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23 juin 2003


Deux groupes de styles très différents, voire même opposés, mais présentés tous les deux par la presse locale comme le brillant futur musical de l'Angleterre. Etat des lieux.




Audio Bullys : Ego War

Titres

Snake
100 Million
Way Too Long
Turned Away
Real Life
We Don't Care (Dirty Version)
Face In A Cloud
The Tyson Shuffle
The Things
Veteran
The Snow
I Go To Your House
Hit The Ceiling
Ego War
Somewhere In The Middle



La presse anglaise a souvent tendance à présenter les petits nouveaux comme de nouveaux messies, sauveurs du Rock, de la Pop, de la Dance et j’en passe. On a connu tant de groupes censés régénérer ou réinventer tel ou tel genre, qui finalement n’ont été que des feux de pailles faisant vendre plus de papier que de disques. Audio Bullys est la dernière « Next Big Thing » à l’anglaise. Eux sont supposés être les sauveurs d’une nouvelle musique à danser qui mêlerait à peu prêt tout ce qui se fait dans le genre dansant et ce bon vieux Rock. Maintenant, faut voir…
On pourrait donc imaginer quelque chose comme les brillants Radio 4 par exemple qui ont trouvé le dosage parfait entre le une bonne dose de Rock et quelques soupçons de Dance. Et bien non, Audio Bullys n’est pas de cette sorte. Eux ont choisi de prendre le problème dans l‘autre sens : on part d’ingrédients Dance et on y ajoute une pincée de Rock, notamment par le chant. Comme dans toute greffe, le risque est le rejet. Dans tous les cas, si les choses ne sont pas faites avec suffisamment de finesse, ça ne prend pas. Mais ici, le résultat est aussi réussi que pour les Radio 4. Simon Franks et Tom Dinsdale, les deux joyeux créateurs de ce disque ont eux aussi réussi à idéalement peser et assembler les ingrédients.
En fait, ils ont puisé leur inspiration à tellement de sources, que vous êtes sûr de trouver votre bonheur dans ce bric à brac musical. Les Audio Bullys sauront forcément vous séduire au détour de l’un ou l’autre morceau. Vous aimez les Chemical Brothers ? Snake à tout pour vous plaire. Vous êtes plutôt branché Rap ? 100 Million est fait pour vous. Vous êtes nostalgique des Happy Mondays, qui en leur temps avaient bien fait bouger les choses ? Way Too Long va vous rappeler de bons souvenirs. Vous ne jurez que par le son des Daft Punk ? Vous adorerez Turned Away . Bref, vous trouverez tous chaussure à votre pied dans le grand magasin qu’est Ego War. On retrouve ici Real Life, qui fût l’un des singles précurseur de cet album. Dans ce morceau étaient déjà présents tout ce qui fait aujourd’hui le charme de ce groupe : une intégration parfaite de toutes leurs influences et une science déjà impressionnante des échafaudages musicaux. Mais il y a surtout We Don’t Care, l’autre ancien single, lui aussi repris sur l’album. Un parfait cocktail de musique Dance et de chant Rock teinté de Punk. Une sorte de Prodigy, en moins volontairement agressif et plus franchement léger. On touche là à l’équilibre idéal entre tous les ingrédients. Parfait.
En lisant ces lignes, vous avez peut être l’impression que les Audio Bullys ne sont que de classiques plagiaires comme on en trouve à la pelle. Et bien non, ce n’est pas ça. Evidemment, ils ont puisés leur inspiration en écoutant tous les sons passant à leur portée, mais ils ont aussi et surtout le talent suffisant pour se créer leur propre style. Ils ont décidés de ne s’imposer aucune barrière de genre ou de forme. A partir de là, tout est possible, le pire comme le meilleur, mais ces deux là sont suffisamment intelligents et habiles pour ne produire que le meilleur. A leur manière, ils font avancer les choses. En cassant les barrières, ils permettent à des genres (et donc des gens) qui se croisent peu, de faire connaissance et de constater que finalement le monde est peut être vaste, mais que la planète musicale est bien plus petite qu’il n’y paraît. En fait, en ces temps de miniaturisation à outrance, les Audio Bullys sont en train de nous prouver qu’on peut faire à peu prêt la même chose avec la musique. Aujourd’hui, ils ont réussi à faire tenir sur un seul album tout un monde musical. Très prometteur, c’est certain.


