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22 septembre 2008



Woven Hand : Ten Stones


Titres

The Beautiful Axe
Horsetail
Not One Stone
Cohawkin Road
Iron Feather
White Knuckle Grip
Quiet Nights of Quiet Stars
Kicking Bird
Kingdom of Ice
His Loyal Love


Comme vous vous en êtes déjà aperçus si vous lisez mes chroniques régulièrement, il y a certains personnages pour lesquels j'ai une affection particulière. Pas forcément pour la qualité de leur musique ou pour leur charisme hors norme, mais plus souvent pour un je ne sais quoi qui a su me toucher un jour, pour un album, une chanson, une mélodie, une phrase. Bref, c'est souvent lié à un détail qui m'a marqué plus que la moyenne. David Eugene Edwards est de ceux là.

En fait, ça date de l'époque 16 Horsepower, groupe assez méconnu ici, mais d'après moi franchement marquant. J'avais découvert ce groupe en suivant l'histoire américaine du bassiste Pascal Humbert et du batteur Jean-Yves Tola, tous deux ex de Passion Fodder, groupe français de l'exilé américain Théo Hakola. Mais tout ça est une autre histoire que j'aurai peut être l'occasion d'aborder un de ces jours, allez savoir. En tous cas, avec 16 Horsepower, je découvrais l'urgence et la puissance du chant de David Eugene Edwards et sa musique si personnelle, association de racine profondément américaine et d'une espèce d'illumination enragée qui faisait toute la différence. Avec Woven Hand, son groupe suivant, il change son fusil d'épaule en produisant une musique de plus en plus mystique ou aux accents souvent presque religieux. David Eugene Edwards me fait penser à ces prédicateurs qui passent leur temps à annoncer la fin du monde en demandant aux gens de se repentir de toute urgence. Ten Stones, bien que très différent de ces prédécesseurs, donne cette impression d'horizon bouché et de sombres nuages annonciateurs d'orages. Tout à fait dans l'air du temps finalement.

Autant j'ai aimé sans réserves 16 Horsepower, autant Woven Hand m'a bien souvent laissé froid. L'urgence inquiète du chant de David Eugene Edwards était toujours là, mais le charme unique de 16 Horsepower était aux abonnés absents. Jusqu'à ce renversant Ten Stones. Quand on se prend d'emblée en pleine tête la noirceur rageuse du bien nommé The Beautiful Axe, on a forcément du mal à s'en remettre. Comme si des 16 Horsepower ressuscités avaient croisés le diable et ne s'en étaient pas encore remis. La suite ne fera que confirmer que Woven Hand n'a jamais autant sonné comme les 16 Horsepower. Mais une version électrisé ou plutôt électrocuté pour être plus exact. Les violons, banjos et autres contrebasses du passé ont aujourd'hui laissés la place à l'électricité brute.

Ce disque là n'est vraiment pas indiqué à ceux qui recherchent une musique zen. Toutes les chansons de cet album, à une notable exception près, sont comme chargées d'électricité statique. Elles sont aussi sombres et exaltées que nerveuses. La voix d'Edwards y est évidemment pour beaucoup. Son chant est toujours aussi habité. Ou hanté, selon le point de vue. Mais ça ne fait que confirmer qu'il reste un des tout meilleurs chanteurs américains. Une chanson comme Not One Stone, avec son mur de guitares au premier plan et ses violons dans le lointain est déjà une réussite instrumentale, mais collez y la voix d'Edwards et ça devient carrément magique. Dans un genre totalement opposé, le lent et envoutant Iron Feather semble réellement hanté par cette voix.

Et quand je dis qu'il est un des meilleurs chanteurs du nouveau continent, sa reprise de Quiet Nights of Quiet Stars, façon crooner, est impériale. Je ne savais même pas qu'il était capable de chanter de façon aussi apaisée. Mais quel que soit le registre, comme dans White Knuckle Grip où on pourrait presque le confondre avec Jon Spencer, il est à chaque fois éblouissant.

