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23 mars 2009



U2 : No Line On The Horizon


Titres

No Line On The Horizon
Magnificent
Moment Of Surrender
Unknown Caller
I'll Go Crazy If I Don't Go Crazy Tonight
Get On Your Boots
Stand Up Comedy
Fez - Being Born
White As Snow
Breathe
Cedars Of Lebanon


Il faut quand même bien avouer que depuis Achtung Baby, U2 est doucement passé d'un rôle de précurseur à un rôle beaucoup moins valorisant de suiveur. A ses débuts le groupe trainait derrière lui toute une meute de suiveurs qui pillaient abondamment ses idées en peinant à suivre le rythme. Il y a eu une époque ou U2 réinventait le Rock en le rendant flamboyant, épique, brillant. Aujourd'hui, on n'en est plus là. Et pourtant, ce groupe restera forcément un des plus marquants de ce dernier quart de siècle, un de ceux qui ont bouleversés le paysage musical qui les entourait. Rarement un guitariste aura autant influencé son époque que The Edge. Rarement un chanteur aura été aussi charismatique (ou agaçant pour certains) que Bono. Et je ne parle ici que de musique, sans me pencher sur les à côté du groupe, sur ses engagements divers qui eux aussi ont pu influencer pas mal de monde.

Bref, U2 est depuis longtemps une énorme machine, de la taille des Rolling Stones ou d'un Bruce Springsteen, une des dernières qui restent encore en activité. Et quoi qu'ils fassent, quelle que soit la qualité de leurs albums ou la couleur de leurs caleçons, le succès est assuré. Je ne sais pas si c'est cette assurance qui freine petit à petit la créativité, qui empêche de se dépasser, qui n'oblige plus à se réinventer, mais U2 donne depuis longtemps l'impression de se la couler douce. Certes, les albums se suivent sans forcément se ressembler, sans jamais être mauvais, mais sans jamais redonner le frisson. Le précédent How To Dismantle An Atomic Bomb voyait le groupe renouer avec ses amours de jeunesse ou plus précisément avec le son de sa jeunesse, mais sans la flamme qui allait si bien avec. Un album qui divisait, entre ceux qui leur reprochaient ce retour en arrière contreproductif et le bataillon des nostalgiques qui retrouvait une part de leur jeunesse. Le petit dernier voit le retour du duo de producteurs Daniel Lanois / Brian Eno plus Steve Lillywhite, le producteur emblématique des années '80. C'est déjà un premier indice sur la direction musicale de ce No Line On The Horizon. Et en effet, ce nouvel album fait toujours autant appel à notre fibre nostalgique. Sans pour autant être plus novateur.

Encore une fois, U2 ne révolutionnera rien, se contentant de faire du U2. Ce qui est déjà énorme, me direz-vous, parce que personne ne le fait mieux qu'eux. Ca peut paraitre une évidence, mais ça n'a pourtant pas toujours été le cas par le passé, notamment sur Pop, quand ils tentaient de suivre l'air du temps sans y arriver vraiment. Cette fois ci, le groupe s'est avant tout concentré sur ce qu'il sait bien faire. Prenez le titre No Line On The Horizon qui crée directement une atmosphère à la The Joshua Tree ou encore Breathe dans la même veine. Et puis il y a surtout le futur tube interplanétaire Magnificient, avec sa guitare qui sonne tellement Unforgettable Fire. Un vrai régal et un début d'album de bon augure qui rassure un peu quand jusque là on n'avait que le laborieux Get On Your Boots à se mettre sous la dent. Un titre qui rappelle plutôt la période Zooropa / Achtung Baby. Ensuite, on découvre un Moment Of Surrender qui aurait presque pu figurer sur Rattle And Hum ou un Stand Up Comedy nettement plus proche des dernières productions du groupe comme All That You Can't Leave Behind. Parallèlement à cette (re)visite d'une grande partie de leur discographie, on trouve quelques titres un peu plus aventureux, comme FEZ-Being Born, un titre à l'atmosphère envoutante grâce à une production vraiment brillante du duo Lanois / Eno. Au final, pas mal de chansons réussies aux accents déjà connus, mais toutes fort agréables à écouter et idéalement calibrées pour plaire à tous. Manque juste le petit supplément d'âme, le petit truc en plus qui fait circuler le sang plus vite dans les veines.

