Titres
The Beautiful Axe
Horsetail
Not One Stone
Cohawkin Road
Iron Feather
White Knuckle Grip
Quiet Nights of Quiet Stars
Kicking Bird
Kingdom of Ice
His Loyal Love
Comme vous vous en êtes déjà aperçus
si vous lisez mes chroniques régulièrement, il y a certains personnages
pour lesquels j'ai une affection particulière. Pas forcément pour la qualité
de leur musique ou pour leur charisme hors norme, mais plus souvent pour
un je ne sais quoi qui a su me toucher un jour, pour un album, une chanson, une
mélodie, une phrase. Bref, c'est souvent lié à un détail qui m'a marqué
plus que la moyenne. David Eugene Edwards est de ceux là.
En fait, ça date de l'époque 16
Horsepower, groupe assez méconnu ici, mais d'après moi franchement marquant.
J'avais découvert ce groupe en suivant l'histoire américaine du bassiste Pascal Humbert
et du batteur Jean-Yves Tola, tous deux ex de Passion Fodder, groupe français de l'exilé américain
Théo Hakola. Mais tout ça est une autre histoire que j'aurai peut être l'occasion
d'aborder un de ces jours, allez savoir. En tous cas, avec 16 Horsepower,
je découvrais l'urgence et la puissance du chant de
David Eugene Edwards et sa musique si personnelle, association de racine
profondément américaine et d'une espèce d'illumination enragée qui faisait
toute la différence. Avec Woven Hand, son groupe suivant, il change son
fusil d'épaule en produisant une musique de plus en plus mystique ou aux
accents souvent presque religieux. David Eugene Edwards me fait penser
à ces prédicateurs qui passent leur temps à annoncer la fin du monde en
demandant aux gens de se repentir de toute urgence. Ten Stones,
bien que très différent de ces prédécesseurs, donne cette impression d'horizon
bouché et de sombres nuages annonciateurs d'orages. Tout à fait dans l'air
du temps finalement.
Autant j'ai aimé sans réserves 16
Horsepower, autant Woven Hand m'a bien souvent laissé froid. L'urgence
inquiète du chant de David Eugene Edwards était toujours là, mais le charme
unique de 16 Horsepower était aux abonnés absents. Jusqu'à ce renversant
Ten Stones. Quand on se prend d'emblée en pleine tête la noirceur
rageuse du bien nommé The Beautiful Axe, on a forcément du mal
à s'en remettre. Comme si des 16 Horsepower ressuscités avaient croisés
le diable et ne s'en étaient pas encore remis. La suite ne fera que confirmer
que Woven Hand n'a jamais autant sonné comme les 16 Horsepower. Mais une
version électrisé ou plutôt électrocuté pour être plus exact. Les violons,
banjos et autres contrebasses du passé ont aujourd'hui laissés la place
à l'électricité brute.
Ce disque là n'est vraiment pas
indiqué à ceux qui recherchent une musique zen. Toutes les chansons de
cet album, à une notable exception près, sont comme chargées d'électricité
statique. Elles sont aussi sombres et exaltées que nerveuses. La voix
d'Edwards y est évidemment pour beaucoup. Son chant est toujours aussi
habité. Ou hanté, selon le point de vue. Mais ça ne fait que confirmer
qu'il reste un des tout meilleurs chanteurs américains. Une chanson comme
Not One Stone, avec son mur de guitares au premier plan et ses
violons dans le lointain est déjà une réussite instrumentale, mais collez
y la voix d'Edwards et ça devient carrément magique. Dans un genre totalement
opposé, le lent et envoutant Iron Feather semble réellement hanté
par cette voix.
Et quand je dis qu'il est un des
meilleurs chanteurs du nouveau continent, sa reprise de Quiet Nights
of Quiet Stars, façon crooner, est impériale. Je ne savais même pas
qu'il était capable de chanter de façon aussi apaisée. Mais quel que soit
le registre, comme dans White Knuckle Grip où on pourrait presque
le confondre avec Jon Spencer, il est à chaque fois éblouissant.
Ce nouveau Ten Stones me
parait être l'occasion rêvée de faire connaissance avec un homme franchement
attachant et assez unique dans le paysage musical américain. Un de ceux
qui sont partis des racines de la musique Folk US pour inventer autre
chose et finir par créer une musique où l'intensité est reine. Un des rares
encore capable de nous offrir une musique sincère qui vient directement du coeur.