Pour plus d'informations, le site officiel :
www.audiobullys.co.uk




British Sea Power : The Decline Of...

Titres

Men Together Today
Apologies To Insect Life
Favours In The Beetroot Fields
Something Wicked
Remember Me
Fear Of Drowning
The Lonely
Carrion
Blackout
Lately
A Wooden Horse



Autre nouveauté annoncée par la presse anglaise comme le nouveau groupe énorme, qui va révolutionner la musique Indépendante outre Manche, voici venir British Sea Power. Rien que le nom de ce groupe a tout pour plaire aux anglais en flattant leur nationalisme, mais aussi tout pour agacer les autres. Et c’est à peu près ce qui se produit. En présentation sur cet album apparaît même un pompeux British Sea Power’s Classic. Comme si ce premier album pouvait déjà être un classique de ce que sera le futur du Rock anglais. Coup de pub ou grosse tête précoce ? Apparemment un peu des deux. On est tellement habitué à ce que la presse anglaise s’ébahissent devant chaque petit nouveau ayant un tant soit peu de style qu’on a forcément des doutes. Raison de plus pour se méfier lorsque le groupe lui même donne l’impression de se prendre pour le nombril du monde.
Dans ce genre de situation, rien ne vaut une écoute impartiale, en tentant d’oublier tout le battage fait autour de ce disque. Le premier morceau, Men Together Today, prélude choral, ouvre la voix à Apologies To Insect Life qui rappelle furieusement l’atmosphère des morceaux de Joy Division. On trouve ici la même rage froide, la même tension nerveuse. Favours In The Beetroot Fields est dans le même esprit, en plus énervé et plus condensé. Someting Wicked nous présente une autre face du groupe, une face plus personnelle, plus mélodique et convaincante, et sûrement plus proche de ce qu’est vraiment British Sea Power. Personnellement, j’accroche déjà plus. Arrive ensuite Remember Me, morceau déjà sorti en single il y a quelques mois et repris sur ce disque. Le vrai British Sea Power est là, dans ces mélodies à fleur de peau, dans cette urgence, cette impression qu’ils donnent de vouloir avaler l’espace qui se trouve devant eux. C’est une réussite. Tout comme Fear Of Drowning et The Lonely, tout aussi brillants, qui savent nous rappeler beaucoup de choses qu’on a aimé dans le Rock Indépendant anglais des années passées : Pulp, The Smiths, Psychedelic Furs, entre autres. Que de belles références, vous en conviendrez. Carrion et Blackout sont deux belles chansons aux mélodies et refrains convaincants. Jusque là, rien de vraiment renversant. De belles et bonnes chansons, certes, mais pas de quoi révolutionner la planète musicale. Puis arrive Lately, très long morceau à tiroirs (presque 14 minutes), à plusieurs vitesses et plusieurs angles d’écoute, et là on se dit que voilà peut être ce qui peut faire de British Sea Power un groupe différent des autres. Là, on fait vraiment un beau voyage, et sur cette chanson, on n’essaye même pas de deviner qui ça peut bien nous rappeler. On profite de l’instant, tout simplement. La vrai personnalité et les vrais possibilités du groupe transparaissent dans ce morceau, vraiment très réussi. Et là, on se dit qu’une fois qu’ils auront digérés leurs diverses influences, aussi sympathiques soient elles, on pourra enfin profiter du groupe qui se cache ou se cherche encore sous le vernis des apparences.
Aujourd’hui, British Sea Power s’apparente plus à une sorte de vitrine, voire même de musée, du Rock Indépendant anglais de ces vingt dernières années. A l’écoute de ce disque, on sait immédiatement à qui on a affaire. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise, mais aucune réelle vrai surprise non plus. En fait, British Sea Power me paraît être un excellent groupe en devenir, mais certainement pas le classique du Rock qu’on voudrait nous faire croire. Si classique il y a, c’est dans les années à venir qu’il pourrait arriver, quand ce groupe aux qualités indéniables aura vraiment pris son envol et aura réussi à s’affranchir de ses influences. En attentant, The Decline Of British Sea Power est simplement un très recommandable disque de Rock Indépendant. Le premier d’un groupe qui pourrait fort bien aller très loin.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.britishseapower.co.uk




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