Ce nouvel album prouve au moins une chose : quand U2 ne cherche pas absolument à réinventer la poudre ou à suivre des modes qui ne sont pas les siennes, il est toujours le maitre en son jardin. Même si la magie n'opère plus comme avant, même si on déguste aujourd'hui cette musique sans les frissons du passé, U2 reste toujours une redoutable machine. Un titre aussi confondant d'efficacité que Magnificent continue à le prouver.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.u2.com

Et la vidéo de Get On Your Boots :
Ici


Sophie Hunger : Monday's Ghost

Titres

Shape
Round And Round
The Tourist
Birht-Day
Monday's Ghost
House Of Gods
Teenage Spirit
The Boat Is Full
Rise And Fall
Walzer Für Niemand
Beauty About All
A Protest Song
Drainpipes


Sophie Hunger vient de Suisse, mais le métier de ses parents l'a forcé à voyager, de Londres à Bonn, lui permettant de voir autre chose, d'entendre autre chose aussi. De s'ouvrir vers l'extérieur. Et comme pas mal de monde, elle a croisé la voix et la lumière de Jeff Buckley. Ca a été un choc pour beaucoup, pour elle ça semble avoir été une rencontre déterminante, un déclencheur. A tel point qu'elle a intitulé son premier album Sketches On Sea en référence au Sketches For My Sweetheart The Drunk, l'album post-mortem de Jeff Buckley.

A l'évidence, Sophie Hunger s'est nourrie de bien d'autres influences plus ou moins discrètes mais surtout très variées. Mais ce qui frappe dès qu'on l'écoute chanter, c'est cette voix qui semble avoir déjà beaucoup de vécu, une voix qui peut être aussi douce que puissante et qu'on n'imagine pas forcément en la voyant. Ses chansons sont étonnamment matures pour une demoiselle qui n'a pourtant que 26 ans. A tel point que les premières références qui viennent à l'esprit quand on écoute Monday's Ghost sont des femmes comme Catpower, Beth Gibbons ou Tori Amos. Des artistes suffisamment fortes pour imposer leur différence, pour s'imposer tout simplement. A travers ses chansons, Sophie Hunger dégage une impression comme ces femmes là, une impression de force et d'assurance. Avec la certitude d'avoir raison, d'être sur la bonne voie. Et en effet, Sophie Hunger a raison. Son Monday's Ghost est une vraie réussite. Un album sans faille qui réussi à mêler les ballades Folk intimistes, les acrobaties à la Jeff Buckley, les popsongs à fortes têtes et les Rocks chaleureux. Bref, la dame ne se refuse rien, va partout où ses idées la mène. Avec toujours cette cohabitation de force et de douceur qui fait toute son originalité.

La chanson Round And Round avec son début calmement Folk tout juste suivi par un refrain qui s'envole ou The Tourist avec son tempo marqué et son chant aérien reflètent bien cette dualité. Mais c'est encore plus marquant sur la chanson Monday's Ghost où la douceur bouleversante du début se transforme progressivement en cris. Sophie Hunger joue de sa voix comme on joue d'un instrument délicat. On passe sans prévenir de l'ultra sensible, proche d'une Beth Gibbons (House Of God) au ton plus charmeur dans la veine Tori Amos (The Boat Is Full). Mais outre cette voix, la demoiselle sait aussi écrire des chansons dans lesquelles elle refuse toujours la facilité. Ses chansons sont souvent belles et touchantes (Nalzer Für Niemand chanté dans son allemand natal ou A Protest Song qui tutoie le jazz) mais jamais insignifiantes. Et c'est parce qu'elle est avant tout exigeante avec elle-même que ses chansons nous parlent autant. Parce qu'elles possèdent une profondeur qu'on rencontre rarement chez les chanteuses issues du Folk. Parce que justement, chez elle, le Folk n'est qu'une base de travail à partir de laquelle une chanson peut partir dans n'importe quelle direction comme sur le magnifique Drainpipes. Un titre à la fois ambitieux et bijou de sensibilité qui s'autorise des incursions cabaret et Jazz.

Cet album est étonnant. La première écoute est fort agréable, mais on n'imagine pas un seul instant tout ce qu'on va y découvrir au fil des écoutes suivantes. On n'imagine pas les trésors de finesses et de passions qui se cachent dans ces chansons à l'apparence toute simple. Monday's Ghost est vraiment un album à découvrir et Sophie Hunger est pour moi une des belles révélations de 2009.


Pour plus d'nformations, sa page Myspace :
Ici

Et la vidéo de The Boat Is Full


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