Titres
15 Step
Bodysnatchers
Nude
Weird Fishes / Arpeggi
All I Need
Faust Arp
Reckoner
House Of Cards
Jigsaw Falling Into Place
Videotape
Depuis le temps que l'idée couvait,
voilà c'est fait. Un des grands du Rock a décidé de couper le cordon ombilical
avec l'industrie du disque. Plus de contrat, plus d'entrave et une liberté
totale pour créer, enregistrer et diffuser sa musique. Pour la première
fois, un des géant des ventes de disques a décidé de diffuser sa musique
uniquement par téléchargement via internet. Vous pourrez chercher autant
que vous voulez, vous ne trouverez le nouveau Radiohead dans aucun magasin.
Plus de support physique, pour l'instant du moins. Parce qu'il est fort
probable que les mêmes chansons, plus quelques autres sortent dans quelques
mois sur un vrai CD. Et ce serait tant mieux, parce qu'on dira ce qu'on
voudra mais un mp3, même bien encodé, est loin de la qualité audio d'un
CD. Sans parler du livret qui va habituellement avec et qui personnellement
me manque. Là, c'est mon côté collectionneur qui parle.
En tous cas, voilà une première qui va forcément donner des
idées à beaucoup d'autres. Et surtout, donner quelques raisons de plus
de faire la gueule aux majors en manque d'idées. La révolution est en
marche.
Mais finalement combien sont capables
de faire la même chose dans le monde de la musique ? Combien comme Radiohead
ont les moyens de laisser l'acheteur fixer lui-même le prix de la musique
qu'il achète ? Et surtout combien ont la notoriété suffisante pour que
ce genre de diffusion fonctionne ? Pas grand monde, on s'en doute. Mais
le plus beau dans cette histoire, c'est qu'en l'espace de cinq jours,
les rumeurs les plus folles circulent sur le net : déjà plus de 1,2 millions
d'albums téléchargés pour une moyenne de 4 £ par acheteur. Comptez vous-même,
ça fait rêver. Surtout que cette fois, tout l'argent va au groupe sans
aucun des intermédiaires habituels. Vrai ou fausses infos, une chose est
sûre, j'ai mis deux jours avant d'arriver à accéder au site de téléchargement
qui était archi saturé. Un nouveau Radiohead, ça se mérite.
En France, certains se sont déjà
essayés à ce mode de diffusion, mais dans une confidentialité forcée,
liée au manque de pub (Sainclair, Alain Chamfort…). Parce que finalement,
si on résume, pour vendre de la musique, il y a quelques étapes obligées.
Enregistrer, ça le musicien peut toujours se le payer lui-même, même si
c'est plutôt cher. Faire savoir : ça c'est la pub et sans promotion rien
ne fonctionne quand le support physique n'existe plus. Diffuser : on voit
que le format CD n'est pas indispensable et que le problème de la diffusion
peut se résoudre via internet. Finalement, il ne reste que le problème
de la communication et de la pub. Radiohead n'a pas besoin de pub. En
résumé, les majors risquent fort de voir partir une à une leurs vaches
à lait d'aujourd'hui, tous ces gros vendeurs de CD déjà installés et archi
connus. Ca risque fort de leur donner le coup de grâce. Et là, il n'est
même plus question de téléchargement illégal dont on nous rabat les oreilles.
Là, le téléchargement est payant
et pourtant il continue à tuer les maisons de disques. Comme quoi, le
problème n'est pas là où on voudrait nous faire croire qu'il se trouve.
L'industrie de la musique est en pleine mutation, et comme la banquise
qui fond à vue d'œil, l'évolution va trop vite pour beaucoup de monde.
Beaucoup ne s'en relèveront pas. Mais la musique, elle, continuera à vivre
quoi qu'il arrive. Espérons seulement que dans cette révolution culturelle,
la diversité musicale existera autant qu'aujourd'hui. On peut toujours
rêver.
