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22 octobre 2007



Radiohead : In Rainbows


Titres

15 Step
Bodysnatchers
Nude
Weird Fishes / Arpeggi
All I Need
Faust Arp
Reckoner
House Of Cards
Jigsaw Falling Into Place
Videotape


Depuis le temps que l'idée couvait, voilà c'est fait. Un des grands du Rock a décidé de couper le cordon ombilical avec l'industrie du disque. Plus de contrat, plus d'entrave et une liberté totale pour créer, enregistrer et diffuser sa musique. Pour la première fois, un des géant des ventes de disques a décidé de diffuser sa musique uniquement par téléchargement via internet. Vous pourrez chercher autant que vous voulez, vous ne trouverez le nouveau Radiohead dans aucun magasin. Plus de support physique, pour l'instant du moins. Parce qu'il est fort probable que les mêmes chansons, plus quelques autres sortent dans quelques mois sur un vrai CD. Et ce serait tant mieux, parce qu'on dira ce qu'on voudra mais un mp3, même bien encodé, est loin de la qualité audio d'un CD. Sans parler du livret qui va habituellement avec et qui personnellement me manque. Là, c'est mon côté collectionneur qui parle. En tous cas, voilà une première qui va forcément donner des idées à beaucoup d'autres. Et surtout, donner quelques raisons de plus de faire la gueule aux majors en manque d'idées. La révolution est en marche.

Mais finalement combien sont capables de faire la même chose dans le monde de la musique ? Combien comme Radiohead ont les moyens de laisser l'acheteur fixer lui-même le prix de la musique qu'il achète ? Et surtout combien ont la notoriété suffisante pour que ce genre de diffusion fonctionne ? Pas grand monde, on s'en doute. Mais le plus beau dans cette histoire, c'est qu'en l'espace de cinq jours, les rumeurs les plus folles circulent sur le net : déjà plus de 1,2 millions d'albums téléchargés pour une moyenne de 4 £ par acheteur. Comptez vous-même, ça fait rêver. Surtout que cette fois, tout l'argent va au groupe sans aucun des intermédiaires habituels. Vrai ou fausses infos, une chose est sûre, j'ai mis deux jours avant d'arriver à accéder au site de téléchargement qui était archi saturé. Un nouveau Radiohead, ça se mérite.

En France, certains se sont déjà essayés à ce mode de diffusion, mais dans une confidentialité forcée, liée au manque de pub (Sainclair, Alain Chamfort…). Parce que finalement, si on résume, pour vendre de la musique, il y a quelques étapes obligées. Enregistrer, ça le musicien peut toujours se le payer lui-même, même si c'est plutôt cher. Faire savoir : ça c'est la pub et sans promotion rien ne fonctionne quand le support physique n'existe plus. Diffuser : on voit que le format CD n'est pas indispensable et que le problème de la diffusion peut se résoudre via internet. Finalement, il ne reste que le problème de la communication et de la pub. Radiohead n'a pas besoin de pub. En résumé, les majors risquent fort de voir partir une à une leurs vaches à lait d'aujourd'hui, tous ces gros vendeurs de CD déjà installés et archi connus. Ca risque fort de leur donner le coup de grâce. Et là, il n'est même plus question de téléchargement illégal dont on nous rabat les oreilles. Là, le téléchargement est payant et pourtant il continue à tuer les maisons de disques. Comme quoi, le problème n'est pas là où on voudrait nous faire croire qu'il se trouve. L'industrie de la musique est en pleine mutation, et comme la banquise qui fond à vue d'œil, l'évolution va trop vite pour beaucoup de monde. Beaucoup ne s'en relèveront pas. Mais la musique, elle, continuera à vivre quoi qu'il arrive. Espérons seulement que dans cette révolution culturelle, la diversité musicale existera autant qu'aujourd'hui. On peut toujours rêver.

Je sais, je me suis un peu égaré, mais c'est un sujet qui me tient vraiment à cœur et sur lequel on entend dire tout et n'importe quoi depuis des années. Il est toujours bon de remettre les pendules à l'heure de temps en temps. Le coup de Radiohead a au moins le mérite de secouer violemment le cocotier. Maintenant c'est aux " professionnels " de la musique de répondre. Intelligemment cette fois, j'espère. Mais il ne faudrait pas que tout ça éclipse l'essentiel, je veux bien sûr parler de ce In Rainbows qui est quand même un des grands évènements musicaux de l'année. Et la première chose que j'aurai à en dire est qu'il est trop court. Il laisse un immense gout de trop peu. Le groupe a gardé 8 morceaux au chaud, vendus uniquement dans une version collector de l'album (40 £ quand même…) qui sortira début décembre, encore une fois uniquement via internet. Du coup, la version téléchargeable de In Rainbows ne contient que 10 chansons. C'est peu, surtout quand c'est aussi bon que ça et qu'on rêve immédiatement d'entendre les 8 chansons qui manquent. Parce qu'il faut quand même le dire, In Rainbows est un album magnifique. Contrairement à Hail To The Thief qui était une sorte de résumé du passé, ce nouvel opus est une porte qui s'ouvre en grand vers des horizons nouveaux. Une fois encore, Radiohead se réinvente. Et cette capacité à s'auto régénérer me laisse à chaque fois aussi surpris et admiratif.