Ce nouveau Ten Stones me parait être l'occasion rêvée de faire connaissance avec un homme franchement attachant et assez unique dans le paysage musical américain. Un de ceux qui sont partis des racines de la musique Folk US pour inventer autre chose et finir par créer une musique où l'intensité est reine. Un des rares encore capable de nous offrir une musique sincère qui vient directement du coeur. En tout cas, Ten Stones est de loin son travail le plus abouti et le plus impressionnant depuis le Low Estate de sa période 16 Horsepower, autre album à découvrir absolument.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.wovenhand.com

Et leur page Myspace : ICI


Fujiya & Miyagi : Lightbulbs

Titres

Knickerbocker
Uh
Pickpocket
Goosebumps
Rook to Queen's Pawn Six
Sore Thumb
Dishwasher
Pterodactyls
Pussyfooting
Lightbulbs
Hundreds & Thousands


Ceux qui connaissent le Transparent Things de Fujiya & Miyagi savent déjà que ce groupe là possède des qualités qu'on ne trouve pas franchement chez tout le monde. La destinée de cet album est d'ailleurs assez spéciale, puisqu'il est sorti une première fois dans l'indifférence générale en 2006, avant de sortir à nouveau un an plus tard sous un nouveau packaging aux Etats Unis uniquement, puis plusieurs mois plus tard dans le reste du monde. Voilà donc un album qui a connu le succès qu'il méritait plusieurs années après avoir été enregistré. Une histoire édifiante qui confirme qu'il n'existe pas de génération spontanée en matière de musique et qu'avant qu'une musique rencontre son public, c'est avant tout souvent une question de patience et de persévérance. A méditer par toutes les majors du monde.

Ce nouveau Lightbulbs fait donc suite à un Transparent Things en tous points excellent. Un album Electro qui arrivait enfin à transformer les machines en de troublants outils, à donner une âme aux microprocesseurs. A peine l'album sorti, il tournait déjà sur ma platine. Trop heureux que j'étais de goûter à nouveau à cette musique si addictive. Et comme dans une bonne vieille série télé qu'on a adoré, la saison suivante nous permet de retrouver les personnages auxquels on s'est tellement attachés l'année d'avant. Lightbulbs ressemble à une saison 2 de la série Fujiya & Miyagi. Les personnages sont les mêmes, les décors sont identiques, ce sont les histoires qui changent. Toujours aussi séduisantes.

En écoutant ce nouveau Lightbulbs, je me rend compte à quel point Fujiya & Miyagi sont des cousins très proches de Ratatat qui vient de sortir son 3ème album ces jours ci. Mais une différence énorme est en train de se créer entre les deux. Autant le très décevant LP3 de Ratatat ressasse toujours la même et unique recette pour finir par tourner totalement à vide, autant ce Lightbulbs est une véritable suite au précédent album, pas un clone sans âme. On retrouve donc ce même son toujours aussi peu démonstratif et ces mélodies de poche. Toujours pas de grandes envolées ou de bruits intempestifs. Fujiya & Miyagi fait dans la discrétion absolue. Chez eux, vous ne trouverez pas beaucoup de viande sur l'os. Et c'est justement ça qui les rend si uniques. Une batterie métronomique, une basse en avant mais pourtant discrète, une guitare qui se fait souvent oublier, des claviers qui n'essayent jamais de briller et pour finir une voix qui chuchote plus qu'elle ne chante. Voilà une définition possible de la musique de Fujiya & Miyagi. Présenté comme ça, c'est pas forcément très affriolant, j'en convient. Mais pourtant, c'est justement tout ça qui rend l'Electro de nos anglais si plaisante et si différente de celle de ses confrères.

Le minimalisme n'a jamais été un défaut en soi, sauf lorsqu'on a rien à lui faire dire. Chez Fujiya & Miyagi c'est exactement le contraire qui se produit avec ces petites bombes Pop à l'aspect décharnée et pourtant débordantes de charme et d'idées. Si je ne devais donner qu'un seul et unique exemple de la science du groupe, ce serait ce Pussyfooting malin ou la voix du chanteur joue autant à chanter qu'à créer le rythme. Jamais les machines n'ont sonnées de façon aussi charmeuse. J'avais déjà essayé d'attirer votre attention sur Transparent Things, je vais refaire exactement la même chose avec ce Lighbulbs qui mérite au moins autant qu'on s'y attarde. Avec l'espoir que la discrétion d'un album aussi délicieux que celui là prenne au moins pour un moment la place des grandes gueules et autres braillards certifiés conformes qu'on nous impose habituellement. On a le droit de rêver, non ?


Pour plus d'nformations, leur page Myspace avec la video de Knickerbocker :
www.myspace.com/fujiyaandmiyagi


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