Je sais, je me suis un peu égaré,
mais c'est un sujet qui me tient vraiment à cœur et sur lequel on entend
dire tout et n'importe quoi depuis des années. Il est toujours bon de
remettre les pendules à l'heure de temps en temps. Le coup de Radiohead
a au moins le mérite de secouer violemment le cocotier. Maintenant c'est
aux " professionnels " de la musique de répondre. Intelligemment cette
fois, j'espère. Mais il ne faudrait pas que tout ça éclipse l'essentiel,
je veux bien sûr parler de ce In Rainbows qui est quand même
un des grands évènements musicaux de l'année. Et la première chose que
j'aurai à en dire est qu'il est trop court. Il laisse un immense gout
de trop peu. Le groupe a gardé 8 morceaux au chaud, vendus uniquement
dans une version collector de l'album (40 £ quand même…) qui sortira début
décembre, encore une fois uniquement via internet. Du coup, la version
téléchargeable de In Rainbows ne contient que 10 chansons. C'est
peu, surtout quand c'est aussi bon que ça et qu'on rêve immédiatement
d'entendre les 8 chansons qui manquent. Parce qu'il faut quand même le
dire, In Rainbows est un album magnifique. Contrairement à Hail
To The Thief qui était une sorte de résumé du passé, ce nouvel opus
est une porte qui s'ouvre en grand vers des horizons nouveaux. Une fois
encore, Radiohead se réinvente. Et cette capacité à s'auto régénérer me
laisse à chaque fois aussi surpris et admiratif.
Encore et toujours, Radiohead joue
avec les contrastes. Entre des mélodies totalement élégiaques et des paroles
d'une noirceur absolue (encore plus qu'avant), entre la douceur des cordes
et la violence des guitares, entre les tempos lents et les brutales crises
de tachycardie (moins qu'avant). Ca commence par 15 Step, un
titre à dominante Electro, à la fois dansant et totalement décalé en piochant
même du coté du Jazz. Du pur Radiohead inventif et novateur comme on l'aime.
Vient ensuite Bodysnatchers, le morceau le plus Rock de l'album,
toutes guitares dehors. Ensuite, le tempo se ralenti pour nous offrir
des chansons parmi les plus belles que le groupe ait écrites. Nude,
comme son nom l'indique est une chanson dépouillée, incroyablement belle
et intemporelle. Un futur classique du groupe. Weird Fishes / Arpeggi
est un titre qui joue entièrement sur le contraste d'une rythmique rapide
et d'une mélodie lente et plutôt contemplative. All I Need est
par contre du genre lent et insidieux, qui s'insinue lentement pour s'imprimer
longtemps dans le subconscient. Une autre des grandes réussites de In
Rainbows. Fausr Arp est le titre le plus simple dans sa
construction, basé sur une simple guitare acoustique, un violoncelle et
la voix de Thom Yorke. Aussi limpide qu'éblouissant. Vient ensuite ma
préférée sur l'album, Reckoner, sorte de ballade lente et aérienne
à la mélodie impériale, posée sur une rythmique inversée, rapide et sautillante.
Simplement sublime. La chanson suivante semble lointaine, perdue, on imagine
un paysage immense et des personnages minuscules au milieu, c'est House
Of Cards. Le tempo s'accélère de nouveau pour un Jigsaw Falling
Into Place qui est certainement le titre le plus linéaire et abordable
du disque. Un futur single ? Et puis ce disque trop court se termine par
un Videotape à fleur de peau, mélodie frissonnante et piano grelottant.
Une fin à la mesure de cet album qui fera date.
Allez je me lance : In Rainbows
est le plus bel album de Radiohead à ce jour, le plus lumineux et le plus
ouvert sur le monde, celui qui ouvre une quantité d'horizons nouveaux.
Un album qui donne l'impression que Radiohead ne peut connaître aucune
limite et qu'il est capable de nous éblouir encore et encore. A l'infini.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.inrainbows.com
Et les vidéos live de l'ensemble des chansons de In Rainbows
ICI