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22 décembre 2003


Un très beau DVD des Têtes Raides en concert pour finir l'année et un disque d'un groupe à découvrir pour entamer la suivante.

Têtes Raides : Aux Bouffes Du Nord

Titres

Aaaaaah!
Emily
Go Away
Les cloches
Chauffe
Saint-Vincent
Dam-Dam
Les gens
L'iditenté
Fuckingham Palace
Lune à l'autre
Boy
Les souris
Pauvre Martin
Gino
Je chante
Ginette
Leçon n° 6
Urgence
Le phare

Vous en connaissez beaucoup vous, des DVD musicaux qui commencent par une partie de pétanque ? En ce qui me concerne, c’est le premier que je vois. Et bien sûr, c’est le DVD des Têtes Raides. Forcément, il ne pouvait pas commencer comme les autres. Forcément, leur spectacle ne pouvait pas non plus se dérouler dans un endroit comme les autres. Apparemment les Bouffes Du Nord ne sont pas un endroit comme les autres. La scène est ronde, comme dans un cirque. Apparemment, cet endroit a un passé, un vécu, si on se réfère à l’état général, finalement tout à fait conforme à l’imagerie habituelle des Têtes Raides, tout en bric à brac sur fond sépia. Le sol est en terre battu, comme à Roland Garros. C’est idéal pour le tennis, ça a l’air d’être aussi pas mal pour la pétanque, mais pour un concert, faut voir.
Les musiciens arrivent lentement pour se poser au milieu de cette sorte d’arène sablonneuse et le concert commence. Aucun micro à l’horizon, aucune amplification non plus. Live et acoustique pour commencer. Les micros arriveront un peu plus tard. Les éclairages sont réduits à leur plus simple expression, avec juste un éclairage blanc sur le groupe au centre de l’arène. Et la musique commence. Avec un gros plan sur le visage toujours aussi émacié de Christian Olivier, sui commence à chanter. Et là, c’est le bonheur, comme à chaque fois. Le jeu de scène, ou la mise en scène, comme on voudra, est elle aussi résumée à sa plus simple expression. Et c’est parfait, puisque l’essentiel chez les Têtes Raides, c’est la magie de leur univers musical. Pour ajouter un peu d’animation visuelle à tout ça, les Chats Pelés, toujours présents, comme d’habitude, y vont de leur animations entre et pendant les chansons. Bien sûr, le résultat est parfaitement en harmonie avec l’ambiance du concert.
Ensuite, chacun y trouvera son ou ses morceaux préférés ( Go Away, Saint Vincent, L’iditenté, Je Chante ou encore Ginette, en ce qui me concerne). Evidemment, il en manque beaucoup. Comment faire tenir une telle discographie en une heure et quelque de concert sans oublier personne. Evidemment impossible. Mais l’important n’est pas là dans un concert des Têtes Raides. L’essentiel est ailleurs. Dans cet univers juste légèrement décalé, mais toujours parallèle au nôtre. C’est ce qui provoque la magie à chacun de leur disque ou chacun de leur concert. C’est un peu comme si tout ce qu’on connaît dans la vie de tous les jours était vu à travers un filtre déformant, un filtre qui rend les choses plus belles et plus chaleureuses. Un filtre qui décuplerait la complicité et la chaleur humaine. Un vaste foutoir qui serait une sorte de kaléidoscope de la vie. La qualité des images, superbement filmées, ajoute encore à la magie de l’ensemble. La possibilité d’afficher les textes des chansons est une belle idée qui met en valeur les textes du groupe. C’est d’ailleurs le seul « bonus » de ce DVD. A ce niveau là, c’est un peu léger. Mais bon, on ne leur en veut pas trop, tellement le concert en lui même est parfait. Mais le mot concert est trop restrictif. Je devrais plutôt parler de spectacle total, au sens large. Comme dans Fuckingham Palace, ou le groupe construit un mur de cubes (toujours décorés par les Chats Pelés) à l’image d’un joyeux mélange de leurs pochettes de disques. Ou encore dans le très déjanté Les Souris, où les projections de dessins et peintures sur le sable de la scène créent une ambiance unique et totalement irréelle. Dans le superbe Je Chante, le groupe n’apparaît qu’en ombre chinoise ou en image flou. Mais le plus beau est encore l’inusable hymne intemporel du groupe, je veux bien sûr parler de Ginette, où le groupe se fait invisible et laisse la place à une danseuse seule au milieu d’un rond de lumière. Et c’est beau.
Dans Leçon n° 6, le groupe en plein délire se laisse vraiment aller à enfin se marrer avec le public. La fête se termine en apothéose, avec Le Phare, où on voit apparaître une flopée d’invités (dont Yann Tiersen, que j’ai réussi à reconnaître), qui me porte à croire que l’intégralité du spectacle n’est pas sur le DVD. Mais bon, peu importe les oublis ou les coupures. Ce DVD est un régal autant pour les yeux que pour les oreilles. Un beau moment plein d’humanité et d’optimisme. Alors puisque c’est bientôt Noël, allez y, faites (vous) un beau cadeau.


