins sûr... Reste le joli The Darker Days of Me & Him pour finir joliment (et tristement) ce nouvel album.
Vous l’aurez compris, Uh Huh Her ressemble fort à un condensé de tout ce PJ Harvey a produit jusque là. Sans réelle nouveauté dans le style (à part The Slow Drug et You Come Through), sans réelle surprise. C’est forcément surprenant de la part de quelqu’un qui nous chamboule à chaque nouvel album. Peut être pas son meilleur album, mais un album finalement parfait pour découvrir cette sublime anglaise (oui, il en reste qui ne la connaisse pas…) Et un beau lot de chansons, suffisant pour attendre la suite.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.pjharvey.net




I Am X : Kiss + Swallow

Titres

I Am X
Kiss And Swallow
Sailor
Naked But Safe
Simple Girl
Mercy
Your Joy Is My Low
I Like Pretending
Skin Vision
Missile
White Suburb Impressionism
Heatwave



Certains d’entre vous se souviennent peut être des Sneaker Pimps, groupe de la mouvance Trip Hop du milieu des années ‘90. Sneaker Pimps était un groupe plutôt sympa et musicalement écoutable, à défaut d’être vraiment original. Mais surtout, il y avait dans le groupe cette chanteuse horripilante dans le genre sous-Bjork, dont j’ai oublié le nom, mais finalement ça vaut mieux.
Aujourd’hui Chris Corner, ex leader et tête pensante des défunts Sneaker Pimps part dans une autre aventure sous le nouveau nom de I Am X. Plus de chanteuse agaçante, juste la musique du bonhomme (et sa voix finalement pas du tout désagréable). Dans Sneaker Pimps, Chris Corner faisait déjà de la musique électronique, globalement dans le genre plutôt caressant et légèrement planant propre au Trip Hop. Si vous vous souvenez de ça, oubliez tout. Chris Corner en solo, c’est autre chose. L’ensemble des morceaux est basé sur une rythmique lourde, des batteries cassantes et brutales. L’électronique va dans le même sens puisque les basses et les sons graves en général se taillent la part du lion. Les morceaux étant basés sur des boucles bien pensées, tout ça crée une sorte d’ambiance à la fois pesante et hypnotique du meilleur effet. Chris Corner a d’emblée réussi à se créer un style et une ambiance assez personnelle. C’est déjà pas mal, mais pas suffisant pour faire un bon album. Alors, qu’est ce que ce Kiss And Swallow(joli titre poétique, n’est il pas…) a de plus pour faire la différence ? Des chansons. Tout simplement. En plus de cette atmosphère que j’apprécie, finalement très connotée 80’s, il y a des titres assez renversants comme le perforant Kiss And Swallow. Si ça c’est pas un tube en puissance, c’est que je suis sourd (remarquez, ça va pas tarder vu comment j’écoute la musique FORT !). On trouve aussi le très beau Simple Girl, plus apaisé et presque romantique ou encore le joyeusement Pop Your Joy Is My Low qui pourrait presque ressembler à du Erasure. J’adhère déjà beaucoup moins quand Chris Corner louche carrément du côté de Depeche Mode période Black Celebration avec un morceau comme I Like Pretending ou quand il singe Yazoo dans Heatwave. A l’évidence, sa place n’est pas là et son style n’est pas celui là. Mais une chanson comme l’entêtant et assez surprenant You Stick It In Me remet l’album dans le droit chemin. Skin Vision confirme que Chris Corner semble finalement assez bien savoir où il veut aller.
Dans Kiss And Swallow, comme dans beaucoup de premiers albums solo, tout n’est bien sûr pas parfait, ou trouve ici quelques morceaux assez moyens, mais dans l’ensemble il est très correct. Cet album est un beau début, une belle première pierre Electro posée par quelqu’un qui semble avoir tout ce qu’il faut pour nous proposer de bons albums dans un avenir proche.


Pour plus d'informations, le site officiel (encore en construction) :
www.sneakerpimps.com/iamx



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