Encore et toujours, Radiohead joue avec les contrastes. Entre des mélodies totalement élégiaques et des paroles d'une noirceur absolue (encore plus qu'avant), entre la douceur des cordes et la violence des guitares, entre les tempos lents et les brutales crises de tachycardie (moins qu'avant). Ca commence par 15 Step, un titre à dominante Electro, à la fois dansant et totalement décalé en piochant même du coté du Jazz. Du pur Radiohead inventif et novateur comme on l'aime. Vient ensuite Bodysnatchers, le morceau le plus Rock de l'album, toutes guitares dehors. Ensuite, le tempo se ralenti pour nous offrir des chansons parmi les plus belles que le groupe ait écrites. Nude, comme son nom l'indique est une chanson dépouillée, incroyablement belle et intemporelle. Un futur classique du groupe. Weird Fishes / Arpeggi est un titre qui joue entièrement sur le contraste d'une rythmique rapide et d'une mélodie lente et plutôt contemplative. All I Need est par contre du genre lent et insidieux, qui s'insinue lentement pour s'imprimer longtemps dans le subconscient. Une autre des grandes réussites de In Rainbows. Fausr Arp est le titre le plus simple dans sa construction, basé sur une simple guitare acoustique, un violoncelle et la voix de Thom Yorke. Aussi limpide qu'éblouissant. Vient ensuite ma préférée sur l'album, Reckoner, sorte de ballade lente et aérienne à la mélodie impériale, posée sur une rythmique inversée, rapide et sautillante. Simplement sublime. La chanson suivante semble lointaine, perdue, on imagine un paysage immense et des personnages minuscules au milieu, c'est House Of Cards. Le tempo s'accélère de nouveau pour un Jigsaw Falling Into Place qui est certainement le titre le plus linéaire et abordable du disque. Un futur single ? Et puis ce disque trop court se termine par un Videotape à fleur de peau, mélodie frissonnante et piano grelottant. Une fin à la mesure de cet album qui fera date.

Allez je me lance : In Rainbows est le plus bel album de Radiohead à ce jour, le plus lumineux et le plus ouvert sur le monde, celui qui ouvre une quantité d'horizons nouveaux. Un album qui donne l'impression que Radiohead ne peut connaître aucune limite et qu'il est capable de nous éblouir encore et encore. A l'infini.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.inrainbows.com

Et les vidéos live de l'ensemble des chansons de In Rainbows ICI




Overseer : Wreckage

Titres

Slayed
Stompbox
Supermoves
Velocity Shift
Horndog
Meteorology
Aquaplane
Doomsday
Basstrap
Sparks
Never
Heligoland

 

Ca fait déjà pas mal de temps que j'ai cet album sous le coude. Et en plus je l'ai découvert longtemps après sa sortie initiale. Autant dire que c'est loin d'être une nouveauté, mais j'attendais une hypothétique sortie française pour en parler. Maintenant, il faut bien se rendre à l'évidence, ce disque là restera seulement un import. Comme je l'ai lu quelque part sur une bio, "Overseer is the best keep secret of british electronic music" (Overseer est le secret le mieux gardé de la musique électronique britannique). Il y a du vrai la dedans.

Wreckage est le genre d'album qu'on prend en pleine face à la première écoute. Le genre qui laisse des traces, genre nez tuméfié et cocard à l'œil droit. Le début de l'album n'est rien d'autre qu'un étalage assez hallucinant d'efficacité sonique. Une puissance rarement entendue. La suite de l'album voit le calme et la sérénité revenir, l'harmonie est même souvent pas très loin. Mais ce qu'on retient en priorité, c'est ce premier quart d'heure ahurissant. Rob Overseer est un homme qui apprivoise les machines comme personne, un perfectionniste qui a mis plus de deux ans à venir à bout de ce Wreckage, après d'innombrables versions et crises de nerfs. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'obstination et le perfectionnisme, quand ils sont associés au talent, donnent parfois de beaux résultats.

Rob Overseer est une sorte de touche à tout Electro. Il a tout écouté et tout assimilé. L'écoute de Wreckage ressemble donc à un panorama très large de tout ce que la musique électronique est capable d'offrir de meilleur, du Break Beat à l'Ambiant en passant par le Trip Hop ou l'Indus, sabs oublier le Rap associé à des samples de Hard Rock. Tout y est et tout est revisité avec le même bonheur.

Essayez d'imaginer la technique des Chemical Brothers associée à l'énergie sombre de Prodigy et vous aurez une petite idée du phénomène Overseer et de ce qui vous attend à l'écoute des deux bombes que sont Stompbox et Supermoves : rythmes ultra rapides et sons mêlant Rock Indus et Break Beat. Et puis, il y a en ouverture ce Slayed qui réconcilie définitivement le Rock et le Rap. Tout ça est maîtrisé d'une main de maître et aussi bien réglé qu'une montre suisse. Comme Velocity Shift et Horndog sont loin d'être en reste, c'est toute la première moitié de Wreckage qui nous soumet à ce genre de déluge rythmique et sonore. Mais que c'est bon !

Et puis brutalement, à partir de Meteorology, c'est l'autre versant de Rob Overseer qui commence à prendre la place. Ce CD aurait vraiment mérité d'avoir deux faces. La première aurait pu être noire et l'autre blanche tellement le contraste est énorme entre les deux. Rob Overseer sait aussi apaiser le ton et laisser la place à des mélodies claires, à des moments de pure beauté parfois, aidé par l'ajout de voix féminines (Sparks). Le tempo se ralenti et se fait même paresseux pour venir flirter avec le Dub (Aquaplane).

Ce disque là a peut être déjà quelques années, mais ce n'est surtout pas une raison pour passer à côté. Si vous aimez la musique électronique sous toutes ses formes, surtout les plus musclées et les plus explosives, Wreckage est fait pour vous.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.overseeronline.com

Et une vidéo de Horndog ICI



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