Pour plus d'informations, le site officiel : www.tetes-raides.tm.fr

Et encore un groupe qui ne demanderait qu’à être plus connu par chez nous. Qui le mériterait surtout. Ce groupe au nom à coucher dehors fait partie de ce qu’on appelle aux Etats Unis la scène alternative, en Angleterre la scène Indie et en France la musique indépendante. Tout ça pour dire que Death Cab For Cutie est encore un des rares groupes viscéralement attaché à son indépendance et à son petit label. Ils y gagnent une indépendance artistique totale, mais le revers de la médaille est toujours le même : une promotion quasi inexistante. Dans ce monde là, on estime que la qualité d’un disque, additionnée d’un bon bouche à oreille doit permettre de vendre et de se faire connaître. Et si ça ne suffit pas toujours, tant pis. La liberté vaut bien ça. Et pour certain, la célébrité ne vaut pas qu’on y sacrifie ses idéaux. Le seul fait de faire de la musique et d’arriver à en vivre, même petitement est une récompense largement suffisante.
Si Transatlanticism est loin d’être le coup d’essai de ces américains originaires de Seattle, leur renommée (apparemment fort correcte outre Atlantique) est loin d’être importante par ici. Mais le titre de ce disque semble indiquer que la traversée de l’océan en question n’est pas pour leur déplaire. Et s’il faut un bon bouche à oreille pour faire connaître ce disque, je suis prêt à participer. Death Cab For Cutie est un groupe qui produit une musique que je qualifierais de belle et limpide, et Transatlanticism est vraiment un très bel album empli de lumières. Il est très facile de tomber sous le charme de ses mélodies qui naviguent entre optimisme et mélancolie. Il suffit d’écouter le disque une fois et on est piégé. Dans un sens, Death Cab For Cutie est l’héritier d’une certaine idée qu’on se faisait de la Pop indépendante à guitares telle qu’on la faisait il y a une dizaine d’année. Eux ont juste continué l’exploration, là où d’autres ont arrêtés. Ils sont allés plus loin dans cette sorte de tristesse lumineuse à laquelle on n’arrive pas à échapper. Les guitares sont cristallines et aériennes. La voix de Ben Gibbard est douce et caressante, avec ce petit je ne sais quoi triste désabusé qui fait son charme. Et côté charme, cet album en est un véritable concentré. Qu’on parle de The New Year , seul morceau vraiment Rock, qui ouvre cet album, en passant par le superbe et très British Title And Registration, l’un de mes préférés, le tubesque The Sound Of Settling ou encore le tristement beau Tiny Vessels. Et on n’en est encore qu’à la moitié du disque.
La suite s’appelle Transatlanticism, chanson de plus de 7 minutes qui démarre lentement pour ensuite prendre doucement son envol et finir en apothéose. Difficile de décrire la beauté de cette chanson. C’est simplement un bijou de grâce mélodique et d’équilibre. Les Death Cab For Cutie ne sont sûrement pas les musiciens les plus joyeux que vous risquez de croiser, mais leur spleen et leurs états d’âme leur permettent vraiment de faire des miracles, comme dans Death Of An Interior Decorator, parfaite dans le genre Popsong dépressive à écouter un jour de grand vent, pendant que la pluie tape contre les vitres, ou dans We Looked Like Giants, autre chanson qui retourne un peu vers le Rock tout en n’oubliant pas d’être sensible.
Transatlanticism est pour moi une des belles réussites de cette année discographique. Un retour réussi vers les guitares délicates et cristallines, vers un chant beau et touchant, une ambiance mélancolique qui vous enveloppe amoureusement. Et au final, un disque qui fait plaisir aux oreilles et chaud au cœur. Alors maintenant, faites vous aussi fonctionner le bouche à oreille pour que ce disque là ne passe pas inaperçu. Faites savoir autour de vous que Transatlanticism est réellement un grand album.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.deathcab.addr.com