En tout cas, Ten Stones est de loin son travail le plus abouti et le
plus impressionnant depuis le Low Estate de sa période 16 Horsepower,
autre album à découvrir absolument.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.wovenhand.com
Et leur page Myspace :
ICI
Fujiya & Miyagi : Lightbulbs
Titres
Knickerbocker
Uh
Pickpocket
Goosebumps
Rook to Queen's Pawn Six
Sore Thumb
Dishwasher
Pterodactyls
Pussyfooting
Lightbulbs
Hundreds & Thousands
Ceux qui connaissent le Transparent
Things de Fujiya & Miyagi savent déjà que ce groupe là possède des
qualités qu'on ne trouve pas franchement chez tout le monde. La destinée
de cet album est d'ailleurs assez spéciale, puisqu'il est sorti une première
fois dans l'indifférence générale en 2006, avant de sortir à nouveau un
an plus tard sous un nouveau packaging aux Etats Unis uniquement, puis
plusieurs mois plus tard dans le reste du monde. Voilà donc un album qui
a connu le succès qu'il méritait plusieurs années après avoir été enregistré.
Une histoire édifiante qui confirme qu'il n'existe pas de génération spontanée
en matière de musique et qu'avant qu'une musique rencontre son public,
c'est avant tout souvent une question de patience et de persévérance.
A méditer par toutes les majors du monde.
Ce nouveau Lightbulbs fait
donc suite à un Transparent Things en tous points excellent.
Un album Electro qui arrivait enfin à transformer les machines en de troublants
outils, à donner une âme aux microprocesseurs. A peine l'album sorti,
il tournait déjà sur ma platine. Trop heureux que j'étais de goûter à
nouveau à cette musique si addictive. Et comme dans une bonne vieille
série télé qu'on a adoré, la saison suivante nous permet de retrouver
les personnages auxquels on s'est tellement attachés l'année d'avant.
Lightbulbs ressemble à une saison 2 de la série Fujiya & Miyagi.
Les personnages sont les mêmes, les décors sont identiques, ce sont les
histoires qui changent. Toujours aussi séduisantes.
En écoutant ce nouveau Lightbulbs,
je me rend compte à quel point Fujiya & Miyagi sont des cousins très proches
de Ratatat qui vient de sortir son 3ème album ces jours ci. Mais une différence
énorme est en train de se créer entre les deux. Autant le très décevant
LP3 de Ratatat ressasse toujours la même et unique recette pour
finir par tourner totalement à vide, autant ce Lightbulbs est
une véritable suite au précédent album, pas un clone sans âme. On retrouve
donc ce même son toujours aussi peu démonstratif et ces mélodies de poche.
Toujours pas de grandes envolées ou de bruits intempestifs. Fujiya & Miyagi
fait dans la discrétion absolue. Chez eux, vous ne trouverez pas beaucoup
de viande sur l'os. Et c'est justement ça qui les rend si uniques. Une
batterie métronomique, une basse en avant mais pourtant discrète, une
guitare qui se fait souvent oublier, des claviers qui n'essayent jamais
de briller et pour finir une voix qui chuchote plus qu'elle ne chante.
Voilà une définition possible de la musique de Fujiya & Miyagi. Présenté
comme ça, c'est pas forcément très affriolant, j'en convient. Mais pourtant, c'est justement
tout ça qui rend l'Electro de nos anglais si plaisante et si différente
de celle de ses confrères.
Le minimalisme n'a jamais été un
défaut en soi, sauf lorsqu'on a rien à lui faire dire. Chez Fujiya & Miyagi
c'est exactement le contraire qui se produit avec ces petites bombes Pop
à l'aspect décharnée et pourtant débordantes de charme et d'idées. Si
je ne devais donner qu'un seul et unique exemple de la science du groupe,
ce serait ce Pussyfooting malin ou la voix du chanteur joue autant
à chanter qu'à créer le rythme. Jamais les machines n'ont sonnées de façon
aussi charmeuse. J'avais déjà essayé d'attirer votre attention sur Transparent
Things, je vais refaire exactement la même chose avec ce Lighbulbs
qui mérite au moins autant qu'on s'y attarde. Avec l'espoir que la discrétion
d'un album aussi délicieux que celui là prenne au moins pour un moment
la place des grandes gueules et autres braillards certifiés conformes qu'on nous
impose habituellement. On a le droit de rêver, non ?
Pour plus d'nformations, leur page Myspace avec la video de Knickerbocker :
www.myspace.com/fujiyaandmiyagi
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