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23 janvier 2006


Le très attendu premier album de Clap Your Hands Say Yeah méritait qu'on attende. Les Nits sortent un dix-neuvième album encore une fois impeccable.




Clap Yor Hands Say Yeah : Clap Yor Hands Say Yeah


Titres

Clap Your Hands!
Let the Cool Goddess Rust Away
Over and Over Again (Lost and Found)
Sunshine and Clouds (And Everything Proud)
Details of the War
Skin of My Yellow Country Teeth
Is This Love?
Heavy Metal
Blue Turning Gray
In This Home of Ice
Gimmie Some Salt
Upon This Tidal Wave of Young Blood


Si vous voulez être au courant des nouveautés avant tout le monde, si vous voulez savoir quel groupe va être « the next big thing » 6 mois avant même d’en avoir entendu la moindre chanson, il y a une solution : ça s’appelle le blog. Forcément, on y trouve de tout, du sérieux et du délire. Mais on y trouve surtout des gens qui veulent être les premiers à parler du futur grand groupe qui reste encore à naître. Genre : j’ai entendu un de leurs morceaux, enregistré avec un lecteur mp3 dans une cave par le beau frère de la sœur d’un copain du chanteur et c’est d’enfer !! Le plus grand groupe du monde est né !! Evidemment, faut relativiser. Ca peut quand même avoir des bons côtés pour aider à mettre en lumière certains artistes, mais j’ai comme l’impression que finalement, ça a plus d’effets pervers que d’avantages. Parce qu’à chaque fois, avec tout ce bruit qui nous vient des blogs, on attend un truc génial. Et on se retrouve bien plus souvent devant des disques quelconques qu’on rêvait pourtant d’entendre depuis 6 mois. Et ça risque de ne pas s’arranger dans les mois qui viennent. Les prochains qui vont frapper à la porte s’appellent Arctic Monkeys. J’en parlerai dans pas longtemps. Mais comme on dit, trop d’info tue l’info, ça devrait donc se calmer tout seul un jour ou l’autre. En plus, ça ne m’étonnerai pas que les majors du disque mettent la main sur cette source d’info pseudo parallèle qui génère si bien la rumeur.

Ce petit préambule pour parler de Clap Your Hands Say Yeah (CYHSY pour les intimes), qui fait partie des groupes à ne surtout pas rater si on se réfère à la blogosphère (quoique depuis quelques semaines le ton change : l’album autoproduit se vent bien aux Etats Unis, c’est donc de la merde !). A chaque fois que sort un disque encensé à ce point là avant même sa naissance, ça me pose problème. Parce que souvent, la déception est largement à la hauteur des espoirs. Alors pour ces américains de Brooklyn, on peut s’attendre à tout. En fait, à la première écoute, ce qui surprend le plus, c’est la voix d’ Alec Ounsworth, approximative et plutôt nasillarde. Très surprenant au départ. Mais une fois qu’on a accepté ce chant assez décalé, on peut se pencher sur la musique. Et là, il faut avouer que ce groupe là est plutôt agréable et possède des atouts. En grand nombre. Et on s’aperçoit alors que cette voix s’accommode plutôt bien de ces musiques qui sortent elles aussi des sentiers battus. Et qu’elle en est peut être même l’élément central le plus important.

Ce groupe là me fait un peu penser à Arcade Fire, pour la voix qu’on sent souvent au bord de la rupture et pour ces chansons qui vous emmènent ailleurs. A l’évidence, CYHSY recherche en permanence le décalage et le prisme déformant. Il le font en simplifiant la production à l’extrême, pour lui donner un côté fragile et faussement approximatif. Les chansons semblent parfois tenir debout par miracle tellement elles paraissent légères ou tellement leurs fondations semblent vacillantes. Et c’est par cette recherche de la simplicité qu’ils se distinguent d’Arcade Fire qui eux n’hésitent pas à en rajouter. L’autre grande qualité du groupe, c’est cette sorte de bonne humeur qu’ils dégagent. Leur musique, pourtant pas spécialement joyeuse, sent à plein nez l’enthousiasme et la joie de jouer. Alors, forcément ça à tendance à déteindre sur l’auditeur. Clap Your Hands Say Yeah, ça fait du bien là où ça fait mal. Ce premier album contient un beau petit lot de chansons qui marqueront tous ceux qui les écouteront. Avec en tête de liste les entêtants Let the Cool Goddess Rust Away et Over and Over Again (Lost and Found) qui jouent à fond sur les boucles répétitives. Et puis surtout Skin of My Yellow Country Teeth, qui me replonge tout entier dans les œuvres de jeunesse de New Order période Power, Corruption & Lies. D’ailleurs, si vous aimez cette chanson, précipitez vous sur ce disque de New Order, vous allez adorer. Heavy Metal louche du côté des Pixies, les guitares de In This Time Of Ice rappellent Field Mice et Upon This Tidal Wave of Young Blood donne envie de réécouter les Talking Heads. Bref, on trouve ici tout un tas d’influences parfaitement digérées et intégrées.

De là à dire que CYHSY est le nouveau groupe fabuleux que tout le monde attend, il y a un pas que je ne franchirai pas. En tous cas pas encore. Leur premier album est réussi et surtout très attachant. Il fait partie des belles réussites de ce début d’année. C’est déjà pas mal. Et puis surtout, c’est bien la première fois que je vois un groupe dont le nom colle si parfaitement à l’impression qu’il dégage. 



Pour plus d'nformations, le site officiel : clapyourhandssayyeah.com




Nits : Les Nuits

Titres

Les Nuits
The Rising Sun
The Eiffel Tower
The Red Dog
The Long Song
The Launderette
The Pizzeria
The Key Shop (War & Peace)
The Wind-Up Bird
The Hole
The Milkman



Dix neuf albums. Quand même… Et tout ça dans l’indifférence quasi générale. Les Nuits vient de sortir et comme d’habitude, à part ceux qui suivent assidûment les pas des Nits, personne n’est au courant. Et surtout tout le monde s’en fout.

Et pourtant, par le passé, certaines chansons parmi les plus Pop de leur répertoire auraient pu atteindre un public plus large. La rencontre n’a jamais eu lieu. Alors les Nits continuent leur aventure musicale en compagnie de ceux qui les suivent depuis longtemps. Pas forcément nombreux, mais toujours fidèles. Et c’est peut être justement cette certitude de rester confidentiels quoi qu’il arrive, qui leur permet une telle liberté aujourd’hui. Les Nits ne cherchent plus à décrocher la timbale ou à vendre plus. Leur but est ailleurs. Ils cherchent l’harmonie, la grâce, la beauté. Toutes ces choses que les autres ne prennent pas le temps d’approcher, tous trop pressés. Forcément, la recherche du parfait équilibre prend du temps. Eux, ça fait maintenant un peu plus de 30 ans qu’ils le poursuive. Les Nuits est sûrement un des plus beaux résultats de cette recherche et donc un de leurs plus beaux disques.

La musique des Nits est aussi peu démonstrative qu’elle est expressive. Elle est capable de vous transporter vers des horizons tous plus doux et beaux les uns que les autres. Et tout ça dans la discrétion la plus totale. Les Nuits renoue avec la veine claire obscure qui leur va si bien. Et le groupe nous revient avec des chansons à la beauté incroyable. A tel point que The Eiffel Tower ressemble fort à ce qu’ils ont écrit de plus beau. Ici, ils touchent du doigt la grâce tant recherchée. La présence d’un quatuor à cordes ne fait qu’adoucir et embellir les contours de chansons déjà presque parfaites. Comme toujours chez eux, dès le départ on trouve ça plutôt joli et agréable à écouter. Et comme à chaque fois, c’est la succession des écoutes qui permet de se rendre compte du boulot qui se cache derrière. Chaque chanson contient des merveilles d’arrangements, des dizaines de petits détails lumineux. Mais pour les découvrir, il faut avant tout prendre le temps de ces multiples écoutes. Ensuite, c’est le bonheur assuré.

Toutes ces chansons en The sont précédées par un titre en Les. Les Nuits (la chanson) est un régal de douceur. Une chanson sereine et belle comme les nuits d’été, justement. Ce nouvel signe le retour du groupe vers des climats plus nostalgiques, comme sur The Rising Sun et ces nappes de guitares lointaines et en apesanteur. Encore ici, et comme souvent chez eux, le travail des percussions est superbe. On est bien loin de la classique batterie qui fait boum. Ici, on est dans la dentelle et le cousu main. Et puis, sur ce disque, il y a The Eiffel Tower évoqué plus haut, sorte de chanson qui semble ne jamais toucher terre, à écouter les yeux fermés pour un voyage inoubliable. Le trio s’offre quand même quelques échappées ludiques, comme sur The Red Dog et sa fanfare qui rappelle la musique de Kusturica ou les plus légers et Pop The Key Shop et The Wind-Up Bird dans leur style caractéristique qui ne manque jamais de nous rappeler les Beatles et plus particulièrement John Lennon. Deux bijoux de Pop légère comme une bulle, encore une fois.

En terme d’écriture, les Nits donnent l’impression d’avoir des années lumières d’avance sur les autres. Et comme en plus leur souci du détail leur permet d’être en permanence différents et surprenants, on n’est pas prêt de se lasser de leur musique. Mais encore faut il tendre une oreille pour l’entendre.



Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.nits.nl


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